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C'était un robinet classique, en laiton, de ceux que l'on trouve au fond du jardin pour arroser les fleurs ou bien dans les sous-sols. Simplement il était mal fermé ou avait une fuite car l'eau se concentrait à un point de la sortie et faisait petit à petit le tour de l'embouchure jusqu'à revenir au point de départ et grossir, devenant lourde, à en tomber puis laissant la place à une autre formation, puis à une autre encore, sans discontinuer. Ces gouttes tombaient, cinquante centimètres plus bas sur le front d'un homme, attaché sur une table par des sangles de cuir serrées fortement, la tête bloquée de part et d'autres afin de recevoir la goutte toujours au même endroit, à intervalles régulier. La goutte tombait inexorablement, sans aucunes autres fonctions que de céder sa place à une autre et de s'écraser sur le front du pauvre homme. Personne autour, il était seul allongé sur sa table un bâillon fait d’adhésif large et noir en travers de la bouche l’empêchant de proférer autres choses que de vagues protestations, de petit cris étouffés et parfois, lorsque ses forces le lui permettaient un vague cris qui ne portait pas plus loin que les murs sans fenêtres. Qu'avait-il fait ou pas ? Lui même ne le savait plus, bridé qu'il était dans ses moindres tentatives de bouger sinon d'esquiver, tout au moins de changer l'endroit ou la goutte inlassablement tombait. L'homme n'avait plus de volontés autres que d'en finir, il ne savait pas si cela faisait des jours, des semaines ou plus qu'il était là, à regarder la goutte se former puis tomber, insupportable tableau sous cet éclairage crus et mordant. Il aurait voulus mourir, il avait fait le tour de toutes les pensées qui lui avait permis un certain répit en s’extrayant de cet endroit. Mais son esprit n'était plus capables de formuler des pensées concrètes, elles n'étaient plus qu'un odieux mélange de mort de souvenirs et de questions. Il avait d'abords compté les gouttes pour grignoter les heures, mais bien vite il en avait perdu le compte. Il en était même à prier tous les dieux qu'il connaissait pour qu'ils interviennent d'une façon ou d'une autre dans ce supplice. Mais aucuns n'avaient daignés se pencher un tant soi peu sur son cas. Il lui semblait parfois que son front allait se creuser a force de recevoir toutes ces gouttes qu'il maudissait intérieurement. Tout à son obsession il n'entendit pas la clef tourner dans la serrure ni les gonds grincer. Il n'entendait plus rien que le petit ploc ! des gouttes sur son front. Ils étaient là mais il n'en savait rien. Il n'y avait que cette goutte qui tombait et dégoulinait le long de son visage. Que cette goutte, seulement elle...
Et bien on fait dans la joie je vois ! Vrai supplice chinois, celui de la goutte.
Ta relation est crédible et glaçante. J'espère juste que tu ne l'as pas expérimenté sur ta personne !
Ta relation est crédible et glaçante. J'espère juste que tu ne l'as pas expérimenté sur ta personne !
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