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Forums  :  Vos écrits  :  MM2 : Episode 30

Bluewitch
avatar 27/01/2005 @ 10:47:51
   Je n’avais pas envie de faire demi-tour, non vraiment pas. Elle était là, notre Mer, de son gris perlé teinté de vert, sentant l’embrume et la mélancolie… Et pourtant, moi, ça me remplissait d’allégresse. Je jetai un œil sur Charlotte. Elle souriait d’un œil et pleurait de l’autre. Bizarre comme nous trouver là prenait un sens auquel nous n’aurions pas pensé.
   Nous avons garé la voiture, étrange équipage, et sommes allées sans un mot mettre nos pieds dans le sable. Ca a duré, quoi ? Une heure, deux heures ? Laissant le vent marin nous caresser, nous envelopper, nous frôler. Il nous lavait de notre vie d’avant, il nous rafraîchissait de nos mauvais souvenirs, il nous rajeunissait mieux que ce maudit ascenseur.
   Renaissance de deux vénus.
   Charlotte me prit la main. Je l’ai serrée contre ma poitrine. Nous étions bien, libérées. Son téléphone portable a sonné. Hésitations, elle a marmonné, je n’ai rien compris. Elle a décroché.
   - Allô ? Maman ! Mais… Quoi ? Non… Nicéphore ?? Et les autres ? Aussi ! et… ? Attends une minute.
   Et elle me raconta comment Nicéphore ne s’était pas désintégré (je n’étais donc pas folle, enfin…), comment il avait compris la manœuvre enfin de rendre leur âge aux victimes et qu’il s’apprêtait à le faire. Qu’il fallait que nous rentrions, que…
   - Raccroche.
   Charlotte m’observa, les rouages de son cerveau se mettant lentement en place. Cette rue Sous-l’Eau, ce n’était plus nous. Il y aurait d’autres Sélim aux yeux verts. Et du vert, j’en avais là, plein les yeux.
   - Raccroche.
   Charlotte raccrocha, souriante et ivre de notre exploit, du cordon coupé. Et elle l’a jeté loin, son téléphone, très loin dans le vert.

                            ***

   Une file bruyante et marmaillante s’agitait devant l’ascenseur, précédée de Nicéphore prenant l’air de celui qui, dans son costume digne d’un maître de cérémonie (et qui semblait aussi avoir rajeuni), se préparait à accomplir une grande action. Dans cette file, deux sœurs du quatrième âge tenaient en respect la nouvelle génération, une Esther observait son téléphone d’un air contrit et… tiens, mais, où sont-ils ? Ils étaient là un instant plutôt, pourtant…
   Ah, les voilà !! Quelques marches plus bas et à l’abri des regards, Amélie et Augustave… Mais que font-ils ?
   - Ma chère, comme il me pèse que votre regard ne trouve en moi rien de familier… Il est vrai que lors de notre rencontre vous étiez déjà mère de deux fils de quatre ans… Je ne puis donc être dans vos souvenirs… Ah ! Quelle passion nous eussions pu vivre si la raison ne vous avait éloigné de moi !
   - Je suis confuse, Monsieur… Mais il est vrai que vous ne m’êtes pas insensible…
   -Ah ! Douce Amélie, quittons nos attaches, regardez dans mes yeux cet amour dévorant et suivez-le ! Je n’ose imaginer vous laisser retourner dans cette abominable machine au risque de vous perdre à nouveau ! Laissons ce monde derrière nous et prenons celui-ci. Il est bien trop fou pour nous juger…
   - Mais, et… Euphrosyne ?
   - Oh ! Elle… Un amour de vieillesse. Elle était bien plus jeune que moi à l’époque et voilà que… enfin, vous l’avez vue !
   - Oui, cher ami, je comprends votre désarroi ! Mais, et mon mari ?
   - Ce Prauvice ne vous rend pas heureuse ! Un illuminé qui assombrissait vos jours de plus en plus… Qu’il ne nous sépare pas à nouveau !
   Les sourcils d’Amélie se froncèrent, comprenant toute la vérité de ces paroles et, d’un mouvement brusque, elle tapa du pied et lança :
   - Vous avez raison, qu’il en soit ainsi !
   Au même moment, on put entendre Nicéphore les appeler d’une voix solennelle et ils retournèrent auprès de leurs compagnons d’infortune.
   - Chers amis, étant les deux seules personnes adultes de ce groupe nécessitant le traitement, veuillez vous désigner.
   - Nous avons décidé de rester ici, car nous nous aimons ! tonna Augustave.
   Et Euphrosyne, sous le coup de l’émotion, d’abandonner bébé Benoît dans les bras de Nicéphore et de défaillir dans ceux d’Esther.
   Imperturbable, Nicéphore prononça :
   - Si tel est le souhait du destin…
   Et il déposa délicatement Benoît sur le sol de l’ascenseur… Le silence se fit. Quelques manipulations et cliquetis. Et il referma la porte.
   - Attendez ! vous avez oublié ses vêtem…
   Trop tard.

