Shelton
avatar 04/08/2025 @ 10:01:27
L’été c’est fait pour lire et j’aime beaucoup lire en fonction de mes déplacements, de mes visites, de mes rencontres. Après tout, l’été est une série de surprises, d’imprévus, de moments qui deviennent importants avec les discussions, les échanges, les lectures… Par exemple, fin juin, j’ai fait escale en Belgique, à Bruxelles, et j’ai lu depuis plusieurs ouvrages sur l’histoire de ce royaume que je ne connaissais pas assez. Durant ce même séjour, en marchant dans le parc de la place du Petit Sablon, j’ai vu quelques statues dont celle de Guillaume le Taciturne… Occasion de ressortir de ma bibliothèque l’ouvrage de Bernard Quilliet. Une lecture vieille de plus de trente ans et qui avait été suivie d’une belle rencontre avec l’auteur à la radio…

C’est vrai que lors de nos cours d’histoire, en France, on ne parle guère de Guillaume le Taciturne. Il faut dire qu’au départ, cet Allemand ne nous concerne que peu. Il devient Guillaume 1er d’Orange et là nos mémoires se réveillent : Orange, Pays-Bas, une couleur qui est restée pour ce pays… Guillaume est né en 1533 et il a été, dans un premier temps, un proche de l’empereur Charles Quint. Mais l’histoire retiendra qu’il fut l’instigateur de la révolte des Pays-Bas contre Philippe II, le fils et héritier de Charles et donc, à ce titre, le créateur des Pays-Bas. Les luttes contre l’Espagne seront très nombreuses et sa tête sera mise à prix, Philippe II promettant une belle somme à qui éliminerait Guillaume. Ce dernier fut victime de plusieurs tentatives et attentats. En 1584, il sera assassiné par Balthazar Gérard, un Comtois de chez nous. On peut aussi préciser que Philippe II mettra du temps à payer cet assassinat aux héritiers de Balthazar car lui, l’assassin, sera rapidement arrêté et horriblement exécuté. Je vais vous faire grâce des détails…

Pour être complet, ou presque, sur cette période, rappelons que c’est aussi le siècle des Guerres de religions, de ces grandes tensions entre catholiques et réformés, que ces conflits ne concernaient pas que des choix privés car le grand principe défendu par de nombreux princes était que les peuples devaient avoir les mêmes croyances que leurs princes… Ce qui explique aussi les conflits entre ces « Provinces du nord » et l’ « Espagne très catholique » …

Bernard Quilliet est un historien assez réputé pour ses connaissances sur le XVI° siècle et j’avoue avoir lu plusieurs ouvrages de lui dont « Christine de Suède, un roi exceptionnel » et « Louis XII, père du peuple ». Deux excellentes biographies. Il a aussi participé, sous la direction de Georges Duby et Emmanuel Le Roy Ladurie à l’Histoire de la France urbaine.

Voilà, un voyage, une statue et une tranche d’histoire à travers une bonne lecture et, comme l’été c’est fait pour lire, bonne lecture !

Shelton
avatar 05/08/2025 @ 06:25:13
L’été c’est fait pour lire et, mes étudiants doivent s’en souvenir, du moins je l’espère, j’ai toujours été curieux de lire les ouvrages dans lesquels un auteur reprend un fait divers pour nous raconter non pas l’histoire de Paul, Jacques ou Bertine, mais une tranche de vie à travers un fait historique ou médiatique. Car généralement, à ce moment là on parle de nous, de la société, de l’humanité et cela nous fait réfléchir… Dans les grands classiques, je pense à André Gide qui va suivre une cour d’assises mais on peut choisir de relire, aussi, Jean-Baptiste Harang et son Bordeaux-Vintimille, ce que j’ai décidé de faire…

Faut-il d’abord rappeler la réalité des faits criminels survenus dans la nuit du 13 au 14 octobre 1983 ? Oui, je sais, c’est assez loin dans nos mémoires mais ceux qui étaient alors en âge de comprendre doivent se souvenir… Trois jeunes gens, ivres, qui rejoignaient Aubagne pour s’engager dans la Légion étrangère défenestrent du train un Algérien qui après trois jours passés à Bordeaux rentrait chez lui à Oran… Avant d’être jeté sur le ballast, il a été insulté, frappé, poignardé et peut-être était-il déjà mort au contact de cette terre qui n’était pas la sienne. Le train était entre Agen et Montauban…

