Shelton
avatar 26/09/2019 @ 15:11:14
Il y a deux ans, lors d’une série d’articles sur les présidents de la république Française, j’écrivais cela sur Jacques Chirac. A l’occasion de sa disparition, je me permets de reproduire le même texte sans en changer une ligne…

« Dans notre univers politique français, Jacques Chirac aura été un animal politique hors-normes. Certes, il n’est pas mort mais on peut considérer que sa carrière politique commencée en 1962 dans le cabinet de Georges Pompidou est maintenant terminée : plus de quarante ans au sommet de l’État, belle performance !

Après avoir fait l’ENA (promotion Vauban), il espérait devenir un jour directeur de l’aviation civile, il aura été secrétaire d’État, ministre, premier ministre et président de la République… Ministre ? Plusieurs fois, bien sûr, et aura touché aux finances, à l’agriculture et à l’intérieur… Premier ministre ? Sous Giscard d’Estaing et sous Mitterrand ! Quelle persistance dans la présence !

Mais de quelle couleur politique est ce fameux Jacques Chirac ? Là, l’analyse politique devient plus délicate et j’ai à peu près tout lu et son contraire… Il semble bien qu’il n’ait jamais été gaulliste mais plutôt pompidolien. On peut suivre ceux qui le classent comme viscéralement radical, cette forme de centrisme républicain qui habitait les régions rurales de la France, cette province lointaine de Paris mais bien attachée à la République, laïque, une et indivisible…

Certains vont jusqu’à penser que ses convictions n’étaient pas trop fortes, voire même qu’elles existaient en fonction du vent… Une girouette ? Non, pas réellement car il y a quand même quelques règles qui soutenaient son action politique : éliminer ses adversaires, écouter la France pour teinter ses discours de ces attentes, mettre la France au-dessus de tout ou presque – surtout si cela lui apportait des éléments positifs pour sa carrière – et surtout avoir une mémoire persistante pour se venger même à froid… Et il a ainsi duré !

Ses trophées de chasse sont nombreux. On peut trouver dans sa galerie les têtes empaillées de Jacques Chaban Delmas, Valery Giscard d’Estaing, Raymond Barre, Nicolas Sarkozy, Edouard Balladur, Alain Juppé, Philippe Séguin, Charles Pasqua, François Léotard… sans oublier tous les plus petits qui n’ont jamais pu prendre leur essor comme Michel Noir, Michèle Barzach…

Que pourrait-on garder de lui comme actions mémorables ? Peut-être, par exemple, le fait d’avoir tenu tête aux américains dans certains conflits au Moyen-Orient. Le discours de Dominique de Villepin, le 14 février 2003, discours ayant reçu l’aval de Jacques Chirac aura marqué les esprits et sera le symbole d’une politique étrangère indépendante des Etats-Unis…

Mais Jacques Chirac restera aussi dans l’histoire comme celui qui aura mis en sommeil le service national en France, qui aura dissous l’Assemblée en perdant la majorité (1997), qui aura été élu en face de Jean-Marie Le Pen en 2002 avec le soutien de la Gauche (Front républicain), qui aura soutenu Nicolas Sarkozy en 2007 en réalisant le minimum syndical…

Le paradoxe de ce président somme toute assez creux sur l’idéologie politique c’est de n’avoir retrouvé sa côte d’amour dans le cœur des Français que le jour où il a quitté le pouvoir… Les casseroles qui le suivaient avec un brouhaha sans fin se turent et on ne se souvint que de son amour et sa passion pour les arts premiers… et les combats de sumos !

Mais comme dans cette chronique on a toujours cherché le positif, citons quand même le discours du Vel d’Hiv où il a reconnu la responsabilité de l’État dans la déportation des juifs français ainsi que son discours sur l’esclavagisme… Peut-être un peu trop juste pour considérer Jacques Chirac comme un grand président français, si ce n’est par la taille… »

A chacun, aujourd’hui, de se faire son image et de la garder en mémoire !

Frunny
avatar 26/09/2019 @ 19:47:35
Merci Shelton pour ce "billet du soir".
Un Grand homme d'état vient de nous quitter avec ses qualités et ses défauts.
Loin des opinions politiques des uns et des autres, il me semble normal qu'un hommage lui soit rendu.
Par contre, je vomis les journaleux-carpettes qui lui trouvent toutes les qualités du monde.
Misérables médias !

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