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Forums  :  Forum général  :  Classiques ?

Jules
04/01/2004 @ 09:18:00
Une question que je me pose toujours: qu'est ce qu'un classique de la littérature ?

La réponse est simple en ce qui concerne les auteurs du, ou antérieur, au XiXieme. Mais pour ceux du XXieme ? Camus est-il un classique ? Et Gide, Giono, Sartre, Malraux, Gary, Yourcenar ? Est-ce le fait d'être décédé qui détermine cette classification ? Le fait de l'être et de faire partie du programme scolaire ? Un avis, une aide ?...

Doumelge 04/01/2004 @ 17:57:13
Une question que je me pose toujours: qu'est ce qu'un classique de la littérature ?

A mon avis la réponse est simple : dans classique, il y a "classe". Classique signifie donc un livre qu'on étudie en classe.

Par extension, cela signifie toute oeuvre littéraire qui a duré et dont le caractère valable est admis de toutes les personnes dans un pays donné à une époque donnée.

De ce point de vue, je pense que Giono, Gide ou Camus peuvent être considérés comme des classiques, même s'ils le sont moins que Racine ou Corneille, précisément parce qu'lis ont moins duré. Et on peut être vivant et être un classique même si c'est rare. Victor Hugo par exemple était déjà un quasi-classique de son vivant. Mais en général les auteurs classiques sont morts et enterrés depuis longtemps !!!


à +

Jules
05/01/2004 @ 09:26:11
D'accord pour le mot "classe" dans "classique", cela paraît évident, mais la notion de durée me semble plus importante. J.M.G. Le Clézio est certainement abordé en classe, comme peut-être Modiano et cela se comprend. Mais aussi Hervé Bazin "Vipère au poing" ou Van Cauwelaert et bien d'autres, alors que dans ces derniers cas la notion de durée risque bien de ne pas y être...

Ne pourrait-on pas ajouter une notion complémentaire ? Des auteurs dont l'oeuvre, avec une certaine élévation d'esprit et un style de grande qualité, abordent la condition humaine, des aspects éternels de l'âme humaine ou luttent pour faire évoluer des contextes politiques, sociaux ou culturels qui sont des freins à la liberté nécessaire à l'évolution. Tous ces "classiques" apportent véritablement quelque chose, ce qui n'est pas le cas de tous les écrits.

Or, tout ce qui est écrit parle de ce qui est humain et de la condition humaine. Qu'écrire d'autre ?... Et tous les auteurs, même mort, ne sont pas des classiques. Je crois que c'est là que se retrouve ausi la notion de durée par rapport aux autres.



Une question que je me pose toujours: qu'est ce qu'un classique de la littérature ?

A mon avis la réponse est simple : dans classique, il y a "classe". Classique signifie donc un livre qu'on étudie en classe.

Par extension, cela signifie toute oeuvre littéraire qui a duré et dont le caractère valable est admis de toutes les personnes dans un pays donné à une époque donnée.

De ce point de vue, je pense que Giono, Gide ou Camus peuvent être considérés comme des classiques, même s'ils le sont moins que Racine ou Corneille, précisément parce qu'lis ont moins duré. Et on peut être vivant et être un classique même si c'est rare. Victor Hugo par exemple était déjà un quasi-classique de son vivant. Mais en général les auteurs classiques sont morts et enterrés depuis longtemps !!!


à +

Saule

avatar 05/01/2004 @ 16:36:03

A mon avis la réponse est simple : dans classique, il y a "classe". Classique signifie donc un livre qu'on étudie en classe.

N'est-ce pas l'inverse ? C'est parce qu'une oeuvre est un classique qu'elle est étudiée en classe !

Par extension, cela signifie toute oeuvre littéraire qui a duré et dont le caractère valable est admis de toutes les personnes dans un pays donné à une époque donnée.

Là je suis d'accord : lorsqu'une oeuvre est unanimement considérée comme étant supérieure aux autres elle devient un classique.

CptNemo

avatar 05/01/2004 @ 18:19:36
Ca va être différent d'une personne a l'autre. Pour moi c'est un livre qui a resisté au temps. Combien de temps je ne sais pas. Mais un livre qui est réedité, lu, étudié 50 ans apres sa parution ca doit etre un classique.

