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Le rideau de perles (des bouchons plastiques jaunes, bleus, rouges et verts en fait) de l’entrée se déforma dans un doux bruit de plastique. Benoit et Nicéphore entraient tous les deux. Le désespoir se lisait sur le visage de Benoit. Nicéphore, son chapeau à la main, semblait toujours baigner dans une douce hébétude. La sueur collait ses cheveux sur son front, ajoutant une petite touche d’exaltation à son allure d’illuminé. Après un coup d’oeil circulaire, Benoit avisa les deux femmes assises dans la moite pénombre du fond. Il fronça les sourcils. La plus jeune, celle qui était évanouie tout à l’heure, était de guingois sur sa chaise, quasiment dans les bras de la cliente qu’il venait de livrer. Bon sang, c’est pas vrai, articula-t-il à voix basse. Il tenait Nicéphore par la manche. Un coup d’oeil encore plus appuyé lui apprit qu’il n’y avait plus de tables libres à « l’Espérance ». Quand je pense que je voulais venir y faire une pause ! Mais c’est un cauchemar …
Là bas, au fond, sa cliente agitait la main, le bras levé. Elle lui désignait les deux chaises vides de leur table. Un soupir. Pas d’autres places de toutes façons. Ils s’approchèrent tel un maton traînant son prisonnier. Charlotte s’était rassise et fourrageait sous son chemisier. Elle en sortit un sac en plastique avec un poisson dedans, qui nageait. Elle le posait sur la table comme les deux hommes arrivaient.
Benoit regardait alternativement avec incrédulité le sac en plastique et le visage de Charlotte, Nicéphore reconnaissait les deux femmes et se mit à serrer convulsivement les deux mains de Lucette.
-« Ah, vous verrez, vous serez contente de l’ascenseur. Il y a juste un point de détail à régler, il tombe en panne de plus en plus souvent et je ne suis pas sûr de l’effet obtenu. Je vais retourner voir M. Prauvice, à l’Ecole des Mines. Il ne faudrait pas que l’ascenseur arrêté perturbe l’espace Temps. Lui pourra m’aider.»
Et se tournant vers Charlotte : « Mais je vois que ça fonctionne au moins en partie ! » Et il désignait le poisson qui commençait à avoir chaud dans son plastique et Benoit commençait à douter de son entendement et … il était plus que temps de s’asseoir.
Lucette lui souriait et il voyait ses lèvres bouger : « … au moins ? ».
Benoit secoua la tête, « pardon ? ».
Je disais ; « On a vu votre camionnette. Rien de trop grave au moins ? »
Nicéphore souriait béatement. Il eût un geste théâtral du bras droit.
« En tous cas, il m’a raté de peu. Un dixième de seconde et j’étais à la place du poteau ! »
Benoit explosa ; « Mais ça fait deux fois en moins d’une heure que vous traversez juste devant moi ! Vous ètes barge ou quoi ? On va faire un constat. Et vous n’avez pas intérêt à faire d’histoires. » Il baissait de ton comme le patron approchait, le torchon sur son avant-bras poilu.
« Et vous prendrez ? »
L’esprit pratique de Lucette reprenait le dessus : « vous auriez une carafe d’eau et des glaçons ? » et désignant le poisson qui commençait à manifester des dons pour le dos crawlé, « il va y passer sinon ».
Charlotte souriait béatement à Lucette. Nicéphore commandait une absinthe. Et Benoit hallucinait de plus en plus.
Au froissement des bouchons de plastique du rideau à nouveau déplacé, ils se tournèrent tous vers l’entrée. Telle un incendie de brousse équatoriale au coucher du soleil, Esther Métisme était arrêtée dans l’encadrement, et les yeux plissés cherchait une place.
Esther Métisme les vit. Esther Métisme sourit. Nicéphore bredouilla des mots inintelligibles. Benoit se dit que décidément cette vision le changeait de cette ménagerie de fou. Charlotte se rapprocha de Lucette. Lucette se dit que la vie n’était pas un long fleuve tranquille.
De sa souple démarche de lionne, Esther se dirigeait tranquillement vers leur table.
Là bas, au fond, sa cliente agitait la main, le bras levé. Elle lui désignait les deux chaises vides de leur table. Un soupir. Pas d’autres places de toutes façons. Ils s’approchèrent tel un maton traînant son prisonnier. Charlotte s’était rassise et fourrageait sous son chemisier. Elle en sortit un sac en plastique avec un poisson dedans, qui nageait. Elle le posait sur la table comme les deux hommes arrivaient.
Benoit regardait alternativement avec incrédulité le sac en plastique et le visage de Charlotte, Nicéphore reconnaissait les deux femmes et se mit à serrer convulsivement les deux mains de Lucette.
