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Théodore Diès est un vieil homme près de la mort. Mais ses prières seront entendues et un curieux personnage va le rencontrer pour lui proposer un "contrat"...
LE CONTRAT
3h du matin.
Théodore Diès se réveilla dans son lit médicalisé et sentit que la fin était proche. Il sonna et une infirmière arriva.
– Et bien Monsieur Diès, vous faites une drôle de tête ? dit-elle en redressant ses coussins.
– C’est que je sens que je vais mourir, mon petit. Mais il est trop tôt !
Elle le borda soigneusement.
– Oh, vous savez, ils disent tout ça ! Vous ne vous sentez pas bien ?
– Oh c'est affreux ! J'ai l'impression que mon cœur rétrécit ! Appelez donc un médecin !
– Tut tut ! Vous avez vu l'heure ? Il est trois heures du matin, et l'interne de garde fait sa sieste. Ça attendra demain. D'accord, Monsieur Diès ?
Théodore bougonna et pria l'infirmière de déguerpir. Encore une qui se croyait éternelle. Tous ces gens bien portant ne pouvaient imaginer cette pénible sensation qui accompagne la prise de conscience de sa propre fin, et il ne pouvait se résigner à laisser la vie quitter son corps. Sa place était sur terre, parmi les vivants. Il n'avait nulle envie d'aller voir ce qui se tramait dans les hautes sphères, et ne croyait pas vraiment à une vie post mortem. Il avait même plutôt peur de survivre à sa mort sous une forme nouvelle et l'idée de devoir s'habituer à un nouveau mode de vie, à de nouveaux amis et lieux l'inquiétait au plus haut point.
Théodore joignit ses mains sous la couverture et se mit à prier la providence de le laisser en vie. Il devait bien y avoir un moyen de conjurer la Mort, aussi il décida de se cacher sous les draps. Il La sentait qui rôdait dans les couloirs sombres de l'hôpital endormi, traînant ses guêtres dans les escaliers et frappant au hasard des portes, réveillant ou tuant dans leur sommeil les pauvres fous qui ne l'avaient pas entendu arriver. Il devait lui échapper, mais pour ça, il avait besoin d'aide. Il pria.
On frappa à la porte. Un homme de petite taille entra. Il ôta son manteau et vint s'asseoir à côté du lit de Théodore. Le vieillard sortit de sous ses draps et regarda le visiteur nocturne avec méfiance. Peut-être un agent de la Mort ?
– Monsieur Diès ? demanda le petit homme qui sortait des dossiers de son petit attaché-case.
– Lui-même...
– Je me présente, agent 23-7, mais vous pouvez m'appeler Jean-Marc. Votre prière a bien été entendue, et je viens vous faire une proposition.
– C'est une plaisanterie ?
– Pas du tout. Voici ma carte.
Théodore examina le petit morceau de carton, mais ne put déchiffrer les signes qui entouraient la photo de Jean-Marc.
– J'y ne comprends rien à votre machin ! Vous êtes français ?
L'agent 23-7 sourit et secoua la tête.
– J'ai peu de temps, Monsieur Diès, aussi je vais vous faire ma proposition sur le champ.
– Et bien, je vous écoute, jeune homme.
– Comme je vous l'ai déjà dit, votre prière a été entendu par notre service d'écoute. Nous vous proposons une mort sans souffrance suivie d'une naissance immédiate dans ce même hôpital, deux étages sous nos pieds.
Théodore ouvrit de grands yeux.
– Vous vous payez ma tête ! Vous n'avez pas honte de tourmenter un vieillard de la sorte ? Je vais appeler l'inf...
– Laissez donc ça, cher ami, dit l'agent en empêchant le vieillard de sonner. Voici le contrat, à signer en deux exemplaires.
Théodore le parcourut et resta dubitatif.
– Si c'est une plaisanterie...
– Ce n'en est pas une, Monsieur Diès. Mais mon temps est précieux. Voici un stylo.
– Mais... Est-ce que j'aurai conscience de ma réincarnation ?
– Pas dans un premier temps, mais durant votre nouvelle vie, il se peut que quelques souvenirs vous reviennent à l'esprit.
– Et si je ne signe pas votre papelard, où vais-je aller après ma mort ?
– Ah ce n'est pas de mon ressort de vous le dire, Monsieur. Mon service ne s'occupe pas de ce genre de questions. Alors, vous signez ou pas ?
Théodore pris le stylo et signa les deux exemplaires du contrat.
– Très bien, je vous remercie, dit l'agent qui se leva. Je ne vais pas vous déranger plus longtemps et...
– Dites, vous pensez que j'en ai pour longtemps, encore ? C'est que j'aimerais bien dire adieu à mon corps avant de le quitter.