Jean-Baptiste Harang, ancien journaliste de Libération, décrit ces faits avec retenue, sans y mettre de l’affect, sans porter de jugement comme s’il décrivait une scène de façon scientifique. Pour un peu, on entendrait les sons des coups, les réflexions intérieures de chacun des acteurs, de la victime, du contrôleur du train et même, qui sait des presque cent personnes qui voyageaient dans le wagon incriminé ou celui d’â côté…

Jean-Baptiste Harang a suivi le procès, il a vu comment ces trois jeunes gens se sont défendus, certains voulant échapper à la justice en se donnant le moins mauvais rôle et un autre réclamant une peine maximale pour un crime qu’il savait horrible… Il parle aussi avec des mots qui font mal de ces parents, venus d’Algérie, qui ne maitrisent pas la langue française, qui viennent de perdre leur fils dans un drame qu’ils ne comprennent pas… Victime de la bêtise, du racisme, de l’alcool…

Ce jeune Algérien qui venait en France pour la première fois ; qui était fasciné par notre pays, qui trouvait les gens heureux et sympathiques, accueillants et curieux, s’était rendu à Bordeaux pour rencontrer la correspondante qu’il y avait depuis quelques années, depuis qu’une professeure avait pris l’initiative de travailler au rapprochement des habitants de deux pays au lourd passif…

Les noms sont changés, le texte est très bien écrit loin de toutes émotions pour que chacun s’interroge sur l’essentiel : si j’avais été dans l’un des deux wagons incriminés, qu’aurais-je eu comme attitude ? Courageux, faible, indifférent ? Ce n’est pas à moi de répondre pour chacun. Mais la lecture de ce petit livre, après tout l’été c’est fait pour lire, devrait permettre une véritable réflexion de fond, salutaire et indispensable… Bonne lecture !

Shelton
avatar 06/08/2025 @ 07:56:13
L’été c’est fait pour lire et voici le nouvel épisode de « Assassins sans visages », le tome quatre, L’île au rébus, de Peter May. C’est une lecture estivale, sans aucun doute, puisque ce roman se déroule essentiellement sur l’île de Groix, en Bretagne, au large de Lorient. Un polar à lire donc les pieds dans l’eau ou presque, la tête à l’ombre même si cet été la météo est complexe, imprévisible et pas si favorable que cela. Enfin, c’est ce que me dit mon fils qui campe en Auvergne…

Revenons donc à Groix et à notre ami Enzo McLeod. Pour ceux qui n’ont pas lu les chroniques précédentes, je vous propose un très rapide résumé sachant que l’on peut quand même lire ces sept romans de la série de façon individuelle. Enzo, un soir qu’il avait trop bu, il est quand même écossais et aime beaucoup le whisky, a fait le pari que, lui, ancien médecin légiste, arriverait avec l’aide scientifique d’aujourd’hui à résoudre sept énigmes criminelles qui avaient été laissées sans solution par la police française. Ces cold cases, en quelque sorte, avaient été présentés dans un ouvrage par le journaliste Raffin. Pour être complet, Enzo est assisté par Nicole, une étudiante brillante, il a deux filles et un fils de trois femmes différentes, la commissaire de Cahors en pince pour lui mais il ne s’est jamais rien passé entre eux… Voilà, vous en savez largement assez pour vous plonger dans ce roman qui va traiter de l’assassinat de d’Adam Killian sur l’île de Groix !

Il s’agit donc d’un assassinat ancien et Enzo va sur l’île prendre contact avec les survivants de cette horrible affaire : la fille de la victime, le principal suspect, le médecin traitant, quelques voisins… Sur une île, tout le monde se connait ou presque et donc immédiatement il engrange des informations… Mais comment s’y retrouver, comment hiérarchiser, comme trouver la pertinence dans cette masse… Un gendarme, un tenancier de bar, un ami…

Bon, n’en disons pas trop pour vous permettre une bonne lecture et je dois avouer, pour ma part, que ce roman est très bien construit. Peut-être même un des meilleurs de la série, allez savoir ! L’ambiance de l’île donne un petit côté huis-clos pas désagréable alors-même que certains éléments de ce drame proviennent de fort loin dans le passé…

Nous sommes-là dans le quatrième épisode de cette série et je rappelle que j’avais commencé, un peu par hasard, par le cinquième. Je vous confirme donc, pour ceux qui sont intéressés et qui n’ont pas encore commencé la série, de bien prendre les romans dans l’ordre, c’est beaucoup plus clair… Enfin, après avoir lu les cinq premiers romans, je valide deux éléments : Peter May est un excellent auteur de polar et cette série « Assassins sans visages » est tout simplement excellente et adaptée à l’été !

