Magicite
avatar 07/12/2018 @ 00:28:35
La jungle humide faisait coller sa chemise sur la peau de l’explorateur. Étrangement pour une personne habituée aux climats du nord de la France la pluie diluvienne et presque discontinue qui tombait était tiède et collante, lourde et épaisse mais aussi bouillonnante que faune et flore indigène. Il approchait du but se disait-il constamment, faisant halte uniquement pour consulter carte et repères annotés, reporter sa position à l’aide de la boussole bien que le climat équatorial ait passablement maltraitée celle-ci et que les annotions s’effaçaient ou devenaient difficilement lisible tellement le papier maculé d’eau se gondolait où en se lavait de l’encre des ajouts, usait celui ci jusqu’à sa rendre sa fibre en pâte.
Il faut dire que cela faisait deux jours déjà qu’il cheminait seul avec l’âne de location, le guide l’ayant laissé comme ils avaient convenus car au bout de la somme qu’il pouvait s’autoriser à fournir. L’âne était miraculeusement adapté au sol de tourbière qui ralentissait notablement leur avancée. Il prenait des notes à chaque pause qu’il s’accordait, griffonnant sur un cahier qu’il tentait de maintenir au sec les détails de son voyage, omettant son excitation de découvrir les preuves de sa théorie. Si malgré les orages persistants et tumultueux il gardait son cap l’étonnement et le ravissement devant la canopée était passé. Ses première notes sur le début de la fin de son voyage, son cheminement dans la jungle en contenait pourtant une partie. Il n’était écrivain mais avait essayé au mieux de décrire le ravissement et la stupéfaction que lui inspirait la nature sauvage. Des feuilles de formes et de tailles, de couleurs aussi, inouïes et impensables entourées des buissons ou des arbres anciens aux troncs démesurés formait des rideaux erratiques d’horizon proches et opacifiant toute velléité de suivre un chemin en ligne droite. Les animaux quand à eux étaient aussi d’une foisonnante présence dans cette nature sauvage, cette forêt primaire intouchée dès que l’on s’éloignait des zones de coupes des forestiers. C’était leur bruits qui les signalaient plus que leur vue dans cet amalgame de chaos végétal et indompté. Chants d’oiseaux ou de créatures non identifiables, gloussements et bruissements dans les branches ou sur le sol chaud et bouillonnant. Des splendeurs et beauté qui méritent à elles seule le voyage.

Il avait consulté les paléontologues et les anthropologues, réunis les observations et découvertes sur l’hominidé habitant primitif de cette île immense. Durant plusieurs années entassé les photos des galeries et grottes orné de l’art rupestre découvertes à ce jour. Compulsé, comparé et extrapolé différents trajets et lieux d’habitats possible à partir de renseignements souvent parcellaires que les pionniers et précédents explorateurs savants avaient rapportés.

Alors que la lumière perçait à travers l’espace des nuages bruissants et tourbillonnant d’écume céleste il aperçut enfin le but de son périple.
Une butte jouxtant la montagne précédée par un espace plane et non envahie par la végétation tentaculaire.
Sa surprise fut totale et le désarma dans ces certitudes quand il aperçut les traces d’un campement récent. Il s’avance se maîtrisant pour ne pas se jeter à bas de sa monture et courir comme un enfant hors de la lisière de forêt dense.
Se pouvait-il qu’il ne soit pas le premier, que quelqu’un l’eut devancé dans la recherche de l’homme préhistorique de Bornéo!

En effet il y avait bien quelqu’un. Une personne dont il avait d’ailleurs entendu le nom.
Un écrivain célèbre et aux œuvres figurant parmi les best-sellers de ces dernières années.
Celui-ci aussi était fâché de leur rencontre.
L’explorateur d’abord la gorge prise par les diverses émotions le traversant arpenta la grotte par son ouverte saillante à flanc de falaise. Il y avait bien les dessins caractéristiques des mains négatives, pochoirs rupestres, témoignage de l’art à travers les âges.
L’homme qui l’accueillit bien involontairement et lui eurent alors une longue conversation.
Il était question de préserver le lieu de la convoitise et de la destruction humaine. De ne pas transformer des reliques en un lieu touristiques et de laisser la forêt et sa canopée virginale et non envahie des bulldozers et prétentions et convoitises de promoteurs fleurissant partout où elle peut s’insinuer telle une fièvre épidémique.

