LouiseBe 23/12/2004 @ 01:16:33
« Je voudrais mon père pour mon anniversaire, quelle connerie d’être né un 25 décembre ».

Un silence. Puis un rire. Nerveux, sans doute. Oui.
Un rire étouffé, à l’unisson. Une fratrie. Réunie. Qui rie. Comme toujours. Peut être pour ne pas déroger à la règle.

Celui qui vient de prononcer cette phrase, qui n’a sans doute rien de risible, ce matin, dans un froid glaçant les os, c’est mon frère. Le second, de la fratrie.
Et ce frère, là, près de moi, va fêter une année de plus le jour de noël.
Et ce jour là, son père ne sera pas là.
Parce que ce matin, au milieu de tous ces gens, que nous regardons sans reconnaître, en ignorant presque, c’est le père que l’on enterre. Et que non, il n’y aurai plus jamais de père.
Maintenant.

Une supplique d’enfant. De petit enfant.
Et ce rire, qui n’a rien à faire là.
Parce que, la fratrie pense, qu’elle aurait aimé un dernier rendez vous. Avec le père. Avant qu’il ne se sauve. Surtout sans raison.
Et pour de vrai, surtout parce que cela fait du bien, de rire, parce que nous l’avons toujours fait, parce que lorsque cela devient tragique, il faut en rire. Parce que c’est la seule chose qui nous réunisse encore. Nous, les enfants de cet homme. Dont la mort nous est fatale.

Comment ne pas tomber dans le mélodrame lorsque l’on perd un père ?
Surtout lorsque ce dernier nous liait encore d’un fil invisible. Tous. Tous les trois.
Vaille que vaille. Silencieux. Tenace. Aussi. Et que nous lui en voulions, parfois. Même.

Alors, si rien n’est possible, pour ce sortir de ce schéma. Grand bien fasse. Oui, c’est un événement terrifiant, de perdre un père. Oui, il ne sert à rien de le nier.
Oui, personne ne s’en remet jamais. Ca soulage. Et ça fait mal.
Ca brise. Et ça renforce. C’est guimauve. Et ça emmerde le reste du monde.
La peine, que l’on ressent. La peine, est fatale. Martelée. Et parfois, de temps en temps, on a envie de le dire, à ces gens, que l’on ne reconnaît pas, que l’on ne reconnaît plus, et qui viennent de leurs mains moites vous tendrent leurs douleurs, et vous dire, que vraiment, notre père était un homme formidable.
Parce que ce n’était pas le cas. Parce que ce fut la pire des espèces brutales, parfois, parce que cet homme fut maladroit, et parfois courageux, parce que cet homme fut beau, parce que c’était notre père, et laid, parce que parfois, il n’était plus ce que nous espérions de lui. Parce qu’il était bourré de défauts et parsemé de qualités. Parce que juste, il était l’homme qui réunifiait, coûte que coûte, sa famille, et que les gens qui le disent formidable se trompent, la fratrie rie.
Non, notre frère n’aura pas son père à noël.
Non, notre mère n’aura pas un homme au corps tendre dans ses draps ce soir.
Non, plus personne ne pourra nous réunir.

Et ça donne envie de chialer. Là, lorsque l’on s’éloigne, un peu, pour fumer une cigarette, en tournant le dos à la foule. Ca vous fait vous arrêter là, gentil petit automate qui se lave les mains dans un lavabo de toilettes, et qui se regarde dans le miroir sale, et qui voit les traits de l’homme perdu, sur son visage. Le chercher encore. Oui, voilà à quoi on en est venu, cette après midi glaciale, à rechercher le père que l’on vient de perdre dans ses propres traits, ses propres rides, et parce que ça emmerde les gens, les gens qui s’en foutent tout comme les gens qui le pensaient formidable sans savoir, on en est là. A avoir envie de chialer. Dans son coin. Et à ne pas à savoir qu’en faire. De cette peine. Là. De celle qui encombre parce que l’on sait qu’elle ne va plus vous lâcher, même si ça ira toujours mieux demain.

Et puis, tout est fini. On reste là. Après. On regarde, la dalle de béton, se refermer sur le cercueil. Le plonger dans le noir, lui qui n’aimait pas l’obscurité.

« C’est bien, il est face à la mer ».

Et un long silence.

Oui, il est face à la mer. Dans sa tombe de béton et de marbre. Il ne la verra pas. La mer. C’est stupide.

Et maintenant qu’est ce qu’on fait ?


Personne ne sait.


Et tout seul, chacun dans un coin, la fratrie va pleurer.


Et la mère, que personne ne peut réconforter.


