Cédelor 31/01/2016 @ 23:08:16
1ère partie

En réalité, on ne sait jamais ce qui se passe, on sait seulement ce qu'on veut qu'il se passe et c'est comme ça que les choses arrivent. Si petites, si insignifiantes qu’elles soient, si on a pu arriver à ce qu’on a voulu, cela restera toujours une petite victoire, une satisfaction qui nous soit personnelle, aussi maigre soit-elle. Dans le monde dans lequel nous vivons, ce n’est pas rien, je vous assure. Et il y a aussi hélas les choses qu’on ne veut pas qu’elles arrivent et qui se font quand même. Sur celles-ci, malheureusement, nous ne pouvons rien, nous les subissons, avec toute notre consternation, notre désolation, notre angoisse… Telle cette saloperie de guerre qui nous est tombé dessus… Voilà maintenant plus d’un an qu’elle dure. Quelle tristesse… tous ces morts, toutes ces horreurs. Au début, personne ne croyait qu’elle aurait lieu. Puis personne n’a cru qu’elle durerait. Enfin, personne n’aura cru qu’elle serait aussi violente, aussi horrible, aussi ravageuse en vies humaines… Mon frère, qui venait tout juste d’avoir 18 ans, a été incorporé dans l’armée dès le « déclenchement des hostilités », comme ils disent, et il a été tué dès les premiers jours. Tristesse, tristesse… Comme tu es triste, ô douleur. Heureusement encore que ma pauvre mère n’était déjà plus, morte peu avant la guerre et n’aura pas vécue et soufferte la mort de son cher fils, mon frère cadet… Mais cela a brisé le cœur de mon père, encore plus que le mien, m’a-t-il semblé, si cela est possible. A lui aussi ce fils lui était cher, très cher. Il faut bien dire que des 4 enfants qu’ils auront eu, mon frère a été le seul garçon et le dernier né. Moi, je suis la troisième de leurs filles, autant dire pas grand-chose, et mes deux sœurs plus grandes que moi sont déjà mariées et ont quittées la maison. Où sont-elles maintenant ? Nous n’avons plus eu de leurs nouvelles, perdues dans le maelström de la guerre. Savent-elles seulement que notre frère cadet est mort ? Il n’est donc plus resté que moi et mon père, dans notre grand appartement, sis au 4ème étage d’un immeuble de cinq, rue de la Boëtie d’une petite ville de Lorraine, pour notre malheur. Je dis « pour notre malheur » par rapport à la région où nous habitons, car sans compter l’affliction où notre famille était plongée, les Boches ont envahi la France par l’Alsace et la Lorraine, à une telle vitesse que personne autour de nous n’était préparé à voir l’armée allemande arriver aux portes de notre ville. Il était déjà trop tard pour s’enfuir. L’armée française, censée nous défendre avait déjà désertée les lieux, ils s’étaient « repliés », comme ils disent. Je ne vous dirai pas la terreur et la désolation d’un bombardement sur notre ville, qui a duré toute une nuit. Nous étions cachés dans la cave, tremblant à chaque obus qu’on entendait éclater. Enfin, au petit matin, le silence se fit. Je n’avais encore jamais entendu un tel silence. Nous avons continué à rester terrés. Puis au bout de peut-être une heure, nous avons perçu des bruits de bottes, des paroles rudes prononcés en allemand, des portes battre avec fracas. Quelques uns d’entre nous, dans la cave, qui comprenaient l’allemand nous disaient qu’ils ordonnaient à tout le monde de sortir des habitations. Alors nous sommes sortis, dans le petit matin froid et blême, et avons pu voir et constater brutalement combien nous avions basculé dans un autre monde. Beaucoup d’immeubles et de maisons étaient écroulés ou avaient le toit détruit, des gravats jonchaient les rues qui étaient parcourues partout de soldats allemands. Et surtout plusieurs corps sans vie étaient couchés par ci, par là. Des exclamations en allemand faisaient un fond sonore guttural sur cette scène horrible et irréel à la fois et c’est encore ce qui m’en reste de plus présent à l’esprit quand j’y repense, plus encore que les vues du désastre que nous découvrions. Dans toute cette ruine, nous avions encore de la chance, si on peut dire cela : notre immeuble était toujours debout sans trop d’égratignures, et nous avons pu retourner l’habiter, mon père et moi, à notre 4ème étage, malgré les vitres qui étaient presque toutes brisées. Il ne faisait pas encore très froid et nous avons pu rester au chaud en colmatant les fenêtres sans vitre avec du carton. Et la vie a repris, plus mal que bien, les jours suivants. Les rues ont été déblayées, les morts enterrés, et nous avons pu manger à notre fin, comme « avant » ou presque. On commençait déjà à « s’habituer » aux allemands, si ce mot peut convenir. Contrairement à nos craintes, ils se révélaient corrects et ne cherchaient pas à humilier inutilement la population.

