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De notre jeune stagiaire : fait-divers de banlieue en une phrase et 1500 signes tip top
Revenu de sa visite à Ikéa où de jeunes couples encore verts calculent au plus juste les tables, chaises et lits qui seront témoins de leurs disputes à venir, de leurs bombances et de leurs coïts lancinants, un vieillard s’est planté au milieu des tombes anonymes, des stèles prétentieuses et des petites pyramides dont la pierre même a oublié les pharaoniques célébrités qu’elles abritent; il a écarté d’un geste pressé quelques gerbes de fleurs sèches pour se poser là, au milieu des anciens clients de magasins d’ameublement ayant maintenant cessé de préparer l’avenir; il a profité d’une sorte de suspension temporelle durant laquelle se sont tus y compris les oiseaux de mauvaise augure, et, constatant sans joie ni surprise qu’il n’avait rien à dire en dehors du fait, banal, que la vie est une loterie imbécile menant plus ou moins vite d’Ikéa jusqu’au tombeau, il a dû se résoudre à exprimer le vide étrange qui l’habitait en poussant un hurlement de rage inutile, un beuglement sans objet, un sanglot sans tristesse, un long brame sans réponse comme le précisèrent quelques voisines timides s’exprimant plus tard face à la presse avide, bref, une longue clameur dénuée de toute signification perceptible, quelque chose qu’il fallait bien appeler un cri sans thème de cimetière, et c’est probablement l’idée même de ce mauvais calembour qui fit précéder son trépas d’un manifeste mais très bref dernier rire, source d’inquiétude accrue pour les passants, les fantômes égarés et les argousins.
Revenu de sa visite à Ikéa où de jeunes couples encore verts calculent au plus juste les tables, chaises et lits qui seront témoins de leurs disputes à venir, de leurs bombances et de leurs coïts lancinants, un vieillard s’est planté au milieu des tombes anonymes, des stèles prétentieuses et des petites pyramides dont la pierre même a oublié les pharaoniques célébrités qu’elles abritent; il a écarté d’un geste pressé quelques gerbes de fleurs sèches pour se poser là, au milieu des anciens clients de magasins d’ameublement ayant maintenant cessé de préparer l’avenir; il a profité d’une sorte de suspension temporelle durant laquelle se sont tus y compris les oiseaux de mauvaise augure, et, constatant sans joie ni surprise qu’il n’avait rien à dire en dehors du fait, banal, que la vie est une loterie imbécile menant plus ou moins vite d’Ikéa jusqu’au tombeau, il a dû se résoudre à exprimer le vide étrange qui l’habitait en poussant un hurlement de rage inutile, un beuglement sans objet, un sanglot sans tristesse, un long brame sans réponse comme le précisèrent quelques voisines timides s’exprimant plus tard face à la presse avide, bref, une longue clameur dénuée de toute signification perceptible, quelque chose qu’il fallait bien appeler un cri sans thème de cimetière, et c’est probablement l’idée même de ce mauvais calembour qui fit précéder son trépas d’un manifeste mais très bref dernier rire, source d’inquiétude accrue pour les passants, les fantômes égarés et les argousins.
J'ignore comment vous faites pour réaliser pile poil 1500 signes! c'est dingue. En + ce texte est désopilant de tristesse... Navrant et hilarant. Pauvre vieux qui voit la vie dans ce raccourci ikéa-cimetière, sujet de philo? Bravo Bolcho
Mais que c'est bon! Et que j'aime! Et quel thème! La vie de caisse en caisse, de qu'est-ce en qu'est-ce, de "cris sans thème"...
Pas tout compris, enfin juste ça, il est mort ou pas le petit vieux? Sinon, c'est un beau texte bien triste. Et puis, 1500 signes pile poile en une phrase, ça c'est très fort! (encore que, juste pour chipoter, le ";" donne plutôt l'impression de deux phrases distincts (je l'ai dit, c'est juste pour chipoter!).
Bel exercice!
