Magicite
avatar 25/01/2019 @ 22:49:55
C’est son oncle Toto qui lui a fournit ce travail. Livrer des colis en vélo volant. Cela fait longtemps qu’il a passé l’âge de la raison et ne joue plus aux petites voitures; Hot wheels et Majorette sont remisés dans un carton qu’il garde par nostalgie des moments de jeux à les lancer et bruire de la bouche en imitant les moteurs ronflants sur le circuit du carrelage du couloir de sa maison. Aujourd’hui ce sont les pales de son vélo-coptére et du rotor qui vrombissent sous la vigoureuse poussée de son pédalier. Son grand cousin Bobo est aussi un livreur pour LePost, le conglomérat qui s’occupait de toutes les livraisons particulières. Des années avant LePost avait utilisé des drones radio-commandés comme c’était la mode à l’époque. Toutes les tâches étant effectuées par des robots les gens n’avaient plus de travail à faire et avaient ainsi plus de temps pour penser, aussi ils n’achetèrent plus rien et passèrent leur temps à se rendre des services gratuitement ou planter des légumes. Le potage devient aussi plus à la mode que les téléviseurs et écrans géants. Les livreurs, les fabricants et les industriels avaient une armée de robots à télécommande qui ne servaient plus à rien. Ils avaient bien essayé de faire commander et livrer les robots entre eux mais cela c’était vite avéré vide de sens, les robots n’avaient pas le cœur à s’extasier sur un colis déballé et une fois livré gardait le carton dans un coin où il ne bougeait plus. Quand les robots eurent faits des piles de leurs commandes qui dépassait du toit des maisons où il se logeaient les gens décidèrent de les arrêter. Des piles de colis non ouverts gâchait le ciel et masquait le soleil aux carottes.
Les drones et robots furent rangés dans des cartons et le travail comme les livraisons qu’ils effectuait furent confiés aux humains. Sûr la base du volontariat bien sûr car après avoir gaspillé autant de colis personne n’aurait pu être payé.

Bobo avait 2 ans de plus. Pour un garçon de 15 ans son aîné c’est un modèle, surtout qu’il sait démonter et remonter un vélo-coptére pour le réparer même en plein vol.
Mais ce jour là Bobo était malade. Il avait attrapé le rhume de l’herbe à chat. Son grand cousin avait bien essayé de se rendre à l’embarcadère d’où partent tout les livreurs, à vélo-coptère ou en chameauto. Les chameautos sont des véhicules au nom trompeur puisqu’il s’agit exclusivement de dromadaires avec des roues, ce qui est bien plus confortable que des chameaux avec des roues, et permettent la livraison des plus gros colis qui ne tiendrait pas dans le coffre des vélo-coptéres.
Mais la maladie du rhume de l’herbe à chat l’empêchait de faire son travail. Un duvet de poils poussait sur son corps et il avait l’envie irrésistible de se rouler en boule ce qui rends difficile de pédaler dans les airs…

Après avoir amené son cousin dans un panier et lui avoir donné une balle en mousse il décida de prendre à sa charge la tournée de celui-ci. A son départ les paquets et colis remplissait presque tout l’espace de la bulle de son véhicule si bien qu’il pédalait de guingois au grand désarroi des mouettes qui n’en crièrent que de plus belle. La journée fut longue mais il parvint à faire assez vite des livraisons pour que la nacelle en bulle ne fut plus encombré.
Bien que vigoureux la fatigue se faisait sentir quand il eut fait l’entièreté de sa tournée, lui tirant les jambes et les cuisses comme un slip à l’élastique trop serré.
Il descendit en vol libellule pour se poser et reposer un peu de la fatigue de ses jambes. Le dernier colis à livrer était curieux. De forme oblongue il y avait inscrit FRAGILE en grosses lettre rouges mais ce qui était le plus intriguant c’était qu’à la place de l’adresse était inscrit :
« destinataire inconnu à l’adresse indiquée ».
Les adresses curieuses sont fréquentes à LePost et il faut parfois se creuser les méninges quand on tombe sur certaines. Maison en pain d’épices, sorcière du marais tourner à gauche après le gros champignon et passer entre entre les deux arbres aux troncs noirs, résidence d’été du Père Noël...était autant d’indications qu’il fallait déchiffrer avec astuce.
C’était quand même le soir bien après l’heure habituelle. Il avait envie de finir sa longue journée ainsi il se gratta le nez en cherchant une réponse.
L’endroit où il s’était posé était une banlieue de paquebots pavillonnaires. Non loin de la côte et accostés à des quais sur des pilotis qui formaient des rues.
Il fut sortit de ses pensées par le passage d’une troupe criante et colorées. Habillés de rubans jaunes et de justaucorps bleus une troupe de majorettes passa en lançant des bâtonnets de bois.
A sa suite une unique jeune fille se traînait maladroitement. Même habit coloré mais maladroite l’inconnue trébucha et resta au sol en se tenant la cheville.