L'agent 23-7 sembla gêné par cette question. Cela n'était pas la première fois qu'on la lui posait.
– Désolé Monsieur, mais la Mort ne fait pas partie de notre administration. Elle travaille quand bon lui semble et ne respecte pas les 35 heures, si je puis dire. Si j'étais vous, je prendrais vite mes dispositions. Au-revoir Monsieur Diès, et bonne chance !
Théodore fit un signe de la main, et resta prostré dans son lit, son exemplaire du formidable contrat à la main. Ce Jean-Marc 23-machin l'avait presque convaincu avec ses papiers ! Quel canular ! Il posa les papiers sur sa tablette et décida de faire un petit somme. Le sommeil l'emporta rapidement, et son âme sortit de son corps.
Serge Balmy fut enfin autorisé à pénétrer en salle de travail. Il comprit très vite en voyant la tête livide de sa femme qu'il y avait eu un problème pendant l'accouchement. Il s'approcha de l'obstétricien qui se lavait les mains mais n'osa rien lui demander. Son cœur se mit à tambouriner dans sa poitrine et il ressentit la folle envie de fuir ce satané hôpital. La sage-femme posa une main sur son épaule et le regarda avec compassion.
– Votre enfant n'a pas survécu, Monsieur Balmy. Nous sommes désolés.
FIN
LE CONTRAT
3h du matin.
Théodore Diès se réveilla dans son lit médicalisé et sentit que la fin était proche. Il sonna et une infirmière arriva.
– Et bien Monsieur Diès, vous faites une drôle de tête ? dit-elle en redressant ses coussins.
– C’est que je sens que je vais mourir, mon petit. Mais il est trop tôt !
Elle le borda soigneusement.
– Oh, vous savez, ils disent tout ça ! Vous ne vous sentez pas bien ?
– Oh c'est affreux ! J'ai l'impression que mon cœur rétrécit ! Appelez donc un médecin !
– Tut tut ! Vous avez vu l'heure ? Il est trois heures du matin, et l'interne de garde fait sa sieste. Ça attendra demain. D'accord, Monsieur Diès ?
Théodore bougonna et pria l'infirmière de déguerpir. Encore une qui se croyait éternelle. Tous ces gens bien portant ne pouvaient imaginer cette pénible sensation qui accompagne la prise de conscience de sa propre fin, et il ne pouvait se résigner à laisser la vie quitter son corps. Sa place était sur terre, parmi les vivants. Il n'avait nulle envie d'aller voir ce qui se tramait dans les hautes sphères, et ne croyait pas vraiment à une vie post mortem. Il avait même plutôt peur de survivre à sa mort sous une forme nouvelle et l'idée de devoir s'habituer à un nouveau mode de vie, à de nouveaux amis et lieux l'inquiétait au plus haut point.
Théodore joignit ses mains sous la couverture et se mit à prier la providence de le laisser en vie. Il devait bien y avoir un moyen de conjurer la Mort, aussi il décida de se cacher sous les draps. Il La sentait qui rôdait dans les couloirs sombres de l'hôpital endormi, traînant ses guêtres dans les escaliers et frappant au hasard des portes, réveillant ou tuant dans leur sommeil les pauvres fous qui ne l'avaient pas entendu arriver. Il devait lui échapper, mais pour ça, il avait besoin d'aide. Il pria.
On frappa à la porte. Un homme de petite taille entra. Il ôta son manteau et vint s'asseoir à côté du lit de Théodore. Le vieillard sortit de sous ses draps et regarda le visiteur nocturne avec méfiance. Peut-être un agent de la Mort ?
– Monsieur Diès ? demanda le petit homme qui sortait des dossiers de son petit attaché-case.
– Lui-même...
– Je me présente, agent 23-7, mais vous pouvez m'appeler Jean-Marc. Votre prière a bien été entendue, et je viens vous faire une proposition.
– C'est une plaisanterie ?
– Pas du tout. Voici ma carte.
Théodore examina le petit morceau de carton, mais ne put déchiffrer les signes qui entouraient la photo de Jean-Marc.
– J'y ne comprends rien à votre machin ! Vous êtes français ?
L'agent 23-7 sourit et secoua la tête.
– J'ai peu de temps, Monsieur Diès, aussi je vais vous faire ma proposition sur le champ.
– Et bien, je vous écoute, jeune homme.
– Comme je vous l'ai déjà dit, votre prière a été entendu par notre service d'écoute. Nous vous proposons une mort sans souffrance suivie d'une naissance immédiate dans ce même hôpital, deux étages sous nos pieds.
Théodore ouvrit de grands yeux.
– Vous vous payez ma tête ! Vous n'avez pas honte de tourmenter un vieillard de la sorte ? Je vais appeler l'inf...