Bel exercice!
Bel exo, oui, c'est marrant ça une phrase, et si tu ne l'avais même pas dit plus tôt, je crois que je ne m'en serais même pas rendu compte !
Je l'ai trouvé très bien écrit ce texte, très spécial côté ambiance, mais beaucoup aimé.
Je l'ai trouvé très bien écrit ce texte, très spécial côté ambiance, mais beaucoup aimé.
Ah, que ferait un étudiant sans Ikea? -)))
J'ai aimé particulièrement la description des derniers moments de la vie de ce vieillard mais au contraire de beaucoup, cette phrase interminable m'a un peu gêné. Elle aurait gagnée à être coupée. Mais je suppose que c'était un chalenge auquel cas il est évidemment parfaitement réussi!
J'ai aimé particulièrement la description des derniers moments de la vie de ce vieillard mais au contraire de beaucoup, cette phrase interminable m'a un peu gêné. Elle aurait gagnée à être coupée. Mais je suppose que c'était un chalenge auquel cas il est évidemment parfaitement réussi!
Attends Bolcho, pour un commentaire, faut d'abord que crise de fou rire tarisse.
…
Houa, ça va mieux : très bon Bolcho !
…
Houa, ça va mieux : très bon Bolcho !
je trouve ton texte très négatif, c'est pas si horrible la vie quand même
ça se résume pas à ça, même si j'aime ikéa, j'espère que c'est pa smon destin
tu décris bien la mort et sa solitude, mais moi ça m'effraie, j'espère que tu m'en voudras pas de pas apprécier
et comme au-dessus, j'aurais préféré plusieurs phrases, c'est encore plus lourd, mais c'est justement un effet de style incroyable, je me contredis parce que ça me chamboule
bravo pour cette noirceur
ça se résume pas à ça, même si j'aime ikéa, j'espère que c'est pa smon destin
tu décris bien la mort et sa solitude, mais moi ça m'effraie, j'espère que tu m'en voudras pas de pas apprécier
et comme au-dessus, j'aurais préféré plusieurs phrases, c'est encore plus lourd, mais c'est justement un effet de style incroyable, je me contredis parce que ça me chamboule
bravo pour cette noirceur
Excellent, moi je dis. Pour Acie "Noir c'est Noir" ne veut pas toujours dire "Il n'y a plus d'espoir".
Ce sont les images de ce moule à gâteau qu'est la vie qu'il faut distinguer. Ce texte est excellent, je le redis, et la phrase sans fin m'a plu car finalement si bien collée au fond, à cette vie cynique qui s'enchaîne, juste entrecoupée de points-virgules.
Ce sont les images de ce moule à gâteau qu'est la vie qu'il faut distinguer. Ce texte est excellent, je le redis, et la phrase sans fin m'a plu car finalement si bien collée au fond, à cette vie cynique qui s'enchaîne, juste entrecoupée de points-virgules.
Ha bon sang Bolcho, que c'est sardonique ce texte! Pathétique et drôle, j'ai ri tout en éprouvant de la compassion pour ce pauvre vieux. Bien écrit, un condensé réussi d'états d'âme.
Super Bolcho. très bel exercice à la fois du 1500 pile poil et de la phrase unique. Le tout sans que ça fasse un instant pensum. On sent le manieur de mots, d'habitude en rimes, mais là en prose il y a de la technique derrière.
De mieux en mieux... L'absurde de la vie d'ikea au tombeau (c'est fascinant !), et tout ça sur une seule phrase "performance" dont la lecture s'avère plus que que difficile d'une traite !
Une thématique aussi envolée qu'originale, y aps à dire ... ;-)
Je signale à tout hasard la définition du mot argousin, pour ceux que cela aurait fait sourire en sortant de chez Ikea.
Argousin : (littéraire, vieilli) agent de police.
Une thématique aussi envolée qu'originale, y aps à dire ... ;-)
Je signale à tout hasard la définition du mot argousin, pour ceux que cela aurait fait sourire en sortant de chez Ikea.
