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"Utilisez le bac approprié !" Curieuse, cette injonction publicitaire.
Pas évident d'ailleurs de s'y plier. Nous ne sommes pas au Verdon-sur-Mer, où un bac permet de traverser l'estuaire.
Ni en Écosse, où des bacs reliant les rives des firths permettent d'éviter de faire de longs détours. Ce dimanche de juin 1971, nous y connûmes une petite mésaventure. L'auto-stop avait mal marché. Nous atteignîmes l'embarcadère du bac à 23 h. Il faisait certes encore jour. Mais il était trop tard. Le prochain bac serait à 6 h le lendemain. Et nous ne pouvions plus atteindre l'auberge de jeunesse, alors même qu'on devinait, en face, dans le jour déclinant, la petite ville où elle se nichait. Nous étions à court d'aliments, car tout était fermé le dimanche. Seul un paquet de biscuits nous permettrait de tenir jusqu'au lendemain : nous avions compté sur la boutique d'alimentation de l'auberge de jeunesse pour nous ravitailler. La nuit commençait à approcher ; il faisait un peu friquet : où allions-nous dormir ? Nous n'avions qu'un drap de couchage (« sac à viande ») dans nos sacs à dos, mes amies et moi. Car les auberges de jeunesse fournissaient les couvertures.
Un fermier nous ouvrit sa grange pour qu'on dorme sur la paille. Tout habillés, et en rajoutant le pull et le k-way, nous nous sommes couchés, blottis les uns contre les autres pour nous tenir chaud. Ce fut finalement une nuit presque magique ; le jour naquit très tôt, et à 6 h nous étions au bord de l'appontement et nous avons pris le premier bac.
"Utilisez le bac approprié !" Je pense à tel ami qui, recevant ses notes du bac, n'ayant qu'un 8 en philo, avait donc seize points à rattraper, puisque le coefficient était alors de 8. Il n'avait peut-être pas choisi le bon bac !
"Utilisez le bac approprié !" Avant l'arrivée de l'eau courante dans les maisons, les femmes allaient au lavoir public du village. On y trouvait plusieurs bacs : lavage, trempage, rinçage... Dans celui d'eau toujours propre où débouchait la source, les enfants aimaient chahuter, et tremper leurs mains et leurs jambes par les chaudes journées d'été.
Il y a tant de bacs possibles. Et tant de vies possibles. Et tant de rêves possibles. Et tant d'amours possibles. La mairie de Paris a raison d'apposer cette affiche. Choisissons en tout ce qui nous est le plus approprié, affûtons notre existence en nous appropriant lectures, écritures, amitiés, amours, rêves, bacs même...
En fait, approprions-nous le monde !
Pas évident d'ailleurs de s'y plier. Nous ne sommes pas au Verdon-sur-Mer, où un bac permet de traverser l'estuaire.
Ni en Écosse, où des bacs reliant les rives des firths permettent d'éviter de faire de longs détours. Ce dimanche de juin 1971, nous y connûmes une petite mésaventure. L'auto-stop avait mal marché. Nous atteignîmes l'embarcadère du bac à 23 h. Il faisait certes encore jour. Mais il était trop tard. Le prochain bac serait à 6 h le lendemain. Et nous ne pouvions plus atteindre l'auberge de jeunesse, alors même qu'on devinait, en face, dans le jour déclinant, la petite ville où elle se nichait. Nous étions à court d'aliments, car tout était fermé le dimanche. Seul un paquet de biscuits nous permettrait de tenir jusqu'au lendemain : nous avions compté sur la boutique d'alimentation de l'auberge de jeunesse pour nous ravitailler. La nuit commençait à approcher ; il faisait un peu friquet : où allions-nous dormir ? Nous n'avions qu'un drap de couchage (« sac à viande ») dans nos sacs à dos, mes amies et moi. Car les auberges de jeunesse fournissaient les couvertures.
Un fermier nous ouvrit sa grange pour qu'on dorme sur la paille. Tout habillés, et en rajoutant le pull et le k-way, nous nous sommes couchés, blottis les uns contre les autres pour nous tenir chaud. Ce fut finalement une nuit presque magique ; le jour naquit très tôt, et à 6 h nous étions au bord de l'appontement et nous avons pris le premier bac.
"Utilisez le bac approprié !" Je pense à tel ami qui, recevant ses notes du bac, n'ayant qu'un 8 en philo, avait donc seize points à rattraper, puisque le coefficient était alors de 8. Il n'avait peut-être pas choisi le bon bac !
"Utilisez le bac approprié !" Avant l'arrivée de l'eau courante dans les maisons, les femmes allaient au lavoir public du village. On y trouvait plusieurs bacs : lavage, trempage, rinçage... Dans celui d'eau toujours propre où débouchait la source, les enfants aimaient chahuter, et tremper leurs mains et leurs jambes par les chaudes journées d'été.
Il y a tant de bacs possibles. Et tant de vies possibles. Et tant de rêves possibles. Et tant d'amours possibles. La mairie de Paris a raison d'apposer cette affiche. Choisissons en tout ce qui nous est le plus approprié, affûtons notre existence en nous appropriant lectures, écritures, amitiés, amours, rêves, bacs même...
