Fanou03
avatar 08/04/2014 @ 17:59:35
Quelques épisodes de Kaamelot, bien connus des amateurs de la série, mettent en scène Perceval, Karadoc et l'aubergiste en train de jouer à différents jeux aux règles particulièrement subtiles et complexes, comme le célèbre cul-de-chouette, mais aussi les jeux du Pays de Galles: la grelottine, l'artichette, ou encore le sirop...

Coïncidence littéraire ou influence réelle, on trouve en tout cas dans une pièce de Boris Vian, "Le goûter des généraux", une scène (acte III, scène 1) rappelant ces fameux épisodes Kaamelotiens.

Quatre généraux qui s'ennuient s’apprêtent, sur la proposition de l’un deux, Le général Laveste, à faire une partie de tire-larigot...Je vous en fais un extrait raccourci pour vous rendre compte des similitudes avec les jeux de Kaamelot.

"- c'est un jeu très amusant. Je me souviens qu'on y jouait toujours à la maison. C'est mon père qui me l'avait appris et je crois que ça vous plaira: ça s'appelle le tire-larigot. Voyons...Il faut d'abord choisir un pinailleur. Le pinailleur prend vingt paquets de cinquante deux cartes. Il les mélange soigneusement et il en donne deux cents trente trois à chacun...une par une..et en changeant de sens tous les dix tours... [...] Si un 2 rouge suit un 4 noir, le pinailleur passe 17 cartes au joueur qui précède immédiatement le dernier à avoir fait deux plis consécutifs [...]

Il faut d’abord savoir qui jouera le premier...pour ça j’ai besoin d’un tapistron...le tapistron commence par quitter le jeu et par faire le tour de table trois fois en se tenant le nez..."

Les généraux s’apercevant qu'ils n'ont de toute façon pas tous les paquets de cartes requis, ils abandonnent l'idée de jouer au "tire-larigot"...Sur quoi la scène se conclue par une nouvelle proposition de Laveste:

"Mais si ça vous tente il y a aussi le talatzinntatzine..."

Shelton
avatar 08/04/2014 @ 21:02:18
J'adore les jeux gallois de l'ami Perceval... Que du bonheur !

Ndeprez
avatar 08/04/2014 @ 22:42:12
L'ancêtre du Kamoulox du duo Kad et O ....

Shelton
avatar 09/04/2014 @ 03:39:44
Effectivement !

Fanou03
avatar 14/04/2014 @ 17:41:43
Dans la série des jeux absurdes, n'y a-t-il pas dans "Le Guide du voyageur galactique" un passage décrivant une sorte de duel mental dont le but consiste à faire boire de force à son adversaire une boisson alcoolisée ? Certains d'entre vous se souviennent-ils de ce passage ?

DE GOUGE
avatar 16/04/2014 @ 23:17:47
Dans la série des jeux absurdes, n'y a-t-il pas dans "Le Guide du voyageur galactique" un passage décrivant une sorte de duel mental dont le but consiste à faire boire de force à son adversaire une boisson alcoolisée ? Certains d'entre vous se souviennent-ils de ce passage ?

Fanou03, demande à un vrai/faux supporter de foot ?
Bon, j' arrête d'être langue de vipère ...

Kaamelot : une merveille !
Une superbe et si "inscrite en nous" légende d' Hier : revue et corrigée par l'humour acerbe et absurde d'un Astier proprement génial, gaulois et salement incorrect (ça fait du bien et ça agace positivement) ....!
De la dérision sort une amertume, en fin de parcours, qui justifie plus encore,les délires premiers !
Bref,j'en sors avec 2 envies :
- Boris Vian et cet ouvrage inconnu
- Kaamelot, le livre.

Merci,Fanou03

Fanou03
avatar 18/04/2014 @ 10:50:38
Bref,j'en sors avec 2 envies :
- Boris Vian et cet ouvrage inconnu
- Kaamelot, le livre.


Content de t'avoir donné des envies de lecture, De Gouge ! Pour Vian, je te conseille un de ses recueils de pièces de théâtre dans lequel tu trouveras le "Goûter des généraux" et quelques autres pièces savoureuses (http://amazon.fr/Th%C3%A9%C3%A2tre-B%C3%A2tisseurs…)

Et je te confirme, pour être en train de l'expérimenter, que Kaamelot se lit aussi bien qu'il se regarde !

Fanou03
avatar 01/05/2015 @ 13:18:08
Vous vous souvenez sûrement de cet épisode de Kaamelott où une comptine, intitulée "à la volette", n'arrêtait pas de trotter dans la tête du roi Arthur (interprété par Alexandre Astier) à son grand énervement (voir par exemple http://www.wideo.fr/video/iLyROoafte-1.html).

