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Esther rangea la boîte en haut de sa vieille garde-robe. Nicéphore ferait partie de ses souvenirs, à présent, qu’il en soit ainsi. Elle renifla sa dernière larme et retourna près des deux boules gazouillantes qui s’étaient enfin apaisées et somnolaient sur le grand lit. A leur vue, son cœur se serra. Elle revit Charlotte, son bébé, ce morceau d’elle qu’elle avait négligé au profit de jeunesse, beauté et insouciance. Elle ne chassa pas les remords car ils étaient mérités mais se promit de reprendre leur amour à toutes les deux en main, de le cajoler, de le mettre au chaud et de tout recommencer à zéro.
Un grattement se fit entendre à la porte et elle y reconnut le signal de son ancien amant, Patrick Sways. Aussi volatile que ses avions, il consacrait sa vie à trois passions exclusives : les poissons exotiques, les femmes et la danse. Cette fichue danse qui l’avait embobinée comme une midinette. Quelques pas d’une salsa aussi torride que l’enfer et il l’avait entraînée dans un tango plus renversé que ce qu’elle n’avait prévu. Avec un sourire retenant difficilement malice, elle se souvint avoir été plutôt consentante. Mais ça, c’était avant…
- Hello Sweetie, du temps pour une petite visite ?
La porte à peine ouverte, il conquérait déjà son salon comme un habitué.
- Où est ton Dorian Gray raté ?
- Il n’est pas là, comme tu peux le voir…
- J’ai un vrai problème, Darling, Victor a disparu.
- Tu ne devrais pas plutôt te soucier de ta fille ?
- Pourquoi, tu t’en soucies, toi ?
Elle avala ces mots comme une cendre au goût amer mais ne baissa pas les yeux. Elle avait pris assez de leçons pour aujourd’hui. Brûlante de colère, elle lui narra la vie du 9 Rue Sous-L’Eau depuis que le jour s’était levé et il ne l’interrompit pas une seule seconde.
- Et notre fille est partie avec cette Lu7 chez… chez Prauvice ?!! Ce fou, cet énergumène, ce… shit, this mad cow ???
Esther allait répondre quand un grondement surgit par la fenêtre ouverte, suivi de près par un crissement de pneus qui le heurta de plein fouet.
D’une amusante façon, le soir était en train de liquéfier les contours de mon immeuble mais je laissai mon imagination flotter vers le cinquième étage où devait m’attendre un amour en bourgeon. Malgré tout, je rentrais chez moi et quelque part, ça me fit du bien.
- Tiens, voilà Nicéphore qui…
Je freinai brutalement. Non, Nicéphore ne pouvait pas être là, en train de traverser la route : il n’était plus que poussières et catastrophes ! Je relevai les yeux du volant auquel je m’étais agrippée et, faisant fi des jurons de Charlotte, Prauvice et son double Mr &, je sortis de la voiture. Plus de Nicéphore, et pourtant, ce chapeau…
- Vous l’avez vu ?
- Vu quoi ?
Leurs mines brouillées répondirent à ma question. Lu7, soit tu délires, soit tu ferais bien de commencer à croire à Mr &, aux fantômes et au père Noël… Tant pis, je n’avais pas envie d’y réfléchir, après tout, cette journée m’avait démontré que tout était possible.
Le duo, ou plutôt le trio, s’engouffra avant moi dans l’immeuble, faisant la course dans les escaliers. J’aurais juré que Prauvice, avec la probable complicité de &, n’était pas pour rien dans le trébuchement de Charlotte qui s’étala de tout son long. En réponse, elle s’empressa de tendre le bras et d’agripper l’air comme elle put.
- Mademoiselle, je vous prie de le lâcher ! gronda Prauvice. Mon frère et moi n’avons pas de temps à perdre en enfantillages, nous devons réparer un ascenseur !
