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Evaetjean
avatar 06/04/2005 @ 08:57:06
Texte fait pour un concours (loupé mais tant pis ainsi va la vie !!!). Le thème était la révolte !

Elle était là, quelque part, perdue dans un de ces deux mondes. Sans savoir vers où aller, elle se dirigeait à l’aveuglette. Devait-elle passer ce tunnel ou plutôt en sortir ?! Pourtant, il y a quelque temps encore, elle était ailleurs.

Perdue, aussi, mais entre la porte de l’enfance et celle de l’adolescence. Elle se promenait avec l’insouciance de l’enfant et la mélancolie de l’adolescente. Elle était un peu égarée dans ce corps qui était le sien sans plus vraiment l’être. Toutes ces transformations l’inquiétaient, elle changeait d’apparence mais pourquoi faire ? Personne ne la regardait, elle se détestait. Tout en elle la poussait soit à l’excès soit au farniente. Tout n’était qu’indication et contre-indication, ordre et contrordre. A longueur de temps elle entendait : « -Tu n’es plus une enfant, tu dois te prendre en main toute seule ! » ou « -Mais qu’est-ce que tu crois, tu n’as que 13 ans ! Tu te prends déjà pour une grande ?!! Va te changer ! ». Si elle n’était ni une enfant, ni une ‘grande’, qui était-elle alors ? Pourquoi nageait-elle ainsi en eaux troubles avec la sensation d’être lestée aux pieds et de couler sans moyen de s’échapper ou de remonter !

Et puis c’est ce soir là que tout a dérapé, ce fameux soir où :

« -Haaaaa Clarisse je m’suis blessée, je m’suis coupée, j’saigne de partout !
-Qu’est-ce que t’ as encore ? Pff ! T’es fatigante Cindy. Bon sang il est 2h du mat. Mais qu’est-ce qui m’a donné une sœur aussi chiante.
-Là regarde, j’ai du sang sur les jambes. Plein, partout. Beurk ! Je vais me sentir mal.
-Ha ha ha ha ha ! Non c’est rien pauvre idiote. On t’a jamais parlé des « ragnagna » plus communément appelées « règle ». T’es vraiment ridicule, ça t’réussit pas l’adolescence. Oh ! Quand j’vais raconter ça demain, y s’ront tous morts de rire. Bon va te laver pour l’instant et oublie pas d’changer tes draps. Rêve pas, c’est pas moi qui vais l’faire !
-Non, je t’en prie, ne dis rien. J’savais pas, vous m’aviez rien dit. Ok je l’ai lu dans les
livres et on en a parlé en cours, seulement je savais pas que ça arrivait si tôt. S’te plait,
dit rien.
-T’es folle ou quoi ! Bien sûr que j’vais le dire, je manquerai pas une occasion de me
marrer. Ha ha ha ! Elle s’est « blessée », non elle est vraiment trop bonne celle-là. Bon j’retourne me coucher, magne-toi à aller sous la douche. Mets tes affaires dans la machine à laver et fais la tourner aussitôt. Bye ! Elle venait de ressortir de la chambre de sa petite sœur, sans savoir qu’elle venait de prononcer les paroles (oui ces FAMEUSES paroles) qui font que la coupe est pleine.
-JE TE HAIS, JE TE DETESTE ! Cindy sanglotait.
-OUAIS OK, J’M’EN TAPE !
-Elle me dégoûte. J’en peux plus. Ah ! Si seulement maman était là, se serait tellement simple. Elle, elle m’expliquerait tout cela. Elle m’expliquerait tout ce qui m’arrive et tout ce qui va m’arriver, du moins dans les grandes lignes. Je pourrais me confier à elle et me blottir dans ses bras quand cet idiot de Julien me tourne les talons alors qu’il me croise. Quand je pense qu’il était mon meilleur ami, j’ignore quelle mouche l’a piqué. Enfin à la place de ma mère j’ai cette nunuche de Clarisse, je la déteste. Elle est nulle, bête et sans cervelle. Oh maman ! De quoi vais-je avoir l’air demain quand elle ira raconter tout cela à ses copains ? Et papa qui n’est jamais là. Depuis que tu nous a quittés, il noie son chagrin dans l’alcool. Je t’en


prie maman, reviens ! Redescend de tes nuages pour me protéger ou plutôt pour m’aimer. Oui, simplement pour m’aimer telle que je suis. Comme tu savais si bien le faire.