– Laissez donc ça, cher ami, dit l'agent en empêchant le vieillard de sonner. Voici le contrat, à signer en deux exemplaires.
Théodore le parcourut et resta dubitatif.
– Si c'est une plaisanterie...
– Ce n'en est pas une, Monsieur Diès. Mais mon temps est précieux. Voici un stylo.
– Mais... Est-ce que j'aurai conscience de ma réincarnation ?
– Pas dans un premier temps, mais durant votre nouvelle vie, il se peut que quelques souvenirs vous reviennent à l'esprit.
– Et si je ne signe pas votre papelard, où vais-je aller après ma mort ?
– Ah ce n'est pas de mon ressort de vous le dire, Monsieur. Mon service ne s'occupe pas de ce genre de questions. Alors, vous signez ou pas ?
Théodore pris le stylo et signa les deux exemplaires du contrat.
– Très bien, je vous remercie, dit l'agent qui se leva. Je ne vais pas vous déranger plus longtemps et...
– Dites, vous pensez que j'en ai pour longtemps, encore ? C'est que j'aimerais bien dire adieu à mon corps avant de le quitter.
L'agent 23-7 sembla gêné par cette question. Cela n'était pas la première fois qu'on la lui posait.
– Désolé Monsieur, mais la Mort ne fait pas partie de notre administration. Elle travaille quand bon lui semble et ne respecte pas les 35 heures, si je puis dire. Si j'étais vous, je prendrais vite mes dispositions. Au-revoir Monsieur Diès, et bonne chance !
Théodore fit un signe de la main, et resta prostré dans son lit, son exemplaire du formidable contrat à la main. Ce Jean-Marc 23-machin l'avait presque convaincu avec ses papiers ! Quel canular ! Il posa les papiers sur sa tablette et décida de faire un petit somme. Le sommeil l'emporta rapidement, et son âme sortit de son corps.
Serge Balmy fut enfin autorisé à pénétrer en salle de travail. Il comprit très vite en voyant la tête livide de sa femme qu'il y avait eu un problème pendant l'accouchement. Il s'approcha de l'obstétricien qui se lavait les mains mais n'osa rien lui demander. Son cœur se mit à tambouriner dans sa poitrine et il ressentit la folle envie de fuir ce satané hôpital. La sage-femme posa une main sur son épaule et le regarda avec compassion.
– Votre enfant n'a pas survécu, Monsieur Balmy. Nous sommes désolés.
FIN
Sordide ! Mais génial ! Bon cela va être dure de faire le chapitre suivant ;D mais bon....
Bah oui mais c'est fini !!
J'avais compris ;D
Sordide.. peut-être.. mais on voit bien quand même que c'est pas pour de vrai ! Je trouve que l'idée est ingénieuse et amusante, et le texte bien écrit.. Oui, c'est bien.. Et puis le fait qu'il ne croit pas à la vie post mortem ne l'empêche pas de prier la Providence ! (:-)
oui mais il ne prie pas Dieu, ni Allah, ni Maguy !
Il espère que le sort sera clément envers lui...
Il espère que le sort sera clément envers lui...
Idée intéressante et bien écrite. On s'habitue à ton style et à tes préoccupations ThomasDesmond. Celui ci est dans la lignée.
Merci Tistou, même si je ne crois pas avoir réussi jusqu'à présent à faire un resortir "mon" style... Je le cherche en vain !!
J'ai bien aimé ton texte, l'histoire est "amusante" même si le thèmes ne l'est pas forcèment :0)
Mais il y'a quelque chose que je n'ai pas très bien compris, quelle était l'autre partie du contrat? enfin je veux dire qu'est-ce que le viel homme devait fournir en échange? rien?
Je dis ça, parce que finalement, pour lui, le résultat est le même, il est mort.
Mais il y'a quelque chose que je n'ai pas très bien compris, quelle était l'autre partie du contrat? enfin je veux dire qu'est-ce que le viel homme devait fournir en échange? rien?
Je dis ça, parce que finalement, pour lui, le résultat est le même, il est mort.
"thème", pardon
Texte très plaisant à lire, sans accroc... Et la fin est délicieuse!!
Beaucoup d'ironie, limite cynisme sur le destin de l'être humain. Ton écriture glisse et me semble plus naturelle que dans d'autres de tes textes.
Merci à tous ! Peut-être que finalement, je progresse un peu...
Lyra : pas de contrepartie ! L'administration en question écoute les prières et en exauce quelques unes (ok c'est une fiction... ça n'arriverait pas avec les impôts...)
Lyra : pas de contrepartie ! L'administration en question écoute les prières et en exauce quelques unes (ok c'est une fiction... ça n'arriverait pas avec les impôts...)
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