Argousin : (littéraire, vieilli) agent de police.
C'est bien écrit, mais un petit peu cliché et facile, oui. Je n'ai pas du tout trouvé que cette phrase unique soit trop longue ou indigeste. Elle se lit d'un seul élan.
Et le raccourci d'Ikéa et ses meubles pour étudiants, même attardés (vous savez qu'ils ont des magasins aussi au Canada ;-)) au cimetière, c'est superbe! C'est un sujet grave mais dont on peut rire, grâce à toi, Bolcho. Merci!
Et le raccourci d'Ikéa et ses meubles pour étudiants, même attardés (vous savez qu'ils ont des magasins aussi au Canada ;-)) au cimetière, c'est superbe! C'est un sujet grave mais dont on peut rire, grâce à toi, Bolcho. Merci!
Oups, petite boulette dans mon post précédent, la 1ère phrase se rapporte à un autre texte (ce qui arrive quand on s'emmêle les pinceaux en copiant-collant de notepad...). Désolée... Alors je reprends le commentaire qui t'est destiné, Bolcho:
Je n'ai pas du tout trouvé que cette phrase unique soit trop longue ou indigeste. Elle se lit d'un seul élan.
Et le racourci d'Ikéa et ses meubles pour étudiants, même attardés (vous savez qu'ils ont des magasins aussi au Canada ;-)) au cimetière, c'est superbe! C'est un sujet grave mais dont on peut rire, grâce à toi, Bolcho. Merci.
Un peu de gravité dans ce monde d'aigus.
Et puis tous ces mots, ces jeux de mots et ces images sont un peu comme les fleurs de ce cimetière, non ?
Une vie résumée en une phrase.
Et dire qu'il y en a qui meurt sans même d'épitaphe. Très beau Bolcho.
Et puis tous ces mots, ces jeux de mots et ces images sont un peu comme les fleurs de ce cimetière, non ?
Une vie résumée en une phrase.
Et dire qu'il y en a qui meurt sans même d'épitaphe. Très beau Bolcho.
c'est toujours plus facile de dire quelques mots sur un texte qui ne nous a pas totalement plu. A l'inverse, pour exprimer que l'on aime, les adjectifs manquent rapidement...
Après avoir lu déjà 3 textes très réussis, BlueWitch, Fée Carabine puis maitenant toi ... je ne sais plus trop quoi dire, à part :
bravo ! comme à l'habitude ....
Après avoir lu déjà 3 textes très réussis, BlueWitch, Fée Carabine puis maitenant toi ... je ne sais plus trop quoi dire, à part :
bravo ! comme à l'habitude ....
Une idée comme ça. On reprend comme ça vient un "A la une" et on le poursuit. Librement. Je viens de le faire après le poulet de Balamento.
Le nombre de signes on s'en fout un peu.
Le nombre de signes on s'en fout un peu.
Je trouve pathétique que quelqu’un puisse se permettre de telles inepties…
Tu as vraiment un talent particulier et je suis heureux que tu nous en fasse de plus en plus profiter. Ce texte est un plaisir, l’ironie grinçante comme les gonds rouillés d’une grille de cimetière, l’exercice de style jubilatoire (même si tu as par deux fois un peu triché sur l’utilisation du point virgule). C’est très bon et plein d’imagination.
Oups, petite boulette, cette phrase se rapporte à un autre texte (ce qui arrive quand on s’emmêle les pinceaux en copiant-collant de note pad…) Désolé… Alors je reprends le commentaire qui t’es destiné.
Tu as vraiment un talent particulier et je suis heureux que tu nous en fasse de plus en plus profiter. Ce texte est un plaisir, l’ironie grinçante comme les gonds rouillés d’une grille de cimetière, l’exercice de style jubilatoire (même si tu as par deux fois un peu triché sur l’utilisation du point virgule). C’est très bon et plein d’imagination.
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