Les forums

Forums  :  Vos écrits  :  Voyage dans l'eau-delà

Thomasdesmond
avatar 10/12/2004 @ 09:19:46
Salut à tous !

Je viens vous présenter ma dernière petite production qui je l'espère vous plaira !! Non, il n'y a pas de faute d'orthographe dans le titre....


VOYAGE DANS L’EAU-DELÀ

Le jour où des savants découvrirent dans de très vieux écrits de Léonard de Vinci l’incroyable formule qui permettait d’ouvrir une porte entre notre monde et celui de l’au-delà, deux milliards d’êtres humains se portèrent volontaires pour être les premiers à passer de l’autre côté : des hommes et des femmes, des chercheurs, des médecins, mais aussi des plombiers et quelques spéléologues. On remercia tout le monde à la télévision et l’on boucha les boîtes aux lettres avec du ruban adhésif pour une durée indéterminée.
De folles théories virent le jour et enflammèrent les passions autour du globe. Le fameux minéralogiste Allemand Peter Otto attesta que l’au-delà était une sorte de monde à l’envers, où les hommes étaient des femmes et où les enfants étaient des vieillards. Le comique et médium belge Jean Bresse décrivit à la presse un de ses rêves prémonitoires où il avait vu l’au-delà comme un gigantesque supermarché où les âmes des défunts faisaient leurs emplettes, les chariots surchargés de produits manufacturés aux dimensions surprenantes. De son côté, la grande romancière Miss Denise Rochester, adepte fanatique des guéridons volants et autres tables oui-ja, informa par presse interposée les gouvernements du danger qu’encourait notre monde si l’on ouvrait le dangereux passage. Selon elle, l’au-delà était peuplé de démons rageurs qui attendaient depuis des temps immémoriaux que soit pratiquée une pareille ouverture entre leur monde de peine et le nôtre. Ils se déverseraient en quantité dans notre dimension et déstabiliseraient complètement les bases de la société actuelle, car d’après ses expériences de communication avec le royaume des ténèbres, les fantômes n’avaient que faire de la bienséance.
Une fois l’euphorie retombée, de grands instituts effectuèrent de nombreux tests sur des sujets conformes et décidèrent d’un cobaye. Un jeune cycliste amateur français nommé Pierre Durand (qui n’avait rien demandé à personne) fut choisi et très vite préparé à emprunter le fameux Passage vers l’autre monde. Malgré les réticences de sa famille et surtout de sa mère qui n’aimait guère le voir franchir les limites de l’Indre-et-Loire, il effectua de bonnes grâces les très sommaires simulations et répétitions qui lui furent imposées car, en effet, personne ne savait vraiment à quoi s’attendre. On lui fit faire du sport, beaucoup de badminton et de trampoline, ainsi qu’un peu de course à pieds. Il ingurgita des vitamines en masse pour préparer son métabolisme à une éventuelle carence en vivres et on lui coupa les cheveux. Il eût été regrettable que les habitants de l’au-delà ne l’eussent pris pour un rustique. Pierre fit la couverture de nombreux hebdomadaires que sa mère découpa et répondit à quelques questions sur différents journaux télévisés du soir que son frère enregistra, pour ses futurs enfants comme il disait. Toutes les sociétés n’avaient que son nom à la bouche : il allait être le représentant de l’espèce humaine dans l’autre monde, ce qui malgré tout ne semblait pas peser lourd sur ses minces épaules. Il reçut aussi quantité de ballots d’environ 200 livres chacun, remplis à ras bord de lettres d’admiratrices prêtes à l’épouser si toutefois il parvenait à revenir en un seul morceau de sa terrible odyssée.
Le jour J arriva enfin : les journalistes de presse, les radios et les télés du monde entier étaient présents à la base expérimentale de Cergy-Pontoise où l’expérience allait avoir lieu. Quelques gradins avaient été installés en extérieur, mais l’affluence était telle que la foule s’étendit à plusieurs kilomètres à la ronde. On dut évacuer avec des grues mobiles des centaines de corps piétinés à même le sol et des offices religieux peu intimes furent pratiqués pendant l’attente de l’événement.
Les caméras filmèrent une dernière fois Pierre dont le sourire se transforma en grimace facétieuse pour faire rire ses cousines.
Enfin, le moment tant attendu arriva : les savants tapotèrent sur leurs consoles pleines de boutons et ouvrirent le Passage magnétique. Alors que la terre entière retenait son souffle, Pierre fut poussé dans le dos sans ménagement à travers le passage, qui clignota et explosa dans une gerbe d’étincelles bleues.
La scène retransmise de Melun à Tombouctou généra un incommensurable cri de joie à travers la planète. Les savants gardèrent leur réserve et attendirent la réception du signal radio de Pierre. Malheureusement, il était perdu. Plus de traces du cycliste amateur. Interdits, les scientifiques ne communiquèrent pas de suite la terrible nouvelle et décidèrent d’attendre quelques instants avant de prévenir la populace et les chefs d’États. Pierre allait sûrement faire surface, il le devait.
*
Pierre franchit la porte électrique et pénétra dans un monde plongé dans une obscurité puante. Sous ses pieds, le sol semblait de nature organique. Il alluma sa puissante lampe torche et vérifia son système radio. Une frayeur le prit quand il se rendit compte qu’il ne fonctionnait plus : l’émetteur ne produisait plus que des parasites. Il retourna l’appareil et vérifia que les piles étaient bien mises. Caressant l’espoir de retrouver derrière lui la porte encore ouverte sur son monde, il découvrit que la brèche s’était refermée. Malgré la déception, il ne se laissa pas aller au désespoir. Il allait bien finir par trouver une sortie quelque part, qu’à cela ne tienne !
Il arpenta avec peine des tunnels spongieux et glissants et regretta que les savants ne l’aient pas autorisé à prendre sa bicyclette.
Très vite, un air vicié le força à enclencher son système respiratoire automatique. À la lumière de sa torche, il explora de curieuses cavernes et fut étonné de ne voir aucun fantôme ni âme en peine errant dans les environs avec langueur. Il appela à tue-tête mais personne ne lui répondit. Peut-être sont-ils tous couchés, pensa-t-il, avant de regarder sa montre : elle s’était arrêtée ! Encore un fait étrange ! Cela ne lui plut guère.
Sans qu’il ne le sente venir, il éternua avec force. Le bruit se répercuta autour de lui et à son grand étonnement, le terrain fut parcouru de terribles secousses, le faisant rudement chuter et rouler par terre. Il se redressa tant bien que mal en pestant et se rendit compte qu’il avait perdu sa lampe torche. Pris de panique, il enclencha non sans difficulté sa vision infrarouge et observa le sol qui lui apparaissait en rayons x. Il comprit avec stupéfaction sa situation : sous la surface molle et transparente sur laquelle il marchait, palpitait le cœur d’un énorme bébé quasiment au terme de sa croissance. Le moutard ouvrit un œil démesuré et sembla contrarié par la présence du jeune Français. Sans plus attendre, il lui décocha à travers sa membrane embryonnaire un faible coup de poing qui envoya néanmoins valser le minuscule cycliste quatre centimètres plus loin, brisant du même coup la majorité de ses équipements de mesure et le laissant inconscient.
Pierre fut réveillé quelques heures plus tard par une sorte de tremblement de la surface sur laquelle il était inconfortablement allongé. Terrorisé et ne se rappelant plus très bien où diable il se trouvait, il décida d’attendre que les secousses cessent, mais un violent raz-de-marée le balaya et l’emporta plus bas.
*
Le chirurgien et la sage-femme qui participèrent à l’accouchement de Madame Catherine Verdier crurent avoir la berlue quand se présenta dans ses eaux un minuscule être humain, gigotant comme un ver au milieu du liquide. Heureusement, un bébé de taille normale lui succéda très vite, ce qui rassura les médecins accourus pour constater l’extraordinaire événement, ainsi que le père, qui l’espace d’une seconde, avait soupçonné, à tort, sa femme de l’avoir trompé avec un de ces minuscules habitants de certaines régions d’Afrique.
Quant à Pierre, il disparut sous les draps de la jeune maman et se cacha, terrorisé qu’il était par ce monde peuplé de géants.