Alors, comme l’été c’est fait pour lire, très bonne lecture !

Shelton
avatar 07/08/2025 @ 08:10:55
L’été c’est fait pour lire et il est temps de glisser une bande dessinée dans notre pile à lire cet été. J’ai décidé de faire une place à Lewis Trondheim, à l’Association et un personnage atypique mais de bonne compagnie, Richard. Richard se livre à une activité qui n’est pas généralisée durant l’été… quoi que… Richard se rend dans un cimetière… et on va se permettre de rire un peu !

Je ne vais pas tout vous dire sur Lewis Trondheim car il est quand même assez connu comme auteur de bande dessinée. Avant toute chose je précise que l’on dit généralement que Lewis Trondheim n’aime pas les journalistes et d’une part j’ai eu une étudiante qui en garde un souvenir catastrophique (elle a fini en pleurs et je dois dire que Trondheim avait été très désagréable, pour ne pas dire plus) et, d’autre part, je l’ai interviewé deux fois sans aucun problème et même une fois devant mes étudiants et il avait été adorable… Donc, oublions ce point pour passer à l’auteur Trondheim !

Il est connu pour son travail peuplé de personnages ayant des têtes d’animaux, les savants parlent de zoomorphisme, et on peut citer la première, Lapinot et les carottes de Patagonie. Je suis un lecteur assidu de l’univers qu’il a créé avec Johan Sfar, « Donjon » (avec pour moi une légère préférence pour les « Donjon Parade »). Mais j’ai aussi adoré le travail pour la jeunesse réalisé avec Fabrice Parme, « Le roi catastrophe ». Mais ce ne sont là que quelques éléments d’une œuvre considérable qui lui permit en 2006 de recevoir Le grand prix de la ville d’Angoulême. L’année suivante, président du jury du festival, il crée la mascotte du festival, un chat, surnommé le Fauve. Ce « personnage » est toujours présent depuis sa naissance et accompagne ce grand festival qui pourrait bien prochainement connaitre quelques grosses difficultés… Trondheim aurait annoncé qu’il boycotterait la prochaine édition mais c’est une autre affaire…

Enfin, Trondheim est aussi éditeur depuis longtemps. Il a cocréé « L’Association » en 1990, devient éditeur chez Delcourt en 2005 avec la collection Shampoing, crée la revue Papiers en 2013… et ce serait trop long d’être exhaustif avec un auteur si prolifique !

Et Richard me direz-vous ? Les aventures de Richard sont des petits récits dans la collection Patte de Mouche En quelques cases, quelques dessins, Lewis nous raconte une histoire, fait vivre ses personnages et on mesure la puissance narrative à cette capacité à nous plonger dans le très profond avec légèreté… et j’adore ! Alors, comme l’été c’est fait pour lire n’hésitez pas à suivre Richard au cimetière !

Très bonne lecture !

Shelton
avatar 08/08/2025 @ 07:14:26
L’été c’est fait pour lire et j’avoue sans difficulté avoir toujours eu du mal à comprendre l’alliance contre nature entre Hitler et Staline en 1939. Je sais que certains se contentent de dire que les dictateurs sont tous les mêmes et que cela explique cette alliance. D’autres, plus cyniques, pensent que la fin justifie les moyens et donc qu’une alliance « gagnant-gagnant » est toujours bonne à prendre. Enfin, ceux qui sont historiens cherchent à comprendre et finissent par trouver des explications, plus ou moins fiables, avec les influences des uns et des autres, en particulier des chefs militaires, des diplomates, des chefs de partis… Voici deux ouvrages qui proposent quelques explications…