Mais, mais attends ! Ils ne perdent rien pour attendre, tu vas voir ce que je vais leur concocter, ils vont voir ce qu’est une vraie crise d’adolescence. Puisque je suis chiante et tout et tout, y vont pas être déçus !!! »

Elle venait de finir d’enlever ses draps et de se déshabiller, le jet d’eau brûlante fit frémir sa peau encore bronzée. Elle regardait son corps, sa poitrine avait pris du volume. Sa taille s’affirmait et ses pantalons d’enfants lui donnaient un air de canard partant à la pêche aux moules. Elle trouvait ses bras dix fois trop grands et ses pieds beaucoup trop longs. « Avec des péniches pareilles, je ne risque pas de tomber » se disait-elle! Et ces boutons rédhibitoires, elle ne vit que ça en essuyant le miroir embué par sa douche trop chaude. L’eau glissant sur son corps lui avait fait du bien, ses pensées étaient plus claires à présent et son désir de vengeance plus violent encore. De toute façon elle n’avait rien à perdre. Sa mère n’était plus là, son père très peu et sa sœur ne s’occupait jamais d’elle. Elle mit un pyjama propre, prit une protection à sa sœur et planqua toutes les autres, alla mettre ses affaires dans la machine et la mit en route. Enfin elle se recoucha, il était 3h30 du matin et cela faisait plus d’une heure qu’elle ruminait sa riposte. Et oui, c’est ce soir là qu’elle se fit cette promesse. Ces fameuses promesses que l’on fait à 13 ans et que l’on regrette un jour quand le contrôle nous échappe. Elle voulait tous les punir et crier haut et fort sa rancœur contre le monde des adultes, ce monde noir et cruel où l’on ne désire pas rentrer trop tôt.

Quelques mois plus tard :

« -Tiens voilà la grande blessée !!! T’as remarqué que tu te recoupais tous les mois maintenant.
-Ça suffit pauv’tarte. Tu vas me la ressortir longtemps ta vanne à deux balles ? C’est facile, toi t’avais du monde pour tout te dire.
-Oui enfin faut pas avoir fait bac +10 pour savoir ce genre de chose.
-Heureusement sinon tu l’aurais jamais su, avec ta d’mi cervelle.
-Dis donc Cindy, je te prierai de baisser d’un ton avec moi.
-Pourquoi ? T’es pas ma mère et j’te dois aucun respect.
-Je suis plus vieille que toi, je te le rappelle.
-Oh ! Pas possible ! Tu sais donc que 18 c’est plus de 13. Ouaou ! Tu m’épates de jour en jour.
-Arrête, tu….
-Bon vous avez fini toutes les deux.
-Tiens bonjour p’pa, t’es vachement matinal aujourd’hui. Il est que 11h00, t’es malade ou quoi ?
-Tu ne dois peut-être pas le respect à ta sœur mais à moi SI ! Qu’est-ce que tu as en ce moment, tu es de pire en pire.
-Tiens tu te préoccupes de moi, nonnn ! Tu dois vraiment avoir un souci quelconque !
-Stop Cindy, je ne me ferai pas marcher sur les pieds par une gamine de 13 ans, va dans ta chambre.
-Pardon ? Une quoi ? Une ‘gamine’, en attendant j’suis plus une gamine quand je dois nettoyer les wc alors que tu as vomi tripes et boyaux après tes innombrables beuveries ! Et puis de toute façon la gamine elle vous…»

