Libris québécis
avatar 01/09/2015 @ 17:58:16
La dynamique décrite par l'œuvre s'applique aussi au Québec.

Fanou03
avatar 02/09/2015 @ 11:21:07
Cependant François de Closet note que si la "réforme" de l'orthographe de 1990 avait déclenché une querelle importante en France et a beaucoup peiné à être mise en application, la Belgique et le Québec semblent avoir été plus réceptifs à cette rénovation:

"En Belgique, les rectifications ont été adoptées dès le début des années 1990 dans les universités, les jurys d'examens les ont appliquées, une association s'est créée, l'APARO, pour les faire connaître du public, et même les championnats d’orthographe les ont intégrées dans leur règlement. Seuls les correcteurs de presse restent réticents. Quant à l'institution scolaire belge, elle s'est ouverte en quelques années dans l'enseignement libre, mais a attendu 1998 dans l'enseignement public. Pour sa part, André Goosse, qui édite le Français Correct, c'est-à-dire le Grevisse, introduit sans plus tarder les nouvelles règles dans l'ouvrage de référence de tous les puristes.

Pour le Québec, le français est une bataille de tous les jours. Ils vivent un véritable bouillonnement linguistique, et la réforme de l'orthographe est au centre de vives polémiques, fait l'objet d'expérimentation, et certains voudraient aller beaucoup plus loin dans la réécriture de notre langue. L'Office Québécois de la Langue Française se déclare favorable aux rectifications dès 1991. Toutefois il est retenu par les polémiques parisiennes et craint de se doter d'une écriture qui ne serait plus celle de l'Hexagone. L'Office n'en décide pas moins d'introduire progressivement les nouvelles graphies sans jamais susciter les crises de nerfs que nous avons connu."

Fanou03
avatar 03/09/2015 @ 09:09:13
François de Closet explique que les scribes de la Renaissance ont beaucoup ornementé notre langue (en rajoutant des consonnes muettes notamment), sans forcément de justification étymologique, pour faire en sorte de "latiniser" visuellement le français.

Je remarque à ce propos, suite à mes dernières lectures d'ouvrages de Terry Pratchett, que Patrick Couton, le traducteur des Annales du Disque-Monde détourne joyeusement ce principe d'ornementation pour donner une "patine" à certaines citations. Exemple dans Sourcellerie:

(Une chimère s'apprête à attaquer le Bagage. Une note de bas de page décrit l'animal.)

"Pour une description de la Chimère, reportons-nous au célèbre Bestiaire de Balaibrume, Anima Unnaturale: Elle a d'une syrayne les troys pates, d'une toruye le pelasge, d'un oisel les dents et d'un serpents les aysles. Bein entendu, je ne possayde aucune preuvse de ce que j'avance car la bêste a le souffle d'une chaudiayre et le temparament d'un ballon en bosdruche dans un housragan."

Radetsky 03/09/2015 @ 09:33:39
"Pour une description de la Chimère, reportons-nous au célèbre Bestiaire de Balaibrume, Anima Unnaturale: Elle a d'une syrayne les troys pates, d'une toruye le pelasge, d'un oisel les dents et d'un serpents les aysles. Bein entendu, je ne possayde aucune preuvse de ce que j'avance car la bêste a le souffle d'une chaudiayre et le temparament d'un ballon en bosdruche dans un housragan."

:) J'essaie d'imaginer une "toruye"...une truie ??

Entre nous, ce n'est pas pire que les parlers énarque ou journalistique, lesquels, lorsqu'ils ne se foutent pas de la grammaire, cultivent l'abscons et l'obscur.

Pauvre langue, de toute manière.

Fanou03
avatar 03/09/2015 @ 09:57:49
:) J'essaie d'imaginer une "toruye"...une truie ??


