Mademoiselle
16/11/2004 @ 12:20:26
Voici une nouvelle que j'ai écrite il y a quelques mois. merci de me donner votre avis en toute objectivité pour que je sache ce que je vaut vraiment et que je puisse progresser.

Dans un commissariat, au cours de la nuit du samedi 31 juillet au dimanche 1er août 2004, à 3h du matin, Aigue commence à raconter son histoire à un commissaire médusé.
« Killian et moi, on se connaît quasiment depuis toujours. Nos parents ont emménagés dans la cité qui venait alors tout juste d’être construite. Killian et moi avions quatre ans lorsque nous sommes devenus voisins. Nous avons aussitôt sympathisé. Cela arrangeait nos parents qui, lorsque nous étions ensemble, ne nous avaient plus dans les pattes. Lorsque l’un des deux couples voulaient partir en week-end en amoureux, le gamin restant allait dormir chez l’autre. Pour aller à l’école, c’était pareil, les parents s’arrangeaient pour nous emmener chacun leur tour.
Pour les adultes, soit ils riaient en nous disant qu’un jour nous finirions par nous marier, soit ils nous considéraient comme des frère et sœur de lait. Pour eux, nous n’étions que des gamins qui faisaient semblant d’être des adultes en jouant au papa et à la maman.
Pour moi, c’était bien plus que ça. Killian était tout mon univers, mon chevalier, mon prince charmant, tout à la fois. Les autres garçons n’existaient pas à mes yeux, lui seul comptait. A l’école, il me défendait lorsque les autres garçons voulaient me voler mon goûter ou baisser ma culotte.
Le tournant de notre relation eut lieu lors d’un jour du joli mois de mai. Il avait assisté à un mariage dans sa famille et nous avions donc été séparé pendant toute une journée. Aussi, le lendemain nous sommes nous vite retrouvés. Dans sa chambre, il m’a raconté sa journée de la veille. Cela nous a donné des idées. Je me suis dépêchée de retourner chez moi chercher la nuisette en satin blanc de ma mère ainsi que des escarpins blancs. J’ai décroché un rideau pour me faire un voile. J’ai même pris un rang de perles appartenant à ma mère, ce qui m’a valu d’être punie lorsque tout fut découvert. Lorsque je retournais chez Killian avec mes trésors, je pus constaté que lui non plus n’avait pas chômé : il nageait dans une veste de son père lui arrivant aux genoux, une cravate nouée autour de son cou comme il avait pu et des chaussures elles-aussi à son père qui lui faisaient des pieds immenses.
Nous nous sommes mis à mimer une scène de mariage et après la phrase classique « Vous pouvez embrasser la mariée », Killian s’est planté devant moi en me regardant droit dans les yeux et m’a juré solennellement : « Un jour, on le fera pour de vrai » avant de déposer un baiser délicat sur mes lèvres.
Nous avions six ans et depuis je n’ai vécu que dans l’attente du jour où on le ferait « pour de vrai ». Je n’ai jamais même seulement embrassé un autre garçon. J’attendais que Killian se décide à me déclarer sa flamme. Je trouvais le temps long mais on m’a toujours dit que ce n’était pas à la fille de faire le premier pas alors je prenais mon mal en patience malgré les années qui défilaient. Mon âme romantique se persuadait que Killian n’osait pas se déclarer de peur de perdre mon amitié.
Et tout s’est accéléré soudain. Il y a deux mois, on devait aller au cinéma tout les deux. Mais il n’est pas venu seul. Une grande fille bronzée, aux cheveux dorés artificiellement, habillée comme un top-model, l’accompagnait.
« Je te présente Fabiola. C’est une étudiante italienne venue suivre des cours en France. Elle ne connaît personne et ne savait pas quoi faire ce soir, alors je lui ai proposé de venir avec nous. »
Je me contentais de hocher la tête. Cette fille ne me plaisait pas. Malheureusement, je dû bientôt me rendre à l’évidence : durant la semaine qui suivit, il n’était plus question que de Fabiola dans nos conversations, ils mangeaient ensemble le midi… Vint l’heure fatidique, une semaine exactement après notre sortie au cinéma. Tout excité, il m’avoua :
« J’ai une grande nouvelle à t’annoncer. Tu vas être la première à le savoir : Fabiola est à présent ma petite amie et nous voulons nous installer ensemble. »
Et de me demander si je ne connaissais pas un logement à louer. Ainsi, lui avait oublié sa promesse et ne me considérai que comme une amie tout court, une sœur peut-être. Le choc fut terrible pour moi.
Ils ne tardèrent pas à trouver un logement et cette nuit, c’était leur pendaison de crémaillère. Je suis venue mais pas les mains vides. Mon père est gendarmes et il m’avait expliqué un jour comment charger et se servir de son arme. Alors ce soir je l’ai prise. Même si je ne suis pas tireuse d’élite, à bout portant pas moyen de rater sa cible. Je suis arrivée à la fête. Killian et Fabiola accueillaient chaleureusement leurs invités. Lorsqu’ils sont arrivés à un mètre de moi, j’ai mis le doigt sur la gâchette et lorsque Killian s’est penché vers moi je lui ai plaqué le flingue contre le ventre et j’ai tiré. Il s’est écroulé et j’ai retourné mon arme sur Fabiola et fais feu avant que quelqu’un n’ai eu le temps de réagir.
Je n’ai aucun regret. J’ai fais tout ça de sang froid, mûrement réfléchi. Killian et Fabiola avaient brisé mon rêve, j’ai brisé le leur. Nous sommes quittes à présent », conclut froidement Aigue.