Schlatch ! La gifle venait de lui couper le souffle, elle était tombée au sol et du sang coulait à la commissure de ses lèvres. Elle fulminait, sa promesse avait passé la date de péremption mais elle n’arrivait plus à reprendre le dessus. Tout l’énervait ! Depuis qu’elle avait commencé à devenir désagréable, comme promis avec elle-même, elle avait pris du poil de la bête. Et de désagréable, elle était passée à exécrable. Le collège venait de la renvoyer plusieurs jours pour avoir cassé la figure à une fille dans les toilettes, elle répondait aux professeurs. Ce changement d’attitude soudain n’avait pas échappé au directeur. Il n’avait jamais eu de problème avec Cindy, or elle changeait vraiment trop. Un champ électrique se ressentait dès qu’elle arrivait dans un endroit. Un vent de révolte grondait sourdement dans tout son corps mais on le ressentait à des kilomètres à la ronde. Par moment son regard se voilait et devenait noir comme la nuit, certains la croyaient possédée. Elle, si douce et si gentille, était devenue un monstre de méchanceté. A ce moment là ils auraient encore pu faire quelques chose, tout n’était pas perdu. Seulement ils n’ont pas réagi à ce qui n’était autre que des appels de détresse. Elle désirait seulement un peu d’amour et d’affection. Elle aurait voulu pouvoir discuter des heures avec sa sœur comme faisait sa copine avec la sienne. Malheureusement elle n’avait pas cette chance et personne à qui se confier. Elle se sentait opprimée dans ce monde trop dur pour elle. Ses idées bouillonnaient dans tous les sens pour faire le mal, elle n’était jamais à court d’imagination dans la malveillance. Toutefois on s’occupait ENFIN d’elle ! D’accord on la punissait sans cesse, elle recevait des gifles à longueur de temps. Pourtant elle prenait de l’importance, même au collège on la respectait. Quoi rêver de mieux après avoir été autant délaissée ! Elle pouvait demander ce qu’elle voulait à ses copines, elles obéissaient de peur des représailles parfois graves. En revanche il arrivait souvent que ses plans tournent mal.

Comme cette fois ou :

« -Allez vas-y, bon sang vas-y !
-Non attends, la vendeuse nous regarde.
-Ouais bien sûr, c’est facile ça. Trouillarde !
-J’y vais, une minute.
-Te dégonfles pas où…
-Y a du monde là, attends encore un peu.
-Magne-toi, j’sens que j’m’énerve. Bouge, grouille !
-Pff ! Une minute, attends. J’y vais, voilà regarde.
-HEY MADEMOISELLE ! Que faites-vous ?
-COURS, VITE COURS ! »

HIIIIIIIII, BAMM, GLANG ! Maryse avait volé dans les airs au moment où la voiture l’avait percutée. Sa course s’arrêtait là, tout ça pour un slip chapardé. Cindy avait fui et n’était pas revenue sur ses pas lorsque sa copine avait été projetée, inerte, au milieu de la route. Le conducteur avait fini son chemin dans la vitrine de l’épicier, il n’y eu aucun blessé de ce côté-ci. En revanche Maryse fit 2 mois d’hôpital dont 1 dans le coma, elle eut de multiples fractures aux jambes et se remettait doucement au centre de rééducation. Elle ne voulut jamais dire avec qui elle était et la vendeuse fut incapable de décrire Cindy. Elle avait pris soin, ce jour là, de camoufler sa tête sous une capuche trop grande.

Aucun regret, aucune émotion ne transparaissait. Personne ne pouvait se douter qu’elle soit à l’origine de l’accident. Pourtant ses nuits étaient peuplées de

cauchemars affreux. Elle voyait Maryse puis l’image de sa mère se superposer, elle les voyait toutes deux mortes. Tuées par le chauffard qui avait eu sa mère. Elle se réveillait en sueur, un violant mal au crane lui donnait des vertiges et elle finissait par aller vomir. A présent il était trop tard pour la sortir de ce mauvais passage avec uniquement de l’amour. A présent il lui fallait une vraie thérapie mais personne n’y fit attention. Elle continuait donc à sombrer, malgré elle, au plus profond de sa douleur.

Elle venait d’avoir 14 ans et sa famille ne lui avait pas fêté ! Elle en ressentait un mal-être intense. Etait-elle donc si peu de chose à leurs yeux pour qu’ils puissent oublier son anniversaire ?! Elle aurait voulu que le monde change, elle aurait voulu pouvoir attendre le moment de crier son amertume à la face de tous ces gens qui n’en avaient rien à faire d’elle. Or le monde ne changeait pas et elle n’arrivait pas à se résigner à attendre sans rien faire. Elle continuait donc sa crise d’ado. De toute façon elle n’avait plus rien à perdre, seulement elle n’avait rien à gagner non plus et elle ne l’avait pas compris.

