Eric Eliès
avatar 15/12/2012 @ 13:18:32
J'aime le ton de cette critique, à la fois éloquent et véhément, mais, sur le fond de l'ouvrage présenté, je suis hésitant et dubitatif... Je crains que dénoncer en singularisant à l'extrême par une diabolisation absolue ne revienne à se laver les mains en évitant de faire son examen de conscience sur les racines du mal.
Je préfère l'attitude de Simone Weil qui, dans L'enracinement, évoque le nazisme comme un aboutissement, monstrueux mais logique, d'une certaine forme de la civilisation occidentale. Voire même BHL qui, dans La barbarie à visage humain, dit aussi cette continuité historique...
Et puis, quel est le sens d'un crime imprescriptible au sens de l'Histoire ? A l'échelle d'une vie humaine, je veux bien, mais pas à celle de l'Histoire, qui ferait des crimes nazis une tâche éternelle sur l'honorabilité de l'Allemagne... C'est une déviance dangereuse du devoir de mémoire, qui empêche la réconciliation entre les peuples. Il y a forcément un temps où la génération présente cesse d'être redevable des crimes des générations passées...

Veneziano
avatar 15/12/2012 @ 14:54:17
Le crime contre l'humanité va au-delà du "cas" nazi, et ne concerne pas un peuple dans son ensemble. C'est à l'égard de personnes physiques qu'il est imprescriptible : il y a donc bien un terme de fait, leur mort.

Paofaia
avatar 23/12/2013 @ 07:28:36
Le crime contre l'humanité va au-delà du "cas" nazi, et ne concerne pas un peuple dans son ensemble. C'est à l'égard de personnes physiques qu'il est imprescriptible : il y a donc bien un terme de fait, leur mort.


Tout à fait, Veneziano, les générations suivantes ne sont pas responsables. Mais elles ne doivent pas oublier, ce qu'elles ont tendance à faire. Mais merci Gregory mion, c'est le livre , cité par Cabre, que je cherchais.
Ego te absolvo? Ego non te absolvo! Enfin, je ne suis pas sûre du "non", mais je suis sûre de ce que je pense:)
Ne leur pardonnez jamais au nom de quoi que ce soit, sinon, c'est trop facile, on rachète les péchés du monde, et hop, on recommence?
Le "pardon" de la religion catholique me pèse sur l'estomac.. :):)

Bon, excusez-moi, c'est une digression, je suis en train de parcourir la bibliothèque de CL:)

Veneziano
avatar 23/12/2013 @ 10:26:31
Ce sont les criminels de guerre et non les États en tant que tels qui doivent être poursuivi. Pour les chefs d'Etat, il y a désormais la Cour pénale internationale et les juridictions pénales internationales spéciales.
Les poursuites posent le problème de la responsabilité, la recherche de la faute.

Pour le devoir de mémoire, c'est autre chose, bien que la question soit connexe, voire plutôt subséquente. Dans les deux cas, se pose une question d'imprescriptibilite, mais dans les mêmes termes. La poursuite pénale des criminels contre l'humanité peut aller jusqu'à leur mort, ce qui pose tout de même un terme, bien qu'aléatoire.
Pour le devoir de mémoire, il est transgenerationnel, l'imprescriptibilité prenant bien la forme ici d'un délai infini.

Page 1 de 1
 
Vous devez être connecté pour poster des messages : S'identifier ou Devenir membre

Vous devez être membre pour poster des messages Devenir membre ou S'identifier