Le reste de la troupe disparue au détour d’un carrefour et derrière la cheminée d’un paquebot.
Comme elle pleurait silencieusement il s’approcha d’elle son colis en main.
_Bonjour , livraison pour une inconnue à l’adresse indiquée.
_snif .. euh je suis pas bonne, les autres disent que je sent mauvais ce qui m’empêche d’étre une bonne majorette.
_Prenez mon colis, c’est pour vous.
Finalement intrigué la jeune fille le regarda avec des yeux humides de larmes. Elle esquissa un sourire puis déballa son paquet.
Une fiole de parfum senteur morue hibiscus. Devant le beau cadeau elle se releva et arbora un sourire.
_Je peut me parfumer mais je suis esseulé et n’ai personne pour aller au bal…
_Oh si ce n’est que ça parfumez vous et je vous présente mon cousin, il est bien malade mais si vous avez ce parfum sur vous il vous aimera de suite.

Il en fut fait ainsi et bientôt le cousin Bobo et la jeune inconnue ronronnèrent dans le même panier.

Lobe
avatar 26/01/2019 @ 15:17:13
Magicite j'ai lu ton texte à haute voix, et il a pris vie, et il m'a fait rire, et comme souvent avec toi je ne suis qu'admiration devant ton imagination galopante, tes héros truculents et ta manière de tacler notre société au passage. Point spécial pour ta phrase de conclusion: elle est fantastique. Merci!

Cyclo
avatar 26/01/2019 @ 20:47:29
Une histoire de SF quasiment, ça m'a bien fait rire ! Quelle imagination !!! ça se lit comme du petit lait...

SpaceCadet
avatar 27/01/2019 @ 14:08:01
Chameautos... j'adore!

Du rythme et encore du rythme! Dès les premiers mots on est emporté tant par le rythme que par les images qui défilent et sont aussi étonnantes les unes que les autres. (Du coup, il est difficile de t'imaginer dans ce lieu que tu nous a décrit, frigorifié et emmitouflé dans une couverture parce que ce texte en est à des années lumières!)

J'ai beaucoup aimé l'allusion ironique relative à un futur qui n'est pas si éloigné de nous; l'originalité du traitement de la contrainte 'destinataire inconnu à l'adresse indiquée'; puis cette finale qui rappelle l'aimable galanterie que l'on peut croiser ailleurs dans tes autres textes. Un récit que l'on lit avec le sourire aux lèvres.

Fd
avatar 27/01/2019 @ 15:51:29
Un peu de science fiction, des mots inventés, quelques remarques bien senties au sujet de notre société (et tout ça en une heure et des poussières) Et que dire de la fin : il la fourgue à son cousin !! Ah ah pas mal !!

Tistou 27/01/2019 @ 19:24:35
Tu sais ce qui me vient en tête comme association d'idées ? Boris Vian. Tu as ce côté déjanté et délibérément romanto-poétique, sans, Dieu merci, le blues inévitable qui m'accompagne chaque fois que je lis Vian (j'évite d'ailleurs). Que de trouvailles et de jolies images ! Je serais bien en peine de tout relever mais, entre autres :

"Livrer des colis en vélo volant" (ça commence fort déjà !)

" Des années avant LePost avait utilisé des drones radio-commandés comme c’était la mode à l’époque. Toutes les tâches étant effectuées par des robots les gens n’avaient plus de travail à faire et avaient ainsi plus de temps pour penser, aussi ils n’achetèrent plus rien et passèrent leur temps à se rendre des services gratuitement ou planter des légumes. Le potage devient aussi plus à la mode que les téléviseurs et écrans géants." Et puis quoi encore ? Dans le genre improbable ... !

" Il avait attrapé le rhume de l’herbe à chat." Typiquement Boris Vian.

"L’endroit où il s’était posé était une banlieue de paquebots pavillonnaires. Non loin de la côte et accostés à des quais sur des pilotis qui formaient des rues." Il y a les "House-Boats" à Srinagar, au Kashmir, sur le lac Dal, Magicite voit plus grand !

Et puis "senteur morue hibiscus" et "ronronnèrent dans le même panier" ...

Trouvailles sur trouvailles ... Tu sais quoi Magicite ? C'eût été dommage que tu restes endormi à l'heure de l'exo !

Magicite
avatar 27/01/2019 @ 21:36:29
Tu sais ce qui me vient en tête comme association d'idées ? Boris Vian.