« -CINDY TU VIENS MANGER !
-NON J’AI PAS FAIM.
-Arrête tes conneries maintenant, remue toi et viens manger !
-AAAAAAH sort de ma chambre ! DEGAGE ! Cindy s’était levée d’un bond et fonçait sur sa sœur qui la regardait abasourdie. Les deux mains en avant elle poussa Clarisse hors de sa chambre avec une telle force que cette dernière en tomba sur les fesses.
-T’es folle ma pauvre fille, FOLLE TU M’ENTENDS !
-C’est ça, et bah tu vas pouvoir me faire interner pour avoir la paix !
-Ecoute Cindy, pourquoi t’es ainsi ? On en parle si tu veux. Ok j’suis pas toujours cool avec toi mais faut dire qu’t’es chiante aussi.
-Vire de là, j’te déteste. T’es une moins que rien, c’est pas maintenant qu’il faut te mettre à t’inquiéter. C’était avant, à présent c’est foutu. T’ENTENDS ! C’EST FOUTU !
-Dis pas ça, tu m’fais peur. Cindy sort de ta chambre, s’te plait !
-Pourquoi, tu t’es pas assez moquée de moi avec tout tes idiots de copains. Ma pauv’ fille, y sont avec toi parce que t’écarte les jambes au moindre courant d’air. Y a que l’train qui t’es pas passé d’ssus.
-N’importe quoi, c’est nul de dire ça. J’ai des qualités moi aussi, comme toi. Ouhou tu viens manger !
- Ah j’en étais sûr, tu n’es pas seule ! En temps normal t’aurais défoncé la porte pour m’en coller une. Et, en plus, t’ose me dire que j’ai des …QUALITES alors que t’es la première à me traiter de grosse nulle ! Elle est trop drôle ta blague. Qui est avec toi derrière cette porte ? Et bien non, j’ouvrirai pas ma porte. Foutez-moi la paix !
-Et bah restes-y dans ta chambre, reste cachée dans ton trou. J’m’en fous après tout, tu peux bien faire ce que tu veux !
-Laisse-moi ! »

Effectivement Clarisse n’était pas seule, les services sociaux étaient là. Le directeur du collège avait fait appel à eux car Cindy ne venait plus en classe très souvent. Et, quand elle venait, elle ressemblait davantage à un zombie qu’à une jeune fille de 14 ans.

« -Où est votre père Clarisse ?
-J’sais pas, on le voit plus très souvent vous savez ! Mais j’suis majeure et je peux m’assumer.


-Vous, peut-être, seulement Cindy file sur la mauvaise pente. On ignore ce qui se passe parfois dans la tête des adolescents, alors il faut réagir vite.
-Je crains qu’il ne soit un peu tard. Il y a longtemps qu’elle est ainsi. Quoiqu’elle soit de pire en pire et j’vous assure que j’pensais pas ça possible ! On peut à peine lui parler sans un drame. Vous avez bien vu sa réaction tout à l’heure. Vous voulez un café ?
-Oui merci. C’est justement ce qui nous inquiète. Elle est violente, son directeur nous a dit qu’il avait plusieurs plaintes de parents contre elle.
-Oh c’est la crise d’adolescence, ça va bien passer.
Clarisse s’était levée pour se diriger dans la cuisine, elle mit du café à couler et revint s’assoire. L’assistante sociale regardait les photos de famille et remarqua qu’il y avait très peu de photos de Cindy.
-C’est pas certain, si elle n’a personne à qui parler et se confier c’est plus difficile. Les adolescents vivent des changements qu’ils ne maîtrisent pas et qui, parfois, les angoissent. C’est souvent dans des moments de grandes détresses qu’ils tentent de franchir la barrière qui les sépare de l’autre monde. De plus elle pourrait penser rejoindre votre mère, vous m’avez bien dit qu’elle criait le nom de votre mère dans son sommeil ?
-Oui, c’est exact. Pensez-vous, elle est trop peureuse pour avoir envie d’faire n’importe quoi. Et puis ça n’arrive que chez les autres les histoires sinistres ! Elle se releva, retourna à la cuisine et ramena les cafés dans un plateau avec quelques biscuits.
-Non Clarisse les malheurs ne sont pas destinés aux malchanceux et vous êtes bien placée pour le savoir. Comment est décédée votre mère ?
-Un chauffard lui a foncé dessus alors qu’elle venait de récupérer Cindy à l’école.
-Mon Dieu, elle était là et elle a tout vu. C’est probablement le contenu de ses cauchemars ! J’aimerai pouvoir lui parler, vous permettez que je monte avant de partir. J’ai un autre rendez-vous dans peu de temps.
-Oui allez-y.
Au fur et à mesure que l’assistante sociale montait les marches, un mauvais pressentiment l’envahissait. Après tout elles n’avaient pas entendu Cindy depuis le début de leur conversation et cela remontait à une heure et demi. Elle n’était même pas descendue ne serait-ce que pour crier sur tout le monde (ce qu’elle prenait un malin plaisir à faire depuis un certain temps déjà).
-CINDY, CINDY TU PEUX OUVRIR S’IL TE PLAIT ?
-…
-Allons ne soit pas têtue, je m’appelle Isabelle. Je viens simplement discuter avec toi. Ouvre moi je te prie. »

