Provisette1 28/02/2014 @ 18:13:49
Apres lecture de ta critique, Yotoga, je ne peux m'empecher de
reagir et pas negativement.

Oui, ce monde existe.
Encore et toujours.
En 2014.

Eddy Bellegueule, son univers 'd'avant", son milieu familial, ce "monde" qui peut sembler a certains si vulgaire, si limite sur tant de plans, si reactionnaire, raciste, xenophobe, homophobe, etc, etc, je l'ai encore retrouve dans cette France dite "profonde" il y a quelques annees dans un "gros" village.

D'ailleurs, une lecture de Jourde tres recente- "Festins secrets", roman qui, a mon avis, n'est base que sur sa propre experience-, decrit tout aussi bien ces "univers" dont d'autres classes plus privilegiees soupconnent a peine l'existence ainsi que leurs modes de vie et, surtout, de penser.

Au-dela, tout nous ramenerait inevitablement a discuter sur des plans politique et sociologique.

Etait paru, il y a plusieurs annees, un petit ouvrage qui m'avait conforte dans mes questionnements: "La sociologie de Marx".
Pertinent car, oui: les classes sociales ne sont pas mortes, bien au contraire.

Le fosse n'a cesse de se creuser depuis 2 dizaines meme s'il (me) faut constater que les combats, les luttes sont devenus inexistants car, bien souvent, seul le contingent immediat est devenu "l'objectif" en quelque sorte.

Eddy Bellegueule?

Il y en a des milliers.

Sa "classe"?Les "prolos"?

Il suffit d'observer.
Voir.
Ecouter.

Cyclo
avatar 28/02/2014 @ 19:49:28
Aucun doute là-dessus, et entièrement d'accord.
Ce prolétariat, à la limite du quart-monde, existe, non seulement dans certaines campagnes, mais aussi en ville. Il suffit d'ouvrir les yeux, de ne pas chausser les oeillères télévisuelles, qui ne nous montrent qu'un monde "clean", propret, élégant, riche, en somme.
Il y a "une violence masquée qui cache derrière une fausse naturalité des hiérarchies, des valeurs et des savoirs, une somme d'inégalités économiques, culturelles, sociales, qui sont au contraire construites historiquement et expriment un rapport de domination généralement intériorisé par les dominés" (Paolo Persichetti, Exil et châtiment, Textuel, 2005).
Il est même extraordinaire que Edouard Louis, qui a - on le voit dans le livre - longuement intériorisé ces rapports de domination, ait pu réussir à les vaincre, par la culture et par la fuite...

Provisette1 28/02/2014 @ 20:34:53
Combien tu as raison, Cyclo.
Je le cotoie tous les jours, ce monde.

Je ne peux que conseiller egalement ce film documentaire que je suis allee voir a sa sortie: "Au bord du monde".

En apparence, le "rapport" avec le livre pourrait sembler lointain mais il ne l'est qu'aux esprits fermes.

Blue Boy
avatar 09/04/2014 @ 22:27:33
Alors je peux rassurer Blueboy et les autres CLiens, pour franchir la frontière picarde tous les jours afin d'y gagner mon pain, il y a des gens civilisés, aussi, en Picardie ! Et il n'y a pas que des arabes et des noirs, des racistes et des homophobes, qui, s'il y en a, ne sont pas uniquement de condition modeste !


Nathafi, je viens de lire ta critique, et merci je suis rassuré... :-)

Je sentais qu'il y avait qq chose d'éxagéré dans ce roman, et après avoir visionné un reportage dans lequel les journalistes ont interviewé la famille, ça confirme aussi... elle ne semble pas tout à fait correspondre au portrait qui en est fait dans le livre.

C'est sûr il y a une part de vérité sociologique, mais ça sent un peu le règlement de compte aussi... au fond je pense que tout cette affaire ne doit pas être facile à gérer pour Edouard et qu'il n'avait pas forcément prévu ce succès... je n'ai pas trop envie de lui jeter la pierre, il n'a certainement pas tout contrôlé ni prévu les conséquences... enfin bon, c'est un peu bizarre et ça laisse beaucoup de questions en suspens...

Nathafi
avatar 09/04/2014 @ 23:12:25



Nathafi, je viens de lire ta critique, et merci je suis rassuré... :-)

Je sentais qu'il y avait qq chose d'éxagéré dans ce roman, et après avoir visionné un reportage dans lequel les journalistes ont interviewé la famille, ça confirme aussi... elle ne semble pas tout à fait correspondre au portrait qui en est fait dans le livre.

C'est sûr il y a une part de vérité sociologique, mais ça sent un peu le règlement de compte aussi... au fond je pense que tout cette affaire ne doit pas être facile à gérer pour Edouard et qu'il n'avait pas forcément prévu ce succès... je n'ai pas trop envie de lui jeter la pierre, il n'a certainement pas tout contrôlé ni prévu les conséquences... enfin bon, c'est un peu bizarre et ça laisse beaucoup de questions en suspens...


On peut sûrement me prêter un manque d'objectivité, du fait de la proximité géographique et mon rapport quotidien à cette région, mais je crois aussi qu'il a noirci le tableau. Si c'est le cas, je n'aurais pas aimé me reconnaître dans le livre, j'imagine le malaise des personnes concernées.