Ainsi, à son grand désarroi, l’explorateur analysa et photographia le site mais convint de ne pas dévoiler sa découverte extra-ordinaire, l’aboutissement d’années de recherches.
La découverte resterait couverte.
Après quelques jours il laissa son hôte pour repartir vers l’aéroport qui l’avait amené.
L’écrivain enfin soulagée se dit en son for intérieur :
« Que de difficultés pour trouver un endroit sauvage où je peut écrire sans être dérangé, où l’inspiration est ma seule compagnie. Enfin j’ai pu renvoyé ce visiteur là plus facilement que les autres. »

SpaceCadet
avatar 07/12/2018 @ 11:50:22
A part un petit doute au sujet de la présence d'un âne à Bornéo... le reste se tient bien. Les contraintes sont intégrées sans effort, la progression du récit est uniforme (pas de cassure ou de changement de rythme, etc.). Je me suis laissé entraîner sur les traces de cet explorateur mais chemin faisant en toute expectative, je m'attendais à voir cela s'achever sur une conclusion un plus surprenante ou un peu plus 'punchée'.

Magicite
avatar 07/12/2018 @ 13:04:50
oui moi aussi pour l'âne j'ai cherché à vérifier si c'était possible(recherche Internet " âne de Bornéo " m'a donné au mieux des tour operator pour visiter l'île) hésité à changer avec un mulet mais par manque de temps et nécessité l'âne à bien du se motiver.
Outre "bouillonnant"(le mot) revenant un peu trop souvent ce n'est pas un hominidé mais bien un homo-sapiens dont il est question et là aussi pas le temps de retrouver des renseignements paléontologiques exacts(je pensait à une sous-espèce d'homnidé peut-être trouvé en saie du sud est où à Bornéo, cela aurait eu plus de magie qu'un simple sapiens préhistorique). Les peintures en 'mains négatives' c'est bien le seul détail qui est juste, pour le reste c'est l'inverse qui provoque l'imperfection:
je n'ai pas pu rajouter les nasiques, la terre du sol qui peut brûler de l'intérieur pendant les orages(sic) ou quelques fleurs et papillons que j’aurais voulut rajouter pour rendre cette jungle plus réaliste...
En 1h15 j'ai dut choisir de privilégier l'imaginaire du récit.

C'est épatant quand je pense qu'on écrivait sans Internet avant, ce genre de recherches se faisait avec une encyclopédie et était moins large et variée mais aussi plus normées quelque part. Les 2 ont leur avantages.

surprenante ou un peu plus 'punchée'.

Ah c'est plus l'ironie et le coup de théâtre, là aussi les derniers paragraphes étaient plus précipités pour coller à la contrainte.

Pieronnelle

avatar 07/12/2018 @ 14:48:43
Belle description de la forêt, on sent qu'il y a eu recherche. La ruse de l'écrivain est amusante mais...j'attendais tellement ce petit coup de folie que j'aime tant dans tes textes :-) mais je suis exigente on ne peut être un peu fou tous les jours ! :-) et ton texte a le mérite d'être agréable à lire. Un peu en accord avec celui de Nath ! Mais là la fleur c'est la grotte de la préhistoire avec ce fameux "Homme de Bornéo" et ce n'est pas rien....

SpaceCadet
avatar 07/12/2018 @ 15:11:10

En 1h15 j'ai dut choisir de privilégier l'imaginaire du récit.



Oui, la contrainte du temps rend la tâche difficile car on est forcé de concevoir, écrire, vérifier et corriger en même temps alors pour ce qui est de fignoler...

Darius
avatar 07/12/2018 @ 15:29:04
oui, tu t'es quand même un peu inspiré de ce qui existe à Borneo, c'est une bonne idée, bien qu'on soit pris par le temps imparti.. perso, je n'ai pas pris cette option, quitte à rendre l'histoire incongrue.. mais le but est de s'amuser..

Intéressant ce personnage de l'explorateur... Je serai curieuse de voir ce que l'écrivain a bien pu pondre dans cet endroit déserté par les hommes..

Nathafi
avatar 07/12/2018 @ 20:02:01

Du nouveau Magicite ! :-) Des phrases longues et explicites, mais je trouve que leur construction est plus recherchée.
Tu retranscris bien la jungle, on la découvre aisément avec tes descriptions, c'est documenté, une jungle à découvrir, hostile et belle !
Tu as fait le choix de préserver la découverte, et de ne pas la jeter en pâture, ce qui est chose bien. Inaccessible ou presque, offerte à la sueur du front, de quoi décourager !

Bravo !

