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Forums  :  Forum général  :  A propos de Sartre

Jules
06/10/2004 @ 15:28:57
Quelqu'un a demandé quels livres écrits par Sartre il conviendrait de lire. Question pas évidente à répondre car il y en a beaucoup.

La pièce de théâtre la plus représentative de sa pensée me semble être "Les mains sales"

Les nouvelles contenues dans "Le mur" me semblent aussi essentielles, ainsi que "La nausée" mais qui est plus dur à lire.

Sa trilogie des "Chemins de la liberté" est également un assez bon reflet de sa pensée (paru en poche)

Quant à "L'existentialisme est un humanisme" il me semble un excellent condensé de sa philosophie et fait par lui lors d'une conférence donnée.

Ceci n'est qu'une tentative de réponse à une question posée et elle vaut ce qu'elle vaut...

Tophiv
06/10/2004 @ 16:05:55
Merci Jules pour ces précisions. Il me semble que c'était moi qui avait posé la question.

Je vais ajouter tout ça sur ma liste des prochaines lectures mais celle-ci s'allonge, s'allonge, s'allonge ... de jours en jours. Je croule sous les livres en attente d'être lus ...

Donc avant Sartre, il y aura Gary, Céline, Murakami, Gao Xingjian, Boulgakov, Roth, Toni Morrison, Imre Kertész, Fottorino ..................

De bons moments en perspective.

Tistou 06/10/2004 @ 17:29:28
Les Mots, lu ou plutôt écouté, en roman-cassette, il y a 6 ans. J'avais donc quand même 43 ans. Et bien je me suis emmerdé plus que sérieusement. Et pourtant je ne lis pas que oui-oui! Non, l'homme, à travers son écrit, m'a paru vain, poseur, pas sincère. Cet exercice m'a paru, pardonnez l'expression mais elle dit bien ce qu'elle veut dire, de l'enculage de mouche. Un mauvais souvenir.

Jules
06/10/2004 @ 17:41:07
Et pourquoi pas ? Qui a dit qu'il fallait aimer Sartre et surtout "Les mots" ?...

Yali 06/10/2004 @ 17:42:56
Ça fait plaisir de te lire Jules :)
Pour Sartre, j’aurais donné les mêmes, sauf que j’aurais placé « le mur » en un, pour préparer le terrain si je puis dire. Quand a « La nausée » c’est rien de dire qu’il est plus difficile à lire… Et à comprendre… Mon Dieu…
Pour les lecteurs que Sartre tente, pour ma part je leur conseillerais d’alterner avec Camus, histoire d’avoir une vision plus nette de l’époque, plus complète… Il me semble que c’est une bonne méthode à la compréhension de l’œuvre. Simple avis…

Hum…"Les mots" ne sont que des mots…;-)

Tistou 06/10/2004 @ 17:50:46
Camus Ok ça permet de se soigner après les mots. Il y a autant de différence sur le plan profondeur humaine et sincérité entre CAMUS et SARTRE qu'entre mon petit café de Champagne (cf Champagne dans Vos Ecrits) et le Bar de l'Arrivée à ORLY!

Jules
06/10/2004 @ 17:59:00
Merci Yali et quant à Tistou sa position a un énorme avantage: elle est pour le moins claire !...

Tistou 06/10/2004 @ 18:06:01
Merci Yali et quant à Tistou sa position a un énorme avantage: elle est pour le moins claire !...

Yes! C'est vrai, je le reconnais, je me sens catégorique vis à vis de SARTRE. Je te rassure, Jules, ce n'est pas toujours le cas. Mais là ...
En tous cas, pas de volonté de choquer.
Et vive CAMUS!

Jules
06/10/2004 @ 18:26:04
Ce n'est pas moi qui te contredirai...