Le premier est celui de Vladimir Fédorovski. Il s’agit d’un acteur engagé dans la vie russe durant un certain temps et qui a eu l’occasion d’être en contact avec deux sources d’information différentes mais solides : un, les sources en russes non traduites en français et, deux, le témoignage direct de certaines personnes témoins ou très proches des témoins. Son ouvrage, « Le fantôme de Staline », est un livre passionnant qui ne traite pas essentiellement de l’alliance Staline-Hitler même s’il l’aborde clairement. Pour cette question, la thèse soutenue et de façon convaincante et pertinente, c’est que Staline savait qu’il allait devoir lutter contre Hitler mais qu’il n’était pas prêt. Il lui fallait gagner du temps pour monter en puissance. Cette alliance qu’il savait temporaire et illusoire, c’était une source de temps… Il aurait préféré encore un peu plus de temps mais quand Hitler se retourne contre la Russie, il n’est pas surpris…

Le livre contient beaucoup d’autres informations factuelles sur le « règne » de Staline et l’ouvrage mérite une bonne lecture estivale…

Le second livre, La collaboration Staline-Hitler de Jean-Jacques Marie, est d’une nature différente même si tout n’est pas si éloigné. Les calculs de Staline remontraient à plus tôt soit dès 1933. Il y aurait eu une sorte de double jeu de Staline vis-à-vis des démocraties occidentales et de la dictature d’Hitler. Hitler, très vite aurait fait comprendre à Staline qu’une entente était possible, le chef nazi voyant là l’occasion de jouer tranquille avec l’Europe centrale, la Pologne en tout premier lieu… Il faut dire que lorsque deux ours se partagent une proie rien ne semble les perturber ! Seulement, comme on sait, deux ours ne peuvent pas s’entendre trop longtemps, à un moment la faim les tiraille et ils tentent chacun de prendre la proie sans partager et la guerre devient inévitable !

Deux livres passionnants et une question qui n’est que partiellement résolue car il y a encore, du moins à mon humble avis, quelques points non éclaircis. Et dans tout cela, il y a comme une odeur d’un ours qui voudrait manger l’Ukraine en s’alliant avec un autre ours qui voudrait bien en prendre toutes les richesses minières…

Je ne peux donc que vous inciter à lire ces deux ouvrages éclairants cet été et, comme l’été c’est fait pour lire, bonne lecture !

Shelton
avatar 09/08/2025 @ 07:32:02
L’été c’est fait pour lire et quel bonheur d’avoir vu sortir en librairie cette « Petite philosophie de la sieste » moi qui pratique cette activité depuis si longtemps… Enfin, un écrivain osait me donner raison !

Tout d’abord, un petit mot sur cet écrivain, Sébastien Spitzer. Au départ, un journaliste qui a travaillé avec Jeune Afrique, Canal +, Marianne, M6, TF1 ou Rolling Stone… Mais il est devenu écrivain, essayiste, enseignant à Sciences Po… Il a même été finaliste du Goncourt des lycéens avec son roman « Le cœur battant du monde ». On peut ajouter, il ne s’en cache pas, qu’il a été et est encore un pratiquant de la sieste et ça donne une véritable crédibilité à son petit opus que j’ai adoré !

Souvent, en tous cas si je me souviens bien de tout ce que j’ai entendu ici ou là, la sieste est mal vue dans notre pays et dans notre culture. Un peu comme s’il s’agissait de temps perdu… Alors, la sieste est-elle du temps de perdu ?

C’est avec cette question en tête qu’il faut aborder ce livre. Très rapidement on comprend le parti-pris de l’auteur mais on prend aussi en compte ses arguments (qui sont partagés avec de nombreuses personnes sur cette planète). Il nous montre (et démontre) que la sieste est à l’origine de bienfaits incroyables car elle soulage, elle répare, elle aide le cerveau, accompagne le corps, déstresse… Parfois, elle est même à la source du génie, de la création, de la découverte, de la poésie… Il ne faut quand même pas oublier que si Newton n’avait pas fait une petite sieste au pied d’un pommier il n’aurait pas pris une pomme sur la tête et serait passé à côté de la loi de la gravitation…

Et c’est là que Sébastien Spitzer explique les choses le mieux, dépassant largement les anecdotes… Newton recherche avec assiduité, il engrange des milliers d’informations et la sieste intervient non comme une baguette magique incroyable mais comme un instant de sérénité qui permet au cerveau de tout remettre en ordre : là, la pomme tombe et la gravité parait évidente à Newton !

Cet ouvrage est un hymne à la sieste, une réflexion profonde en faveur de la sieste, une défense évidente de tous ceux qui la pratiquent depuis longtemps (merci cher Sébastien du fond du cœur !) et un petit mode d’emploi pour ceux qui voudraient tenter leur chance !