Oups, pardon Radestsky, c'est une coquille de ma part, il fallait lire "tortuye", donc plutôt "tortue" je pense, dont le doux "pelasge" est bien connu ! :)

Libris québécis
avatar 03/09/2015 @ 16:01:05
Ce que je trouve bizarre, c'est l'indication par les accents des lettres disparues à l'oral en ce qui concerne les noms.

Hôpital : l'accent indique la disparition du s en latin. Par contre l'adjectif l'a conservé : hospitalier. L'anglais l'a conservé : hospital.
Forêt : même remarque : forestier et forest.

L'accent aigu indique moins une prononciation qu'une commutation. Le s est commué en é pour les noms.
Scola donne école mais scolaire pour l'adjectif. L'anglais transgresse moins l'étymologie : school.

L'anglais n'est pas une langue latine, mais le germain et le latin originent d'une langue commune.

Autre bizarrerie de l'orthographe français, c'est l'indication de la lettre de la première syllabe du mot latin réduit à une seule syllabe en français. Digitus est devenu doigt.

Je pourrais continuer longuement ces particularités de l'orthographe français. L'anglais ne s'est pas livré à cet exercice étymologique. Généralement, on ne s'est débarrassé que des suffixes. C'est pour ça que de nombreux mots anglais terminent par une consonne que l'on prononce cependant.

Une langue indique un esprit. Les francophones seraient-ils des gens compliqués ?

Feint

avatar 03/09/2015 @ 16:29:09

L'accent aigu indique moins une prononciation qu'une commutation. Le s est commué en é pour les noms.
Scola donne école mais scolaire pour l'adjectif. L'anglais transgresse moins l'étymologie : school.
Dans ce cas d'"école" (c'est le cas de le dire !) l'orthographe n'est pas en cause, elle est phonétique et correspond à la prononciation, laquelle s'est transformée après la colonisation de l'Angleterre par les Normands. La prononciation de l'anglais "school" reste plus proche de la prononciation du même mot en français du 11e siècle. C'est aussi le cas de "noise", qui se prononce encore en anglais telle que se prononçait le mot "noise" français à l'époque. Là, en revanche, l'orthographe actuelle est conservatrice, comme dans tous les mots où la graphie oi correspond au son [oi].

Feint

avatar 03/09/2015 @ 16:33:32

La prononciation de l'anglais "school" reste plus proche de la prononciation du même mot en français du 11e siècle.
Le son [é] était déjà apparu mais le s se prononçait encore.

Fanou03
avatar 04/09/2015 @ 13:55:37
Ce que je trouve bizarre, c'est l'indication par les accents des lettres disparues à l'oral en ce qui concerne les noms.


Libris, François de Closet indique à ce sujet dans son bouquin une référence qui pourrait t'intéresser, surtout au sujet de l'accent circonflexe:

"L'accent du souvenir", du linguiste Bernard Cerquiglini (http://leseditionsdeminuit.fr/f/index.php/…).

Libris québécis
avatar 09/09/2015 @ 15:44:08
La linguistique est un domaine très intéressant. C'est pour quoi mes études ont porté sur le sujet. Je me suis bien amusé à décortiquer les préfixes. Par exemple, le préfixe dé se prête à bien des considérations : il signifie enlever. Dévoiler = enlever le voile, mais déboutonner n'implique pas que l'on enlève les boutons. Mais dan les deux cas, il s'agit d'une inversion de l'opération qui a précédé. Dans désapprouver, nous abordons la négation : je n'approuve pas. Et ainsi de suite.

Feint

avatar 09/09/2015 @ 19:13:00

comme dans tous les mots où la graphie oi correspond au son [oi].
En fait je voulais écrire "comme dans tous les mots où la graphie oi correspond au son [wa]".