Aucun bruit ne sortait de la chambre, pas même un frottement. Rien de rien. Isabelle toqua et la porte s’entrouvrit. Son sang ne fit qu’un tour quand elle aperçut Cindy au sol. Une boite de somnifères était à côté d’elle, vide de tout comprimé. Sa sœur appela les pompiers, ils arrivèrent très vite. Ils firent le plus urgent sur place et l’emportèrent dans l’ambulance. Son pouls était excessivement faible, ses pupilles ne réagissaient plus. Ils lui parlaient mais entendait-elle ? Non, elle était loin d’eux, quelque part, perdue dans un de ces deux mondes. Sans savoir vers où aller, elle se dirigeait à l’aveuglette. Devait-elle passer ce tunnel ou plutôt en sortir ?! Elle était bien, si bien. Elle était légère, ses pieds ne la dérangeaient plus. Elle avait la sensation agréable de voler. Oh ! Une ombre venait d’apparaître dans le tunnel le plus clair, elle se dirigea vers elle. Doucement, tout doucement. La personne était tout en blanc, elle semblait lui tendre la main. Alors elle aussi lui tendit la main. Un grand bien-être

l’envahissait, puis ce fut du bonheur quand elle reconnut sa maman. Elle l’avait enfin retrouvée. Elle lui prit la main et lui dit que jamais plus elle ne voulait être séparée d’elle. Sa mère lui sourit et l’attira contre son cœur et elles s’engouffrèrent, toutes les deux, dans ce magnifique tunnel de lumière blanche.

« -On la perd, vite les électrochocs à 250 !
-Voilà, voilà.
-Poussez-vous ! Un, deux, trois !
-Encore, augmentez la puissance à 300. Allez reviens ma belle, reviens ! »

Rien n’y fit, Cindy était partie. Elle avait quitté ce corps qu’elle ne contrôlait plus.Elle avait quitté ce monde trop dur et était allée rejoindre sa mère. Personne n’avait compris sa détresse d’adolescente, sa crise aurait pu s’apaiser rapidement avec une oreille attentive à ses soucis aussi petits, fussent-ils. Elle avait voulu se révolter, s’élever contre les autres et leur autorité encombrante. Mais elle avait perdu la partie contre elle-même, elle n’avait pas su reprendre le fil de sa vie. La haine et la rancune l’avaient dévorée de l’intérieur sans qu’elle ne puisse rien faire ! Elle avait oublié une chose c’est qu’elle était très vulnérable contre les aléas de la vie. Elle avait donc préféré baisser les bras et abandonner la partie. Mais qui avait gagné :

- L’enfance en refusant de la laisser en sortir seule ?
- L’adolescence en refusant de la laisser y entrer seule ?
- La mort en l’acceptant telle qu’elle était avec ses qualités et ses défauts ?

On l’ignorait. En revanche, Clarisse avait appris une chose : les histoires sinistres n’arrivaient pas forcément… « qu’aux autres » !

Tistou 07/04/2005 @ 13:37:48
Date du 06/04 et se retrouve en page 2 sans même un commentaire !
Serions nous victimes de notre succès?
Je reviens te lire Eva.

Kicilou 07/04/2005 @ 13:46:12
Bon, en raison d'une actualité chargée sur le forum j'ai manqué de courage pour lire un texte si long. Je viens de m'y atteler et le résultat me plait!
C'est un bien beau texte que tu nous offres là, avec une belle évolution, évitant le hapy-end stéréotypé. J'aime vraiment, c'est plein de petites choses très réalistes, ça sonne vrai.

Le seul point négatif pour moi c'est le gros paragraphe de la fin, un peu moralisateur, un peu conventionnel comparé au reste.
Par contre les dernières lignes sur enfance-adolescence-mort sont très jolies.
Tu n'as pas gagné, peut-être, mais c'est tout de même un beau texte.