Mais la « chance » n’a pas duré… L’offensive allemande s’était poursuivie après la prise de notre ville mais n’est guère allé plus loin. Elle s’est retrouvée bloquée à quelques kilomètres plus à l’ouest, rencontrant une forte résistance de l’armée française et d’attaques en contre-attaques, le front a fini par s’y stabiliser. C’est là que des tranchées ont été creusées, avons-nous appris plus tard. Nos cœurs battaient follement de la résistance patriotique de notre armée, mais restaient trop loin de nous pour nous porter secours. Nous restions donc sous la férule allemande. Et très bientôt, nous avons commencé à subir à nouveau la chute de bombes au-dessus de nos têtes, et celles-ci étaient le fait des forces françaises, de manière plus épisodique, il est vrai, à partir de leurs plus puissants canons situés de derrière leurs lignes. C’était donc des français qui bombardaient une ville française… Nos cœurs qui alors « battaient follement » pour cette armée française, se sont serrés de colère, d’incompréhension et de douleur. Qu’ils bombardent les Boches, oui, mais une ville remplie de civils français ! Et nos vies se sont chargées d’une angoisse nouvelle : où la prochaine bombe française allait exploser ? Il y en avait une, deux, trois, rarement plus de 5 dans une journée, et autant la nuit. Et ça tombait totalement au hasard, n’importe où. Rien n’était plus usant pour nos nerfs que ces épées de Damoclès perpétuellement suspendus au-dessus de nos têtes. Et cela continue encore jusqu’à aujourd’hui, à l’heure où je vous parle.

C’est vers ce moment que les Boches sont devenus plus agités, agressifs, menaçants. Peu à peu, ils ont commencé à rafler des gens dans la rue, puis à les arrêter jusque chez eux. Là aussi, ces rafles, ces arrestations ont semblés arbitraires, soumis à un hasard apparent. Nous le voyons cela de nos fenêtres de notre appartement, où nous étions terrés comme des rats tremblants de terreur. Des gens passaient dans la rue, il y en avait toujours qui allaient et venaient malgré la terreur, car n’est-ce pas, il faut bien vivre et pour cela trouver sa subsistance, de quoi boire, manger, s’habiller, se chauffer. Et donc ils allaient et venaient, passant devant des contingents de soldats allemands toujours accompagnés de gradés de la police militaire. C’étaient ces derniers qui, d’un ordre bref, faisait arrêter l’un parmi les autres, ici un vieil homme, là une femme, à d’autres moments un enfant ou alors c’était un éclopé ou un cul-de-jatte. Tout cela pendant que les autres passants étaient laissés libres de circuler, que le groupe ou la famille dans qui l’unique arrestation avait été opérée laissés libre aussi, et sans moyen de protester à moins de vouloir se faire abattre sur place sur-le-champ. Qui dira le nombre de mères, de maris, d’enfants abattus pour n’avoir pas voulus laisser un des leurs être enlevés ? Voilà pour les journées. Pour les nuits, c’était les intrusions brutales dans les logements des gens, et cela à toute heure, à 21h comme à minuit ou 5h, sans possibilité aucune de les prévoir ou de les prévenir. Et c’était un homme, une femme, un enfant, un vieillard ou toutes les personnes du logement d’un seul tenant qui étaient arrêtés et emmenés, sans jamais d’explications sur le pourquoi ni d’indications sur l’endroit où ils étaient emmenés. Moi qui vous parle, nous avons été témoins, mon père et moi, d’un de ces enlèvements nocturnes. Témoins auditifs, car une nuit, nous avons entendu les horreurs subis chez le voisin du 5ème, un homme déjà âgé qui souffrait d’une sciatique permanente et qui y vivait avec sa femme. Ma plume se refuse à raconter en détails ce que nous y entendîmes, sinon je ne pourrai m’empêcher de mouiller mon papier de mes larmes. Passons. Cet homme, nous ne l’avons jamais revu. Qu’est-ce que les Boches pouvaient bien avoir comme intérêt militaire à le kidnapper ? « Heureusement » son épouse n’est pas restée longtemps seule. Inutile de vous dire que les nuits n’étaient tranquilles pour personne. Ainsi, celui ou celle qui disparaissait, de jour comme de nuit, on ne le revoyait jamais et personne n’a su jamais ce qu’il a pu devenir, ni avoir aucune information sur le lieu où le retrouver, vivant ou mort. Et cela continue encore jusqu’à aujourd’hui, à l’heure où je vous parle.

