Benoit
avatar 09/08/2004 @ 15:16:39
Avant-propos :
Oui, bon, j'ai pas respecté les règles : ne cherchez ni indicible ni velléitaire : je ne les ai pas placés dans mon texte...
A part ça, bonne lecture (j'espère!)!

Monique 09/08/2004 @ 15:17:06
OUI ???....

Benoit
avatar 09/08/2004 @ 15:17:31
A l’ouest, le disque du soleil, rougeâtre, était encore entier mais d’ici peu il serait tangent à l’horizon. Il éclairait de ses derniers rayons la verte campagne anglaise, peu vallonnée. Sur quelques collines, un bosquet d’arbre trônait au sommet. Au milieu de ce décor champêtre où le gazouillis des oiseaux se transformait en murmure puis en pépillement à l’approche de la nuit, une ligne de chemin de fer épousait harmonieusement les courbes des reliefs. Le long de celle-ci, marchait une laitière avec son pot au lait perché sur sa tête, tenu d’une seule main. Sous le pot, elle avait habilement placé un torchon qui faisait office de tampon entre lui et son crâne.
Chaque pas qu’elle faisait été minutieusement exécuté : poser la semelle du sabot bien à plat sur les cailloux, exercer une pression uniforme sur toute la plante du pied : le sabot s’enfonçait alors parmi les pierres. Une fois que le sol était bien ferme sous la plante, reporter tout le poids de son corps sur la jambe du même pied puis recommencer avec le deuxième pied.
Elle était aussi prudente car avec les sabots, elle aurait eu vite fait de se tordre une cheville en marchant sur ce sol qui se dérobait sous ses pas et ce serait la catastrophe : le lait se renverserait par terre !
- C’est bien pratique ces cailloux, murmurait-elle, ça m’évite de patauger dans la boue ! Mais qu’est-ce que c’est lent !
En effet, elle était partie à 16 heures de chez la vieille Pickerson et elle ne serait sûrement pas chez elle avant 19 heures ! D’habitude, c’était moitié moins long. Mais elle avait été curieuse de découvrir cette nouvelle voie qui passait pas loin de chez elle et de chez la vieille Pickerson. Alors, elle s’était engagée sur ce nouveau chemin, les pieds au sec mais la démarche lente.
- Quand même, ça a dû coûté une petite fortune cette chose-là ! maugréait-elle en regardant les cailloux, les deux rails métalliques et les traverses en bois. Trois mois qui z’ont mis à la construire ! Tout ça pour une nouvelle machine qui ne marchera jamais : elle avance sans cheval ! Enfin, c’est la vieille qui me l’a dit… Ah, dame ! Y’a de l’argent qui se perd…
Une petite étincelle traversa ses yeux et un sourire étira doucement ses lèvres :
- S’ils me l’avaient donné, cet argent, j’aurais su quoi en faire, pardi ! On aurait acheté une vache, assez jeune mais pas trop. Le taureau de notre voisin le vieux Mac Peterson l’aurait engrossé. Ca doit faire longtemps qu’il a pas vu de jeune viande, celui-là ! Hé, hé ! Mais il est toujours en forme, je l’ai bien vu ! Ah !
Sa rêverie l’avait détournée de la préoccupation de ses pas et le pied qu’elle venait juste de poser avait glissé sur quelques centimètres. Le pot tangua mais rapidement elle y porta sa deuxième main pour le stabiliser. Elle s’immobilisa trois secondes. Releva son pied glisseur. Le reposa et assura son empreinte sur le sol. Fit un autre pas, couronné de succès. Rassurée, elle retira sa deuxième main du pot et reprit sa marche hésitante. Au bout de quelques minutes, son esprit divagua à nouveau :
- On aura ainsi un bon petit veau qu’on pourra revendre, entier ou en tranche, au marché de Fountaintown ! Et on aura enfin du lait à la ferme ! Ça m’évitera d’aller tous les jours chez la vieille Pickerson !
Un sourire franc se dessina alors sur sa figure.
- Et puis, avec la vente du veau, on pourra se procurer un cochonnet voire plusieurs !! Y’en aura un pour nous et le reste pour le marché ! Cette vieille bique de Mac Peterson ne nous escroquera plus avec sa viande véreuse ! Et puis », les pièces d’or se multipliaient sous ses yeux, « avec tout cet argent, on bâtira un poullailler avec … »
Elle s’arrêta net, les yeux écarquillés, la machoire pendante : un grondement se fit entendre dans la campagne, la terre sous ses pieds se mit à trembler. Instinctivement, elle se rapprocha des rails, seule construction humaine au milieu de cet environnement hostile. Puis elle entendit un sifflet strident, derrière elle ! Elle se retourna vivement, en assurant une prise ferme sur son pot. Le soleil qui avait déjà entamé sa chute finale mais brillait encore l’éblouit. Quelque chose cacha alors l’astre et poussa un autre cri strident ! Enfin elle put voir vingt mètres devant elle une machine noire, mue par aucun cheval et crachant de la fumée par le haut, qui se précipitait sur elle. C’était donc ça ! Elle ne bougea pas, vissée sur place par l’étonnement, la main bien cramponnée au pot au lait.

