Cyclo
avatar 28/03/2024 @ 17:25:27
Le tambour et la trompette (inspiré d'un poème russe)

Il était une fois une fanfare.
Les instruments s’entendaient bien entre eux et avec le chef.
Mais un jour, le tambour prit à part la trompette pour se plaindre du tambourineur :
« Vois-tu, j’en ai marre, moi, il ne m’aime pas. Toi, le trompettiste est toujours en train de t’embrasser sur la bouche, il t’aime, et ça doit te faire plaisir, non ? »
La trompette réfléchit un instant avant de répondre :
« Oui, c’est vrai, parfois je me dis que j’ai un amoureux ! Et toi, qu’est-ce que tu reproches à ton musicien ? 
— Eh bien c’est très simple. Toujours il me bat avec ses baguettes, il me fait mal et parfois il me roue de coups ! J’ai même l’impression de ressembler aux femmes battues ! J’en peux plus ! Dès que je le vois, ma peau se met à trembler. Un de ces jours, il finira par la crever, et ce sera un tambouricide… »
La trompette soupira, réfléchit à nouveau et répliqua :
« Mon pauvre ami, je n’avais pas pensé à ça. Je croyais que les coups de baguette, ça te plaisait, ça fait un son important pour la musique de la fanfare, ça lui donne un rythme merveilleux, les enfants et les grands qui nous suivent sont contents.
— Oui, c’est vrai, mais ça me fait mal, et si ça continue, je quitterai la fanfare et m’en irai par les chemins à la recherche d’un instrumentiste plus doux avec moi. Je voudrais des caresses, moi aussi, comme les autres instruments.
— Mais mon pauvre tambour, c’est aussi un peu de ta faute. On dirait que tu aimes ça, depuis toujours, tu ne sais marcher qu’à la baguette !
— C’est pas une raison, je n’en peux plus ! On verra ce qu’on verra ! »
Et, à la répétition suivante, dès que le tambourineur lui tapa dessus, le pauvre tambour se mit à crier : « Hou, aïe, ouille », comme s’il appelait au secours, et ça faisait des sons très désagréables.
Le chef de la fanfare engueula l’homme au tambour
«  Tu le fais exprès ! C’est à toi de faire sonner ton tambour au rythme voulu. Et s’il le fait pas, c’est qu’il a fait son temps, il est temps d’en prendre un nouveau ! »
Quand il rentra chez lui, le musicien rangea son malheureux tambour dans un placard et il alla en acheter un neuf.

Le tambourineur avait un fils, prénommé Marin. Le petit Marin avait cinq ans. Et un jour, en farfouillant dans les placards, il trouva le tambour. Il demanda à son père :
« Je peux jouer avec, Papa ?
— Oui, mon petit lapin (Marin avait horreur d’être appelé comme ça, il aurait préféré mon petit matelot, comme disait sa maman), mais tu sais, tu n’en tireras rien, le tambour ne fait plus que crier. »
Le petit Marin prit le tambour et le porta dans sa chambre. Il caressa la peau du tambour, la trouva très lisse et très douce, et finit par le caresser, comme il faisait avec ses peluches.
Le tambour frémit d’aise :
« Enfin quelqu’un qui m’aime », pensa-t-il.
Petit à petit Marin apprivoisa le tambour. Celui-ci est devenu le jouet favori du garçon. Celui-ci lui donne de la main des petites tapes amicales qui donnent de jolies sonorités. Tous deux s’entendent très bien.
Et la nuit, le tambour dort sur le lit à côté de Marin, dont il est devenu le doudou favori.

Spirit
avatar 29/03/2024 @ 10:14:24
C'est un jolie conte, plein de tendresse et de leçons à retenir.

Saint Jean-Baptiste 29/03/2024 @ 17:46:33
Cette histoire est amusante, Cyclo et c’est bien écrit, particulièrement les dialogues.
Maintenant dis nous ce qu’il doit au poème russe. ;-))

Cyclo
avatar 29/03/2024 @ 20:50:03
Le début; La fin est entièrement de moi à partir du moment où le tambour fait des sons discordants. Et les dialogues ont été largement modifiés.

Myrco

avatar 30/03/2024 @ 09:31:28
En somme, si je comprends bien, tu as transformé un conte cruel en une histoire touchante, positive qui parle au coeur et à notre âme d'enfant. Si on pouvait ainsi modifier la réalité si désespérante...Merci Cyclo pour ce joli texte.

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