Charlotte se redressa d’un air penaud et suivit sans un mot. Parfois, je me sentais comme une Lu7 hors de l’eau, vraiment.
Un attroupement s’était déjà formé devant la machine à bouleverser le temps qui attendait, le ventre vide et l’oeil clignotant. Esther caressait doucement les cheveux d’une Charlotte ébahie, les sœurs du premier se tenaient par le bras et un homme de plutôt belle allure mais définitivement exclu de tout intérêt par son abondant gel capillaire, me détaillait comme un menu. Le pilote, sans doute.
Un silence se fit quand Prauvice leva haut la main avant d’ouvrir, dans un geste solennel, son imperméable. Je craignis le pire. Mais non : comme un vendeur de montres, il offrit à nos regards abasourdis une panoplie d’outils hétéroclites et une quantité astronomique et colorée de chewing-gums…
Un grattement se fit entendre à la porte et elle y reconnut le signal de son ancien amant, Patrick Sways. Aussi volatile que ses avions, il consacrait sa vie à trois passions exclusives : les poissons exotiques, les femmes et la danse. Cette fichue danse qui l’avait embobinée comme une midinette. Quelques pas d’une salsa aussi torride que l’enfer et il l’avait entraînée dans un tango plus renversé que ce qu’elle n’avait prévu. Avec un sourire retenant difficilement malice, elle se souvint avoir été plutôt consentante. Mais ça, c’était avant…
- Hello Sweetie, du temps pour une petite visite ?
La porte à peine ouverte, il conquérait déjà son salon comme un habitué.
- Où est ton Dorian Gray raté ?
- Il n’est pas là, comme tu peux le voir…
- J’ai un vrai problème, Darling, Victor a disparu.
- Tu ne devrais pas plutôt te soucier de ta fille ?
- Pourquoi, tu t’en soucies, toi ?
Elle avala ces mots comme une cendre au goût amer mais ne baissa pas les yeux. Elle avait pris assez de leçons pour aujourd’hui. Brûlante de colère, elle lui narra la vie du 9 Rue Sous-L’Eau depuis que le jour s’était levé et il ne l’interrompit pas une seule seconde.
- Et notre fille est partie avec cette Lu7 chez… chez Prauvice ?!! Ce fou, cet énergumène, ce… shit, this mad cow ???
Esther allait répondre quand un grondement surgit par la fenêtre ouverte, suivi de près par un crissement de pneus qui le heurta de plein fouet.
D’une amusante façon, le soir était en train de liquéfier les contours de mon immeuble mais je laissai mon imagination flotter vers le cinquième étage où devait m’attendre un amour en bourgeon. Malgré tout, je rentrais chez moi et quelque part, ça me fit du bien.
- Tiens, voilà Nicéphore qui…
Je freinai brutalement. Non, Nicéphore ne pouvait pas être là, en train de traverser la route : il n’était plus que poussières et catastrophes ! Je relevai les yeux du volant auquel je m’étais agrippée et, faisant fi des jurons de Charlotte, Prauvice et son double Mr &, je sortis de la voiture. Plus de Nicéphore, et pourtant, ce chapeau…
- Vous l’avez vu ?
- Vu quoi ?
Leurs mines brouillées répondirent à ma question. Lu7, soit tu délires, soit tu ferais bien de commencer à croire à Mr &, aux fantômes et au père Noël… Tant pis, je n’avais pas envie d’y réfléchir, après tout, cette journée m’avait démontré que tout était possible.
Le duo, ou plutôt le trio, s’engouffra avant moi dans l’immeuble, faisant la course dans les escaliers. J’aurais juré que Prauvice, avec la probable complicité de &, n’était pas pour rien dans le trébuchement de Charlotte qui s’étala de tout son long. En réponse, elle s’empressa de tendre le bras et d’agripper l’air comme elle put.
- Mademoiselle, je vous prie de le lâcher ! gronda Prauvice. Mon frère et moi n’avons pas de temps à perdre en enfantillages, nous devons réparer un ascenseur !