FIN

Olivier Michael Kim
10/12/2004 @ 10:25:28
Excellent !
Ma femme n'a pas accouché comme ça, heureusement.

Evident, tu as toujours du talent pour les descriptions et narrations. Mais bon sang Thomas ;-) ;-)! Où sont les dialogues?

Thomasdesmond
avatar 10/12/2004 @ 10:27:21
Ahh mon cher Olivier !! Un grand directeur littéraire m'a récemment confié que j'en mettais trop !! mdr !!

Ne t'inquiètes pas, je n'abandonne pas les dialogues, c'est juste que je voulais écrire cette nouvelle comme une histoire à lire le soir ! un petit conte quoi !

Olivier Michael Kim
10/12/2004 @ 10:41:38
Tss... De quelles nouvelles parle-t-il? Trop de dialogues? C'est bizarre...

Enfin ça dépend surtout des goûts personnels et de la maison d'édition. Une seule personne n'est pas représentative, quelle que soit sa fonction.

Je te donne un humble avis de lecteur, c'est tout.

Difficile à faire, hein? Plaire à tout le monde ?

Thomasdesmond
avatar 10/12/2004 @ 11:31:39
c'étaient des nouvelles inédites !

Si tu en veux une pleine de dialogues, lis mon histoire nommée "Lieu de Fin de vie" : il n'y a que ça !

Tistou 10/12/2004 @ 13:45:21
Bien bizarre aussi celle là. S'il y a une parabole, je ne l'ai pas découverte. S'il n'y en a pas, j'ai trouvé (qu'il n'y en avait pas!). Non, belle imagination et bien écrit.

Thomasdesmond
avatar 10/12/2004 @ 14:18:35
pas de parabole particulière !! juste une idée loufoque !!
merci à toi !

Olivier Michael Kim
10/12/2004 @ 15:08:50
Loufoque, ça oui. Ca pourrait faire un film pour Terry Giliam.

Thomasdesmond
avatar 10/12/2004 @ 15:59:46
exactement !! tu as mis le doigt dessus !! Avec Leslie Nielsen en savant fou !

Page 1 de 1
 
Vous devez être connecté pour poster des messages : S'identifier ou Devenir membre

Vous devez être membre pour poster des messages Devenir membre ou S'identifier