Pucksimberg
avatar 01/02/2014 @ 08:56:25
Le fil est ouvert !

Pucksimberg
avatar 01/02/2014 @ 09:06:14
p.31. ( Grand format )

La forme du roman surprend. Je ne l'avais pas encore feuilleté et je reconnais que sa structure est singulière. Elle emprunte aux dialogues de théâtre, à la poésie ...

Le sujet grave est traité avec dignité et sincérité. Ce père qui souhaite se rendre "là-bas" a des accents d'Orphée qui souhaitait retrouver Eurydice ...

Les répliques ont peu de ponctuation, ce qui permet au lecteur de lire à son rythme et de donner de la force à ce qui est lu.

A ce stade, je suis incapable de dire si j'aime ou non. L'intérêt est autre. Ces confidences sont tellement intimes et bouleversantes qu'il m'est difficile pour l'instant d'émettre un avis sur une quelconque appréciation ...

Ndeprez
avatar 01/02/2014 @ 09:32:12
p50 (grand format)
Le livre sera vite achevé , je n'ai jamais lu quelque chose de semblable , l'échange entre "l'homme" et "la femme" est bouleversant.
Le temps semble s'arrêter sur le couple qui s'était fait la promesse d'avancer malgré la perte de leur enfant.
Jai relevé deux phrases de ce dialogue qui m'ont particulièrement touchés :
-Tu m'as pris ma main et tu m'as regardé droit dans les yeux : l'Homme et la Femme que nous avions été se sont adressé un signe de tête en guise d'adieu (p22)
-Nous ne nous séparerons jamais. Et quand bien même nous le voudrions. Comment le pourrions nous? Qui le fera exister ? (p32)

J'ai la même impression que Pucksimberg , je ne sais pas si j'apprécie. D'autres personnages font leur entrée au moment ou j'arrête ma lecture , on semble s'orienter sur des douleurs différentes sur un drame unique.

Ndeprez
avatar 01/02/2014 @ 14:13:30
J'en suis à la page 92...je vais attendre que d'autres impressions soient notées.
Le personnage du centaure est assez intéressant , le chroniqueur de la ville est assez symbolique également , on pense au journaliste qui se veut témoin des drames de la société et qui tombe parfois dans le voyeurisme.
Je ne peux toujours livrer mon impression de fond sur ce livre...j'espère en avoir une à la fin !

Saule

avatar 01/02/2014 @ 16:32:53
Je suis à la page 66, je rame complètement. Je suis plutôt imperméable à la poésie, est-ce que ça explique que je ne me laisse pas toucher par le récit ?
Est-ce un conte ? Un récit Biblique ou mythique ? Qui est le Duc ? Et le chroniqueur ?
Bref, pas ma tasse de thé jusqu'à présent mais je vais continuer.

Pucksimberg
avatar 01/02/2014 @ 17:20:29
p.92. ( grand format )

Comme toi Ndeprez, je viens de m'arrêter à la page 92 et je pense aussi qu'il va se lire rapidement.

Ce n'est pas un roman qui détend et qui fait que l'on a le sourire aux lèvres, mais c'est aussi ça la littérature ... Certaines phrases sont vraiment touchantes. Ces expressions du deuil, du manque deviennent douloureuses pour le lecteur.

Oui j'avoue que le personnage du Centaure m'a un peu surpris au départ. Tous ces personnages doivent refléter à leur manière la souffrance de l'auteur qui a lui-même perdu son fils. Le Centaure qui dit à la p.83 "JE DOIS LE RECREER SOUS FORME D'HISTOIRE" peut rappeler le pouvoir de l'écrivain qui peut immortaliser certaines scènes grâce à l'écrit ...

Pucksimberg
avatar 01/02/2014 @ 17:23:38
Je suis à la page 66, je rame complètement. Je suis plutôt imperméable à la poésie, est-ce que ça explique que je ne me laisse pas toucher par le récit ?
Est-ce un conte ? Un récit Biblique ou mythique ? Qui est le Duc ? Et le chroniqueur ?
Bref, pas ma tasse de thé jusqu'à présent mais je vais continuer.


Le roman est dur à définir c'est vrai ! Ce Duc m'interroge aussi ... Il semble régulièrement en lien avec le chroniqueur.

Idem pour le "là-bas" dont il est question. Au départ, il me semblait c'était le monde des morts, désormais je ne le pense plus. Ou du moins cela n'est pas que ça ...

Zeuslefripon

avatar 01/02/2014 @ 18:15:10
Je reconnais que j'étais perplexe en lisant les premières lignes car la forme ressemble plutôt au théâtre absurde (simplicité des noms, absence de décor). La curiosité l'a emportée et j'ai continué de le lire. Le style d'écriture est très simple mais surtout humain sans tomber dans le pathos.
J'ai l'impression que le chroniqueur de la ville serait le double fictif de l'auteur car le centaure donne des instructions sur la manière d'écrire sur le deuil : "Ecrire réellement, te dis-je, pas seulement ruminer ce que mille personnes ont mâché et vomi avant moi, comme toi, le scribouilleur, qui aimes tellement écouter aux portes, citer, consigner chaque pet en capitales ![...] Et qu'il y ait de l'action ! De l'imagination ! Et des visions, de la liberté, des rêves ! Du feu ! De la lave en fusion !"