Une question que je me pose toujours: qu'est ce qu'un classique de la littérature ?

La réponse est simple en ce qui concerne les auteurs du, ou antérieur, au XiXieme. Mais pour ceux du XXieme ? Camus est-il un classique ? Et Gide, Giono, Sartre, Malraux, Gary, Yourcenar ? Est-ce le fait d'être décédé qui détermine cette classification ? Le fait de l'être et de faire partie du programme scolaire ? Un avis, une aide ?...

Jules
05/01/2004 @ 18:20:12
Je suis plutôt de l'avis de Saule, bien que je pense que Doumelge évoquait autrement ce que nous pensons. La durée ne peut venir que de la qualité, de ce que l'auteur apporte et de la façon dont il l'exprime. Mais je ne pense pas qu'un auteur puisse être qualifié de "classique" sans le recul du temps, même si ses contemporains lui reconnaissent la qualité.

Duhamel fut considéré comme "grand" par ses contemporains et qui lit ajourd'hui du Duhamel ? Et il y en a bien d'autres. On peut pressentir la "qualité" d'un auteur mais tout en étant conscient que le risque d'érreur existe. Les goûts évoluent aussi avec le temps, comme le sous-entend Doumelge. Aujourd'hui nous sommes nombreux à ne plus jurer que par Rimbaud, Prévert, Apollinaire, Eluard et bien d'autres, alors que Musset, Vigny, Lamartine et Châteaubriand semblent un rien au placard... Mais que réserve le futur ?

Bref, je n'arrive quand même pas à coller l'étiquette de "classique" à des auteurs comme Camus, Yourcenar, Faulkner et d'autres. En le faisant j'aurais l'impression de les coller au placard et les condamner à la poussière, sachant que cette étiquette fait fuir beaucoup de jeunes lecteurs.




A mon avis la réponse est simple : dans classique, il y a "classe". Classique signifie donc un livre qu'on étudie en classe.

N'est-ce pas l'inverse ? C'est parce qu'une oeuvre est un classique qu'elle est étudiée en classe !

Par extension, cela signifie toute oeuvre littéraire qui a duré et dont le caractère valable est admis de toutes les personnes dans un pays donné à une époque donnée.

Là je suis d'accord : lorsqu'une oeuvre est unanimement considérée comme étant supérieure aux autres elle devient un classique.

Jo

avatar 05/01/2004 @ 23:02:39
Bien d'accord avec Jules, donner une étiquette de "classique" un peu vite peut faire peur aux jeunes... et les éloigner de la lecture d'ouvrage importants..

Je me pose une question. Pour Saule, un classique est "unanimement considéré comme étant supérieur aux autres "... mais sur quoi peut-on se baser pour déclarer une oeuvre comme telle? sur le nombre de rééditions? sur le temps passé depuis sa première parution? Sur l'avis de critiques "éclairés"? de critiques anonymes?

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Thomas Fors 06/01/2004 @ 06:51:53
Bonjour à toutes et à tous.

Ma remarque ne sera que technique ! Se méfier de ce qui est étudié en classe ! Si le prof suit à la lettre un programme imposé par une commission d'inspection, il risque de passer à côté d'une belle oeuvre. Adolescent je devais acheter des bouquins dans la Collection classique hachette pour les étudier en classe : Corneille, etc. Je veux bien, mais racine ne m'a jamais inspiré, pour moi, ce n'est pas un poète, mais un versificateur, même si son oeuvre est intéressante pour une majorité de gens. Le succès accordé à un auteur dépend de la société de consommation de telle ou telle époque et de la pub grandiose ou nulle que l'on fait autour du produit. Je me méfie de tout ce qui est classe (comme classé). Bien entendu les raisonnements tenus par vous tous sont basés sur de solides arguments. Le début de la réponse de Saule a dicté ma réponse car je pense comme elle. Certains auteurs sont exclus des programmes scolaires classiques car non en alignement sur les idées politiques de tel ministre de l'éducation de telle époque... Qu'en pense Lucien ? D'où mon souhait : que le prof de français propose un large éventail à ses élèves pour qu'ils puissent choisir après comparaison. Tel critique ne disait-il pas qu'il ne faut pas négliger un seul bouquin même s'il est de gare ? Bonne route.