Et quel défi de pouvoir lire ce texte durant l’été et avoir la possibilité de travaux pratiques dès vos vacances estivales. Attention, il y a un risque bien réel d’addiction car une fois que l’on y a pris goût, il est bien difficile de s’en passer ! Enfin, je parle par expérience !

On a le droit, avant ou juste après sa sieste, de lire quelque peu puisque l’été c’est fait pour lire ! Donc, bonne sieste et bonne lecture !

Shelton
avatar 10/08/2025 @ 06:55:10
L’été c’est fait pour lire et il est temps de clore non pas la série « Assassins sans visages » de Peter May, car il me restera un volume à lire, mais l’affaire de ce pari stupide lancé par Enzo MacLeod à la fin d’un repas trop arrosé, c’est-à-dire cette aventure de résoudre sept crimes que la police française n’avait pas résolu et qu’un journaliste avait regroupé dans un ouvrage… Ce sixième volume s’intitule « Un alibi en béton » et je vous dois immédiatement quelques explications…

En effet, on parle de sept crimes en suspend et seulement six volumes. Quid du septième assassinat… Pas de panique les amis, c’est tout simplement que ce sixième volume permettra de régler cette fois-ci deux affaires complexes mais possédant un lien, un lien certain mais que peu de lecteurs verront venir car Peter May nous manipule avec talent et nous plongerons abondamment dans les fausses pistes et autres chemins sans issue… Chapeau bas, monsieur le romancier !

C’est aussi un moment clef dans la vie de la famille McLeod car un certain nombre d’affaires et secrets vont trouver leur issue pour le bien ou presque de tous les acteurs. Presque car certains sentiront ce coup final, bien sûr, on est quand même dans une affaire policière, ne l’oublions pas !

Je me dois de vous donner quelques éléments ne serait-ce que pour vous donner envie – ou pas – de lire ce roman. Tout part de la disparition d’une femme, Lucie Martin. Longtemps après sa disparition, on retrouve son corps dans un étang dont le niveau de l’eau a baissé drastiquement à cause de la canicule. On était en 2003… L’enquête est reprise par Enzo McLeod en 2011 et 8 ans après, il est toujours difficile de rafraichir les mémoires et d’obtenir des informations fiables…

Un coupable présumé, un meurtrier récidiviste enfermé en prison, d’autres femmes disparues, une affaire complexe avec des intérêts divers et parfois impératifs, Enzo se trouve face à une série d’impossibilités car « un alibi en béton » … Mais comme un ami le suggère à Enzo, un alibi n’est qu’un aspect fragile des choses, on peut en donner un, en fabriquer un ou ne pas en avoir et être malgré tout innocent !

Tous les éléments sont réunis pour faire un bon roman policier, y compris l’amour qui va arriver dans la vie d’Enzo quand un personnage rencontré lors du premier roman que j’avais lu de la série fait son grand retour… Que du bonheur au milieu d’un drame effroyable !

Une fin de qualité pour ce défi mené à bout par Enzo et je suis très heureux de savoir qu’il y a encore un roman pour prolonger la vie en compagnie de ces personnages agréables et pour la plupart bien sympathiques… Alors, comme l’été c’est fait pour lire, n’hésitez pas à plonger dans cette série policière et romanesque, Assassins sans visages de Peter May !

Shelton
avatar 11/08/2025 @ 08:46:45
L’été c’est fait pour lire et lire c’est fait pour nous procurer du plaisir. Car, si ce n’était pas le cas, on ne le ferait pas pendant l’été, les vacances, la sieste… Certes, on peut nous parler de l’information, de la réflexion, de la culture mais il faut absolument adjoindre ce mot de plaisir… C’est là, probablement, que certains prescripteurs de la lecture ont quelque peu péché… Je me souviens, durant une grande partie de ma jeunesse avoir eu des enseignants qui oubliaient cette notion du plaisir… Moi, cette rencontre a eu lieu quand j’étais en troisième…

Nous avions un professeur de français magicien. Il a réussi en quelques mois à me lancer dans la littérature en me démontrant que, là derrière les pages, les mots, les phrases, il y avait à découvrir un immense bonheur. Il ne l’a pas fait avec des résumés d’œuvres, des romans réécrits, des livres pour la jeunesse ou je ne sais quels pis-aller ! Non, avec lui ce fut Corneille, Edgar Poe, Balzac…