Charlotte se redressa d’un air penaud et suivit sans un mot. Parfois, je me sentais comme une Lu7 hors de l’eau, vraiment.
Un attroupement s’était déjà formé devant la machine à bouleverser le temps qui attendait, le ventre vide et l’oeil clignotant. Esther caressait doucement les cheveux d’une Charlotte ébahie, les sœurs du premier se tenaient par le bras et un homme de plutôt belle allure mais définitivement exclu de tout intérêt par son abondant gel capillaire, me détaillait comme un menu. Le pilote, sans doute.
Un silence se fit quand Prauvice leva haut la main avant d’ouvrir, dans un geste solennel, son imperméable. Je craignis le pire. Mais non : comme un vendeur de montres, il offrit à nos regards abasourdis une panoplie d’outils hétéroclites et une quantité astronomique et colorée de chewing-gums…
"un tango plus renversé que ce qu’elle n’avait prévu. "
"me détaillait comme un menu."
C'est vraiment excellent ça ;0)
j'aime bien ta façon d'écrire Blue, j'aime aussi "la cendre".
Encore un bel épisode, ou tous les personnages sont dans le coin, si je ne m'abuse?
J'ai bien aimé celui là aussi, où l'on a 'deux parties', on passe de l'une à l'autre, de points de vue différents, c'est marrant ça.
"me détaillait comme un menu."
C'est vraiment excellent ça ;0)
j'aime bien ta façon d'écrire Blue, j'aime aussi "la cendre".
Encore un bel épisode, ou tous les personnages sont dans le coin, si je ne m'abuse?
J'ai bien aimé celui là aussi, où l'on a 'deux parties', on passe de l'une à l'autre, de points de vue différents, c'est marrant ça.
Où l'action progresse, sème des pistes, ou des fausses pistes. Où il est de plus en plus question de chewing gum et de malabars. Où l'amour maternel renaît, et où un "gominé" est en train de se prendre les pieds dans le tapis.
Episode tout en douceur et en rondeur. Très féminin.
Episode tout en douceur et en rondeur. Très féminin.
Beaucoup d'humour,Blue et surtout de l'humour vache.
"Où est ton Dorian Gray râté?"
"... un homme de plutôt belle allure mais définitivement exclu de tout intérêt"
J'adore,tu t'en doutes.
Et puis des sous-entendus et des raccourcis saisissants.
"Je craignais le pire. Mais non."
Bref, des ficelles de sorcière!
"Où est ton Dorian Gray râté?"
"... un homme de plutôt belle allure mais définitivement exclu de tout intérêt"
J'adore,tu t'en doutes.
Et puis des sous-entendus et des raccourcis saisissants.
"Je craignais le pire. Mais non."
Bref, des ficelles de sorcière!
Tiens, Blue a trouvé le chemin du lexique de mise en page, trés agréable.
Ça tourne rond tout ça, un peu comme une horloge qu'aurait de belles aiguilles.
Ça tourne rond tout ça, un peu comme une horloge qu'aurait de belles aiguilles.
Pas de commentaires parce que pas encore lu (ni les trois précédents!). M'en vais rattraper tout ça ce soir, mais je voulais savoir... c'est à moi là ou je me trompe?
Bluewitch, c'est génial et c'est marrant !
Le Nicéphore en poussières et catastrophes, la machine au ventre creux et à l'œil clignotant, le Dorian Gray raté, et puis ce brillantiné plus volage que ses avions, mais où as-tu trouvé tout ça ? C'est tordant !
Et puis alors, le tango un peu trop renversé, et la salsa plus torride que l'enfer, c'est un beau raccourci pour raconter la vie ! ;-)))
Mais que de trouvailles, quelle imagination, quel style, quel humour !
Et pour finir, on a eu chaud, quand Provis, solennel ouvre son imper. Ouf ! on l'a échappé belle. ;-)
Mais on s'est bien marré !