Fanou03
avatar 04/02/2016 @ 14:29:52
La "réforme" de l'orthographe est toujours un sujet d'actualité ! :

http://lemonde.fr/les-decodeurs/article/…

Feint

avatar 04/02/2016 @ 18:17:29
La "réforme" de l'orthographe est toujours un sujet d'actualité ! :

http://lemonde.fr/les-decodeurs/article/…
Un petit billet d'humeur, du coup : http://hublots2.blogspot.fr/2016/02/…

AmauryWatremez

avatar 04/02/2016 @ 20:59:14
La réforme de l'orthographe si décriée part de bonnes intentions. Constatant que celle-ci est un « marqueur social » de plus en plus appuyé, et que la dysorthographie est endémique dans les écoles françaises, l'Académie est les institutions décident de la réformer et de l'adapter à l'ère des « essèmesses ». Comme cela, croient-ils, les plus précaires, les français de fraîche date ne se sentiront plus stigmatisés par leur ignorance d'une langue qui leur serait maintenant beaucoup plus accessible car recelant beaucoup moins d'exceptions
http://mesterressaintes.hautetfort.com/archive/…

Frunny
avatar 04/02/2016 @ 21:06:10
Il est tellement plus simple d'amener l'homme dans la fange que de tenter de l'élever.
Après l'offrande du bac aux décérébrés boutonneux au QI de paramécie, on leur sert aujourd'hui une ortografe décontaminée.
L'égalité des chances comme argument massue...
ça daune anvi de vauté à goche !

Bernard2
avatar 05/02/2016 @ 10:22:22
Alors que le marasme perdure, que le gouvernement oscille entre ordre contrordre et désordre, que le président ne préside plus rien, enfin une nouvelle vient nous donner un réel espoir.
La suppression de l'accent circonflexe.
Il fallait y penser ! Plus de chômage. Le gouvernement ne fera plus d'âneries, plus de bêtises extrêmes. On ne va plus en blêmir.
Mais hélas, pas de quoi faire la fête, on ne va pas rêver. N'y voyons pas de trêve.
Et le marasme restera âpre.
A moins qu'une nouvelle réforme nous sorte de l'abîme, de cette crise aiguë.
La suppression du tréma.

Guigomas
avatar 05/02/2016 @ 10:29:50
Moi ce qui me fout les jetons avec cette réforme, c'est que je ne sais pas quel est le pluriel de gratte-ciel. Et ça, douter d'un pluriel, c'est angoissant.

Guigomas
avatar 05/02/2016 @ 10:33:46
"On aura soin de choisir soigneusement entre le nénuphar et le nénufar selon la personne à qui on l'offre."

C'est joli ça Feint. Et très vrai sans doute, on va vers une querelle des Oignonistes et des Ognonistes...

Stavroguine 05/02/2016 @ 12:14:43
La réforme de l'orthographe si décriée part de bonnes intentions. Constatant que celle-ci est un « marqueur social » de plus en plus appuyé, et que la dysorthographie est endémique dans les écoles françaises, l'Académie est les institutions décident de la réformer et de l'adapter à l'ère des « essèmesses ». Comme cela, croient-ils, les plus précaires, les français de fraîche date ne se sentiront plus stigmatisés par leur ignorance d'une langue qui leur serait maintenant beaucoup plus accessible car recelant beaucoup moins d'exceptions
http://mesterressaintes.hautetfort.com/archive/…


Pas vraiment en fait. La réforme date de 90, donc bien avant le SMS et répondait plutôt à l'époque à la perte d'attraction du français comme langue internationale, notamment par rapport à l'anglais. S'il y a bien une volonté de simplifier la langue, elle ne concerne donc pas les "décérébrés boutonneux au QI de paramécie" (en passant, un jour, j'aimerais bien savoir la contribution exceptionnelle que l'homme qui se cache derrière Frunny a apporté à l'humanité pour se permettre de tels jugements), mais plutôt les étudiants ou professionnels étrangers que la difficulté de la langue pourrait dissuader de venir s'installer en France, ou encore les institutions/firmes internationales (pour avoir travaillé à l'ONU, où le français est une langue officielle au même titre que l'anglais, je peux témoigner que 90% du personnel et des travaux parlent ou sont produits en anglais, les 10% restant ne concernant quasi-exclusivement que des équipes dont les membres sont originaires de pays francophones).