Bien sûr, parce que la seule personne qui savait le faire. Vient de partir. Définitivement.

Tistou 27/12/2004 @ 14:45:46
Tout le monde ne trouve pas que Noel soit une fête gaie. Voire une fête tout court. Ceux là seront gâtés avec ton texte. Enterrement le 25 décembre! Le pire c'est que ça existe forcément! Tu fais quand même dans le pathos grave là. C'est vrai que ça reste dans ta veine néanmoins.
La question qui reste à se poser c'est : pas de critiques depuis le 23/12, parce que le site est peu fréquenté à cette époque? Parce que tu rames à contre courant? ...?
Des fautes m'ont choqué, mais quant au fond et au style, j'ai aimé te lire.

JoelSam 30/12/2004 @ 23:01:07
Triste et beau...

Mais moi j'ai une sale habitude de me poser des questions si ce qui est écrit, dit ou montrer est possible. Mon épouse déteste que je critique un film qu'elle regarde...
J'avais prévenu !

- Chez nous (Belgique) on attends que la famille soit partie pour fermer la tombe...ou alors j'ai pas bien vu !

- Est-ce qu'un curé accepte les enterrements à la Noël ? Je me souviens que mon grand-père n'a pas pu être enterré un dimanche...

Je l'ai dit je suis chi... ! Et en plus j'ai probablement tord !

Tistou 31/12/2004 @ 08:52:14
Triste et beau...

Mais moi j'ai une sale habitude de me poser des questions si ce qui est écrit, dit ou montrer est possible. Mon épouse déteste que je critique un film qu'elle regarde...
J'avais prévenu !

- Chez nous (Belgique) on attends que la famille soit partie pour fermer la tombe...ou alors j'ai pas bien vu !

- Est-ce qu'un curé accepte les enterrements à la Noël ? Je me souviens que mon grand-père n'a pas pu être enterré un dimanche...

Je l'ai dit je suis chi... ! Et en plus j'ai probablement tord !

Chacun prend le biais qu'il veut pour critiquer. Toi c'est sur la vraisemblance. Moi c'est plutôt sur l'ambiance qui s'en dégage, la fluidité de l'écriture, ... Certainement cela correspond à nos goûts profonds, c'est sûrement révélateur aussi de notre façon d'aborder l'écriture.
Je remarque que tu ne dis rien sur le style, enfin la fluidité du texte. C'est que c'est probablement bien passé. De même que moi, je ne m'interroge pas sur la vraisemblance d'un enterrement à Noel. Parce qu'en ce qui me concerne, ce n'est pas tant que la chose puisse exister ou non, mais ce que ça dégage comme émotion. Comme quoi, encore une fois, c'est amusant de confronter les points de vue.

Provis

avatar 31/12/2004 @ 11:39:45
Je te lis, et je t'écoute aussi..
Quand j'ouvre un livre je sais que c'est de la littérature, que ce n'est qu'une histoire.. lorsque l'histoire est vraie, généralement on le sait. Ici on ne sait pas, et ça me gêne, parce que je ne sais ce que je dois lire.. Quand j'apprends par la suite que ce n'est pas pour de vrai, alors j'ai l'impression de m'être fait avoir.. Ce n'est pas une critique, et je ne demande pas de précision, c'est simplement ce que je ressens. Le texte est beau..

JoelSam 31/12/2004 @ 18:06:48
Le style me plait, mais n'étant pas bon critique je m'abstiens ;D

Ce que j'ai dis pour l'histoire n'est pas négatif. Mais lorsque je tombe sur un truc impossible (ou qui me semble impossible) je le dis. Il ne faut pas le prendre mal.

Sahkti
avatar 04/01/2005 @ 16:10:39
Je n'ai pas accroché. trop de répétitions, d'abord, les mots fratrie ou chialer finissent par complètement briser le rythme et l'ambiance.
La chaleur ensuite. L'événement est grave, on le sent. Il y a également les rires nerveux, la vie qui continue. Tout cela apparaît dans les mots mais il y a un petit je ne sais quoi qui fait qu'à mes yeux, ça manque de naturel et de vivant.
Le symbole entre Noël, jour symbolique de la naissance, et une journée d'enterrement était pourtant beau à saisir, mais je n'ai pas ressenti de véritable émotion.

JoelSam 04/01/2005 @ 17:19:34
Je crois que cela vient du faite que l'on ne s'imagine pas les frères. Il n'y a pas de description sur leur âge...

Page 1 de 1
 
Vous devez être connecté pour poster des messages : S'identifier ou Devenir membre

Vous devez être membre pour poster des messages Devenir membre ou S'identifier