FéeClo 11/03/2005 @ 12:11:27
J'ai lu, assez rapidement je l'avoue, la discussion lancée à partir de la psychanalyse des contes de fée.

Personnellement je suis pour la lecture des contes aux enfants... sans les forcer bien évidemment! C'est l'enfant qui choisit sa lecture. S'il n'est pas encore en âge de choisir, il a au moins la possibilité de donner son avis (il en redemande, ou il refuse d'ouvrir un certain livre).

Mais... aujourd'hui les contes sont loin d'être ce qui a été transmis depuis des générations par la voie orale! On édite un nombre incroyable d'ouvrages de contes pour enfant. Exprès pour eux, avec des thèmes à choisir (fées, princesses, dragons), le temps que durera la lecture.. et dans une certaine édition même la manière dont le lecteur doit lire certains passages (grosse voix, vitesse...).
Et dans ces ouvrages pour enfants, on omet des passages "dangereux" pour leurs âmes sensibles. Ou des passages déjà abandonnés depuis des dizaines d'années parce que ne rentrant pas dans la bonne éducation judéo-chrétienne que l'on voulait transmettre à ces petits êtres innocents.

Et pourtant... ce sont peut-être justement ces passages-là qui créent l'histoire! Les moments de difficultés réèlles, les doutes, les pertes, les morts... Parce que c'est utile de mourir! Pour renaître à soi-même et devenir Soi! (C'est celà le message essentiel du conte)

Il est un autre aspect aussi à tenir en compte (en conte ;o) ): le symbolisme. Ce que "l'inconscient collectif" fait passer comme message... Aujourd'hui nous ne sommes plus ouverts à ces interprétations intuitives. Parce que la vie "moderne" a fermé nos portes de l'intuition. Nous voulons tout passer par la raison. Et une lecture raisonnable d'un conte ne peut être qu'épouvantable!
Oui on y tue des mères, on y voit des belles-mères méchantes, des pères absents, des sorcières... Et pourtant... si on laisse parler l'intuition et le symbolisme on peut y voir tout autre chose! Se détacher du terre à terre pour laisser l'histoire nous toucher au plus profond... pour laisser parler la petite voix héritée des temps anciens... Peut-être que les enfants entendent mieux cette petite voix que nous, adultes trop occupés par nos "soucis quotidiens" ;o)

Si vous avez l'occasion d'aller écouter des Conteurs à la Maison du conte par exemple... vous y découvrirez une énorme liberté laissée au public: c'est l'auditeur qui fait ce qu'il veut de l'histoire. Aucune morale!! Chacun interprète selon les grands symboles qu'il reconnaît, son vécu personnel et sa capacité d'accepter ses émotions propres.

Les contes ne sont pas inventés pour les enfants.. Ils le sont pour "la tribu" pour partager les doutes et les questions des hommes et des femmes qui la constituent. Pour tenter des pistes de réponses... Mais les enfants font partie de la tribu. Et ils ont droit à la même version que les adultes!

Quand vous lisez un conte à un enfant... cherchez-en une version la plus proche possible de ce qui a été transmis par l'oralité ou une version dans laquelle vous sentez que l'enfant a la possibilité de créer librement son interprétation. Ou pourquoi pas deux versions différentes et discuter avec lui de celle qu'il préfère et pourquoi, ce qu'il y voit comme différences (je pense au Chaperon rouge qui a des fins différentes par exemple).
Et surtout soyez à l'écoute de l'enfant! Lire une histoire n'est pas sans laisser de trace! Lire un conte ce n'est pas passer les 5 ou 10 minutes prévues par l'éditeur, fermer le livre et espérer que l'enfant ne fera pas de cauchemars. C'est entrer en relation avec l'enfant! Lui offrir un texte porteur de significations et être à l'écoute de ce que ça réveille en lui!

FéeClo 11/03/2005 @ 12:14:36
J'ajoute pour celles (et ceux mais c'est plutôt un livre féminin) qui voudraient s'ouvrir à ce qu'un conte peut apporter: "Femmes qui courent avec les loups" est un ouvrage magnifique en son genre!