Et puis ça a été le tour de mon père…. L’hiver était arrivé et il commençait à geler. Il nous fallait du bois. Il est parti un matin en chercher. C’était lui qui s’en chargeait. Moi, je sortais surtout rapporter de quoi manger. On se partageait les tâches, pour pas que ce soit toujours le même qui se risquât dehors. Quoique nous savions très bien que telles sont devenues les conditions de vie qu’être dehors ou chez soi n’offrait que des chances égales de survie. Mais c’est plus fort que nous, être chez soi nous semble toujours plus sécurisant que nulle part ailleurs. C’est atavique, c’est le propre de l’humain et aussi de l’animal d’ailleurs. Voilà : nous étions devenus des animaux. Et comme les animaux, nous cherchions à ne pas mourir de froid ni de faim. Et c’est ainsi qu’un matin, il est parti chercher du bois. Je le revois encore, par l’encoignure de la fenêtre du salon d’où j’en avais relevé un coin du carton qui l’obstruait. Il était sorti par la porte de l’entrée d’immeuble, avait traversé la rue sous le regard de quelques soldats allemands qui ne l’avaient pas importuné, l’avait remontée (la rue), et après un dernier regard vers la fenêtre où il savait que je l’observai et un dernier geste de la main, fragile, dérisoire, fatigué, déjà retombé à peine ébauché, il a tourné au coin de la rue et a disparu. « Disparu », c’est le mot. Je ne l’ai jamais revu. Je ne rajouterai pas ici l’angoisse de l’attente, mes recherches et démarches vaines auprès de l’administration militaire allemande, ma nuit passée à pleurer de désespoir dans notre appartement glacial et lugubre de son absence. Passons. Les jours ont succédés aux jours. J’ai cru mourir de pleurer. Puis j’ai dû aller chercher moi-même le bois pour me chauffer et ne pas crever. Et la nourriture pour manger et ne pas crever. La vie malgré tout. Et les jours se sont succédés, ai-je dit, mais pas beaucoup plus avant qu’une nouvelle catastrophe n’arrive, qui m’empêcha de trop m’apitoyer sur mon sort.