Paofaia
avatar 01/02/2014 @ 18:54:04
Bonjour!
p100 grand format, mais je vais ralentir

Décontenancée au départ, comme vous.
J'ai regardé hier un entretien vidéo de Grossman.
Je n'ai pas lu Une femme fuyant l'annonce. Qui est finalement un livre prémonitoire, puisqu'Uri est mort pendant l'écriture du livre.

A noter déjà qu'en français ( de même dans beaucoup d'autres langues)il n'y a pas de mot pour qualifier des parents qui perdent un enfant. Alors qu'il existe en hébreu.
Mais le mot ne suffit pas pour dire le ressenti.
En fait, je crois qu'il faut se laisser emporter, et suivre l'homme qui part à la recherche de son fils mort. Et qui entraine tous les autres.
Et Grossman utilise un genre poétique, plus proche de la rumination, et plus proche justement de ce qu'il a éprouvé. Et que tous ceux qui lui ont écrit ont éprouvé. Il n'y a pas de mots.. Il a cherché les mots et a trouvé ceux-là. L'homme entraine à sa suite tous ceux ( très différents) qui ont subi la même chose, mais bien sûr chaque cas est individuel, et chacun s'exprime de manière différente. La sage femme bégaie, par exemple ( trop de mal à trouver les mots?)
A suivre..

Paofaia
avatar 01/02/2014 @ 18:56:02
" Elle emprunte aux dialogues de théâtre, à la poésie ..."
Au théâtre grec, il me semble.

LesieG

avatar 01/02/2014 @ 19:08:48
Je viens à peine de le commencer, l'écriture est étrange (l'homme, la femme, le chroniquer) je pense que j'aurai beaucoup de mal à le lire car je n'arrive pas à m'intégrer à l'histoire. A voir quand j'en serai un peu plus loin.

FranBlan

avatar 01/02/2014 @ 21:14:01
Salut à vous tous!
Je suis ravie de me joindre à vous pour cette lecture commune et vous remercie de m'accueillir...

«Récit pour voix», voilà comment on qualifie cet ouvrage…

Perplexe, désemparée, écriture étrange, vous dites…?
Vous ramez…, vous dites?

Je lis l’édition en petit format et m’arrête à la p.52 sinon je vais basculer moi-même…, où? Je ne sais trop…

Mais il est sûr que j’irai jusqu’au bout pour le découvrir!

C’est qu’il n’est nullement chapitré ce récit, il doit ête lu dans un seul souffle…, à une relecture peut-être!!!

FranBlan

avatar 01/02/2014 @ 21:17:00
Farce à part…, j’ai fortuitement découvert qu’il y avait un rythme dans cette forme de texte et lorsque suivi, la lecture en était grandement simplifiée.

Sans être imperméable à la poésie, je ne connais pas grand-chose à la rhétorique de celle-ci, j’expérimente et j’avoue que l’expérience n’est pas désagréable, déroutante tout au plus!

À suivre…

Pucksimberg
avatar 01/02/2014 @ 22:55:42

J'ai l'impression que le chroniqueur de la ville serait le double fictif de l'auteur car le centaure donne des instructions sur la manière d'écrire sur le deuil : "Ecrire réellement, te dis-je, pas seulement ruminer ce que mille personnes ont mâché et vomi avant moi, comme toi, le scribouilleur, qui aimes tellement écouter aux portes, citer, consigner chaque pet en capitales ![...] Et qu'il y ait de l'action ! De l'imagination ! Et des visions, de la liberté, des rêves ! Du feu ! De la lave en fusion !"


Beaucoup aimé ces consignes aussi !

Pucksimberg
avatar 01/02/2014 @ 23:00:14
Et que tous ceux qui lui ont écrit ont éprouvé. Il n'y a pas de mots.. Il a cherché les mots et a trouvé ceux-là. L'homme entraine à sa suite tous ceux ( très différents) qui ont subi la même chose, mais bien sûr chaque cas est individuel, et chacun s'exprime de manière différente. La sage femme bégaie, par exemple ( trop de mal à trouver les mots?)
A suivre..


Il y a même une phrase que je n'arrive plus à retrouver dans laquelle tous les mots sont tous dans le désordre comme si l'on ne parvenait pas à trouver les bonnes images ou les bons mots pour définir l'inacceptable.

Pucksimberg
avatar 01/02/2014 @ 23:01:42
Je viens à peine de le commencer, l'écriture est étrange (l'homme, la femme, le chroniquer) je pense que j'aurai beaucoup de mal à le lire car je n'arrive pas à m'intégrer à l'histoire. A voir quand j'en serai un peu plus loin.