Vincent 06/10/2004 @ 19:11:14
Des critiques aussi catégoriques, ça frise quand même l'inutile.
Je n'aime pas la ratatouille, je ne m'insurge pas contre les courgettes.
Je trouve Sartre très sincère, engagé et humaniste.
La Chute de Camus m'a moins ému.

Ghislaine 06/10/2004 @ 19:41:17
Voici un site qui me semble intéressant sur SARTRE. Il présente notamment trois oeuvres majeures du philosophe Français :

http://www.rabac.com/demo/ELLIT/aut-20e/SARTRE.htm

Yali 06/10/2004 @ 22:24:24
Des critiques aussi catégoriques, ça frise quand même l'inutile.
Je n'aime pas la ratatouille, je ne m'insurge pas contre les courgettes.
Je trouve Sartre très sincère, engagé et humaniste.
La Chute de Camus m'a moins ému.


Pardon pour la ratatouille, mais faut préciser que le débat Sartre/Camus n'est pas tout neuf et que nous l'avons traité et retraité (n'est-ce pas Jules ;-), passé et repassé, ce qui fait que le bouillon devien clairet. Si tu cherches Vincent, m'est avis que tu vas trouver dans les pages du forum, les légumes et le reste ;-)

Sahkti
avatar 06/10/2004 @ 22:27:56
les légumes... rien de tels pour las achards!

Benoit
avatar 06/10/2004 @ 23:20:12
T'es un peu dur avec Vincent, Yali!! Il n'est là que depuis aujourd'hui!! S'il doit se taper tous les anciens forums avant de participer, il ne va jamais intervenir... Et le débat Sartre/Camus n'est pas non plus traité de façon systématique : c'est la première fois sur CL que j'en entends parler!!
Quant à la ratatouille, mazette!, c'est trop bon! Ca se marie très bien avec les roussettes, paraît-il...

Jules
07/10/2004 @ 12:41:37
A l’attention de Vincent

Je vais ici tenter de résumer une partie du débat qui s’est déjà tenu à propos de Sartre et Camus. Je pense mon opinion partagée par certain et, fort probablement, reniée par d’autres.

Le but n’est pas d’approfondir ou de donner ici un avis quant à la philosophie théorique développée par ces deux auteurs mais bien de tenter de tirer des enseignements de leurs comportements dans la vie.

Il me semble qu’en tant que philosophe théorique Sartre est plus fort que Camus. Par contre, Camus me semble meilleur quand il s’agit de développer une philosophie de la vie.

Tous les deux ont écrit de nombreuses pièces de théâtre qui ont pour but de mieux faire passer leurs idées. A mes yeux nous ne pouvons pas dire que les unes sont meilleures que les autres. Par contre, dès qu’il s’agit de romans Camus me semble meilleur que Sartre. « Les chemins de la liberté » ne me semblent pas valoir « La peste » ni « L’étranger » Ce n’est pas pour rien non plus que « L’étranger » est le livre au plus grand tirage des éditions Gallimard. Sartre, s’il a écrit « L’être et le néant » ouvrage philosophique de grande qualité, n’a pas écrit « Noces », « L’envers et l’endroit » ni « L’homme révolté »

Or, que nous apportent ces livres ?

« Noces » et « L’envers et l’endroit » sont des hymnes à la nature, à la vie et à l’homme. Et ne parlons pas du « Premier homme » roman inachevé ! Je n’ai jamais trouvé de telles pensées dans les œuvres de Sartre !

Quant à « L’homme révolté » certainement pas de la valeur de « L’être et le néant » au niveau philosophie, il a pour mérite, outre le développement de l’idée de la révolte, celui d’être réaliste et non dogmatique comme l’a été si souvent Sartre. Il a brouillé les deux hommes à vie car Camus a osé décortiquer dans ce livre les mécanismes d’asservissement des hommes par d’autres. Mais surtout que sa conclusion était qu’il ne voyait pas beaucoup de différences à ce niveau entre le nazisme et le stalinisme ! Cela le dogmatique Sartre, l’homme engagé comme tu le dis, ne pouvait pas l’accepter ! Que Gide ait déjà écrit son retour de Russie n’a rien changé à ses opinions. Que la Russie ait signé le pacte de non-agression avec Hitler non plus. La brouille sera donc totale entre les deux hommes comme elle le sera avec son ami de l’ENA, Raymond Aron, également homme très réaliste.