Alors, me direz-vous, quelle était sa solution, son remède, sa formule magique ? Il oubliait, au moins au départ, tous les éléments universitaires dont sa tête était probablement et même certainement remplie, pour ne garder que les personnages, l’aventure humaine, le vivant… Il voulait qu’il y ait un choc, une rencontre, une envie permanente de tourner la page… Provoquer cette sorte d’addiction à garder le livre en main… Il oubliait les questionnaires à la gomme que j’ai trop vu durant les études de mes enfants : dans le chapitre 5, quelle est la couleur de la robe de l’héroïne ? Mais on s’en fiche et quelle importance par rapport à ce qu’elle fait dans ce chapitre ! On a le droit d’oublier certains détails quand on est dans une action si forte !

Il inventait toutes les activités possibles pour que la lecture devienne une fête. Je me souviens en particulier d’une bibliothèque tournante qu’il avait instaurée dans la classe. Chaque collégien devait apporter un livre de chez lui et les livres ont tourné… C’est ainsi que j’ai lu pour la première fois – et pas la dernière – Les aventures d’Arthur Gordon Pym d’Edgar Poe. Certes, ce n’était pas au programme mais cela provoqua chez moi le déclic : un classique pouvait être passionnant ! Et quand j’aime, j’ai tendance à devenir boulimique : j’ai enchainé avec les Histoire extraordinaires, les Nouvelles histoires extraordinaires… Puis, fasciné par le théâtre de Pierre Corneille je lisais cette année plus de trente pièces de théâtre avant d’aller en voir une « pour de vrai », nouveau choc émotionnel qui fit naître mon goût du spectacle vivant…

Ce n’est pas par nostalgie que je vous raconte cela mais tout simplement pour que nous trouvions le chemin de la transmission du plaisir de la lecture. Il y a peu, une de mes petites filles m’a demandé pour ses dix ans un ouvrage de la collection La Pléiade… Elle me laisse le choix entre les Contes d’Andersen, Robinson Crusoé et une anthologie de la poésie française… Le plaisir serait-il en train de naitre ? Qui sait ?

N'oublions pas de donner aux jeunes de bonnes lectures, c’est vital ! Et comme l’été c’est fait pour lire, bonne lecture !

Shelton
avatar 12/08/2025 @ 08:52:24
L’été c’est fait pour lire et c’est avec plaisir que je voudrais aujourd’hui vous parler d’un ouvrage passionnant, « Le crépuscule des rois, le dernier âge d’or de la monarchie, 1901-1914 » de Philippe Erlanger. Alors, bien sûr, vous l’avez bien compris, on ne traite pas ici de la monarchie française mais européenne car la France est déjà une république dans cette période… On va donc aborder la monarchie britannique, allemande, autrichienne, espagnole, belge et russe. La pertinence est d’autant plus évidente que de très nombreux monarques sont cousins, plus ou moins éloignés, et qu’ils vont ensemble précipiter l’Europe dans la plus terribles des guerres…

L’ouvrage est tout d’abord très bien écrit et construit avec finesse. En effet, tout en donnant l’impression au lecteur d’aborder la question royaume par royaume, très rapidement, on comprend que l’on va vivre un récit cohérent et presque chronologique. Alors, oui, à chaque chapitre on a bien un monarque spécifiquement au centre des débats mais, de chapitre en chapitre, la guerre se met en place, s’affine, devient presque inévitable… La dernière partie du livre est un épisode époustouflant durant lequel ces monarques déclenchent l’irréversible avec, avouons-le, l’aide d’une république française qui n’est pas innocente…

Dans la partie des études royaume par royaume, Philippe Erlanger montre comment ces monarques étaient persuadés, tous les uns plus que les autres, d’être infaillibles, de tout comprendre, d’avoir la capacité de tout imposer à leurs cousins sans tenir compte de leurs conseillers politiques et diplomatiques. Certes, chacun avait bien son caractère mais ils avaient en commun de ne plus rien maîtriser et d’être dépassés par leur propre peuple, les représentations parlementaires, les ministres. Ils n’étaient que des monarques d’apparat et ils ne le savaient pas ! En revanche, très important pour le lecteur, ces chapitres permettent une révision complète de l’histoire de ces pays avant la Grande guerre. Une monarchie anglaise qui doit apprendre à se passer de la grande Victoria, un empire allemand qui a tout à prouver, une Russie aux portes de sa révolution, un empire austro-hongrois vieillissant pour ne pas dire agonisant, une monarchie espagnole dont je ne connaissais presque rien et un roi Alphonse XIII qui est un monarque surprenant (il décèdera en exil en 1941) et, ce qui nous place dans le prolongement de deux autres de mes chroniques estivales, une monarchie belge qui cherche le chemin de sa neutralité avec en premier lieu Léopold II pas très apprécié dans le monde puis Albert 1er qui aura à vivre la Première Guerre mondiale…