Blue Boy
avatar 09/04/2014 @ 23:26:41
En effet, dans le reportage (que j'ai vu après avoir déposé ma critique), le malaise de la mère et de la sœur faisait peine à voir... quant à l'auteur, on le sentait très mal à l'aise aussi lorsqu'il était en train de signer des autographes au salon du livre, refusant catégoriquement de donner des interviews filmées... d'autant qu'il n'avait pas non plus l'air d'être une victime comme il se décrit... enfant plutôt épanoui, "avec des étincelles dans les yeux" (dixit sa mère), délégué de classe dans son lycée...

tout ça est vraiment troublant et du coup m'a mis mal à l'aise aussi...
on pourrait éventuellement lui faire des reproches si c'était une biographie, mais comme c'est étiqueté "roman", ça le couvre en quelque sorte... il n'en reste pas moins que mais le malaise demeure...

Clamence 09/04/2014 @ 23:53:46

on pourrait éventuellement lui faire des reproches si c'était une biographie, mais comme c'est étiqueté "roman", ça le couvre en quelque sorte... il n'en reste pas moins que mais le malaise demeure...


C'est l'un des problèmes soulevés par ce livre : étiqueté, sur la couverture qui plus est, roman, la polémique n'aurait pas lieu d'être, sauf que c'est l'auteur lui-même qui revendique le caractère autobiographique du livre (je n'ai eu accès qu'aux interviews papier, tout comme au blog de cet auteur qui assène cette vérité), allant jusqu'à déclarer que c'était une "déclaration d'amour à sa mère" (sic), dixit la soeur (re-sic)....Je ne sais pas ce qui me met le plus mal à l'aise : ce problème, les critiques dithyrambiques qu'il a suscitées, les interventions de l'auteur, les retours de la famille, la publicité, etc etc...

Yotoga

avatar 10/04/2014 @ 08:05:54
Oh, je viens de découvrir que Provisette1 m'a interpellé fin février...Je suis désolée, je n'avais pas vu.

Je me rappelle avoir travaillé cette critique justement sur la phrase "Je suis bien consciente que les mentalités des campagnes sont différentes de la ville mais ça doit être familial et non régional. Le fossé entre les classes sociales n’explique pas non plus ce décalage de mentalités. " > Je voulais vraiment mettre l'accent sur le coté familial.

Parce que moi, à la base, je viens de la campagne (pas rase parce que dans les Alpes ca monte!). Ma grand mère a travaillé à la chaine chez Salomon pendant 50 ans et mes parents sont ouvriers. Et que oui, quand je rentre en France dans certains coins de la famille, je suis choquée par la montée du fascisme et du racisme.

//Même en terrain frontalier où les gens gagnent de l'argent en Suisse (un vrai foutage de gueule à mon avis : ils ne veulent pas d'étranger en France mais sont eux même, enfin bon, ce n'est pas la question...Moi aussi étrangère en Allemagne, j'essaie de leur faire comprendre que c'est des gens comme moi qu'ils brusqueraient, mais là, ils ne comprennent pas...BREF)//

Mais, je pense franchement que ce racisme est culturel et non sexuel. Dans la definition des "populasses", j'aimerai s'il vous plait distinguer les racistes/fascistes des homophobes. L'un ne fait pas l'autre !

Je ne ferai pas de generalités, mais dans ma famille, même chez les pure rassiste, je n'ai jamais ressenti d'agressions verbales envers les couples de même sexe. J'ai vraiment l'impression que ce que les gens font dans leur lit, ca n'interresse personne et ca ne regarde personne. Et c'est bien comme ca.

J'ai un couple d'amies, je sais qu'elles ont été chacune agressées par des hommes "voulant leur faire changer d'avis". Oui, je sais que ces agressions existent. Mais je reste sur mon point de vue : les homophobes ne sont ni pauvre, ni riche, ni de province, ni de la ville, ils le sont de père en fils et de mère en fille. Ce n'est pas social ni culturel, c'est familial.

Cyclo
avatar 26/04/2014 @ 13:09:27
Rappelons quand même qu'il s'agit ici de littérature, et d'un très haut niveau. Voir ce livre seulement au niveau d'un règlement de compte, ce serait le reléguer parmi les documents vécus et les témoignages - dont je ne nie pas l'intérêt, mais qui, la plupart du temps ne sont pas littéraires.
Là, il y a une écriture. L'auteur prend tout de même pas mal de recul et certes, il tire un trait sur son enfance et sa jeunesse. J'ai beaucoup lu, rarement trouvé autant de pertinence pour dévoiler un mal être bien réel...

Provisette1 03/09/2014 @ 10:00:09
@Pacmann: bien que j'aie apprecie ta critique lue a l'instant, le terme de "quart monde" utilise pour evoquer ce milieu n'est pas approprie.

Le "monde" reel des proletaires, des ouvriers: oui.

Le quart monde dont tu parles, j'ai eu des copines qui en faisaient partie quand j'etais gamine et sois assure que toute enfant de prolo que j'etais, j'avais ce sentiment presqu'honteux de vivre chez des riches.

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