Monique 09/08/2004 @ 15:32:00
Ben, bravo pour le travail ! Franchement, ça t'a coûté ? Et puis, c'est toi qui es dans le vrai : coller autant à la fable originelle, c'était le plus simple et tu y as pensé !
Quelques maladresses de style (je ne parle pas de l'ortho-grave...), mais l'ensemble coule bien.
Tu aurais pu, je pense sans grande difficulté, insérer les 2 mots éliminatoires. CAR TU ES ELIMINE BENOIT !!!
Non, reste avec nous, le travail est trop méritoire. Finalement ça te va très bien les histoires pour enfants, y a juste la chute qui serait un peu hard pour eux.
Et puis, tu n'as pas pu t'empêcher de glisser des pensées graveleuses dans la tête de cette pauvre fille à propos du taureau, tu changeras jamais...
Allez, au prochain défi !! Et merci !

Yali 09/08/2004 @ 15:45:20
J'suis mort de rire, attendez, faut que je m'en remette d’un coup pareil.

Houaaaa… Tu m’as fait franchement rigoler !!!!
Bon, je sèche mes larmes, et qu’est-ce que j’y vois : c’est fichtrement mal écrit (même moi je vois les fautes, c’est te dire) et pour le style, ben, faut bosser, mais le montage s’enclenche d’évidence et conduit très naturellement à la fin : c’est pas rien.
Bien joué Bénnôié, ça m'a détendu, la vache!

Benoit
avatar 09/08/2004 @ 16:01:25
Bon, s'il me restait des doutes quant à mon avenir d'écrivain (ne vous inquiétez pas, ces illusions étaient déjà réduites au strict minimum), me voilà fixé! Maintenant, vous savez pourquoi je ne voulais pas faire des textes...
Je vais pouvoir maintenant consacrer ma vie à mon métier de critiqueur, en sachant que je ne suis bon qu'à ça!
Voilà un poids de moins sur mes épaules...

Yali 09/08/2004 @ 16:09:05
Ha que non Benoit : Cent fois sur le billot, déposes ta tête… ;-)

Monique 09/08/2004 @ 16:10:21
BENOIT !!! C'EST EN ECRIVANT QU'ON DEVIENT ECRIVAIN !!! (dixit Kilis récemment...) POURQUOI TU CONCLUES SI VITE APRES 2 CRITIQUES SOMME TOUTE SYMPATHIQUES ?
CRITIQUE MAIS CONTINUE D'ECRIRE STP !