Pour ces deux derniers hommes l’idée que l’être humain soit asservi est inacceptable, que ce soit par la droite ou par la gauche. Quant à Sartre, il refusera d’admettre le rapport de Kroutchev qui dénoncera les crimes staliniens, refusera de condamner l’écrasement des révoltes de Berlin, de Hongrie et même de Tchécoslovaquie !

Dans le conflit d’Algérie, Camus déchiré entre ses deux patries, n’hésitera pas un instant à condamner les attentas aveugles du FLN sur le territoire français, alors que ceux-ci ont essentiellement pour but d’atteindre des civils. Sartre va le traiter publiquement de lâche qui ne serait « qu’une belle âme » et qui refuserait de se salir les mains au nom d’un idéal politique. Il déclare tout net que faire de la politique c’est d’accepter de se salir les mains. Si le philosophe se met à penser ainsi où allons-nous ?…

Je reproche à Sartre d’être un des principaux responsables de l’aveuglement de toute une génération de jeunes français pour tout ce qui concerne l’Union soviétique de l’après guerre. Même s’il y a aussi beaucoup à dire contre le capitalisme et les Etats-Unis. Il me semble que de tels penseurs devaient être capables, comme Camus, de pouvoir critiquer l’un comme l’autre, de garder la tête froide et de ne pas céder aveuglément à leur idéologie. Sartre n’a pas été capable de faire cela !

Désolé d’avoir été long et de ne pas toujours avoir été assez clair mais le temps est toujours ce qui manque le plus…

Balamento 07/10/2004 @ 13:30:07
Sans rien dire sur le fond de la pensée de Sartre ou de Camus, du simple point de vue de la lecture (le plaisir du texte dirait je ne sais plus qui), je pense qu'il y a un réel fossé de style entre ces deux hommes. Les mots, érigés en texte quelque peu incontournable, reste malgré tout très ennuyeux du point de vue du style (qui dépistera quoi que ce soit de jouissif dans l'acte d'écriture de Sartre sur cet cet ouvrage ?). Je rejoins donc entièrement Jules, quant à une très nette différence entre un homme ayant un art narratif et romancier certain, Camus donc, et Sartre dont il ne resterait probablement rien du côté de la forme si abstraction du sens pouvait être faite de ses écrits (mais c'est sans doute difficile).

La différence réside sans doute, en ce que j'imagine plus facilement un Camus souriant en écrivant et un Sartre faisant acte de littérature sans trop se marrer.

Jules
07/10/2004 @ 15:42:42
Sartre me paraît un être essentiellement intellectuel, même si nous savons qu'il était grand amateur, et consommateur, de femmes.
Pour le reste, je me souviens d'un auteur (mais je ne retrouve pas son nom) qui a dit: "Il ne doit pas se sentir pisser cet homme là !..."

Je ne le vois pas en gardien de foot, comme Camus, je ne le vois pas s'extasier sur la nature, les couleurs, les odeurs, le soleil, la mer etc... Je le vois bien mieux devant une feuille de papier ou donnant cours.

Cela n'a rien de péjoratif, à chacun ses goûts et sa vie, mais je me sens bien plus proche de celle, plus variée, de Camus. Et l'oeuvre de ce dernier se ressens de cette différence.