-« Ah, vous verrez, vous serez contente de l’ascenseur. Il y a juste un point de détail à régler, il tombe en panne de plus en plus souvent et je ne suis pas sûr de l’effet obtenu. Je vais retourner voir M. Prauvice, à l’Ecole des Mines. Il ne faudrait pas que l’ascenseur arrêté perturbe l’espace Temps. Lui pourra m’aider.»
Et se tournant vers Charlotte : « Mais je vois que ça fonctionne au moins en partie ! » Et il désignait le poisson qui commençait à avoir chaud dans son plastique et Benoit commençait à douter de son entendement et … il était plus que temps de s’asseoir.
Lucette lui souriait et il voyait ses lèvres bouger : « … au moins ? ».
Benoit secoua la tête, « pardon ? ».
Je disais ; « On a vu votre camionnette. Rien de trop grave au moins ? »
Nicéphore souriait béatement. Il eût un geste théâtral du bras droit.
« En tous cas, il m’a raté de peu. Un dixième de seconde et j’étais à la place du poteau ! »
Benoit explosa ; « Mais ça fait deux fois en moins d’une heure que vous traversez juste devant moi ! Vous ètes barge ou quoi ? On va faire un constat. Et vous n’avez pas intérêt à faire d’histoires. » Il baissait de ton comme le patron approchait, le torchon sur son avant-bras poilu.
« Et vous prendrez ? »
L’esprit pratique de Lucette reprenait le dessus : « vous auriez une carafe d’eau et des glaçons ? » et désignant le poisson qui commençait à manifester des dons pour le dos crawlé, « il va y passer sinon ».
Charlotte souriait béatement à Lucette. Nicéphore commandait une absinthe. Et Benoit hallucinait de plus en plus.
Au froissement des bouchons de plastique du rideau à nouveau déplacé, ils se tournèrent tous vers l’entrée. Telle un incendie de brousse équatoriale au coucher du soleil, Esther Métisme était arrêtée dans l’encadrement, et les yeux plissés cherchait une place.
Esther Métisme les vit. Esther Métisme sourit. Nicéphore bredouilla des mots inintelligibles. Benoit se dit que décidément cette vision le changeait de cette ménagerie de fou. Charlotte se rapprocha de Lucette. Lucette se dit que la vie n’était pas un long fleuve tranquille.
De sa souple démarche de lionne, Esther se dirigeait tranquillement vers leur table.
Yali, j'ai fait ce que j'ai pu pour rapprocher Esther de ... Ben de qui tu veux!
Cet texte me réconcilie avec MM2!! On n'est donc pas revenu complètement en arrière!! Pauvre Benoit, il va en baver!! Mais il va être bien entouré, entre Lucette et Esther!!!
Texte excellent, style impec à mon goût (ah! l'entrée d'Esther!)!! Ça y est, maintenant, j'ai envie de connaître la suite!! C'est ton texte qu'il me fallait, Tistou!!
Texte excellent, style impec à mon goût (ah! l'entrée d'Esther!)!! Ça y est, maintenant, j'ai envie de connaître la suite!! C'est ton texte qu'il me fallait, Tistou!!
Et nous avons maintenant un monsieur Prauvice, expert es voyage temporel de l'école des mines...
Ma fois, ce pauvre Provis pourra toujours utiliser l'ascenseur pour recoller sa tête ;-).
Et puis le petit poisson va peut-être en réchapper...
J'ai bien ri... et j'aime bien la démarche de lionne d'Esther à la fin, c'est une belle accroche pour la suite... qu'on attend avec impatience
Ma fois, ce pauvre Provis pourra toujours utiliser l'ascenseur pour recoller sa tête ;-).
Et puis le petit poisson va peut-être en réchapper...
J'ai bien ri... et j'aime bien la démarche de lionne d'Esther à la fin, c'est une belle accroche pour la suite... qu'on attend avec impatience
Ma foi... sans S, c'est mieux...
Bravo, livraison d'épisode extrêmement rapide et, dis, Tistou, tu pouvais bien faire mine d'avoir peur... ton texte est super bon et l'histoire bien ficelée. Vraiment beaucoup aimé.
Maintenant, ce que j'ai adoré:
- Nicéphore qui commande une absinthe
- l'incendie dans la crinière d'Esther
- et sa démarche de lionne.
Maintenant, ce que j'ai adoré:
- Nicéphore qui commande une absinthe
- l'incendie dans la crinière d'Esther
- et sa démarche de lionne.
J'ai vraiment bien aimé cet épisode. Et donc, presque tout le monde est là, dans ce bistrot qu'il nous semble tous connaître et je trouve que ça a un petit côté Pennac. Mais bon, il y a un passage que je ne comprends pas. C'est avec Nicéphore, je copie:
"Et se tournant vers Charlotte : « Mais je vois que ça fonctionne au moins en partie ! » Et il désignait le poisson qui commençait à avoir chaud dans son plastique "
Qu'est-ce qui fonctionne et qu'il voit d'après le poisson? Y a quelque chose que je n'ai pas dû saisir (à ma grande honte). Si quelqu'un peut m'expliquer.