A mon avis la réponse est simple : dans classique, il y a "classe". Classique signifie donc un livre qu'on étudie en classe.

N'est-ce pas l'inverse ? C'est parce qu'une oeuvre est un classique qu'elle est étudiée en classe !

Par extension, cela signifie toute oeuvre littéraire qui a duré et dont le caractère valable est admis de toutes les personnes dans un pays donné à une époque donnée.

Là je suis d'accord : lorsqu'une oeuvre est unanimement considérée comme étant supérieure aux autres elle devient un classique.

Elahub 07/01/2004 @ 21:57:59
Bien d'accord avec Jules, donner une étiquette de "classique" un peu vite peut faire peur aux jeunes... et les éloigner de la lecture d'ouvrage importants..

Je me pose une question. Pour Saule, un classique est "unanimement considéré comme étant supérieur aux autres "... mais sur quoi peut-on se baser pour déclarer une oeuvre comme telle? sur le nombre de rééditions? sur le temps passé depuis sa première parution? Sur l'avis de critiques "éclairés"? de critiques anonymes?

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bonsoir tout le monde

je pense que soit quelqu'un (les "jeunes" par exemple) lit soit il ne lit pas - et s'il lit cela dépend de son goût et des conseils de ses connaissances quoi lire, des occasions (des livres pas chers pour les débutants peut-être) et qui sait de quoi encore quel livre il prend.
Je ne crois pas que quelqu'un regarde si un bouquin est appelé "classique" ou non. Et même s'il le faisait ... est-ce qu'il faut agir en sorte que les jeunes ne soient pas choqués?

Moi par exemple, j'ai toujours lu et quand j'avais 12 ans un prof m'a recommandé Dostoevski, crime et chatîment - il me disait que ce livre soit un peu compliqué mais que je le comprendrai à la fin ... c'était le piège et depuis je suis condamnée à lire ce vieux russe:)

Nous devrions peut-être faire des différences entre un livre classique, lu en classe et ceux qui ont de la classe.
Moi, je préfère ceux qui ont de la classe .. qui sont différents - et rarement j'ai le même goût que les gens autour de moi.

Et il y a qch qui m'intéresse à part cela: dans un autre forum (allemand) nous sommes en train de discuter à peu près la même question et je vois que l'idée de ce qui est classique n'est pas la même sur les deux côtés du Rhin, même si on est si proche:)

à vous lire ...

Daniela

Jules
08/01/2004 @ 15:51:05
Par exemple, j'ai toujours lu et quand j'avais 12 ans un prof m'a recommandé Dostoevski, crime et chatîment - il me disait que ce livre soit un peu compliqué mais que je le comprendrai à la fin ... c'était le piège et depuis je suis condamnée à lire ce vieux russe:)

Saule Va sûrement frémir sur ses bases quand il va voir que l'on traite son Dostoïevki de "vieux russe" !... (Je rigole, bien sûr...)



Et il y a qch qui m'intéresse à part cela: dans un autre forum (allemand) nous sommes en train de discuter à peu près la même question et je vois que l'idée de ce qui est classique n'est pas la même sur les deux côtés du Rhin, même si on est si proche:)

à vous lire ...

Et quelle est la position allemande sur ce sujet ?...

Elahub 08/01/2004 @ 23:35:20
bonsoir:)

Et quelle est la position allemande sur ce sujet ?...



Il n'y a pas UNE position allemande sur ce sujet, là les allemands sont comme les francais... par contre les oeuvres qu'on regarde comme étant classiques - en gros on dit que des classiques sont des livres qui ont plus de 100 ans environ et/ou sont publiés 70 ans après la mort de l'écrivain encore.
Des autres disent qu#il ne suffit pas qu'on les publie, faut encore les lire et là le problème commence ...
Il y a plusieurs points de vue .et des discussions, explications....
Pour les grands auteurs classiques, ceux dont on est d'accord, ce sont Goethe, Schiller, Shakespeare, Homer, Tolstoi, beaucoup d'autres encore, même si personne ne les lit.
Et c'est là où je vois la différence, dans les auteurs, les écrivains.

bonne soirée:)

Daniela

Isaluna 11/01/2004 @ 16:08:06
Je suis plutôt de l'avis de Saule, bien que je pense que Doumelge évoquait autrement ce que nous pensons. La durée ne peut venir que de la qualité, de ce que l'auteur apporte et de la façon dont il l'exprime. Mais je ne pense pas qu'un auteur puisse être qualifié de "classique" sans le recul du temps, même si ses contemporains lui reconnaissent la qualité.