Ah j'attendais la remarque!
En fait j'ai commencé à lire "L'écume des jours". J'étais passé à côté et rattrape ce retard de lecture. Je me suis donc fortement inspiré de l'esprit de ce livre de cet auteur. Dans les idées de mécaniques et monde absurde aussi un peu d'un style plus épuré. Bien vu Tistou.
Bon objectif atteint si la lecture du texte vous a fait sourire :)
Pour l'histoire j’avais en tête un parfum odeur de poisson et la fin pour l'amitié désintéressé envers son cousin(en relisant le cadeau aussi envers la jeune fille peut l'être), le reste est brodé autour avec tellement d'aisance que j'en ait oublié d'y mettre un sentier...

Pieronnelle

avatar 28/01/2019 @ 15:03:31
Comme toujours je dois relire plusieurs fois, pour ne pas laisser passer des trésors et pour le plaisir...
C'est le Magicite qui me plait le plus je l'avoue, j'ai du mal à l'imaginer autrement :-)
Monde entre Miro et Jérôme Bosch pour moi...fourmillement d'idées, de personnages, de projections dans le temps et de poésie. Je ne sais pas pourquoi mais j'y ressens beaucoup de tendresse sans doute à cause de la drôlerie et de l'absurdité des situations et de l'art de se moquer de nous-mêmes et de nos contradictions.
Merveilleux vélo-coptère !
"Toutes les tâches étant effectuées par des robots les gens n’avaient plus de travail à faire et avaient ainsi plus de temps pour penser, aussi ils n’achetèrent plus rien et passèrent leur temps à se rendre des services gratuitement ou planter des légumes"
"Des piles de colis non ouverts gâchait le ciel et masquait le soleil aux carottes" :-))
"Maison en pain d’épices, sorcière du marais tourner à gauche après le gros champignon et passer entre entre les deux arbres aux troncs noirs, résidence d’été du Père Noël". Quel univers féerique !
Et le pompon: "Bonjour , livraison pour une inconnue à l’adresse indiquée" !!!
Mais la plus belle : "Il en fut fait ainsi et bientôt le cousin Bobo et la jeune inconnue ronronnèrent dans le même panier"
Du Magicite quoi ! merci

Nathafi
avatar 29/01/2019 @ 21:00:09

ça dépote ! :-)))
Je te trouve de plus en plus à l'aise Magicite, tes phrases sont percutantes ! Et ton imagination me laisse pantoise comme d'habitude. Je salue ta progression, sincèrement !

Magicite
avatar 19/05/2019 @ 19:33:21
Haha j'admire les auteurs avec un beau style et des phrases complexes et compliquées...et quand je fait du simple je m'améliore... désespérant mais bon à savoir :-)
Dans la foulée de l'exo j'avais fait une version corrigée, voici la v2 passablement identique mais avec moins de fautes et autres corrections:
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Livraison spéciale

C’est son oncle Toto qui lui a fournit ce travail. Livrer des colis en vélo volant. Cela fait longtemps qu’il a passé l’âge de raison et ne joue plus aux petites voitures; Hot wheels et Majorette sont remisées dans un carton qu’il garde par nostalgie des moments de jeux à les lancer et bruire de la bouche en imitant les moteurs ronflants sur le circuit du carrelage du couloir de sa maison. Aujourd’hui ce sont les pales de son vélo-coptére et du rotor qui vrombissent sous la vigoureuse poussée de son pédalier. Son grand cousin Bobo est aussi un livreur pour LePost, le conglomérat qui s’occupe de toutes les livraisons particulières. Des années avant LePost avait utilisé des drones radio-commandés comme c’était la mode à l’époque. Toutes les tâches étant effectuées par des robots les gens n’avaient plus de travail à faire et avaient ainsi plus de temps pour penser, aussi ils n’achetèrent plus rien et passèrent leur temps à se rendre des services gratuitement ou planter des légumes. Le potage devient aussi plus à la mode que les téléviseurs et écrans géants ou miniatures. Les services de livraisons, les fabricants et les industriels avaient une armée de robots à télécommande qui ne servaient plus à rien. Ils avaient bien essayés de faire commander et livrer les robots entre eux mais cela c’était vite avéré vide de sens, les robots n’avaient pas le cœur à s’extasier sur un colis déballé et une fois livré gardaient le carton dans un coin où il ne bougeait plus. Quand les robots eurent faits des tas de leurs commandes qui dépassaient du toit des maisons où il se logeaient les gens décidèrent de les arrêter. Des piles de colis non ouverts gâchaient le ciel et masquaient le soleil aux carottes.
Les drones et robots furent rangés dans des hangars et le travail comme les livraisons qu’ils effectuèrent furent confiés aux humains à nouveau. Sûr la base du volontariat bien sûr car après avoir gaspillé autant de colis personne n’aurait pu être payé.

