Eric Eliès
avatar 03/12/2012 @ 19:58:29
J'aime beaucoup lire vos critiques des livres écrits par Brussolo, qui révèle l'incroyable génie de cet écrivain (qui s'est assagi par raison ou par besoin ?) pour explorer, jusqu'à leurs plus extrêmes limites, nos hantises et les tendances de la société. Ca me fait parfois penser à JG Ballard, qui creusait des thèmes similaires dans des récits mêlant la spéculative-fiction et une horreur froide, où le corps réifié devenait "chose" (comme dans Crash, La foire aux atrocités, etc.). Il me semble que Ballard et Brussolo partagent, avec plus d'imagination chez Brussolo et plus de rigueur analytique chez Ballard, une double fascination pour les violences que l'intelligence abstraite peut infliger au corps et pour la déliquescence du lien social dans des sociétés déshumanisées...

Kalie
avatar 03/12/2012 @ 21:21:06
Je n’ai lu aucun écrit de J.G. Ballard mais au vu de l’adaptation cinématographique de Cronenberg, je veux bien croire qu'il ait avec Brussolo des thèmes de prédilections communs. Une chose est certaine, Brussolo a connu une reconnaissance tardive. Certains de ses romans de SF publiés aux éditions fleuve noir ont fait l’objet d’une édition revue et corrigée (« Les Fœtus d’acier » devient ainsi « La mélancolie des sirènes par trente mètres de fond »). Il faut dire qu’à une certaine époque, Brussolo s’est peut-être senti à l’étroit au sein des éditions fleuve noir (format limité). Curieux aussi son changement de cap au milieu des années 90 vers le roman policier (chez Le Masque) puis plus récemment ses livres pour enfants… Le seul reproche que je ferais concerne ses personnages pas aussi travaillés que ses histoires...

Eric Eliès
avatar 03/12/2012 @ 23:17:21
J'ai découvert Brussolo quand j'étais adolescent (vers 14/15 ans), en lisant "Vue en coupe d'une ville malade" chez Présence du Futur. C'est une lecture qui m'a considérablement marqué par sa puissance d'évocation et ses images indélébiles (visions d'adultes rampants, trainant leur cordon ombilical depuis des décennies...). Brussolo, par moments, est plus un peintre d'images cauchemardesques mises en mots qu'un vrai écrivain : il peine à construire des personnages ; c'est pour ça que je préfère ses nouvelles de SF, où il peut concentrer toute la puissance d'impact de ses idées sans s'éparpiller dans un récit narratif. Je ne sais pas pourquoi il est parti chez Fleuve noir après avoir commencé dans la plus prestigieuse collection de SF française : peut-être parce que sa prodigieuse cadence d'écriture saturait les capacités d'édition de Denoel/PdF ? En tout cas, pour moi, il n'a pas eu une reconnaissance tardive puisqu'il a d'emblée publié chez Présence du Futur (sauf erreur de ma part).
A part ça, si vous n'avez jamais lu de JG Ballard, je vous conseille la lecture de la fameuse trilogie de béton (L'île de béton, Crash, IGH). L'écriture est plus maîtrisée (il est aussi l'auteur de "L'empire du soleil") et moins "hallucinée" que chez Brussolo mais il y a clairement un voisinage d'âme. Ballard est aussi connu pour ses ambiances de "cataclysme lent", mettant en scène des personnages perdus des paysages agonisants de fin du monde... (Sécheresse, Le vent de nulle part, La foret de cristal, etc.). Mais, d'après vos goûts de lecture, c'est sans doute "La foire aux atrocités", publié aussi sous le titre "Le salon des horreurs", qui pourrait le mieux vous plaire !

LesieG

avatar 04/12/2012 @ 10:33:33
Je n'aurai jamais penser à les comparer.
Je trouve que Ballard a une écriture plus classique alors que Brussolo est vraiment dans l'air du temps par son écriture donc peut être plus abordable.
Mais c'est vrai que dans leur roman, il y a beaucoup de froideur. Dans les analyses, les personnages, les descriptions...
Par contre une chose est sure ma préférence va à Ballard.
Millénium People, par lequel je l'ai découvert en passant par Super Cannes.
Par contre impossible d'aller au bout de Crash, vraiment trop violent pour moi.

Kalie
avatar 05/12/2012 @ 20:20:20
Brussolo, par moments, est plus un peintre d'images cauchemardesques mises en mots qu'un vrai écrivain


Tout à fait d'accord, c'est ce qui caractérise le plus son style : des images fortes, surréalistes, toujours à la recherche du détail noir, insolite, obscène ou répugnant.

Une chose est certaine, Brussolo a connu une reconnaissance tardive.


Tardive non car son premier livre est publié en 1981 à 30 ans mais des difficultés pour publier ses premiers écrits auprès des éditeurs de SF.

Sinon merci pour votre sélection des indispensables de Ballard.

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