Rbk 18/11/2004 @ 19:38:42
J'aimerais vous demander un petit éclairage pour rédiger un texte particulier.
J'ai vécu en avril une expérience assez traumatisante où j'ai été confrontée à la mort de manière brutale et innattendue. Je vais aujourd'hui tout-à-fait bien. Quant à cet évènement, il vient souvent frapper à la porte de mes pensées, se rappelle à moi à bien des occasions, sans pour autant me perturber. Voilà pour le contexte. Je sais que ce n'est pas un forum pour raconter sa vie, et si je livre ces éléments, c'est juste parce qu'ils sont en lien avec ma demande de conseil d'écriture. Je souhaiterais rédiger un beau texte, quelque chose qui soit plus qu 'une description de faits, qui ne soit pas indigeste, qui ne soit pas un texte 'à sensation'. Mon but n'est pas de susciter de la compassion, de la plainte ou de la peur. J'ai essayé d'écrire mais je trouve que ça ressemble à un mauvais article de revue 'facile'(desciption+émotions fortes). Mon but est
avant tout de me souvenir, et éventuellement le faire lire à je ne sais pas encore qui.
Notre quotidien regorge de témoignages (presse, ...) , mais souvent, c'est 'du sang, des larmes et des trippes', je ne veux pas faire ça.
Avez vous des conseils à me donner? Quels sont les pièges à éviter? Pouvez vous me guider vers l'un ou l'autre témoignages d'histoires vécues, quelque chose de sensible, humain, pudique? J'envisage d'écrire quelque chose comme 3 ou 4 pages, je ne sais pas; pas un livre donc!!
Voilà, j'ignore si ma demande est claire, et j'espère que vous partagerez avec moi quelques idées sur le sujet.
D'avance, merci.

Sibylline 18/11/2004 @ 20:14:42
Peut-être (et je dis bien peut-être) raconter ce qui s'est passé sans dire ce que tu as ressenti. De toute façon, on le sentira, ce que tu as ressenti et c'est quand on essaie de mettre des mots sur ses sentiments qu'on se trahit soi-même.
Peut-être donc, dire ce qui s'est passé, ce que tu as pensé, si ses pensées ont entraîné une action de ta part sur le moment, mais ni tes analyses, ni tes conclusions. C'est au lecteur de les sentir.
Par contre, tu as là des conseils pour rédiger un texte, pas pour une psychothérapie. Si tu cherches une aide psychologique, c'est peut-être le contraire qu'il faut faire. Je ne sais pas.

Rbk 18/11/2004 @ 20:36:30
Merci pour tes conseils, ce sont effectivement des conseils pour écrire que je cherche, rien d'autre.
Ta réponse éveille en moi d'autres questions... Imaginons que j 'écrive les faits, les pensées que j'ai eu, ok, ça je vois. Tu présumes que le ressenti, l' émotionnel peut transparaitre de lui même.. Je ne sais pas. D'un côté, je me dis ok, je vois bien, mais d'un autre, je me demande si la description de la peur et de l'angoisse n'a pas sa place aussi pour en faire un récit 'complet' de l'expérience..
Soupir, je ne sais pas.

En prenant les choses par l'autre bout de la lorgnette, j'aurai peut être des éléments sur les ingrédients à développer: je ne veux pas que mon lecteur soit une sorte de voyeur. Ca, c'est clair. Est ce que c'est le fait d'écrire la peur et l'angoisse qui en ferait ce que je ne veux pas en faire??

Rbk 18/11/2004 @ 20:40:30
Merci pour tes conseils, ce sont effectivement des conseils pour écrire que je cherche, rien d'autre.
Ta réponse éveille en moi d'autres questions... Imaginons que j 'écrive les faits, les pensées que j'ai eu, ok, ça je vois. Tu présumes que le ressenti, l' émotionnel peut transparaitre de lui même.. Je ne sais pas. D'un côté, je me dis ok, je vois bien, mais d'un autre, je me demande si la description de la peur et de l'angoisse n'a pas sa place aussi pour en faire un récit 'complet' de l'expérience..
Soupir, je ne sais pas.

En prenant les choses par l'autre bout de la lorgnette, j'aurai peut être des éléments sur les ingrédients à développer: je ne veux pas que mon lecteur soit une sorte de voyeur. Ca, c'est clair. Est ce que c'est le fait d'écrire la peur et l'angoisse qui en ferait ce que je ne veux pas en faire??

Sibylline 18/11/2004 @ 20:42:37
J'ai l'impression que tu peux écrire ce que tu as pensé dans l'action, mais surtout pas après. Après, ce n'est plus pareil. Et dans l'action, tu n'as qu'une analyse très succincte . Ca va vite. Tu penses à beaucoup de choses, mais par flash, pas en dissertant.
Mais bon, c'est juste un avis...

Sibylline 18/11/2004 @ 20:44:09
Ton lecteur, il sera comme quelqu'un qui assiste à l'évènement et qui en pense ce qu'il est capable d'en penser.

Rbk 18/11/2004 @ 21:00:03
Oui, face à la description des faits, le lecteur peut s'imaginer dans la situation et ressentir une série de choses, probablement. Mais n'y a t'il pas un risque d'en faire alors un récit de type 'fait divers': lieu, heure, personnes, événements? Comment garder le coté 'vécu', dont moi je me souviens, comment le décrire pour que ce récit soit personnalisé, unique, sans tomber dans le sensationnalisme?
Probablement un mélange délicat de créativité et d'images, qui ne balance pas des images chocs et des clichés.
Il faut donc du talent et de l'imagination!!!
Heu.. Non? Dites moi..

