Lucien
avatar 02/12/2004 @ 15:32:43
Une petite erreur dans ma critique : c'est la philosophie OCCIDENTALE qui est engagée depuis Platon dans le dualisme. Pas l'orientale.

Sibylline 02/12/2004 @ 18:38:28
Lucien, j'hésitais à ouvrir un forum, mais comme il y en a déjà un, je m'y glisse.
Puis-je te demander (c'est à dire, je te demande et tu ne réponds que si tu le veux bien) si tu pratiques zazen, depuis combien de temps et ce que tu en penses, car je viens d'avoir un premier contact et je suis extrêmement passionnée, perplexe, troublée, bouleversée, songeuse, méfiante, attirée etc.

Sibylline 02/12/2004 @ 18:39:20
Oups, même pas dit que j'ai beaucoup aimé ta critique. Sans doute parce que c'est évident.

Lucien
avatar 02/12/2004 @ 19:18:55
Lucien, j'hésitais à ouvrir un forum, mais comme il y en a déjà un, je m'y glisse.
Puis-je te demander (c'est à dire, je te demande et tu ne réponds que si tu le veux bien) si tu pratiques zazen, depuis combien de temps et ce que tu en penses, car je viens d'avoir un premier contact et je suis extrêmement passionnée, perplexe, troublée, bouleversée, songeuse, méfiante, attirée etc.

Je pratique depuis très peu de temps, j'en pense beaucoup de bien et suis, comme toi passionné, perplexe, troublé, bouleversé, songeur, méfiant, attiré etc.

Lucien
avatar 02/12/2004 @ 19:27:18
Par ailleurs, Sibylline, je suis comme toi : je n'ai ouvert un forum sur ce thème que parce que j'avais fait une coquille dans ma critique. Les longs déballages sont contraires à l'esprit du zen. Mais si tu souhaites un avis plus détaillé, je veux bien te le donner en privé.
Voici une adresse de circonstance qui s'autodétruira dans quelques jours (la dernière fois que j'ai mis une adresse en ligne, j'ai été victime de notre troll de service) :
lucien.critlib@skynet.be

Lyra will 02/12/2004 @ 20:53:26
Vous pouvez expliquer, en quelques ligne,s en quoi ça consiste, s'il vous plait ?

Lucien
avatar 03/12/2004 @ 10:55:53
Vous pouvez expliquer, en quelques ligne,s en quoi ça consiste, s'il vous plait ?

Zazen, c'est la méditation (zen) assise (za), dans une triple attention accordée à la posture, à la respiration et à l'attitude mentale. C'est l'exercice de base du bouddhisme zen.
Pour en savoir plus sur les trois fondements de cette pratique, voir les expications très claires de Taisen Deshimaru sur cette page :
http://zen-deshimaru.com/FR/practice/…

Lyra will 03/12/2004 @ 16:52:04
Merci, Lucien :0)

Fee carabine 08/12/2004 @ 04:35:49
Pour les pratiquants du Zazen, et pour ceux qui comme moi éprouvent une simple curiosité pour les littératures et les philosophies orientales (mais une vraie curiosité, ça me paraît déjà pas mal... c'est un bon début en tout cas), je recopie ici quelques passages tirés de "Passagère du silence" de Fabienne Verdier. La parole est au maître Huang Yuan:

"Précisons, à présent, certains courants philosophiques, puisqu'ils te concernent en tant que peintre. Lorsque le bouddhisme, venu de l'Inde, a fait son apparition en Chine, les premiers traducteurs ignoraient quels termes employer pour traduire les concepts indiens; ils ont donc eu recours à des mots empruntés à la philosophie taoïste. C'est pourquoi, chez nous, taoïsme et bouddhisme se ressemblent souvent. De même, beaucoup de jeunes occidentaux, m'a-t-on dit, s'intéressent au zen; c'est une forme de zen venu du Japon mais, le sais-tu, c'est une pure fabrication chinoise: nous l'appelons le Chan . Son principe fondamental est taoïste: il faut se débarrasser de ses pensées, de ses croyances. Si vous rencontrez le Bouddha, a dit l'un de ces bonzes taoïstes, tuez-le. Le but est d'être conscient sans être conscient de quelque chose; de créer le vide en soi. Pour y parvenir, bouddhistes et taoïstes ont élaboré des méthodes basées sur la respiration. Voilà pourquoi, chaque matin, avant de nous remettre en route, je te demande de rester assise un moment, immobile, devant un paysage. Cette position nécessite un long entraînement mais, le jour où l'on y parvient, c'est en effet une illumination. Tu ne vivras pas différemment des autres pour autant, mais tu auras un autre regard sur ce qui t'entoure. L'inconscient parlera alors à ta conscience.
Certes, ce sont pour toi des notions difficiles à saisir. Que donnent nos textes traduits en langues occidentales? De même que nous avons traduit les soutras bouddhiques, vous avez dû trouver des termes occidentaux qui ne collent sûrement pas parfaitement au texte et vous induisent en erreur. Vos concepts sont issus de la philosophie grecque et du christianisme. J'imagine que leur emprunt, pour la traduction de nos textes, les affuble de curieux déguisements! Ne serait-il pas préférable de les laisser en transcription phonétique pour conserver leur autonomie; quitte à les expliquer, à l'aide de différents passages où ils sont cités, pour en fournir au moins une approche? Vous enrichiriez votre vocabulaire de mots tels que Tao, Li, etc. Le Tao n'est ni votre Dieu, ni l'Etre, ni un principe qui régit l'univers, mais peut-être un peu de tout cela. Le Li n'est pas ce que vous appelez raison, ou logique, mais n'y est pas complètement étranger."

Et les mots de Lucien:
"Vivre pleinement l’ici et le maintenant, dans une attention vigilante portée à chaque action, dans la plénitude de l’instant."

offrent un écho à ceux de Fabienne Verdier:
"Peu à peu, je me suis familiarisée avec cette vie, le compagnonnage du silence et la présence du non-dit. Il devenait nécessaire d'oublier le temps, de s'oublier soi-même ainsi que toutes pensées, opinions et cultures acquises. Je puis alors devenir "bois brut", "herbe au vent" ou "brise de printemps". L'esprit léger devient fluide et mobile. On ne se fie plus aux contraintes extérieures. "Faire le vide", en un mot, n'est pas une simple affaire d'apaisement. L'unique trait de pinceau, ce "cérémonial du peintre" naît, sous le sceau de l'inspiration, d'un geste spontané, d'une pulsion première, d'une osmose primordiale avec la sève créatrice. Grâce à cette discipline, je tente de vivre "l'esprit un" en sa réalité absolue. On se rend compte que, derrière le vide apparent du silence, la vie grouille de toutes parts et c'est alors, avec pudeur et émerveillement, qu'on saisit la pensée poétique"

Lucien
avatar 08/12/2004 @ 09:24:24
Tu me donnes envie de lire Fabienne Verdier, Sibylline.

Darius
avatar 07/01/2005 @ 18:11:01
.
Je pratique depuis très peu de temps, j'en pense beaucoup de bien et suis, comme toi passionné, perplexe, troublé, bouleversé, songeur, méfiant, attiré etc.

Je viens faire un tour sur les forums après pas mal de temps d'absence (un an déjà que je n'écris plus aucune critique...)

Pourtant je lis pas mal et notamment tout ce qui concerne les philosophies orientales.

Je suis très contente de lire que Lucien "himself" se soit penché sur le même sujet et qu'il soit entre autres "attiré", même s'il cite en même temps le le mot "méfiant".

Pour en revenir à mon expérience personnelle, si je n'avais pas eu l'excellente idée de m'y intéresser - et cela s'est fait de fil en aiguille - je ne serais pas aussi fière de la femme que je suis devenue..

Bonnes fêtes à tous !!!

Saule

avatar 08/01/2005 @ 12:18:21
Excellente critique de Lucien, en effet, qui attise aussi ma curiosité.

Ce qui me saute aux yeux en la lisant c'est la similitude entre les techniques décrites et celles de la prière chrétienne. Ainsi l'extrait suivant du très bon site du Carmel (http://www.carmel.asso.fr/) dans la section sur la prière.


L’exercice proposé ici prépare normalement à un temps de prière silencieuse. Il a pour but de disposer l’être tout entier à la méditation profonde. Il permet de rejoindre les profondeurs de soi-même où se trouvent silence, paix, harmonie, force et renouvellement. Il apprend à retourner au-dedans, à rentrer en soi-même.
[...] Il convient d’abord de se disposer intérieurement, de prendre son temps. Ce qui est arrivé juste auparavant ne compte plus. Ce qui arrivera ensuite ne doit pas être objet de préoccupation. Il s’agit de se concentrer totalement ici et maintenant pour être complètement présent à soi-même et à son grand désir de rejoindre notre réalité profonde.