Preuve que la série a décidément de nombreux adeptes, je vous signale le charmant livre pour enfant "à la volette" de Cécile Bonbon (http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/45188) dont l'histoire est construite sur les paroles de cette comptine traditionnelle. Et Cécile Bonbon dédicace notamment son livre à un certain "Alexandre A."...

Fanou03
avatar 10/07/2015 @ 14:05:12
On cite souvent, dans les sources qui auraient influencées Alexandre Astier pour Kaamelott, la troupe des Monty Python et en particulier leur film Sacré Graal. Pour ma part j'ai trouvé, dans Le Grand Livre des Monty Python (http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/45631) une saynète amusante, intitulé "Royal", qui pourrait presque préfigurer Guethenoc et Roparzh, les deux paysans grincheux et revendicatifs de Kaamelot:

(Le pauvre roi Arthur débat avec un couple de paysan anglais anarcho-autonomiste)

ARTHUR : Taisez-vous ! Je vous ordonne de vous taire !
PAYSANNE : Il nous ordonne, hein ! Pour qui il se prend ?
ARTHUR : Je suis votre roi !
PAYSANNE : Ah ! Mais je n'ai pas voté pour vous...
ARTHUR: On n'élit pas un roi.
PAYSANNE: Ah oui ? Alors comment êtes-vous devenu roi ?
ARTHUR : La Dame du Lac, de son bras revêtu de la plus pure et de la plus étincelante des étoffes, brandit Excalibur hors du cœur des flots, signifiant que, par la Divine Providence, moi, Arthur, avait été choisi pour porter à mon flanc Excalibur. Voilà pourquoi je suis votre roi !
PAYSANNE : Est-ce que Franck est là ? Il serait capable de s'occuper de celui-là.
PAYSAN: Écoutez, des femmes bizarres qui distribuent des épées en faisant la planche dans des mares, on peut pas considérer ça comme la base d'un système de gouvernement. Le pouvoir exécutif suprême découle du choix des masses, pas d'une cérémonie farcesque et aquatique.
ARTHUR: Taisez-vous !
PAYSAN: Vous ne pouvez pas prétendre être en droit d'exercer le pouvoir exécutif suprême simplement parce qu'une poule d'eau vous a balancé une épée !
ARTHUR: La ferme !
PAYSAN: Enfin quoi, si je me baladais en prétendant que je suis empereur parce qu'une nana toute moie m'a lancé un cimeterre, tout le monde m'enfermerait !
ARTHUR (le prenant par le col): Vous allez la fermer, oui ? La ferme !
PAYSAN: Ah ! Voilà bien la violence inhérente au système !
ARTHUR: Ta gueule !
PAYSAN: Venez voir la violence inhérente au système ! Au secours, au secours on me réprime !
ARTHUR: Putain de paysans !
PAYSAN: Oh, vous avez entendu ça ! Ça se passe de commentaires !

Fanou03
avatar 30/09/2020 @ 23:08:09
Cela n'a rien à voir avec les "jeux absurdes" mais je tenais à relayer ici un intéressant texte d'Édouard Bureau (auteur du "Lion Sans Crinière") concernant le Merlin de Kaamelot, texte écrit dans le cadre d'un entretien avec une blogueuse (Marianne Levy) qui demande à ses invités de choisir un personnage de série et de répondre à trois questions à son sujet.

Édouard Bureau a donc choisi quant à lui Merlin de Kaamelot et va dire pourquoi.

Qui est le seul personnage de série qui peut quelque chose pour toi ?

Pour que quelqu’un puisse quelque chose pour nous, peut-être faut-il d’abord s’en sentir proche. C’est un réflexe qu’on peut qualifier d’égotiste comme d’empathique ; mais savoir que nous partageons les mêmes réactions aux souffrances, les mêmes ressentis face à la survenue d’un événement nous permet de nous retrouver sous les traits d’une altérité : c’est ce qui nous rapproche qui nous permet de nous identifier. Dans une série, qui s’étend dans le temps, il est plus aisé que dans un film de trouver ce supplément d’âme, cette humanité qui nous rendent proches des personnages vivant des existences éloignées de la nôtre. Cet avantage indéniable des séries sur les longs métrages fait que j’ai beaucoup hésité à trouver un héros de série qui « puisse quelque chose pour moi. »

Il semble curieux de se sentir proche d’un druide breton de la fin de l’Empire romain, et plus encore d’imaginer que ce personnage nous ressemble au point de nous aider. Pourtant, c’est bien à lui que je pense : Merlin, le célèbre druide du roi Arthur de « Kaamelott ». Il cumule les titres d’enchanteur de Bretagne, de grand vainqueur de la Belette de Winchester, de concepteur de la potion de guérison des ongles incarnés, d’auteur du parchemin Le Druidisme expliqué aux personnes âgées. Je n’ai donc pas de quoi pavoiser face à un tel palmarès ! Mais enfin, de telles ambitions incitent au dépassement de soi, non ?
.
D’accord il a changé ta vie mais comment ?