Le Nicéphore en poussières et catastrophes, la machine au ventre creux et à l'œil clignotant, le Dorian Gray raté, et puis ce brillantiné plus volage que ses avions, mais où as-tu trouvé tout ça ? C'est tordant !
Et puis alors, le tango un peu trop renversé, et la salsa plus torride que l'enfer, c'est un beau raccourci pour raconter la vie ! ;-)))
Mais que de trouvailles, quelle imagination, quel style, quel humour !
Et pour finir, on a eu chaud, quand Provis, solennel ouvre son imper. Ouf ! on l'a échappé belle. ;-)
Mais on s'est bien marré !
Pas de commentaires parce que pas encore lu (ni les trois précédents!). M'en vais rattraper tout ça ce soir, mais je voulais savoir... c'est à moi là ou je me trompe?
Oui Sahkti, après Bluewitch, c'est bien à toi.
Hmmmm un régal Bluewitch! Tout en finesse et en douceur, un texte qui se lit avec beaucoup de plaisir et de facilité, tout s'emboîte bien. Nous voici avec nos personnages rassemblés (enfin ce qu'il en reste).
Esther trouve un peu grâce à mes yeux, elle devient humaine (pas uniquement à cause de ses remords). Et ce Sways! Une oeuvre d'art sur pattes :)
Merci Bluewitch!
Esther trouve un peu grâce à mes yeux, elle devient humaine (pas uniquement à cause de ses remords). Et ce Sways! Une oeuvre d'art sur pattes :)
Merci Bluewitch!
Tu sais ce qu'il te reste à faire maintenant Sahkti.
Pas mal!!!! Tu sèmes le doute sur un hypothétique retour de Nicéphore version ectoplasme, à la & n°2! Enfin on retrouve tous les personnages et le pilote de ligne nous arrive enfin ! J'aime bien le passage où Lu7 le descend en flamme.
Bref, bon épisode! Et maintenant j'attends la suite !!!
Bref, bon épisode! Et maintenant j'attends la suite !!!
Bravo Blue, l'histoire progresse, se structure.. Le texte est drôle et fort.. Avec de belles images, de beaux raccourcis !
Heureusement, certaines images on les a pas eues *! ..:o)..
Heureusement, certaines images on les a pas eues *! ..:o)..
* Et pour finir, on a eu chaud, quand Provis, solennel ouvre son imper. Ouf ! on l'a échappé belle ;-)Et puis, euh, je te prierais de pas tout mélanger, SJB, chausse tes bésicles !! Ne pas confondre Provis qui rime avec tourne-vis, et Prauvice qui rime avec tourne-au-vice !!
Et ce Sways! Une oeuvre d'art sur pattes :)
Merci Bluewitch!
Merci à tous. Pour Sways, en fait je l'ai un peu amalgamé avec Patrick Swayze le vrai, sais pas pourquoi! ;o)
Enfin, personne ne l'avait vu, comme quoi certaines références cinéma, hein...
Je découvre tardivement ce nouvel épisode. Merci, Blue.
J'ai beaucoup aimé le très joli "le soir était en train de liquéfier les contours de mon immeuble " et que notre ascenseur soit devenu "la machine à bouleverser le temps"
Tous est encore possible pour tout le monde, Nicéphore et & inclus ; Leurs âmes et leurs corps seraient ils toujours là? Suspens...
J'ai beaucoup aimé le très joli "le soir était en train de liquéfier les contours de mon immeuble " et que notre ascenseur soit devenu "la machine à bouleverser le temps"
Tous est encore possible pour tout le monde, Nicéphore et & inclus ; Leurs âmes et leurs corps seraient ils toujours là? Suspens...
Ah oui!! Très bon texte!! Ça glisse tout seul, sans heurt. Notre intérêt est toujours émoustillé, on lit tout d'une traite. Bravo! Bravo!
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