Puis, et c’est le chapitre à lire à tout prix, on finira par ces quelques jours avant le déclenchement de la guerre, celui qui permet de voir ces échanges de messages parfois déconnectés de la réalité, transmis tronqués avec des réponses ignorées, bref, celui qui fait dire à Philippe Erlanger que ces monarques étaient surtout incompétents… Ils ont entrainé dans la guerre l’Europe, une guerre meurtrière mais on peut douter de la compétence de ceux qui dirigent le monde et nous entrainent à leur tour dans la guerre… Tout recommencerait-il ? A vous de vous faire votre idée… bonne lecture puisque l’été c’est fait pour lire !

Shelton
avatar 13/08/2025 @ 05:56:39
L’été c’est fait pour lire et, même si vous aimez la bande dessinée, il est possible que vous ne lisiez pas de façon régulière la Revue dessinée… On ne peut quand même pas tout lire ! L’ouvrage que je vous propose aujourd’hui est un recueil de cette revue sur le thème de la crise écologique et climatique. Avec certains incendies de cet été et la sécheresse enregistrée dans certains lieux, cette lecture semble s’imposer… Non ?

Commençons par une information factuelle, cette revue propose des enquêtes et des reportages menés par de véritables journalistes et dessinés par des dessinateurs de bandes dessinées professionnels. Chaque partie, est donc à la fois une véritable source d’information, un récit dessiné de qualité et une possibilité d’améliorer vos connaissances citoyennes car il y a bien urgence pour les citoyens de pousser, enfin, les politiques dans le sens de la responsabilité devant l’humanité et l’Histoire !

Alors, je sais bien que certains sont encore là à ânonner que « tout va bien Madame la Marquise » en attendant que tout s’écroule, mais il va falloir quand même comprendre que d’une part, il y a bien une période de dérèglement climatique, que l’activité humaine est bien l’un des acteurs de cette période complexe et périlleuse pour la planète et que, même si les chances de réussite deviennent de plus en plus faibles, les êtres humains peuvent améliorer les choses… Ce dernier point est complexe mais il faut tenter de faire ce que l’on peut. Ne rien faire (ou pire, agir dans le sens contraire) c’est la garantie d’un bouleversement encore plus fort avec des conséquences considérables…

L’ouvrage que je vous propose d’ouvrir vous parlera ainsi de Total et des énergies fossiles (ou comment cacher la vérité pour continuer à prospérer avec des actionnaires inconscients), des glaciers et de la neige, richesse en disparition (on ne va quand même pas faire de la neige artificielle en accentuant la chaleur rejetée dans l’univers et augmentant le réchauffement climatique !), du dégel de certaines terres du Grand nord qui provoquent des déplacements massifs de populations, humaines et animales, des algues vertes en Bretagne et du chlordécone dans les Antilles ( les « doux » méfaits de l’agriculture intensive qui fait des ravages !), on s’informera, bien sûr, sur les écosystèmes, la biodiversité et la façon de respecter durablement la nature… et, bien sûr, ce ne sera pas tout, mais on ne peut pas en quelques lignes ou minutes de radio lister entièrement toute la richesse d’information de cet ouvrage qu’il faut lire (et j’ai envie de dire avant qu’il ne soit trop tard !).

Les septiques ne seront pas concernés, c’est une évidence, mais pour les autres, c’est aussi une façon de réfléchir, d’ouvrir le débat en famille avec ses enfants ou petits-enfants car si les politiques n’osent pas travailler à changer le monde, c’est peut-être à nous tous de le faire ! Alors, puisque l’été c’est fait pour lire (et changer notre regard sur certains grands problèmes), je ne peux que vous dire : bonne lecture !

Début Précédente Page 4 de 4
 
Vous devez être connecté pour poster des messages : S'identifier ou Devenir membre

Vous devez être membre pour poster des messages Devenir membre ou S'identifier