J'ai eu de vraies difficultés pour entrer dans le roman aussi, mais y suis parvenu par la suite ...

Pucksimberg
avatar 01/02/2014 @ 23:07:57
Farce à part…, j’ai fortuitement découvert qu’il y avait un rythme dans cette forme de texte et lorsque suivi, la lecture en était grandement simplifiée.


Bienvenue à toi !

Oui, il y a un rythme, des pauses à chaque fin de vers qui laissent certains mots en suspens, comme en apesanteur.
Un texte comme celui-là serait plaisant sur une scène de théâtre.

Même s'il y a plusieurs personnages, j'ai parfois l'impression qu'ils parlent tous d'une même voix, c'est sans doute dû au thème de la perte d'un enfant ...

Paofaia
avatar 01/02/2014 @ 23:24:05
"Ce Duc m'interroge aussi ... Il semble régulièrement en lien avec le chroniqueur."

Oui, le lieu de l'action est le Duché, et le chroniqueur de la ville rapporte au Duc ce qui se passe. Les actions qui accompagnent les mots.
Par exemple pour La femme dans le filet:
"Elle plaque d'un mouvement violent ses deux mains sur sa bouche. Au-dessus-ses grands yeux noirs se remplissent de terreur" etc p65

Le début, la décision que prend l'homme ( et pas sa femme) me fait penser au Chant funèbre d'Auden:

"Non, ça ne peut plus durer
Comme ça
Impossible
Que le soleil
Que les horloges" etc p11

Il suit le trajet du deuil, là c'est le refus.

Et p 91, progression:
"Et je pense alors que tu m'habitues peut être de la sorte..
A l'adieu?"

Je pense qu'il faut secondairement reprendre tous les personnages, du moins c'est ce que je ferai, car au début, c'est très morcelé.
C'est vraiment très théâtral. Ou même je l'imagine plus chanté sous forme d'opéra?

Donatien
avatar 02/02/2014 @ 10:43:18
J'en suis à la page 60.

La première surprise est la forme choisie par l'auteur, ce qui décuple notre attention. Je crois qu'il a utilisé la poésie pour que le pouvoir des mots choisis soit augmenté, sollicite une plus grande attention.

Je crois donc qu'il incite à une lecture lente et attentive.

La seconde surprise est de voir réagir le père après cinq ans!!Il me semble assister au "réveil" des parents , au sortir de l'hébétude provoquée par la tragédie.

Le père veut partir, aller la-bas, mais où là-bas? Retrouver le fils,visiter ou découvrir le lieu du drame? Rencontrer des témoins, d'autres parents, des signes dans la paysage? Il sait pourtant que la nature est indifférente.
D'où l'importance de la sépulture ou de la tombe pour certains.

Mais le réveil le pousse à l'action, n'importe quelle action.Est-ce le signe du retour à vie? A la force la force vitale de la vie?

Intervient ensuite le chroniqueur. Je crois que c'est la voix off, le commentaire, chargé de commenter les actions, de décrire les lieux de l'action.
S'installe donc une polyphonie des voix, de parents orphelins de leurs enfants qui se lèvent et entament cette marche vers le souvenir, le passé.
Il est bien connu de ceux qui ont subi les mêmes épreuves que la présence des défunts est constante dans ces situations. Un ami ayant perdu son fils nous avait déclaré "vous verrez , votre enfant vous donnera encore beaucoup".
Les morts ne nous lachent pas, au contraire. Il est donc compréhensible que le père de Uri soit accompagné dans sa quête
par la femme aux filets, la femme du cordonnier, le centaure.
C'est très émouvant d'imaginer chaque être humain accompagné de ses défunts jusqu'à sa propre mort.

J'ai aussi pensé aux vers de WH..Auden, au cri du père, page 11,:
"Non, ça ne peut plus durer
Comme ça,
Impossible
Que nous,
Que le soleil,
que les horloges, les boutiques,
Que la lune,
Les couples,............

J'ai trouvé très émouvant les souvenirs liés aux parfums et senteur du corps d'Uri ,pages 36 et 37.
La femme : "Et sur la peau
Et l'odeur de sa couverture de bébé...
L'homme : "Ou quand il rentrait de la plage
Avec l'odeur du sel
Dans les cheveux_

Belle démonstration de fraternité humaine.

Donc à lire avec empathie .

LesieG

avatar 02/02/2014 @ 12:15:01
Ça y est, je suis parvenue à entrer dans ce livre. Finalement le style d'écriture est bien trouvé car il faut reconnaître que le sujet est très lourd, très douloureux. J'en suis à la page 100. Un paragraphe m'a largement interpellé :

" Ainsi, avec un ciseau transparent,
Sa mort incise en moi une nouvelle :
Celui qui a perdu un enfant
Est éternellement
Une femme."

Très étrange pensée.

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