Lucien
avatar 07/10/2004 @ 20:50:18
Moi aussi, la vieille opposition Sartre/Camus aurait un peu tendance à me gonfler, pour parler moderne. Personnellement, j'ai été amoureux de Camus à quinze ans et l'ai longtemps placé très haut. A l'époque, je jouais l'opposition - sans trop connaître Sartre alors. Puis La nausée m'a coupé le souffle. Vers les vingt-cinq ans, j'ai admiré Les mots et surtout la technique narrative des Chemins de la Liberté.
Ennuyeux, Sartre? Peut-être moins que le Camus du Malentendu ou des Justes.
Mais pourquoi toujours vouloir opposer?
Pourquoi penser que ces auteurs restent grâce à leurs idées, pas à leur écriture ? Ce qui permet à un écrivain de durer, à mon avis, c'est sans doute un mélange des deux. Mais on ne peut passer à la postérité sans style.
Je relis avec une joie totale L'étranger, La chute, Noces, Le mur ou Les mots. Pas pour les idées. Parce que ce sont des oeuvres d'art achevées suivant mes critères. Et je relirai un de ces jours Les Chemins de la Liberté car je m'en souviens comme d'une extraordinaire leçon narrative.

Balamento 07/10/2004 @ 22:46:27
Ennuyeux, du point de vue de la forme, Sartre, oui, très certainement. Prenons les premières lignes des mots :

"En Alsace, aux environs de 1850, un instituteur accablé d'enfants consentit à se faire épicier. Ce défroqué voulut une compensation : puisqu'il renonçait à former les esprits, un de ses fils formerait les âmes ; il y aurait un pasteur dans la famille, ce serait Charles. Charles se déroba, préféra courir les routes sur la trace d'une écuyère. On retourna son portrait contre le mur et fit défense de prononcer son nom. A qui le tour ? Auguste se hâta d'imiter le sacrifice paternel : il entra dans le négoce et s'en trouva bien. Restait Louis, qui n'avait pas de prédisposition marquée : le père s'empara de ce garçon tranquille et le fit pasteur en un tournemain."

et prenons, les lignes du premier Camus qui me tombe sous la main :

"Une mouche maigre tournait, depuis un moment, dans l'autocar aux glaces pourtant relevées. Insolite, elle allait et venait sans bruit, d'un vol exténué. Janine la perdit de vue, puis la vit atterrir sur la main immobile de son mari. Il faisait froid. La mouche frissonait à chaque rafale du vent sableux qui crissait contres les vitres. Dans la lumière rare du matin d'hiver, à grand bruit de tôles et d'essieux, le véhicule roulait, tanguait, avançait à peine. Janine regarda son mari. Des épis de cheveux grisonnants plantés bas sur un front serré, le nez large, la bouche irrégulière, Marcel avait l'air d'un faune boudeur. A chaque défoncement de la chaussée, elle le sentait sursauter contre elle. Puis il laissait retomber son torse pesant sur ses jambes écartées, le regard fixe, inerte de nouveau, et absent."

Evidemment, on pourrait argumenter qu'il ne sert à rien de comparer, que c'est absurde, vain, idiot, j'en passe et des meilleures... Mais laquelle de ses deux entame a-t-elle le plus de chances, stylistiquement parlant de séduire majorité de lecteurs adultes (je ne compte pas les abonnés à playboy) ?

Jules
07/10/2004 @ 22:58:33
Je jure que je ne me lève pas pour aller à ma bibliothèque et je parie que ces lignes sont les premières de la première nouvelle de "L'exil et le royaume" de Camus

Cela dit je ne donne pas tort à Lucien. Sartre, comme écrivain ce n'est pas n'importe qui non plus. "Les chemins de la liberté" je m'en souviens assez bien mais ce n'est pas une oeuvre qui m'a profondément marquée comme bien d'autres.

Cela dit, les nouvelles du "Mur" ce n'est pas n'importe quoi ! Quant aux deux pièces de Camus citées, il est vrai que ce sont ses moins bonnes, mais "L'engrenage" et "Les jeux sont faits" de Sartre, pas terribles ! ... Mais ce n'est pas un concours...

Sorry, mais je poursuivrai demain matin...

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