Moi, mon passage préféré, c'est:"le poisson qui commençait à manifester des dons pour le dos crawlé," J'en ai vu un faire ça, il n'y a pas longtemps. C'est exactement l'image juste, et c'est vrai que ce n'est pas bon signe.
"Et se tournant vers Charlotte : « Mais je vois que ça fonctionne au moins en partie ! » Et il désignait le poisson qui commençait à avoir chaud dans son plastique "
Qu'est-ce qui fonctionne et qu'il voit d'après le poisson? Y a quelque chose que je n'ai pas dû saisir (à ma grande honte). Si quelqu'un peut m'expliquer.
Moi, mon passage préféré, c'est:"le poisson qui commençait à manifester des dons pour le dos crawlé," J'en ai vu un faire ça, il n'y a pas longtemps. C'est exactement l'image juste, et c'est vrai que ce n'est pas bon signe.
Oui, le dos crowlé du poisson, c'est son chant du cygne, (hem !? ) ;-)
Mais j'aime encore mieux, :"telle un incendie de brousse équatoriale au coucher du soleil."
C'est exactement comme ça que je la voyais. C'est super Tistou !
Que va nous faire Yali maintenant entre la Lionne, Lucette et Charlotte ?
Mais j'aime encore mieux, :"telle un incendie de brousse équatoriale au coucher du soleil."
C'est exactement comme ça que je la voyais. C'est super Tistou !
Que va nous faire Yali maintenant entre la Lionne, Lucette et Charlotte ?
oui, moi aussi, j'aime beaucoup l'ensemble et spécialement le dos crowlé :0)
Comme pour Kilis, une écriture qui coule bien, et facile à lire...
Et pour l'histoire, trés bien, ils sont tous réunis pour la seconde fois, enfin la première en fait, pour les habitants de l'immeuble.
Toujours des portes ouvertes, merci :0)
Comme pour Kilis, une écriture qui coule bien, et facile à lire...
Et pour l'histoire, trés bien, ils sont tous réunis pour la seconde fois, enfin la première en fait, pour les habitants de l'immeuble.
Toujours des portes ouvertes, merci :0)
Mais bon, il y a un passage que je ne comprends pas. C'est avec Nicéphore, je copie:
"Et se tournant vers Charlotte : « Mais je vois que ça fonctionne au moins en partie ! » Et il désignait le poisson qui commençait à avoir chaud dans son plastique "
Qu'est-ce qui fonctionne et qu'il voit d'après le poisson? Y a quelque chose que je n'ai pas dû saisir (à ma grande honte). Si quelqu'un peut m'expliquer.
Sibylline, si je ne m'abuse ; le sac en plastique avait crevé? Le poisson était mort?
Lucette s'est rajeuni d'1 (?) heure en redescendant en ascenseur. Et effectivement elle retrouve le ventre rond de Charlotte, le sac en plastique et le poisson.
Donc ça marcherait?
Cela te parait-il cohérent?
"Et se tournant vers Charlotte : « Mais je vois que ça fonctionne au moins en partie ! » Et il désignait le poisson qui commençait à avoir chaud dans son plastique "
Qu'est-ce qui fonctionne et qu'il voit d'après le poisson? Y a quelque chose que je n'ai pas dû saisir (à ma grande honte). Si quelqu'un peut m'expliquer.
Sibylline, si je ne m'abuse ; le sac en plastique avait crevé? Le poisson était mort?
Lucette s'est rajeuni d'1 (?) heure en redescendant en ascenseur. Et effectivement elle retrouve le ventre rond de Charlotte, le sac en plastique et le poisson.
Donc ça marcherait?
Cela te parait-il cohérent?
Mais bon, il y a un passage que je ne comprends pas. C'est avec Nicéphore, je copie:
"Et se tournant vers Charlotte : « Mais je vois que ça fonctionne au moins en partie ! » Et il désignait le poisson qui commençait à avoir chaud dans son plastique "
Qu'est-ce qui fonctionne et qu'il voit d'après le poisson? Y a quelque chose que je n'ai pas dû saisir (à ma grande honte). Si quelqu'un peut m'expliquer.
Sibylline, si je ne m'abuse ; le sac en plastique avait crevé? Le poisson était mort?
Lucette s'est rajeuni d'1 (?) heure en redescendant en ascenseur. Et effectivement elle retrouve le ventre rond de Charlotte, le sac en plastique et le poisson.
Donc ça marcherait?
Cela te parait-il cohérent?
Tout à fait. Merci. C'est clair.
Bravo Tistou! Plein de vie ton texte et de pistes à explorer, d'un début de bonne humeur qui s'installe. J'aime décidément beaucoup de Benoit qui se demande où il a atterri! Chaque personnage est à nouveau au centre de l'histoire sans faire de l'ombre aux autres, c'est bien vu. Puis on a ressucité le poisson :)
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