Sahkti
avatar 16/11/2004 @ 14:05:05
Quelques petites remarques en vrac, Cath.

Tout d'abord, le début de ton texte me fait penser au livre "Les Ponts" de Tarjei Vesaas , qui relate l'amitié amoureuse de deux adolescents qui sont voisins et dont les parents disent qu'ils se marieront à force d'être tout le temps ensemble.

Si ma première impression est bonne, cela se gâte un peu par la suite.
Je suis quelque peu gênée par la prise d'aussi graves résolutions à l'âge de six ans, ça brise l'idée joyeuse de l'enfance mais en même temps, je me suis dit que ça augurait peut-être de la suite, que le récit allait être grave.
Seulement il n'en est rien. Tout va trop vite, ça manque de profondeur, de précision.
On passe de cet épisode important du premier baiser à l'arrivée de Fabiola, une jeune femme complètement stéréotypée.Je crois que j'aurais aimé que cette jeune intruse ne soit pas aussi formatée "bimbo" mais ressemble à une jeune femme classique qui aurait inspiré de la sympathie et donc obligé le lecteur à être partagé entre son indulgence pour Aigue, amoureuse, et l'attachement pour Fabiola, à laquelle il n'y a en fait rien à reprocher de la part d'un observateur extérieur.

Entre la scène du mariage et Fabiola, rien, on franchit des années en quelques lignes, c'est plutôt brutal, on n'a pas le temps de se mettre dans l'ambiance de cette relation d'amitié amoureuse entre Killian et Aigue, il faudrait (enfin, j'aimerais bien, devrais-je plutôt dire) planter le décor, renforcer le lien qui existe entre les deux ados, que l'on puisse se glisser dans la peau de Aigue et vivre avec elle le choc de la révélation.

Killian lui présente une jeune femme, il s'installe avec elle, elle les tue. Tout cela se passe sur quelques lignes, en un délai trop court, ça donne de la brutalité au récit sans lui donner pour autant de la force. On reste sur sa faim. Je crois que ça vaudrait la peine d'être plus longuement développé.

Tistou 16/11/2004 @ 14:16:04
Bonjour Cath, on te connait déja?
Au niveau de l'histoire, bien, il y a de la matière. C'est classique, on voit venir mais c'est indémodable, chez Cro-Magnon déja ...
Au niveau du traitement, du style, l'entame m'a fait tiquer. Ca fait artificiel, intro de rédaction. Tu aurais pu le traiter plus..., je ne sais pas dire, direct peut être?
" Dans un commissariat, au cours de la nuit du samedi 31 juillet au dimanche 1er août 2004, à 3h du matin, Aigue commence à raconter son histoire à un commissaire médusé."
Il me semble que j'aurais simplifié en :
Un commissariat. 3H du matin ce dimanche 1er Août 2004. Aigue est entendue par le commissaire, médusé.
J'ai cherché à coller le plus possible à ta version.
Pour la partie Aigue qui raconte son histoire, ça passa beaucoup mieux.
Perfectible? Obligatoirement. Comme nous tous. Tu continues avec nous?