Sibylline 18/11/2004 @ 21:11:50
Je pense que le « sensationnalisme », c’est un truc inventé par les gens qui nous revendent notre propre vie, vidée de sa réalité. Si tu fais bien attention à être surtout authentique, tu fais automatiquement autre chose. Ca se fait tout seul. Ce sera forcément personnalisé parce que c’est toi qui racontes. Mais d’ailleurs, pourquoi y tiens tu tant ? La vie, la mort, ce n’est pas pour tout le monde ? La tienne n’est personnelle que pour toi.
Et oui, ce seront des images. Dans ta mémoire, ce sont des images. C’est donc cela que tu peux restituer sans tricher. Surtout, ne rien interpréter. Chacun son interprétation parce que de toute façon, c’est cela qui se passera, chacun interprétera à sa manière et selon ses capacités.
Enfin, je parle comme si je savais et toi pas. Ca me gène beaucoup. En fait, on sait toutes les deux. La vie sait. Vas-y, on attend ton texte.

Rbk 18/11/2004 @ 21:38:15
En y réfléchissant, je me dis que cette dimension n'est peut etre pas spécifique aux récits autobiographiques et tranches de vie mais est présente dès qu'on écrit: rester dans le 'fin, sensible et nuancé..' (je ne porte pas de jugement de valeur, soyons clairs! ) quand on aborde des sujets tels que la violence, la mort, et aussi, ma foi, l'amour, le sexe, la maladie, et tout et tout.. Ce n'est pas le sujet qui détermine que 'ça risque de tomber bas', ce sont les mots choisis, le style, et toutes ces choses qu'on rassemble.

Tu m'as éclairée. Je pense écrire mon texte sous forme 'journal personnel': écrit à la première personne, donnant des infos dates et heures, avec une alternance de ce qui se passe dans le réel et ce qui se passe en moi à ce moment là, livré de manière 'brute' (ce qui ne me dispense pas de finesse), pas analysée après coup;
Cea me permet de garder le côté authentique, je crois. Que penses tu de cette forme? Elle semble appropriée non?
Bon, cette piste s'ouvre à moi, j'y vois un peu plus clair, merci beaucoup pour tes idées.
Elles sont les bienvenues si tu en as d'autres, ou si d'autres ici, ont envie de me donner leur avis, cela me ferait plaisir. Merci encore.

Rbk 18/11/2004 @ 21:42:24
Peut-être aurais je dû poster ce message dans le 'forum général', vu qu'il ne s'agit pas d'un écrit, mais d'un conseil d'écriture.
Bon, bon, serai plus attentive la prochaine fois.

Sahkti
avatar 19/11/2004 @ 00:12:00
Tu peux écrire ton témoignage sous forme de journal si c'est plus facile d'y glisser des émotions personnelles.
Mais tu ne peux pas préjuger de l'impact que cela aura sur les autres au point de vue émotions ou sensations, chacun va le ressentir notamment en fonction de son vécu.

Sans faire de promo pour un texte que j'ai écrit, je te mets ce lien qui te renvoie vers un exercice littéraire qui a eu lieu sur ce site. Il fallait écrire un exercice sous forme de journal intime ou quelque chose de ressemblant. J'y ai parlé de moi et de quelque chose de difficile que j'ai personnellement vécu. Je ne sais pas si j'ai fait dans le sensationalisme, apparemment pas d'après les commentaires reçus (et c'est tant mieux, je ne voulais surtout pas faire ça!).
Ce lien n'a pour but que te montrer qu'avec un texte sous forme de journal, tu peux raconter quelque chose en étant l'acteur du propos tout en prenant un recul nécessaire.

http://critiqueslibres.com/i.php/forum/…

Balamento 19/11/2004 @ 01:46:11
Eviter ce qui est ''du sang, des larmes et des trippes" me semble être une connerie... par contre l'utiliser pour en faire autre chose, dans un quelconque second degrè ou à l'encapsulant de romanesque, là, ça, me semblerait déjà être une idée beaucoup plus interessante ;-)

Yali 19/11/2004 @ 08:22:55
Un conseil : noircir autant de feuilles que nécessaire, jusqu'à satisfaction, puis, recommencer.

Rbk 19/11/2004 @ 10:30:20
J'ai lu ton texte, Sahkti. Je l'ai trouvé très
beau, sobre dans sa gravité, effectivement très pudique. C'est un peu dans 'ce style' que je vois mon texte, mais pour le moment, je suis le conseil de Yali: j'écris, j'écris, j'écris, en sachant très bien qu'il va falleoir que je recommence plusieurs fois.
La difficulté à laquelle je suis confrontée est la suivante: chaque seconde a été importante, a comporté des éléments que je veux pour le moment garder: mon rapport aux autres, aux objets qui m'entourent, ma perception du temps qui s'altère, mes pensées, ma souffrance physique, mes peurs, les échanges avec les peronnes qui étaient présentes, leurs paroles, leurs silences, leurs gestes etc etc. et chaque mouvement, chaque fait. Cela donne donc un compte rendu extrèmement précis, mais qui n'a je pense qu'un intérêt pour moi. Si je veux faire lire ce texte, je ne peux restituer en direct l'entièreté, car ce serait trop long. Mais à ce stade, je ne trie pas, j'écris. Ensuite, je sélectionnerai les moments qui me paraissent être ceux qu'il faut garder (selon quels critères??? ) et je le reprendrai un par un, m'y attarderai avec soin pour tenter de les transformer en quelque chose de beau.

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