Kilis 09/08/2004 @ 18:02:12
Cher Benoit,
1. L'histoire est bonne (autant que la laitière sans doute)
2.Tu es bon dans les dialogues, le "parler vrai", plus que dans les descriptions et la narration. C'est un peu normal vu que cela demande un peu plus d'efforts et/ou de pratique pour parvenir à allier le déroulement logique de l'action et la fluidité du texte. C'est que du travail ça! Il y a des milliers de solutions possibles pour exprimer ce que l'on veut dire et... il suffit juste... d'en choisir une!
3. L'idée du long glissement de l'état de légèreté-fragilité- précarité avec l'équilibre instable de l'héroïne et du Paff!-badaboum!final est vraiment très intéressante.
4. Suggestion: retravaille ce texte. Il a tout pour être extra. Fais-en deux trois, dix versions et...tu seras étonné des progrès accomplis, mais... surtout n'abandonne pas d'écrire!
Voilà.

Balamento 09/08/2004 @ 20:25:15
Hello ;-)

M'appuyant un peu sur les précédents commentaires qui visiblement constatent tout l'effort d'un certain travail, pour ma part, je trouve ton écrit touchant. Touchant et incertain... on sent que les pas et les jeux de jambe de la laitière sont aussi fébriles que tes hésitations à trouver la bonne formule pour en parler...

Je crois qu'écrire c'est certainement du travail, mais je dirais que c'est surtout 'aussi' du travail... et que là, et peut être en écho du truc dingo que j'ai pondu moi même, je crois que tu as plus intérêt à te lacher qu'à essayer de rentrer dans la narration classique... En gros, lache toi... avec tes mots, tes façons de voir, en faisant très court où très long... parce qu'à l'évidence la forme d'expression 'un texte d'une certaine longueur, cohérent, dans un style classique' ça n'est peut-être pas tout à fait toi... ;-)

Voilà, voilà, sinon, on sent l'évidence de ton plaisir d'écrire, ta motivation même... et j'ai été pour ma part touché par ça ;-)

Sido

avatar 09/08/2004 @ 20:34:47
C'est pas Faulkner mais presque!

Sibylline 09/08/2004 @ 21:24:03
J'avais commencé à te répondre et puis... je ne sais pas si ce sont les orages, mais j'ai été plusieurs heures sans aucune connexion internet. (!?) Donc, me revoilà, ou voici, c'est selon; et je parle de ton texte.
Pas si mal, pas si mal ! Ca commence fort péniblement, mais ça s’améliore au fil des phrases. On voit bien que bientôt, tu pourras rivaliser avec les autres amateurs de ces jeux. A mon avis, c’est juste le manque de pratique.
Tu te lances dans des phrases pas naturelles quand tu démarres, que tu as le trac et que tu veux tout bien mettre en place, mais ça passera dès que tu auras vu que, de toute façon, ça se fera.
D’accord avec Monique, au point où tu en étais, qu’est ce qui t’a empêché de placer les mots obligatoires ici ou là ?
J’ai beaucoup aimé le tout dernier §. « bien cramponnée au pot au lait » ! effort dérisoire alors surtout que nous, depuis un moment, on attendait qu’elle le fasse tomber. En fait, je le répète, le début est mauvais et ça va en s’améliorant constamment, à la fin, c'est même bon. C’est bon signe, non ?
Bel effort ! J’espère que tu vas continuer.


Et bravo aussi pour la critique du livre de cuisine au titre limpide.

Benoit
avatar 09/08/2004 @ 21:24:28
Que j'explique ce que j'ai voulu faire.
Voilà, j'ai voulu bâtir mon texte sur des oppositions/contrastes. Je me suis complètement planté, soit ce n'est pas ressorti soit c'était maladroit ou le tout mélangé!
C'est pourquoi pour la description du coucher de soleil (en principe poétique mais c'est pas du tout ressorti comme ça...), j'ai accolé à cette description le terme tangent (mathématique).
Pour la démarche de la laitière, bonne paysanne du fin fond de l'Angleterre, j'ai employé une description scientifique (de bas étage, je sais).
Après la description du joli paysage (naïve, je sais, et maladroite!), on se serait peut-être attendu (enfin, c'est ce que moi je voulais faire au début...) à un contraste avec la laideur du chemin de fer : j'ai voulu prendre le contre-pied avec "épousait harmonieusement" (une ligne de chemin de fer dans la campagne, c'est tout sauf joli, non?).
"Les pieds au sec mais la marche lente" : ces deux termes ne vont pas ensemble : c'est fait exprès (encore cette histoire d'opposition...).