Je me retrouvai alors seule, sans plus personne de familier vers qui trouver réconfort, soutien, amour, dans ce monde terriblement hostile. Alors j’ai dû réfléchir vers qui je pourrai me tourner pour trouver entraide et ne pas rester totalement seule et démunie. Je voulais encore croire à la générosité et à la solidarité humaine. Il existait encore tellement d’âmes humaines de par notre ville qu’il n’était pas possible que tous leurs cœurs aient été gâtés et noircis par la guerre. Mais qui ? Nos voisins ? Celle du 5ème, inutile d’y songer, elle n’est tout qu’à son chagrin irrémissible de l’enlèvement de son mari. Ceux du 3ème sont déjà partis tenter l’échappée dès le 2ème jour que les allemands étaient là. Ont-ils réussis, je l’ignore. Ceux du 2ème ont eu cette chance extrême d’être partis en Picardie voir de la famille pour l’enterrement d’une vieille grand-mère avant l’arrivés des Boches. Ceux du 1er, un couple d’homosexuels extrêmement discrets et qui n’avaient fait de mal à personne a été pris dans une rafle dans les premiers jours qui ont suivi les premières bombes françaises tombées sur notre ville. Et la concierge du rez-de-chaussée a déserté son logement de fonction pour rejoindre son fils et sa belle-fille ailleurs en ville. Je n’ai plus eu de ses nouvelles. Alors qui d’autres ? Ma pensée s’est tournée vers les gens des immeubles voisins, vers les gérants et vendeurs dans les magasins où j’avais l’habitude d’y faire mes emplettes, avant guerre, et vers le frère de mon père, mon oncle, qui vivait dans un quartier à l’autre bout de la ville. Il y avait sa propre famille. Mais que sont-ils devenus eux aussi ? J’ai attendue d’avoir recouvré des forces en asséchant un peu mes larmes avant d’oser ressortir à la recherche de possibles contacts.

Ce jour-là, j’avais été cherché du bois. En chemin, je décidais d’aller voir prioritairement mon oncle car si mon père avait disparu (sans parler qu’il soit mort), il ne pourrait plus rapporter l’argent de son travail qui était d’être administrateur et superviseur de chantiers à la mairie. Pour ce mois-ci, je devrai encore pouvoir percevoir son salaire sur son compte, dont j’ai procuration. Mais après ? Sans argent, comment manger, se chauffer, payer l’électricité, et autres charges ? Je ne voulais pas me retrouver à attendre des heures dehors dans une file interminable pour recevoir une maigre gamelle d’infecte soupe populaire fournie par les occupants allemands, la mairie et autres services sociaux étant apparemment complètement désorganisés par les récents événements. Seule solution envisageable pour y échapper et conserver une vie digne et décente, compter sur la solidarité familiale du frère de mon père, et tel que je les connais, lui et sa famille, je pourrais y compter. Cela me répugnait un peu de leur demander leur aide mais dans l’état où j’étais, il n’y avait pas à hésiter. Alors après avoir acheté le bois de chauffage et l’avoir ramené à la maison, je suis ressortie et ai pu monter sans trop attendre, par chance, dans un des rares bus qui circulaient encore pour me rapprocher du quartier où mon oncle vivait, en traversant toute la ville. Tout au long du trajet, avec un serrement de cœur, j’ai pu observer la tristesse de la misère où avaient déchu tant de concitoyens de notre bonne ville, elle-même si défigurées par les divers bombes et obus. Le bus devait régulièrement faire de grands écarts pour éviter des trous formés dans la chaussée. Enfin, je descendis. Je me rappelais du chemin pour aller jusqu’à l’immeuble où habitait mon oncle avec sa famille, rue de la Noémie, qui était situé en hauteur d’une colline qui surplombait la ville. Avec une intense contrariété, je ne les trouvais pas chez eux. J’ai sonné, frappé à leur porte, cherché à voir et à se faire voir par les fenêtres. Las. Où étaient-ils allés, vers où, chez qui ? Ils n’avaient pas laissé de message. En espérant qu’aucun malheur ne leur soit arrivé, ce qui, par les temps qui courent, ne serait pas exceptionnel…