Saule

avatar 11/03/2005 @ 13:13:53
Je suis assez d'accord avec toi quand au rôle des contes. Les dragons, les loups, les sorcières, ... tout ça permet aux enfants de projeter les peurs qui s'agitent en eux et de les gérer.

Comme tu dis les adultes s'estiment trop raisonnables que pour faire ça. Mais le problème c'est qu'ils ne sont pas plus conscients que les ogres, les démons, ça existent bel et bien et qu'ils sont en eux. Alors comme ils ne sont pas capable de l'assumer ils les projettent sur les autres : l'étranger est parfait pour ça (le juif, le musulman,...).

Pour l'anecdote : il y a quelque temps j'ai rêvé d'Alice au pays des merveilles, alors que je ne me souvenais absolument pas de l'histoire ou d'avoir jamais lu ce conte. J'en conclu que même si l'enfant n'en prend pas conscience, les contes l'aident à se construire.

Tistou 11/03/2005 @ 13:27:01
Et ça, c'est ce qu'une petite fille occidentale De 11 ans peut imaginer comme conte.
http://critiqueslibres.com/i.php/forum/…

FéeClo 11/03/2005 @ 14:49:23
Ah si les adultes relisaient les contes ;o)

Tristou, superbe le texte de ta nièce!! Merci!

Tistou 11/03/2005 @ 15:06:22
Ah si les adultes relisaient les contes ;o)

Tristou, superbe le texte de ta nièce!! Merci!

Nous avons été 15 adultes (ou presque!) à relire et réinterpréter le conte de Perrine. C'est là, à Conte de Perrine :
http://perso.wanadoo.fr/marieste/exercice.htm

Au fait je ne connais pas Tristou, mais très bien un Tistou!

FéeClo 11/03/2005 @ 15:33:14
Ah si les adultes relisaient les contes ;o)

Tristou, superbe le texte de ta nièce!! Merci!

Nous avons été 15 adultes (ou presque!) à relire et réinterpréter le conte de Perrine. C'est là, à Conte de Perrine :
http://perso.wanadoo.fr/marieste/exercice.htm

Au fait je ne connais pas Tristou, mais très bien un Tistou!


J'irai voir ce lien

Voilà que je faisais de toi un malheureux tristounet LOL
Sorry Tistou.. au fait c'est "Tistou et les pouces verts" ou "Titou et les pouces verts"

Lyra will 11/03/2005 @ 20:15:53
Les contes, je trouve ça également très important pour l'enfant, et puis c'est pratiquement le seul moyen de lui donner envie de lire, non ???
Ca reste un très bon souvenir, mais ça se finit trop vite cette période, vais peut-être demander à ma maman de m'en relire un, en souvenir du bon vieux temps... :0)))

Tistou 12/03/2005 @ 09:02:10
A FéeClo
Tistou les pouces verts. Evidemment!

Magicite
avatar 17/10/2011 @ 11:44:55
FéeClo dit: C'est entrer en relation avec l'enfant! Lui offrir un texte porteur de significations et être à l'écoute de ce que ça réveille en lui!

Oui d'accord sur une partie. La lecture est un plaisir solitaire(ce qui n'empêche pas de partager, la preuve avez vous entendu parler d'un certain forum C.L.), lire à quelqu'un c'est raconter une histoire, quelqu'un qui lit il se fait l'histoire.

Pour en revenir à mon point d'accord, la signification elle est comme le sont les récits des mythologies religieuses(passées de mode ou contemporaines) il faut penser à la symbolique pour l'obtenir.