Petite info pour tous ceux qui ont participé à cet échange d'idées : la revue Lire du mois dedécembre-janvier 2004 présente, à l'occasion de la réactualisation du Lagarde et Michard, un dossier intitulé "Modernes et déjà classiques", qui développe pas mal d'aspects que vous avez évoqués, et donne le point de vue d'autres pays comme l'Allemagne, l'Angleterre, ou les pays de l'Est.
Pour l'anecdote, j'y ai aussi appris ce qu'est un oxymore... à replacer dans une prochaine conversation de salon!

Duhamel fut considéré comme "grand" par ses contemporains et qui lit ajourd'hui du Duhamel ? Et il y en a bien d'autres. On peut pressentir la "qualité" d'un auteur mais tout en étant conscient que le risque d'érreur existe. Les goûts évoluent aussi avec le temps, comme le sous-entend Doumelge. Aujourd'hui nous sommes nombreux à ne plus jurer que par Rimbaud, Prévert, Apollinaire, Eluard et bien d'autres, alors que Musset, Vigny, Lamartine et Châteaubriand semblent un rien au placard... Mais que réserve le futur ?

Bref, je n'arrive quand même pas à coller l'étiquette de "classique" à des auteurs comme Camus, Yourcenar, Faulkner et d'autres. En le faisant j'aurais l'impression de les coller au placard et les condamner à la poussière, sachant que cette étiquette fait fuir beaucoup de jeunes lecteurs.




A mon avis la réponse est simple : dans classique, il y a "classe". Classique signifie donc un livre qu'on étudie en classe.

N'est-ce pas l'inverse ? C'est parce qu'une oeuvre est un classique qu'elle est étudiée en classe !

Par extension, cela signifie toute oeuvre littéraire qui a duré et dont le caractère valable est admis de toutes les personnes dans un pays donné à une époque donnée.

Là je suis d'accord : lorsqu'une oeuvre est unanimement considérée comme étant supérieure aux autres elle devient un classique.

Saint Jean-Baptiste 19/01/2004 @ 17:04:42
[Pour moi, un auteur classique est celui qui a écrit des textes d'un intérêt général et supérieur, dans une langue impeccable.
Je ne crois pas que le mot classique ait à voir avec la classe d'une école ! C'est une dénomination reprise dans tous les arts : l'architecture, la danse, la musique classique…Comme il y a la danse folklorique, la musique romantique…
Ce sont des mots qui servent à répertorier les différentes expressions d'un art.
On a nommé "classiques" les auteurs appréciés au siècle dit "classique", le XVIIème.
Ce sont eux qui ont établit les règles de l'écriture et de la langue française. Et par la suite, pour être classique, il faut respecter strictement ces règles.
Il est amusant de se demander qui est classique. Outre les maîtres incontestés, les Molière, Chateaubriand, Pascal, Voltaire, Balzac, Stendhal, Flaubert, il y a certainement les Mauriac, Malraux, Montherlant, Bernanos, Sartre, Gide, Proust etc. ,etc.…
Mais Céline ? A mon avis, non. C'est un novateur, un créateur. Justement, lui, il a inventé un nouveau style de récit, dans un langage nouveau. C'est un génie, pas un classique.
Raymond Queneau aussi mais à un niveau moins élevé.
En art, les créateurs sont rarissimes, deux ou trois par siècle tout au plus !
Le fait qu'un auteur soit tombé dans l'oubli, ne veut rien dire. Anatole France, Valéry, Bosco et autre Pierre Loti sont aujourd'hui bien oubliés et n'en sont pas moins de grands classiques.
Mais on peut continuer : sont-ce des classiques ?
Camus ? – certainement. Colette ? – mouait…
Saint-Ex ? Giono ? Cocteau ? Alain-Fournier ?…
Yourcenar ? – certainement.
Simenon ? – certainement pas…
En tout cas, comme l'a bien dit je ne sais plus qui sur ce site, les Amélie Nothomb, Van Cauwelaert, Philippe Labro, Hervé Bazin et autre Jean Dutourd, même s'ils sont très intéressants, jouent dans une autre catégorie.
Le fait qu'un auteur soit catalogué "classique" ne devrait pas rebuter les jeunes. Au contraire, dans toutes les formes d'art, un débutant devrait commencer par l'étude des classiques !
Peut-être que Jean D'Ormesson (je prends des risques), celui du "Plaisir de Dieu", serait le classique d'aujourd'hui ? (A moins qu'il ne soit trop "Parisien" ?)
On pourrait continuer avec les "grands" du monde entier : les Shakespeare, Goethe, Dante, Dostoïevski …Mais qui lira cette tartine jusqu'au bout ?
C'est en tous cas un bon sujet de forum pour un site de littérature !
quote]
Je suis plutôt de l'avis de Saule, bien que je pense que Doumelge évoquait autrement ce que nous pensons. La durée ne peut venir que de la qualité, de ce que l'auteur apporte et de la façon dont il l'exprime. Mais je ne pense pas qu'un auteur puisse être qualifié de "classique" sans le recul du temps, même si ses contemporains lui reconnaissent la qualité.