Je ressentis un profond découragement et une angoisse qui m’a étreinte la poitrine comme un étau jusqu’à presque m’étouffer. Si eux aussi avaient disparus, d’une manière ou d’une autre, vers qui d’autres me tourner ? Je n’avais pas d’autres familles à part eux, dans la ville. Sans presque m’en rendre compte, je me suis glissée à terre, le dos au mur de l’immeuble, pour m’y asseoir et me forçant à me calmer, à respirer posément, à refouler les larmes que je sentais venir. Je m’efforçais de repousser toutes les émotions et les pensées affolées qui assaillaient mon esprit. Machinalement mes yeux s’étaient portés vers le ciel totalement obstrué de nuages bas et gris et j’y remarquais aussitôt le Zeppelin qui se déplaçait, doucement flottant, irréel, au-dessus de la ville, se détachant nettement de par sa forme d’obus gris-noir sur le gris plus clair des nuages. Je le suivis avidement un moment, comme si le regarder m’était un spectacle anesthésiant des angoisses où j’étais prise. Ce Zeppelin, je le savais, s’en allait bombarder jusque très loin, paraît-il, les arrières des lignes françaises, et même à ce qu’on dit, jusqu’en Angleterre. On en voyait de temps en temps passer au-dessus de nous, énormes, majestueux et terrifiants, à glisser légèrement aérien comme un ballon d’enfant pourtant chargés de tonnes de bombes destinés à répandre la mort à grande échelle sous lui. Monstres affreux parés de grâces légères et de fines élégances. Puis je fus soudain dégrisée de ce spectacle… D’un rêve morne, je basculais brutalement dans un cauchemar épouvantable. Il y eut un bruit d’explosion, le Zeppelin fit une embardée dans l’air et prit feu aussitôt après. Les flammes gagnèrent très vite toute sa superficie. Devenu une torche immense, il chuta doucement vers le sol, tel quelque fantôme dantesque. Il s’écrasa sur les immeubles de la ville, qui paraissait de minuscules insectes tremblants face à sa masse gigantesque, et explosa en embrasant tout autour de lui, en un coup de tonnerre qui paraissait sortir du fin fond de l’Enfer. J’en sentis l’ébranlement jusqu’à la moelle de mes os. Et la chaleur du souffle de l’explosion qui suivit peu après me traversa doucement à me glacer tout le corps. Comme j’étais éloignée, je n’en ai été que caressée. Mais les pauvres gens qui étaient dessous, ou simplement proches du lieu de la chute du Zeppelin…. Je n’en veux rien ajouter, j’en ai la chair de poule horrifiée encore maintenant quand j’y pense. Mais je ne peux éviter d’écrire que le zeppelin en flammes, avec l’hydrogène qui le portait et les bombes qu’il transportait, en s’écrasant, a rasé des quartiers entiers de la ville, toute la moitié ouest en fait, ou réduite à l’état de décombres fumants. Des centaines de gens, des milliers peut-être, en sont morts et pendant des jours, l’air en a paru rempli de l’odeur de leurs chairs carbonisés et on s’infectait les poumons à le respirer. Cela a été une catastrophe bouleversante. Et du haut de mon poste « privilégié », j’ai pu y assister avec une horreur et une désolation que je n’oublierai jamais. Tout n’était plus qu’incendies devant moi et d’immenses colonnes de fumées noires, épaisses comme des doigts boudinés de géant, montaient vers le ciel pour l’assombrir encore plus et y faire venir une nuit précoce. Et je restais là, tremblante, épouvantée, les yeux écarquillés sur cette destruction digne de la fin du monde. Et qui ajoutait à mon désespoir précédent, car je voyais ainsi que le quartier, l’immeuble où j’habitais jusqu’ici, était aussi détruits, disparus en fumée. Le quartier, l’immeuble, l’appartement, où j’avais passé toute ma vie, avec ma famille, et qui peu à peu était devenu le dernier refuge pour mon père et moi, puis pour moi seule. J’avais tout perdu. Je me sentais pétrifiée et en même temps brisée en mille morceaux à l’intérieur. Je n’avais plus rien, plus rien d’autre que les habits que je portais. Puis des morceaux de débris enflammés commencèrent à tomber en pluie autour de moi. Alors je m’enfuis. Je ne savais où j’allais, ne reconnaissant plus rien de la ville que j’avais habité toute ma vie, me cognant sans repères aux rues affolées, aux chaussées encombrées, aux immeubles noircis et partout des torches tombant du ciel de suie. Où aller, que faire, vers qui, quoi…. Mon esprit était dans un état de confusion où seul importait l’idée fixe de fuir, fuir n’importe où.