Kicilou 07/04/2005 @ 14:01:10
Marrant Tistou! Le temps que j'écrive ma critique, tu as mis un mot et fais remonté le texte, pareil pour celui de Thomas! ;-)

Tistou 07/04/2005 @ 14:15:54
Oui, bien beau texte, dans la tradition de Erika24_Evaetjean. Quelque chose de pas totalement abouti me donne qiuand même du mal à marcher à fond dans le trip de Cindy. Je ne sais pas quoi.
Gros soucis quand même que le passage, ou la tentative de passage, à l'âge adulte. Pas gagné. Et même perdu ici.
C'était quoi? Un concours de nouvelles ?
Et toi? L'adolescence ça a été dur comme ça ?

Sahkti
avatar 07/04/2005 @ 14:35:13
C'était long... au propre comme au figuré, j'ai très moyennement accroché. Pourtant il y a de l'idée et on sent vraiment la grosse révolte qui gronde dans la tête de cette gamine mais le style d'écriture employé ne se prête pas à ce sujet. L'écriture est trop dirigée, travaillée, elle manque de spontanéité et de rythme secoué, certaines phrases sont trop longues et puis elle réfléchit trop, trop de monologues, puis d'un coup, les actions qui se succèdent, la rupture est brutale.

Est-ce que j'oserais dire que ça aurait été meilleur si tu t'étais lâchée comme tu sais si bien le faire quand tu racontes des trucs gore ou SF? Oui, c'est peut-être ça, trop de retenue et d'académisme, ça ne colle pas bien à la crise adolescente que tu nous racontes.

Tistou 07/04/2005 @ 14:36:51
Je pense Eva que Sahkti a dû mettre le doigt sue ce que je ressens confusément.

Evaetjean
avatar 07/04/2005 @ 14:41:19
Merci de tous vos commentaires, ça m'aidera pour le prochain concours. J'aurai dû me lacher un peu plus avec ce texte mais au début j'étais pas très inspirée !!!!! Enfin ce n'est qu'un début. Pour te répondre, Tistou, ma crise d'adolescence fut un peu freiné par une scoliose. Donc plutôt occupé avec la kiné et la muscu, pas eu le temps pour la crise. Mais rien n'est perdu je peux encore la faire !!!!! ;))))

Tistou 07/04/2005 @ 14:43:18
Tiens, moi aussi ça me rappelle quelque chose la scoliose.

Kicilou 07/04/2005 @ 14:56:56
Tiens, moi aussi ça me rappelle quelque chose la scoliose.

Et moi donc!! Le même effet sur moi que sur Eva_Erika!

Evaetjean
avatar 07/04/2005 @ 15:04:41
Scoliose importante ?? Opéré ou pas ?? Répondez please please !!

Kicilou 07/04/2005 @ 15:09:19
scoliose pas opérée mais qui m'a vallu tellement d'heures de kiné que je ne les compte plus (je crois 4 ou 5 ans à raison de 1 à 2 fois par semaines (d'abord 2 puis 1 vers la fin)). Maintenant mon dos est presque droit mais j'ai facilement mal.

Tistou 07/04/2005 @ 15:20:22
Non, pas très importante, pas opéré, mais des souvenirs de Kiné ... Bof. Il était grand, chauve, et il faisait chaud dans son ... comment dit-on? cabinet ? Et c'était dur, et je suais sang et eau (surtout eau). Pas un souvenir grandiose!

Evaetjean
avatar 07/04/2005 @ 16:05:22
ok, merci de vos réponses. J'aurai pu discuter avec vous du ressenti d'opérer si tel avait été le cas !!! Tant pis for me, tant mieux pour vous.

Mentor 07/04/2005 @ 16:23:16
Histoire assez poignante que ce passage raté de l'adolescente à l'adulte. Plus de maman et papa absent, personne à l'écoute. Schéma trop fréquent. Je connais.
J'espère que ce n'est pas trop, même pas du tout auto-biographique!
En tout cas la lecture ne pose pas de problème grâce à l'alternance entre réflexions et dialogues. Vrai, les phrases de fin étaient inutiles, je pense aussi que tout était dit ou montré avant.
Le vocabulaire est très actuel et les dialogues sonnent vrai. Pas de recherches linguistiques particulières, pas d'emphase, c'est nature et ça colle bien au thème.
Dur mais bien rendu. J'ai aimé.

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