Benoit
avatar 16/11/2004 @ 18:52:52
Le début m'a fait penser à un reportage journalistique ; ça m'a donc fait tiquer...
Quant à la suite, ce n'est pas une histoire originale, je ne me suis pas attaché aux personnages. J'ai lu ça comme un fait divers.
Cependant, je pense que Sahkti a raison et que cela mériterait d'être développer. Car lorsqu'elle raconte son enfance jusqu'à l'arrivée de Fabiola, c'est pas mal. Peut-être qu'après ça va trop vite, c'est vrai. Ca méiterait d'être allongé afin qu'on s'attache aux différents personnages.
Bref, faut poursuivre tes efforts mais tu es sur la bonne voie!

Mademoiselle
17/11/2004 @ 11:37:37
Merci pour vos messages et vos encouragements. Comme dit Tistou, je suis nouvelle. En fait j'ai 17 ans et cela fait quelques mois que je suis membre de ce site. C'est la première fois que je mettais mes écrits sur ce site mais je crois que je vais continuer car je trouve ça constructif.

Mademoiselle
17/11/2004 @ 11:39:50
Au fait, je ne connais pas le roman dont parle Sahkti. Quand à ce que mon sujet manque d'originalité je suis bien d'accord mais c'était ma première nouvelle et je voulais pas m'aventurer trop en terrain inconnu.

Olivier Michael Kim
17/11/2004 @ 13:55:17
C'est la pause au bureau ! Je viens de lire ton texte.

OK j'ai trouvé ça bien. J'aime beaucoup ton histoire de sentiment brisé.

Sylistiquement, j'aurais procédé autrement. Aigue raconte tout le long son histoire et c'est bien fait. C'est un grand monologue.

Mais rythmiquement, j'aurais entrecoupé le récit d'Aigue par des questions du policier. J'aurais aussi narré quelques émotions du policier ( surprise, stupeur...) ou/et de Aigue ( colère, haine, satisfaction... )
Je pense qu'avec un vrai dialogue et quelques émotions des personnages cela rendrait le texte plus vivant. Le texte aurait été moins "linéaire", je pense.

Ensuite, question ambiance, quelques descriptions du lieu auraient été les bienvenues. Par exemple : La luminosité, le mobilier, la décoration... Ce serait histoire de se plonger dans la scène.

Pour dire simplement, peut-être qu'il aurait fallu étoffer.

Mais je n'ai pas envie de t'empêcher de te trouver. Fais tes textes comme tu le sens. Prends mes remarques comme "la façon dont moi je l'aurais écrit", je ne suis qu'un amateur.

J'espère que ce que je t'ai écrit est constructif.

Amicalement.

Olivier

Benoit
avatar 17/11/2004 @ 16:19:28
Je ne suis pas sûr qu'il faille rajouter des interventions du commissaire ou une description des lieux. Ou alors très légèrement, sinon ça risque de faire mauvais scénario de série policière française (Julie Lescaut ou Navarro... Brrr!!).

Yali 19/11/2004 @ 09:08:34
Allez Cath, faut y retourner ! Les mots ne sont pas simples à apprivoiser, faut du temps, de la patience, de l’énergie, et donc : au boulot !

Balamento 19/11/2004 @ 20:01:00
une idée : pour rendre les choses plus vivantes : essayer d'imaginer ce que toi tu dirais, ou de quelle façon tu le dirais dans la situation... Il y aurait certainement des interruptions, et la langue serait certainement moins écrite, et plus "parlée"... Bref, c'est une idée en passant.

Sinon, du point de vue de la construction, le suspens est un peu flingué par avance, vu que si on se trouve dans un commissariat c'est qu'il y a eu sans doute crime ou délit ;-)

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