Tistou 01/02/2016 @ 23:03:06
Eh bien Cédelor, je ne sais pas où tu nous emmènes mais manifestement le thème t'a inspiré !
Si Pieronnelle a réussi à détourner les horreurs guerrières toi tu as pris le parti de nous plonger dedans. En plein dedans.
Je ne sais pas si la suite sera encore dans l'accumulation de noirceurs et de situations toujours plus stressantes ? On verra, me diras-tu ?
Une chose me rassure : ton titre. Il y a Poésie dedans et celle-là n'a pas encore pointé son nez.

Cédelor 02/02/2016 @ 11:05:56
Oui, je l'avais bien dit, que ça m'inspirait. Comme Lobe avait posé la condition "pas de nombre de mots minimum ou maximum", je me suis lâché ! Alors toute une histoire m'est sortie... Autant aller jusqu'au bout.

Pieronnelle

avatar 03/02/2016 @ 01:26:52
Tu as vraiment l'art de raconter Cédélor, que de précisions ! Ça s'apparente à une nouvelle ou bien peut-être un roman ? Es-tu de cette région car tu sembles bien la connaître ? En tout cas j'ai vu qu''il y avait déjà une suite,alors j'y coure...

Lobe
avatar 03/02/2016 @ 21:05:50
Je suis impressionnée par ta capacité à écrire plus que peu, à détailler, à bâtir plus qu'en ellipses. Un peu à la manière de Magicite, mais avec plus "les pieds sur terre" (coucou Tistou!). J'aime beaucoup ton détournement du nom de la rue! Un beau vocable (irrémissible), du souffle (et des explosions). Cap sur la partie II...

Cédelor 03/02/2016 @ 23:16:39
Ben non, Pieronnelle, je ne suis pas du tout de cette région, si tu parles de la Lorraine, que je ne connais pas, d'ailleurs, l'ayant juste traversée peut-être 2 ou 3 fois. La ville dans laquelle je place toute l'histoire est complètement inventée. Tout est imaginaire, la ville, les gens, les évènements. Mais que j'ai tenté de décrire réaliste, d'où sans doute les précisions. C'est mon projet. Et ce projet est une nouvelle, non pas un roman, oh là là ! Même si j'ai toujours rêvé d'écrire des romans, s'essayer aux nouvelles est déjà bien, et cet exercice m'en fournit l'occasion.

Cédelor 05/02/2016 @ 23:30:05
Oui, Lobe, j'écris beaucoup plus que peu, je détaille. J'ai toujours envie de tout bien expliquer pour que tout puisse se suivre clairement. C'est pour ça que quand j'écris, ça prend souvent de l'ampleur, alors qu'au départ, je ne pensais pas écrire autant. C'est comme ça que je fonctionne aussi à mon travail, c'est toujours moi qui écris les mails les plus détaillés, complets et précis. Donc, pour cet exercice actuel, parfois, je me dis que c'est trop, parce que ça va obliger les lecteurs à lire de longs paragraphes sur leur écran alors que ce n'est pas le plus confortable et que ça leur prend du temps. Mais tant pis, j'ai commencé, je vais finir, en gardant le même cap.

Au prochain exercice, je tenterai plus l'ellipse que le détail, promis ! :-)

Sissi

avatar 07/02/2016 @ 19:05:38
Le guerre vue de l'intérieur, par celle qui l'a vue et vécue, et qui la raconte dans tous ses détails macabres...c'est dur, cru, mais c'est la guerre.
C'est anxiogène, angoissant...comme peut l'être la guerre.
Je vais voir la suite!

PS Il y a juste cette phrase "Et il y a aussi hélas les choses qu’on ne veut pas qu’elles arrivent et qui se font quand même" qui me dérange (même si je ne saurais pas dire autrement là à brûle pourpoint)

Nathafi
avatar 08/02/2016 @ 20:41:46
Je m'aperçois à la lecture de ton texte que cette guerre m'est méconnue, la guerre 14-18 pour moi, c'est avant tout les tranchées, la boue etc... Alors grosse surprise concernant le Zeppelin, et ce passage m'a particulièrement plu.
Voyons donc ce qui va arriver à cette jeune fille...

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