Petite info pour tous ceux qui ont participé à cet échange d'idées : la revue Lire du mois dedécembre-janvier 2004 présente, à l'occasion de la réactualisation du Lagarde et Michard, un dossier intitulé "Modernes et déjà classiques", qui développe pas mal d'aspects que vous avez évoqués, et donne le point de vue d'autres pays comme l'Allemagne, l'Angleterre, ou les pays de l'Est.
Pour l'anecdote, j'y ai aussi appris ce qu'est un oxymore... à replacer dans une prochaine conversation de salon!

Duhamel fut considéré comme "grand" par ses contemporains et qui lit ajourd'hui du Duhamel ? Et il y en a bien d'autres. On peut pressentir la "qualité" d'un auteur mais tout en étant conscient que le risque d'érreur existe. Les goûts évoluent aussi avec le temps, comme le sous-entend Doumelge. Aujourd'hui nous sommes nombreux à ne plus jurer que par Rimbaud, Prévert, Apollinaire, Eluard et bien d'autres, alors que Musset, Vigny, Lamartine et Châteaubriand semblent un rien au placard... Mais que réserve le futur ?

Bref, je n'arrive quand même pas à coller l'étiquette de "classique" à des auteurs comme Camus, Yourcenar, Faulkner et d'autres. En le faisant j'aurais l'impression de les coller au placard et les condamner à la poussière, sachant que cette étiquette fait fuir beaucoup de jeunes lecteurs.




A mon avis la réponse est simple : dans classique, il y a "classe". Classique signifie donc un livre qu'on étudie en classe.

N'est-ce pas l'inverse ? C'est parce qu'une oeuvre est un classique qu'elle est étudiée en classe !

Par extension, cela signifie toute oeuvre littéraire qui a duré et dont le caractère valable est admis de toutes les personnes dans un pays donné à une époque donnée.

Là je suis d'accord : lorsqu'une oeuvre est unanimement considérée comme étant supérieure aux autres elle devient un classique.

Jules
20/01/2004 @ 15:53:10
D'accord avec Saint-Jean-Baptiste pour dire que Céline est un novateur et que ceux-ci sont rares. Mais peut-on dire pour autant qu'il n'est pas un classique ? Je sais que je n'aime pas le classer comme tel, ayant l'impression de l'enterrer une deuxième fois, mais à partir du moment où on range Camus, Yourcenar, Malraux, Sartre et bien d'autres dans cette catégorie, il me semble qu'il en fait partie aussi, même s'il est novateur. Novateur, voilà un terme que l'on ne peut pas lui refuser et combien de personnes n'ont pas essayé d'écrire comme lui... Génie, je ne sais pas. Incroyable et acerbe observateur de son époque et de la nature humaine, oui, très certainement ! Mais peut-on le classer dans les génies ?...