J’exècre Disney pour 2 raisons identiques: Que les films(autant de qualités puissent ils avoir) dénaturent soit des grands œuvres littéraires et détruisent la signification de contes en les édulcorant parfois(souvent?) jusqu'à la niaiserie.
Les contes que l'on "dit" pour enfants sont des représentations symboliques de la vie auquel ils n'ont et ne peuvent avoir accès.
C'est souvent un apprentissage de la réalité à travers la représentation de la mort, la personnalisation des forces naturelles du monde et de l'être(sexualité, émancipation et conscience du soi).
Qui osera dire que l'histoire du prince charmant et de la belle princesse n'est pas liée à la sexualité? Si c'est une cristallisation c'est aussi une mise en garde autant que promesse. La mise en garde c'est les périples auquel sont confrontés princesses, princes, tailleurs et grenouilles.
La promesse c'est la récompense d'une création ou recréation puisqu'il s'agit de la cellule familiale; celle où "ils" vécurent heureux et eurent beaucoup de lardons. Sans sexualité les lardons ne pouvant exister il y a la trame de la société et les moyens de les obtenir.
La mort, la violence est omniprésente dans les contes. Elle prépare à la réalité de perdre un être cher(un parent de l'enfant) mais va pouvoir être transcendée par la quête ou une présence bienveillante qui va permettre de se tourner vers l'avenir. L'astuce du dernier frère contre les créatures malsaines ne fait pas revivre ses autres frères mais va les venger et permettre à celui ci de revenir au royaume riche et renommé et de rebâtir la ville. Quel leçon autre qu'il faut avancer dans la vie en abandonnant le morbide peut on donner à l'enfant? Que le chagrin de l'héroïne s'expriment par des larmes qui vont faire pousser les arbres qui donneront les fruits d'or, que la tristesse du héros pour ses frères benêts qui ont voulu le tromper se transforme en énergie lui permettant de les égaler et les dépasser il triomphera parce qu'il est malmené.

La seule leçon sur la mort, l'infamie, l'injustice, la pauvreté et la méchanceté (autre que l'expérience)qui lui soit bénéfique et non traumatisante c'est le conte.

Les peurs et angoisses sont des étapes que nous traversons aux étapes de nos vies. Que ce soit l'ogre, la marâtre ou le jaloux le conte apporte la réponse dans le dénouement idéalisé sans faire oublier que des épreuves et des échecs peuvent survenir, que la perte existe.

Le héros de conte prouve que pour réussir il faut être astucieux comme Ali Baba,chanceux et avoir de bons conseils, travailleur comme le cordonnier et ne pas baisser les bras pour pouvoir triompher devant les épreuves sans cesse renouvelées(et répétitives)...
La chance de celui qui trouve un jour un objet magique qui va le faire roi n'omet pas qu'il va devoir utiliser cette chance en pénétrant jusqu'au palais et présenter son pouvoir au roi pour obtenir la princesse de ses rêves,la souillon va pouvoir aller au bal après avoir été martyrisées par ses vilaines sœurs par l'aide d'une force supérieure, réponse à son grand cœur.

Les lutins du cordonnier, les génies bons et mauvais, les magiciens et fées sont la personnification des forces de l'individu et du monde, opposées et rigoureusement identiques : le tout céleste(elfes, fées...) et le tout souterrain(trolls, gnomes...).

La noirceur de la sorcière qui veut cuire des enfants ou la bête qui arrache chairs et yeux, la gloutonnerie de l'ogre et l'avidité du jaloux doivent faire peur, terrifier. Car elles existent et que faire connaissance du symbole prépare à la connaissance de la réalité qu'elle exprime mais présente aussi le moyen de les affronter pour triompher.

Le conte, hors son côté moralisateur et représentatif d'une société est avant tout un enseignement destiné au futur adulte: l'enfant.

Et quel triomphe: oiseau chanteurs, tours aux sommets recouverts d'or, bête repoussante transformé en mari aimant, poulet dispensateur d'or, chaudrons de rubis, sacs de bijoux qui ne sont pourtant que peu de choses dans ce cadeau ultime dans le conte: un avenir protégé par les fées?
Les fées, les trolls(grande figure du conte néerlandais comme le génie protecteur du foyer dont les romains se sont emparés aux celtes), les fontaines faisant gambader les vieillards, les violons danser jusqu'à la mort les cruels, les djinns fourbes et bienfaiteurs...ils existent, par nous et pour nous.

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