Mais la technique n'est jamais qu'une aide, chacun peut l'adapter à sa propre manière, ce qui est important c'est la régularité et la persévérance.

Par ailleurs, savez-vous que Sainte Thérèse d'Avila a eu le coeur transpercé par un dard en or par un ange pendant une de ses visions ? Les médecins ont confirmés que le coeur avait bel et bien été atteint. Et qu'elle lévitait ?

Une autre phrase qui me frappe dans la critique de Lucien, c'est "laissez l'inconscient parler au conscient". C'est du Jung le plus pur, pour lui le dialogue doit se faire par l'entremise de l'anima. Je sais que Jung connaissait parfaitement les religions orientales et occidentales. Finalement tout le monde dit la même chose, le dogme catholique aussi, mais avec des mots différents.

Cependant j'aurai tendance à penser comme Edith Stein que la rencontre avec Dieu (puisque les chrétiens ne font pas le vide en eux-même juste pour faire le vide mais bien pour y rencontrer un Autre et se laisser remplir de lui), la rencontre avec Dieu donc, se passe à un niveau plus bas que celui de l'inconscient ou à tout le moins dans une couche la plus profonde de celui-ci.
NB: inconscient ne signifiant rien d'autre que ce qui n'est pas conscient (par définition), donc ce que l'on ne connait pas !.

Le Mont Carmel 08/01/2005 @ 17:08:08
Est-ce que Lucien ne confond pas ? il me semble que c'est Fee Carabine qui cite longuement Verdier. Et non pas Sybilline. Tout cela étant fort passinnant !

Saint Jean-Baptiste 08/01/2005 @ 18:06:46
Dans son effort pour parvenir à la connaissance de la Réalité en soi, l'homme fait appel à deux ordres de moyens différents. D'une part les facultés mentales de l'imagination, du raisonnement et de la logique, c'est la méthode occidentale. D'autre part le développement d'un état de conscience différent, d'origine supra-humaine, c'est la méthode des mystiques (mais aussi des très grands poètes et autres très grands artistes). C'est la méthode privilégiée par l'Orient.
De nos jours, en Occident, l'expérience mystique se trouve reniée par la société, et la fois par la plupart de nos philosophes de nos savants, et de nos Eglises.
La société considère les mystiques comme des êtres suspects à qui on ne reconnaît pas le droit de faire des disciples et on les rejète dans un cruel isolement moral. L'Eglise les tient dans une profonde méfiance car elle craint toujours d'y trouver l'occasion d'une hérésie ou d'un schisme. Quant aux savants et aux philosophes, s'ils ne lancent plus l'accusation de sorcellerie, ils les condamnent d'une manière non moins absolue. Pour eux les mystiques sont des cas pathologiques relevant de la médecine ou de la psychiatrie.
Or l'étude des enseignements fondamentaux de l'Orient, et en particulier de l'Inde, nous montre que les grands maîtres de la pensée attachent une valeur considérable à l'expérience spirituelle et mystique, comme source de connaissance sur la route qui conduit à Dieu, à l'Absolu à la Vérité et à la Libération.
Si tous les mystiques n'arrivent pas à la conscience de l'Absolu, tous reconnaissent que les expériences mystiques et spirituelles les font accéder à un état de connaissance sans aucun point de comparaison avec les connaissances de la vie quotidienne.

Ceci a été rédigé à partir d'un texte de Jean Herbert qui est en préface du livre : "La Bhagavad-Gîtâ" de Shrî Aurobindo.
Je voudrais faire une critique de ce livre mais je n'y arrive pas, je suis un peu dépassé. Je reconnais que la philosophie n'est pas mon fort ; mais je le recommande chaudement à tous les spécialistes.
Je lis en page 4 couv que La Bhagavad-Gîtâ est le plus grand texte sacré de l'hindouisme et qu'il est considéré par les penseurs occidentaux comme "le plus grand livre sorti de la main de l'homme". Son traducteur, Shrî Aurobindo, est un Indou élevé en Occident, et nourri des auteurs grecs, latins, français, allemands, italiens, anglais, ce qui lui permet d'exprimer la pensée indoue en des termes qui nous soient accessibles.
(Quoique semble dire la page 4 couv ce n'est, à mon avis, pas accessible à tous, en tous cas pas à moi. Pour le moment les sommets de la pensée indoue me dépassent un peu !)
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