Quant au fond de la réforme, je ne suis pas linguiste, mais elle ne me semble pas absolument idiote. Nénuph/far (les deux graphies sont attestées au XIIIè) par exemple retrouve son origine arabo-latine qui ne justifie en rien le recours au ph pour produire le son [f] (ph qui nous vient de Grèce, comme dans "sophisme", et qui, à l'origine, est donc certainement une erreur dans nénuphar - le TLFi l'attribue à l'influence avec nymphéa). En revenant à nénufar on corrige donc plutôt une faute d'orthographe ancienne. Idem pour oignon dont ni la phonétique ni l'étymologie ne justifient le i puisqu'il ne change rien à la prononciation en [o] (on ne pas "wanion") et qu'il vient du latin unionem, lui-même venant de unus parce que l'oignon, à la différence de l'ail, n'a qu'un seul tubercule : aucune trace de i avant le n, donc.

Quant à l'accent circonflexe, il se maintient dans toutes les conjugaisons (dû, imparfait du subjonctif, P4 et P5 du passé simple) et sur les a, les o et les e, c'est-à-dire sur les lettres où il correspond effectivement à "une élévation de la voix limitée à la partie initiale d'une voyelle longue" (TLFi). En effet, il existe une différence de prononciation entre pâte et patte ; entre paraître et paraitre, ça me semble moins évident. Et même sur les i et les u, il se maintient quand il sert à opérer une distinction entre deux homonymes (mur et mûr, par exemple), ce qui est peut-être la chose la plus contestable et infondée finalement.

Après, on peut évidemment être contre cette réforme, trouver inutile, voire nuisible de modifier la langue par décret, encore que celui-ci date et qu'on n'en reparle seulement aujourd'hui parce que les éditeurs ont décidé d'appliquer la "nouvelle" orthographe (presque aussi vieille que moi) dans leurs nouveaux manuels... sans doute pour pousser à l'achat d'une nouvelle édition : faut-il donc blâmer un gouvernement pseudo-socialiste qui pour le coup n'y est pas pour grand chose ou les éditeurs soumis aux logiques capitalistes et soucieux de générer du profit ? On peut regretter donc qu'on touche à l'orthographe, conservatrice par nature, mais je ne peux m'empêcher de trouver hypocrite certains des cris d'orfraie poussés par de drôles d'oiseaux dont je n'avais pas perçu, jusqu'à hier, l'extrême sensibilité à la question du respect de l'orthographe.

Par contre, je suis assez d'accord avec Feint et plus que la nouvelle orthographe elle-même, c'est la co-existence des deux orthographes qui me pose problème, comme s'il y avait une orthographe du peuple et une de l'élite. A en juger par la réaction de Frunny, par exemple, j'imagine que s'il était chef d'entreprise et qu'il recevait deux lettres de motivation contenant le mot "nénuph/far" orthographié selon les deux façons, il embaucherait le "nénuphar" et cracherait tout son mépris au "nénufar" qui serait pourtant tout aussi (voire plus) juste. Et ça, c'est un véritable problème.

Saule

avatar 05/02/2016 @ 12:44:27
Bernard :-)

Qui écrit encore clef au lieu de clé (à part moi) ? Comme quoi, on râle un peu et puis on s'adapte, car à l'époque ça avait surement fait grand bruit. Adapter le français n'est pas si bête. Par contre j'aime beaucoup les accents circonflexes (malgré que je suis obligé de jongler avec les alt-13x sur mon clavier qwerty).

Les gratte-ciel, ça reste invariant car gratter ne caractérise pas l'objet, non ? Ou alors je confonds ? De toute façon un prof ne prend pas de points pour une subtilité comme ça (et en plus Provis n'est pas là).

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