Si Céline est l'inventeur d'une forme, d'un style et d'une langue en littérature, est-il pour autant aussi génial qu'un Dostoïevski en ce qui concerne la profondeur de ses idées ?...

Pour moi, Rimbaud est aussi un indiscutable novateur mais également un jeune homme aux éclairs de génie quant à sa pensée ! Il va loin dans "Soleil et chair" et innove tout en allant loin dans "Une saison en enfer" et dans "Les illuminations"

Camus et Yourcenar vont plus loin dans la pensée qu'un Céline, avec une forme frisant la perfection du classicisme chez Yourcenar et une grande qualité chez Camus.

Je crois dès lors que nous pouvons, sans problème, les ranger parmi les classiques.

A mes yeux, un Hemingway en fera partie pour deux ou trois de ses livres, ses nouvelles, et surtout pour son style plus que pour ses idées. Alors qu'un Faulkner a un style bien à lui aussi mais surtout une plus grande profondeur dans le message. Il en va de même pour la profondeur d'un Philip Roth, d'un Kadaré et de bien d'autres qui, à mes yeux deviendront aussi des "classiques".

Je suis tout à fait d'accord aussi pour dire que bien des auteurs contemporains ne jouent pas dans la même cours. Ce qui ne leur enlève en aucun cas des qualités aussi, ne fut ce que celle de distraire et faire lire des gens qui, sans eux, ne s'adonneraient pas à cette occupation si riche.

Par contre, j'avoue un peu regretter que les étals des librairies soient autant couverts de livres qui n'ont d'intérêt que par le nom des personnes qui les ont écrits.



[Pour moi, un auteur classique est celui qui a écrit des textes d'un intérêt général et supérieur, dans une langue impeccable.
Je ne crois pas que le mot classique ait à voir avec la classe d'une école ! C'est une dénomination reprise dans tous les arts : l'architecture, la danse, la musique classique…Comme il y a la danse folklorique, la musique romantique…
Ce sont des mots qui servent à répertorier les différentes expressions d'un art.
On a nommé "classiques" les auteurs appréciés au siècle dit "classique", le XVIIème.
Ce sont eux qui ont établit les règles de l'écriture et de la langue française. Et par la suite, pour être classique, il faut respecter strictement ces règles.
Il est amusant de se demander qui est classique. Outre les maîtres incontestés, les Molière, Chateaubriand, Pascal, Voltaire, Balzac, Stendhal, Flaubert, il y a certainement les Mauriac, Malraux, Montherlant, Bernanos, Sartre, Gide, Proust etc. ,etc.…
Mais Céline ? A mon avis, non. C'est un novateur, un créateur. Justement, lui, il a inventé un nouveau style de récit, dans un langage nouveau. C'est un génie, pas un classique.
Raymond Queneau aussi mais à un niveau moins élevé.
En art, les créateurs sont rarissimes, deux ou trois par siècle tout au plus !
Le fait qu'un auteur soit tombé dans l'oubli, ne veut rien dire. Anatole France, Valéry, Bosco et autre Pierre Loti sont aujourd'hui bien oubliés et n'en sont pas moins de grands classiques.
Mais on peut continuer : sont-ce des classiques ?
Camus ? – certainement. Colette ? – mouait…
Saint-Ex ? Giono ? Cocteau ? Alain-Fournier ?…
Yourcenar ? – certainement.
Simenon ? – certainement pas…
En tout cas, comme l'a bien dit je ne sais plus qui sur ce site, les Amélie Nothomb, Van Cauwelaert, Philippe Labro, Hervé Bazin et autre Jean Dutourd, même s'ils sont très intéressants, jouent dans une autre catégorie.
Le fait qu'un auteur soit catalogué "classique" ne devrait pas rebuter les jeunes. Au contraire, dans toutes les formes d'art, un débutant devrait commencer par l'étude des classiques !
Peut-être que Jean D'Ormesson (je prends des risques), celui du "Plaisir de Dieu", serait le classique d'aujourd'hui ? (A moins qu'il ne soit trop "Parisien" ?)
On pourrait continuer avec les "grands" du monde entier : les Shakespeare, Goethe, Dante, Dostoïevski …Mais qui lira cette tartine jusqu'au bout ?
C'est en tous cas un bon sujet de forum pour un site de littérature !
quote]
Je suis plutôt de l'avis de Saule, bien que je pense que Doumelge évoquait autrement ce que nous pensons. La durée ne peut venir que de la qualité, de ce que l'auteur apporte et de la façon dont il l'exprime. Mais je ne pense pas qu'un auteur puisse être qualifié de "classique" sans le recul du temps, même si ses contemporains lui reconnaissent la qualité.