Le personnage est humain, très humain : il semble maladroit, il rate, il brûle, il explose. Il est aussi orgueilleux, il s’emporte, il se met en rogne. Mais tous ses défauts sont contrebalancés par ses qualités tout aussi excessives : il réussit (parfois trop bien) certains sorts et onguents, ses approximations viennent souvent de bonnes intuitions – il en sauve la vie d’Arthur. Plus encore, son orgueil tient moins à lui-même qu’à sa fonction. Ce n’est donc pas de lui-même qu’il a une haute opinion mais de son rôle. Son orgueil apparent tient plus de l’abnégation et du don de soi, c’est beau !

La série – et c’était un choix délibéré et très tranché d’Alexandre Astier – complexifie les personnages : le comique des premiers tomes, sans s’effacer complètement, laisse place à un sens du tragique. À partir du livre III, la transition s’opère et l’humour de façade ne masque plus les questionnements et les profondeurs des héros. On découvre ainsi tout ce que le roi Arthur doit à Merlin, qui auparavant a pour notable fait d’arme d’inventer de quoi réduire le temps de dessalage des filets de morue. Je me rappelle avoir mis des années avant d’attaquer la partie « sérieuse » de Kaamelott mais je me souviens aussi de la révélation que ça avait été : ceux-là qui me faisaient franchement rire étaient en fait profonds et humains ! Outre le tour de force, je me suis identifié à chacun des personnages (Arthur, Léodagan, Perceval…) : ils bombent le torse et veulent faire bonne figure mais leur âme n’est pas reluisante cependant que de cette fange transparaît l’espoir d’une vie droite. C’est un formidable cri d’espérance : des ténèbres a jailli la lumière !

Dans le cas de Merlin, le résultat est un personnage cahin-caha mais juste. C’est un trait qui me plaît : Merlin est bancroche mais il cherche la bonté. C’est toute sa grandeur d’âme, révélée par ses menues maladresses. Il est une métaphore assez touchante de chacun de nous : nos échecs, nos réussites, nos excès et nos hésitations sont le résultat d’une intériorité invisible au premier coup d’œil. Dès lors, je me sens revigoré de voir combien mes petitesses peuvent être surmontées.
.
Et il pourrait quoi pour la nôtre ?

Il nous aiderait tous à relativiser nos accablements. Merlin est un personnage profondément bon, qui finit par se détourner de son désir d’appartenance à un statut pour s’accomplir loin des oripeaux de la cour. Dans le fond, nous sommes tous des Merlins, tiraillés entre le brillant et le lumineux. C’est à nous d’oser prendre le maquis, nous enfoncer dans la forêt. Je dis cela parce que cet appel à l’épanouissement de l’être apparaît en majesté dans les derniers livres de la série : on découvre que ce magicien est plus exactement un druide et qu’il a besoin du contact de la nature et d’une vie simple et retirée pour user de ses pouvoirs surnaturels. Dès ce moment, Merlin acquiert, non du prestige, mais des capacités magiques qu’il pensait perdues. C’est merveilleux de justesse.

Shelton
avatar 01/10/2020 @ 09:38:09
Merci pour cet entretien assez inintéressant !

Fanou03
avatar 03/10/2020 @ 10:42:43
Merci pour cet entretien assez inintéressant !


"assez intéressant" plutôt qu' "inintéressant" j'espère, Shelton ;°)

Cela m'a fait penser que la première fois que je suis tombé par hasard sur un épisode d "Kaamelot" à la télévision c'était justement l'inénarrable Merlin qui fait son "show" maladroit devant le roi Arthur. Et moi, qui ne connaissait pas cette série, je m vois encore me dire: "mais qu'est-ce que c'est que ce truc là..?"

Page 1 de 1
 
Vous devez être connecté pour poster des messages : S'identifier ou Devenir membre

Vous devez être membre pour poster des messages Devenir membre ou S'identifier