Je sais pas pourquoi j'ai écrit ça mais c'était pour éclairer un peu mon texte. Vous pouvez voir la différence entre ce que j'ai voulu faire et le résultat...

Monique 09/08/2004 @ 22:23:19
La ligne d'horizon tangente au disque solaire ? Parfait ça, parfait. Ca dure pas longtemps, mais c'est bien ça, et le mot technique n'est pas choquant...

Monique 09/08/2004 @ 22:26:27
"Les pieds au sec mais la marche lente" : ces deux termes ne vont pas ensemble : c'est fait exprès (encore cette histoire d'opposition...).
Là encore Ben, pas de raison d'être heurté par cette expression ! On voyait très bien la fille très précautionneuse avec son bidon sur la tête et marchant sur le ballast avec beaucoup de lenteur, tout normal. Arrête donc de te flageller ! Y a du sang partout

Féline
avatar 09/08/2004 @ 22:32:31
Bravo et chapeau bas à tous :-).

Un bon moment de lecture et le talent des participants mérite d'être soulignés. (Et cela vaut pour tous hein ;-) )

Monique 09/08/2004 @ 22:34:45
T'as tout lu Féline ???

Féline
avatar 10/08/2004 @ 12:03:48
Oui ;-) et même si je sais pour quoi tu me poses la question (enfin je pense), repense à notre conversation au sujet de ce forum, je me suis donc tenue à ce que j'avais dit :-p.

Monique 10/08/2004 @ 14:12:58
Feline, je n'aurai pas la lourdeur d'insister... Merci pour ton (tes) intervention(s).

Tistou 24/08/2004 @ 10:35:28
Je le sais par expérience, quand on soumet pour la première fois un texte à ce qu'on va espérer être l'approbation générale, c'est pas facile. On est hypersensible, et la moindre remarque peut prendre l'allure d'un désaveu dans quelque chose qui nous est très intime. c'est quand même un de nos enfants non? Toutes proportions gardées! Personnellement, je n'ai pas eu ce problème pour mes 3 premiers textes mis ici, il s'agissait d'exorcisme et j'étais au dessus de tout ça. Et je me suis aperçu, ce faisant, que j'y avais pris beaucoup de plaisir, outre l'effet d'exorcisme recherché (merci encore au passage à tous ceux qui avaient répondu à mon appel suite à "je t'ai trompé" et leurs textes proposés). La question que tu dois te poser est seulement celle là ; y as tu pris plaisir ou fût-ce vraiment un exercice imposé pour faire plaisir aux copains?
Car pour ce que j'ai pu lire des critiques, elles sont bonnes! Il me semble que tout le monde t'a suffisamment respecté pour ne pas verser dans l'éloge facile et a été constructif!
Je me sens proche de ce que tu as écrit car il me semble qu'on procède un peu de la même manière, en introspections successives plus qu'en dynamique échevelée. Moi, ça m'a plu. Contrairement à certains, je pense que tu as déja beaucoup travaillé dessus. J'en suis presque sûr. Et plutôt que de retravailler dessus, je te conseillerais plutôt de passer à un autre texte. Tu verras que l'acquis du premier t'apportera quelque chose. Je te fais part là de mon expérience, expérience récente.
Merci en tous cas de l'avoir fait, ce n'est pas faute de l'avoir souhaité de la part de beaucoup d'entre nous. En espérant bien que ça n'en restera pas là. N'oublies pas ; on ne se prend pas au sérieux!

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