Petite info pour tous ceux qui ont participé à cet échange d'idées : la revue Lire du mois dedécembre-janvier 2004 présente, à l'occasion de la réactualisation du Lagarde et Michard, un dossier intitulé "Modernes et déjà classiques", qui développe pas mal d'aspects que vous avez évoqués, et donne le point de vue d'autres pays comme l'Allemagne, l'Angleterre, ou les pays de l'Est.
Pour l'anecdote, j'y ai aussi appris ce qu'est un oxymore... à replacer dans une prochaine conversation de salon!

Duhamel fut considéré comme "grand" par ses contemporains et qui lit ajourd'hui du Duhamel ? Et il y en a bien d'autres. On peut pressentir la "qualité" d'un auteur mais tout en étant conscient que le risque d'érreur existe. Les goûts évoluent aussi avec le temps, comme le sous-entend Doumelge. Aujourd'hui nous sommes nombreux à ne plus jurer que par Rimbaud, Prévert, Apollinaire, Eluard et bien d'autres, alors que Musset, Vigny, Lamartine et Châteaubriand semblent un rien au placard... Mais que réserve le futur ?

Bref, je n'arrive quand même pas à coller l'étiquette de "classique" à des auteurs comme Camus, Yourcenar, Faulkner et d'autres. En le faisant j'aurais l'impression de les coller au placard et les condamner à la poussière, sachant que cette étiquette fait fuir beaucoup de jeunes lecteurs.




A mon avis la réponse est simple : dans classique, il y a "classe". Classique signifie donc un livre qu'on étudie en classe.

N'est-ce pas l'inverse ? C'est parce qu'une oeuvre est un classique qu'elle est étudiée en classe !

Par extension, cela signifie toute oeuvre littéraire qui a duré et dont le caractère valable est admis de toutes les personnes dans un pays donné à une époque donnée.

Là je suis d'accord : lorsqu'une oeuvre est unanimement considérée comme étant supérieure aux autres elle devient un classique.

ArzaK 27/01/2004 @ 22:27:44
salut...

Pour répondre à la question de celui qui a ouvert ce forum...

Je dirai que tu confonds deux sens différents du mot "classique".

il y a classique dans le sens : "qui fait autorité", dixit le petit Robert. C'est le sens le plus général. Et evidemment, ce qui est un classique pour les uns, ne l'est pas nécessairemlent pour les autres...

mais il y a aussi un autre sens plus précis, plus "historique" : "qui appartient aux grands auteurs du XVIII, imitateurs des anciens"
(Petit Robert)

Quand on dit de Molière qu'il fait partie de la littérature "classique", on veut dire par là qu'il est un auteur d'une certaine période.

Ce n'est pas le même sens lorsque je dis de Le Clezio, que ses oeuvres sont devenus des classiques.

Molière est doublement classique, c'est un classique de la littérature classique.

Victor Hugo n'est plus un classique (au sens strict du terme) mais un romantique. Mais c'est un classique de la littérature romantique...

Il y a des classiques qui sont complètement oubliés...et qui d'une certaine manière ne sont plus des "classiques"... '(voyez comme subtilement je viens d'utiliser les deux sens du mot ...)

L'étranger de Camus est un classique de la littérature moderne...

Alors sachez de quel sens vous parler losrque vous dites "classique"...

Et pour ce qui est du sens général...("qui fait autorité"), on considère souvent dans le monde de l'édition française qu'un auteur devient un "classique" lorsqu'il rentre dans la Pléade, la collection la plus prestigieuse de l'édition française...le panthéon... On y entre généralemnt de sa mort...
Simenon vient d'y entrer...

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