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Dgpg 31/08/2004 @ 17:42:51
Mille Océans


Mille océans rugissent à mes oreilles. Mille océans s'abattent devant moi, contre les rochers échevelés d'algues vert émeraude et ne m'atteignent que de leur écume qui vole en particules dans l'air chaud. Mille océans voulaient m'arracher à ce jour-là.

Le ciel était si bas que d'une simple main tendue, j'aurais mélangé le cuivre de ma peau tannée à son bleu cramoisi.
Les gigantesques vagues s'élevaient furieuses de toute leur hauteur, s'écrasaient à mes pieds nus et se retiraient au loin comme un souffle que l'on reprend, comme le dernier souffle à jamais retenu ; mais à nouveau elles se levaient et me fixaient de leurs regards de jade, menaçants.
Je suivais leur mouvement, depuis assez de temps pour que mon corps les suive dans un délicieux balancement étourdissant.
J'étais assez fort pour oser les quitter du regard, risquant de les laisser tirer parti de mon inattention pour me frapper dans le dos. J'étais assez fort pour me tirer de cette catalepsie et tourner mon regard par-delà mon épaule, vers les cabines pâles aux petits toits abruptes, perchées en haut de la dune.
Là, il se débarrassait de ses vêtements, les troquait contre l'habit de bain.

Le sable si fin - de la poussière d'or - s'élevait en tourbillon sous la moindre caresse de la brise. L'été mordait ma nuque et brûlait ma peau avec la même ardeur qu'il avait mise pour changer mes cheveux jaune paille en broussailles d'un feu blond.

Sous mon regard, il sort en poussant la porte si fort que dans une volée, elle s'ouvre, le laisse bondir comme un furieux et claque derrière lui pour s'ouvrir à nouveau à demi et ne plus se refermer.
Ses pas empressés s'enfoncent dans la dune que la brise lisse déjà et oublie les traces de sa course qui le conduit à moi, comme elle emporte son cri. Dans mon dos gronde la jalousie des mille océans que j'avais prétendu oublier.

Et c'est lui, qui, sous le ciel de l'été, me fait remarquer, d'une étincelle envieuse, ce que je porte contre mon torse brun. Il s'est arrêté si près de moi que nos peaux s'effleurent quand, d'un mouvement lent, il se tourne vers les océans. Son regard au loin, je pouvais maintenant baisser le mien vers ma main que je tenais fermée contre mon flanc ; desserrer enfin la poigne que j'exerçais sur l'épave marine : le coquillage clair qui, sous ma force, avait marqué de ses spirales la chair de ma main.

Les océans grondèrent et je jetai un oeil par-dessus mon épaule. Lui ne regardait que ma main ; comme celle d'un voleur, l'auteur d'un larcin. Inquiété, je refermai mes doigts solides sur la carapace désertée et ne sentis plus que la pointe du buccin contre la chair de mon ventre.

Le fracas de la vague qui nous avala jusqu'aux genoux me fit l'effet d'une douleur térébrante qui me transperça de sa lumière aveuglante. L'eau emportait dans son aspiration mon sang, une traînée vermeille diluée dans la mousse de l'océan.
Je baissai les yeux et oubliai tout du bruit : celui du vent, celui de la mer agacée et du soleil écrasant. La plaie, fine et droite, laissait s'écouler mon sang qui glissait jusqu'à ma hanche et gouttait de là pour rejoindre le sel dans le velours de l'eau fraîche.

Dans les yeux du garçon brûlait la même fièvre soudaine que dans mon ventre ; je chassai cette brûlure d'un gémissement de douleur, le regardant s'enfuir.



Le sillon cicatrisé, à jamais creusé dans mon ventre, me conduit inévitablement au bord des mille océans, près de ce garçon ; de celui qui croyait, en s'enfuyant, m'avoir pris le coquillage.


dgpg

Monique 31/08/2004 @ 18:35:36
Très beau celui-là, très. Mais moi j'aime les belles descriptions. J'ai apprécié ce côté là, le vocabulaire, et pour le sujet lui-même, j'ai aimé ce "jeu" des deux personnages qui n'échangent pas une parole, que des regards.
C'est finement traité.
Sinon, puisque c'est la loi ici, j'ai bien vu deux maladresses qui m'ont gênée :
- pas très bien compris dans quel sens ils sont tous les deux, le narrateur d'abord, qui regarde un coup ici un coup là, un autre coup par dessus son épaule, l'autre qui arrive, il se trouve face à face avec lui, dos aux vagues, où bien juste la tête tournée aussi ? C'est un peu déstabilisant.
- Et le coup de l'auto-mutilation : il tient le coquillage contre "son flanc", il le serre, et il se blesse au ventre. Pas très clair, je n'ai pas suivi les ou le mouvement.
- A la fin justement le mot ventre revient 2 fois de suite un peu trop vite.

Allez, on continue ?