En fait, approprions-nous le monde !
Tu as oublié une option : le bac des poubelles (je suppose qu'à Paris on trie les déchets...?). Donc, point de peaux de bananes dans le bac du papier, ni de ferraille dans le bac des "organiques"... Mais il ne me semble pas avoir remarqué une grande diversité de bacs dans Paris. On y pratique peut-être le bac universel ? Ici, on en a cinq, à Vienne (Autriche) ils en ont huit ou neuf.
Ce bac doit s'apparenter au "bachal" alpin (tronc évidé en abreuvoir) et provenir du "bascauda" gaulois, qui signifiait "cuvette" et par extension et par la suite tout ce qui ressemblait à un récipient creux.
Ce bac doit s'apparenter au "bachal" alpin (tronc évidé en abreuvoir) et provenir du "bascauda" gaulois, qui signifiait "cuvette" et par extension et par la suite tout ce qui ressemblait à un récipient creux.
Hello Cyclo. J'ai bien l'impression que c'est ta première participation ici dans Vos Ecrits ? N'est-il pas ? Comment ne pas dire "Bienvenue" !
C'est bien vrai qu'il y en a à foison des bacs possibles, et des vies possibles, et des rêves possibles ... Le problème, c'est de savoir distinguer le "possible" dans la gangue du quotidien qui nous englue. Pas simple, et nécessite certainement une aptitude de ... chercheur de cristaux qui sait deviner qu'à l'intérieur de ce caillou apparemment informe ...
Les "possibles" on a l'impression qu'ils se recroquevillent par les temps qui courrent. Du moins les "possibles" souhaitables et heureux. Parce que pour ce qui est des autres ...
C'est bien vrai qu'il y en a à foison des bacs possibles, et des vies possibles, et des rêves possibles ... Le problème, c'est de savoir distinguer le "possible" dans la gangue du quotidien qui nous englue. Pas simple, et nécessite certainement une aptitude de ... chercheur de cristaux qui sait deviner qu'à l'intérieur de ce caillou apparemment informe ...
Les "possibles" on a l'impression qu'ils se recroquevillent par les temps qui courrent. Du moins les "possibles" souhaitables et heureux. Parce que pour ce qui est des autres ...
Dans les "possibles" souhaitables et heureux, il y a tout de même tout ce qui relève du domaine artistique : littérature (après tout, on est sur un site de lecteurs), musique, beaux-arts, cinéma, théâtre, danse, etc. Mais aussi la pratique de l'amitié, l'amour, la solidarité, l'accompagnement des autres (les enfants, les vieillards, les malades, etc.), la vie, quoi ! Bien sûr, je suis moi-même déjà "vieux" (70 ans bientôt) et donc retraité, je ne suis plus englué dans la gangue du quotidien, comme tu dis. Je n'ai plus de voiture et donc, n'y perds pas un temps considérable en déplacements inutiles (et embouteillages !!!) ; je prends mon temps. Je circule beaucoup à vélo, non seulement ici, à Bordeaux, mais l'été aussi (avec aide du train pour raccourcir des distances), pour aller lentement à la "rencontre des autres", sans être enfermé dans la vitesse. J'essaie de mettre internet à sa juste mesure et de ne pas en être dépendant : en voyage, je m'en passe volontiers.
Je n'ai jamais autant lu, ni autant vu de films (au cinéma), ni autant fréquenté mes amis (qui vont de 20 à 97 ans) et ma famille élargie, ni autant pratiqué l'hospitalité (bénévole, via couch-surfing) et j'ai l'impression qu'au contraire, s'il y a un temps pour l'élargissement des "possibles", c'est bien celui de la retraite, si on ne reste pas dans le repli sur soi... Ce qui ne m'empêche pas d'aimer aussi beaucoup la solitude, d'ailleurs indispensable pour lire, écrire, méditer et se ressourcer...
Je n'ai jamais autant lu, ni autant vu de films (au cinéma), ni autant fréquenté mes amis (qui vont de 20 à 97 ans) et ma famille élargie, ni autant pratiqué l'hospitalité (bénévole, via couch-surfing) et j'ai l'impression qu'au contraire, s'il y a un temps pour l'élargissement des "possibles", c'est bien celui de la retraite, si on ne reste pas dans le repli sur soi... Ce qui ne m'empêche pas d'aimer aussi beaucoup la solitude, d'ailleurs indispensable pour lire, écrire, méditer et se ressourcer...
Sans oublier le bac à sable,premier lieu de méditation :-)
Mais celui que je préfère c'est bien celui qui permet de passer d'un endroit à un autre, lentement, en prenant garde au courant de la rivière qui aurait tendance à nous faire dévier...
Le bac à rêves, pas mal non plus...:-) et plein d'avenir...
Mais celui que je préfère c'est bien celui qui permet de passer d'un endroit à un autre, lentement, en prenant garde au courant de la rivière qui aurait tendance à nous faire dévier...
Le bac à rêves, pas mal non plus...:-) et plein d'avenir...
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