Bobo avait 2 ans de plus. Pour un garçon de 15 ans son aîné est un modèle, surtout que le plus grand sait démonter et remonter un vélo-coptére pour le réparer même en plein vol.
Mais ce jour là Bobo était malade. Il avait attrapé le rhume de l’herbe à chat. Son grand cousin essayât de se rendre à l’embarcadère d’où partent tout les livreurs, à vélo-coptère ou en chameauto. Les chameautos sont des véhicules au nom trompeur puisqu’il s’agit exclusivement de dromadaires avec des roues ce qui est bien plus confortable que des chameaux avec des roues, et permettent la livraison des plus gros colis qui ne tiendraient pas dans le coffre des vélo-coptéres.
Mais la maladie du rhume de l’herbe à chat l’empêchait de faire son travail. Un duvet de poils poussait sur son corps et il avait l’envie irrésistible de se rouler en boule ce qui rends difficile de pédaler sur les sentiers des airs…

Après avoir amené son cousin dans un panier et lui avoir donné une balle en mousse il décida de prendre à sa charge la tournée de celui-ci. A son départ les paquets et colis remplissaient presque tout l’espace de la bulle de son véhicule si bien qu’il pédalait de guingois au grand désarroi des mouettes qui n’en crièrent que de plus belle. La journée fut longue mais il parvint à faire assez vite des livraisons pour que la nacelle en bulle ne fut plus autant encombrée.
Bien que vigoureux la fatigue se faisait sentir quand il eut fait l’entièreté de sa tournée, lui tirant les jambes et les cuisses comme un slip à l’élastique trop serrée.
Il descendit en vol libellule pour se poser et se reposer un moment de l’épuisement de ses membres. Le dernier colis à livrer de sa double tournée était curieux. De forme oblongue il y avait inscrit FRAGILE en grosses lettres rouge mais le plus intriguant c’était que l’adresse inscrite était:
« destinataire inconnu à l’adresse indiquée ».
Les adresses curieuses sont fréquentes à LePost et il faut parfois se creuser les méninges quand on tombe sur certaines. ‘Maison en pain d’épices suivre les miettes de goûter’ ou ‘sorcière du marais tourner à gauche après le gros champignon et passer entre les deux arbres aux troncs noirs’ ou ‘résidence d’été du Père Noël’ étaient autant d’indications à déchiffrer avec astuce.
C’était quand même le soir bien après l’heure habituelle. Il avait envie de finir sa longue journée ainsi il se gratta le nez à la recherche d’une solution.
L’endroit où il se posa est une banlieue de paquebots pavillonnaires. Non loin de la côte et accostés à des quais sur des pilotis qui formaient des rues quadrillées.
Il fut sortit de ses pensées par le soudain passage d’une troupe criante et colorée. Habillées de justaucorps bleus ornés de rubans jaunes plusieurs majorettes passent en lançant en l’air et rattrapant des bâtonnets de bois, ponctuant leurs gestes de coups de sifflets, cris et claquements de talons de bottes. Casque haut de forme à visières balancés au rythme d’une rengaine invisible.
En bout de cortège une unique jeune fille se traîne gauchement, calquant ses mouvements de façon désordonnée sur les autres. Même habit folklorique mais maladroite l’inconnue trébuche et reste au sol en se tenant la cheville.

L’essentiel de la troupe disparaît sans ralentir au détour d’un carrefour derrière la cheminée d’un paquebot.
Comme elle pleure silencieusement il s’approche d’elle son colis en main.
_Bonjour , livraison pour une inconnue à l’adresse indiquée.
_snif .. euh je suis pas bonne, les autres disent que je sens mauvais ce qui m’empêche d’être une bonne majorette.
_Prenez mon colis, c’est pour vous.
Finalement intriguée la jeune fille le regarde avec des yeux humides de larmes. Elle esquisse une moue puis prends et déballe le paquet.
Une fiole de parfum senteur morue hibiscus. Devant ce beau cadeau elle relève la tête et arbore un sourire faisant saillir des fossettes roses.
_Je peut me parfumer mais je suis tellement esseulée que je n’ai personne pour aller au bal des plombiers…anone-elle en faisant danser ses mèches bouclées sous la visière de son chapeau.
_Oh si ce n’est que ça parfumez vous et je vous présente mon cousin, il est bien malade mais si vous avez ce parfum sur vous il vous aimera de suite.

Il en fut fait ainsi et bientôt le cousin Bobo et la jeune inconnue ronronnèrent dans le même panier.
Ils dansèrent même le chat chat chat au bal des plombiers.

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