Magicite
avatar 08/12/2018 @ 00:08:13

on est forcé de concevoir, écrire, vérifier et corriger en même temps....

va pour les 2 premiers, ça se voit je pense.
Je serai curieuse de voir ce que l'écrivain a bien pu pondre dans cet endroit déserté par les hommes..

moi aussi !
Inaccessible ou presque, offerte à la sueur du front, de quoi décourager !

j'aime bien l'idée de ce gardien involontaire d'un sanctuaire où les aventuriers arrivent pour être des pionniers (et convaincus de l'être)et repartent forcés de garder le secret, d'un éternel recommencement associé à la recherche d'inspiration [s]in fine[/s]. Ici c'est l'égo de l'artiste acariâtre sursautant au moindre bruit/présence que j'avais en tête, pas un personnage sympathique en fait(et il n'a pas à l'être puisque qu'il est là pour tromper le héros), ni préoccupé par préserver autre chose que sa tranquillité. ça ne rentrait pas dans les contraintes temps voire longueur max de développer cet aspect. En tout cas même sensation sur la fin en regardant le chrono arriver à terme de devoir presser le citron pour tartiner une conclusion que souvent pour les exos direct...cela faisait longtemps c'est revigorant.

C'est marrant que la recherche de l'inspiration dans la jungle soit un thème qui ait émergé pour plusieurs d'entre nous. Cela et les explorateurs, je n'ai pas le souvenir que des contraintes aient amené autant de similitudes, bien sûr chacun/chacune avec l'assaisonnement qui lui est propre^^

Pour plus le coup de folie j'ai depuis quelques jours le premier chapitre d'un texte que je commencerais à mettre sur le forum lorsque j'aurais un peu plus avancé dans l'idée, mais déjà du grain il y en a pas mal et ce n'est que la mise en place de l'histoire.

Marvic

avatar 08/12/2018 @ 11:13:34

C'est marrant que la recherche de l'inspiration dans la jungle soit un thème qui ait émergé pour plusieurs d'entre nous. Cela et les explorateurs, je n'ai pas le souvenir que des contraintes aient amené autant de similitudes, bien sûr chacun/chacune avec l'assaisonnement qui lui est propre^^


C'est exactement ce que j'allais te dire !
Belle description de Bornéo...qui ne donne pas forcément envie d'y aller !
J'aime la noblesse de ces deux personnages qui renoncent pour protéger un site unique.

Tistou 08/12/2018 @ 22:28:04
Un âne à Bornéo ? Voyons ? Et un yack pour traverser le Sahara, tu es preneur ? En même temps, on a bien des Dom Juan de Quichotte-Bovary qui traînent dans les rues ... De nos jours ...
Encore une fois Bornéo a été inspirant. Au premier degré chez toi, le degré de la démesure et de l'inhumanité de la jungle. Ton écrivain, lui, est très aventurier et n'hésite pas à se mettre en danger. Et à s'acoquiner avec un âne ! Sans peur le gars !
De beaux passages sur l'atmosphère "junglienne" ; sa touffeur, son humidité, son impénétrabilité ... Il y a tout ça et tu le fais bien ressentir.
C'est assez différent de ce que tu nous proposes usuellement ; plus cadré, avec une volonté de cohérence, pas de dérapage hors décor. C'est Magicite qui s'est acheté une conduite ou on nous l'a changé ?
Bien content quand même que tu aies fini par te réveiller ! La prochaine fois tu mets le réveil stp ! J'ai vraiment eu peur que nous ne soyons que 4 alors qu'en réalité ...

Fd
avatar 11/12/2018 @ 10:57:48
Je pense que vous avez tout dit, ou presque. J'ajoute seulement que "exo" est un jeu, être pressé par le temps imparti et le nombre de mots, dont je ne sais pas (pas encore) y accéder, en fait partie, les irrégularités à ne pas prendre trop au sérieux. Nous nous amusons et en même temps nous nous donnons de la peine. Je trouve cela très motivant.
A par cela, Magicite, ton idée d'une grotte à protéger est excellente, ton texte agréable à lire.

Charles 01/03/2019 @ 15:43:07
hello, on ne se connait pas mais je suis un ancien qui avait disparu et qui fait un petit retour ponctuel ... Je me permets donc de laisser quelques impressions de lecture ...

Il y a quelques oublis de mot, de ponctuation qui rendent un peu la lecture difficile mais s'agissant d'un exercice avec une durée limitée, c'est évidemment normal ... Difficile de se relire et de corriger en si peu de temps.

J'ai bien aimé l'ambiance globale du texte. Peut être des phrases un peu trop longues, un peu trop "foisonnant" d'adjectifs, ... Mais après tout, étant dans la forêt tropicale, c'est plutôt logigue

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