Kilis 31/08/2004 @ 20:15:29
J'accroche pas trop car on dirait qu'il y a une espèce de volonté d'en mettre plein la vue, à coups de redondances, d'outrances et d'excès...
Le principe est que:
plus + plus donne finalement moins.
Pourquoi ne pas faire plus simple? ce serait mieux, plus fort.

Tistou 01/09/2004 @ 01:49:28
Il y a quelque chose qui est trop.
Trop de poésie?
Trop "littéraire"?
Je ne sais pas mais il y a un trop qui me gêne et qui fait que je n'accroche pas suffisamment. Ca fait trop "travaillé", trop affêté (je ne sais pas si ce mot existe mais je me comprends, je ne suis pas le seul j'espère?).
Parce que sinon, c'est clair que ça n'est pas une rédaction de CM2 (comme pourrait le dire Monique), on sent bien qu'il y a eu du travail.
Mais ça n'est pas assez naturel pour moi. Peut être aussi le format court ne facilite-t-il pas ce genre de texte?
En attente du prochain.

Monique 01/09/2004 @ 08:36:05
Empathique ? Pompeux ? Grandiloquent ? Dis-le Tistou, si c'est ton sentiment.
Il y a un peu de ça mais je trouve pourtant que ce n'est pas trop car ça se veut refléter les sentiments tumultueux de celui qui souffre ici.

Olivier Michael Kim
01/09/2004 @ 13:42:47
J'ai lu et relu car je n'avais pas tout saisi à la première lecture.
Je cherchais un qualificatif, Mo me l'a soufflé. J'ai trouvé ça pompeux, mais c'est une question de goût.
Je comprends l'avis de Tistou.

Dgpg 01/09/2004 @ 14:29:48
"Emphatique" voulais-tu probablement dire Monique, mais après tout, empathique me va bien aussi, si le texte t'a permis de t'y retrouver suffisamment.

Non, il n'y a pas de volonté à être pompeux ou too much je ne sais quoi. Il y a juste le besoin soudain de me libérer de cette envie de pisser dont je parlais plus haut. Ca vient comme ça vient, pas vous ? C'est en tout cas ainsi que je fonctionne pour les textes courts ; pour les romans c'est autre chose.

Et si c'était mon style ? Mon dieu, quelle horreur ! me voilà condamné !
Et bien j'accepte ce trait du destin qui me rend assomant pour certains et résonnant pour d'autres. On entre ou on n'entre pas et je préfère ça (mais ai-je vraiment le choix ?).
Un écrivain me confia un jour : "Tout a déjà été écrit ; l'important, c'est comment tu l'écris."

Pour ma part, je ne cherche jamais à forcer la lecture d'un texte qui laisse mon électrocardiogramme plat. Plutôt mourir !

Monique, venir faire la critique de vos textes ? Pourquoi pas ; pour l'instant je les lis.
Vous avez l'air tous très exercés à donner vos avis, je ne le suis pas.
Je prends note de l'invitation en tout cas.

Bien à vous,
dgpg

Kilis 01/09/2004 @ 15:02:26
Empathique ? Pompeux ? Grandiloquent ? Dis-le Tistou, si c'est ton sentiment.

EmpHatique, voulais-tu dire, Mo?

Monique 01/09/2004 @ 15:08:09
Empathique ? Pompeux ? Grandiloquent ? Dis-le Tistou, si c'est ton sentiment.

EmpHatique, voulais-tu dire, Mo?
Bien sûr Kil ! Emphase, la hache mal plantée, dplg l'avait remarqué aussi. dplg ? j'aime pas les archis ! je sais plus comment il s'appelle

Yali 01/09/2004 @ 15:18:10
Dplg
À propos de ton texte je ne sais trop, je trouve que les mots s'enfilent comme sur un chapelet, pour l'instant, pas plus, pas moins, mais c'est plutôt bien, de plus, il est bourré des qualités du non sens, de la controverse, de la jonglerie, mais je les sais à portée d'un type à peu près instruit, il à d'autres qualités, évidentes, mais de là à parler de style, je ne suis pas certain, parce que pour ça faudrait que je cerne un peu et comme sus dit, le lisant, suis pas plus avancé que tout à l'heure. Car pour définir un style, il me faut forme et fond. Comme je ne suis pas certain d’avoir distinguer les deux : je ne sais toujours pas.
A moins que tu te causes ?
Donc, je dais pas :
comme quoi, l'habitude des critiques ne forme pas à la constance.
Tu parlais de roman ?!

Tistou 01/09/2004 @ 17:11:53
Et si c'était mon style ? Mon dieu, quelle horreur ! me voilà condamné !

Qui a dit cela Dgpg?

Olivier Michael Kim
02/09/2004 @ 11:21:46
Je n'ai pas la prétention d'écrire mieux que toi.
Comme je te disais, le style c'est aussi une question de goût.

Dirlandaise

avatar 02/09/2004 @ 18:02:31
Extraordinaire...

Je le lis et le relis sans me lasser....

Il me semble sentir le soleil sur ma peau, le sable sous mes pieds, entendre le grondement des vagues...

Merveilleux...

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