Sibylline 27/01/2005 @ 13:02:40
Blue, tu nous as fait là un bien joli épisode. Le joli style mélancolique du début se maintient jusqu'à la fin et c'est un style qui convient fort bien à une presque fin. :-)
Pour pinailler, je signale un "enfin" au lieu de "afin" dans " comment il avait compris la manœuvre enfin de rendre leur âge " et je trouve qu'il y a un peu trop d'"oeil" dans les premières lignes. Mais bon, c'est surtout bien écrit et bien mené.
Il faut tout de même laisser quelque chose à finir pour Sahkti... si bien que je me demande un peu ce que je vais pouvoir raconter et comment je vais pouvoir freiner suffisamment cet ascenseur. Je vais y réfléchir. Faudrait pas non plus que la fin se traîne et qu'on s'ennuie. Je vais faire ce que je peux.

Bluewitch
avatar 27/01/2005 @ 13:05:01
Tu as raison, Sib! Ce qu'il y a de regards, dans cette histoire! ;o) C'est fou comme, lorsqu'on se relit soi-même, il y a des choses qui échappent.

Olivier Michael Kim
27/01/2005 @ 13:28:15
Un excellent épisode ! Un style limpide et fluide, sans parler de l'excellente mise en page.

Le fond de l'histoire commence avec une ambiance douce pour se terminer sur un suspens comique.

Très bien, j'adore.

Tistou 27/01/2005 @ 13:44:28
Tu as vite et bien fait Bluewitch. Reste la délicate mission pour Sibylline et Sahkti de trouver assez de grain à moudre. Faisons leur confiance, ce sont de grandes filles!
Alors même en Belgique la mer conserve cette faculté régénératrice et revitalisatrice! Quand même. Quant à la Grand-messe du 9 de la Rue Sous l'Eau, c'est croquignolesque! Elles vont bien se régaler les 2, derrière.
L'ambiance de ton épisode est parfaite. C'est super de finir notre série en restant avec des sentiments de haute volée.

Yali 27/01/2005 @ 17:47:09
C’est doux, c’est fou, c’est du Blue !

Provis

avatar 27/01/2005 @ 18:52:36
Très bien, Blue ! Une ambiance qui laisse deviner une fin prochaine.. Attendons le dénouement !!
Remarque de pinailleur sur "vous ne m’êtes pas insensible" : plutôt "vous ne m’êtes pas indifférent" ou "vous ne me laissez pas insensible".. ? :o)

Bluewitch
avatar 27/01/2005 @ 18:54:35
Oui, j'avais vu, Provis, mais j'ai rien dit, c'était trop tard! ;o) J'ai fait un mix des deux, c'est terrible... J'étais dans la lune pour cet épisode 30!
Je me doutais que quelqu'un allait s'en rendre compte! Hihi...

Kilis 27/01/2005 @ 20:48:18
1.
"Charlotte m’observa, les rouages de son cerveau se mettant lentement en place. Cette rue Sous-l’Eau, ce n’était plus nous. Il y aurait d’autres Sélim aux yeux verts. Et du vert, j’en avais là, plein les yeux.
- Raccroche.
Charlotte raccrocha, souriante et ivre de notre exploit, du cordon coupé. Et elle l’a jeté loin, son téléphone, très loin dans le vert."

Bon pour moi, ça, là au dessus: c'est du super Blue comme remarqué dans l'épisode 16.

2.
Le reste : je trouve très moyen. Quelques maladresses dans l'emploi des mots et tournures de phrases.
l'embrume: ça le fait pas, c'est l'embrun ou les embruns.
"Nous avons garé la voiture, étrange équipage,... "
Je vois pas l'image, ce que l'équipage a d'étrange??? ou alors quelque chose m'échappe...

D'accord; je suis sévère... Mais je le suis surtout avec les gens dont j'apprécie le talent et c'est le cas pour Blue, elle sait bien.

Passe un très bon séjour à la neige, Blue et reviens-nous en forme!

Saint Jean-Baptiste 27/01/2005 @ 21:54:59
Ca alors ! Quand Blue se rappelle qu'elle est poétesse se n'est pas pour rien !
- Elle souriait d'un œil et pleurait de l'autre
- Laissant le vent marin nous caresser, nous envelopper, nous frôler
Et puis : la renaissance des deux Venus ! et les autres Selim aux yeux verts

Et alors, la fin très "marmaillante", c'est très marrant mais je m'y suis un peu perdu !
Mais c'est voulu, c'est comme dans les films de James Bond, on s'amuse beaucoup mais on ne comprend pas grand chose ! ;-))

Lyra will 28/01/2005 @ 19:24:51
Moi j'ai bien aimé, je trouve que c'est une bonne ambiance pour finir, j'ai trouvé le début vraiment excellent, un tout petit peu moins aimé la deuxième partie, parce que je la trouve un peu confuse.
Bon courage à Sib et Sahkti, je ne vous dis pas la pression que ça doit être de finir un MM... ;0)

Kicilou 30/01/2005 @ 18:07:00
Un joli épisode, on se dirige vers la fin avec fluidité, ça me plait! La coupure entre Lu7-Charlotte et les autres semble définitive, ... pourquoi pas! Bref, malgré la nécécité de conclure, tu nous concocte un épisode riche.

Sahkti
avatar 31/01/2005 @ 18:00:50
Je suis un peu de l'avis de Kilis en ce qui concerne le début et la suite.
La première partie est douce, poétique, ne nécessite pas de mots superflus, Blue l'a compris et tout glisse sur ces vagues hypnotisantes.
La suite, je la trouve un peu plus bâclée, le rythme est un brin décousu, tout cela s'accélère, alors qu'il n'y avait pas le feu et ça sent la fin dirigée alors qu'il reste encore des idées à découvrir, peut-être. Je suis partagée.

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