La crise de la culture de Hannah Arendt

La crise de la culture de Hannah Arendt
( Between past and future)

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Philosophie

Critiqué par Drclic, le 10 septembre 2004 (Paris, Inscrit le 13 mars 2004, 47 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 353ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 5 060  (depuis Novembre 2007)

Un must en philosophie contemporaine

Bon c'est pas d ela grande litérature d'aventures mais il en faut pour tous les gouts.
L'extase se trouve dans la compréhension de mécanisme, d'étapdes du monde qui nous entoure. Donc de nous-même.
Lecture apre et assez difficile aux novices. Avec un peu d'expérience, d'interet et de curiosité, ce livre peut-etre une révélation.

Un livre qui doit etre lu (et relu) en étant pret à le recevoir. Il ne viendra pas a vous, c'est vous qui irez à lui.

Drclic.

Connectez vous pour ajouter ce livre dans une liste ou dans votre biblio.

Les éditions

  • La Crise de la culture [Texte imprimé], huit exercices de pensée politique Hannah Arendt trad. de l'anglais sous la dir. de Patrick Lévy
    de Arendt, Hannah Lévy, Patrick (Traducteur)
    Gallimard / Folio. Essais.
    ISBN : 9782070325030 ; 9,20 € ; 04/04/1989 ; 380 p. ; Poche
»Enregistrez-vous pour ajouter une édition

Les livres liés

Pas de série ou de livres liés.   Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série

Des leçons de philo de haute voltige

7 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 2 avril 2006

Curieux livre, tour à tour passionnant et trop fumeux. C'est de la philosopgie pure et dure, avec ce que cela a de meilleur, une réflexion dense (ce qui peut être un problème) et une conceptualisation trop coupée de réalités directes, alors même que certains points abordés, comme la crise de l'éducation et le mensonge en politique, ont des implications des plus concrètes.
Il est d'autant plus navrant de constater le manque d'illustrations du propos que les thèmes abordés sont tous fort dignes d'intérêt.

C'est une suite de huit essais, qui peuvent être pris indépendemment. Je vais participer à la manifestation de la crise de la culture selon l'auteur par ma critique : je vais me livrer à une massification de son propre écrit. Pour faire saisir de quoi il parle et pour donner envie de s'y plonger, je vais développer les points qui ont particulièrement mon attention.
Je préviens que je ne suis pas philosophe et que, n'ayant connu les bancs d'hypokhâgne et de khâgne, je risque de simplifier au-delà de ma propre volonté, voire de déformer, involontairement, et je vous prie, par avance, de bien vouloir m'en excuser.


I LA TRADITION ET L'AGE MODERNE

Il y a une filiation de pensée entre Platon et Aristote d'une part et Marx d'autre part, dans l'idée de déperdition de l'Etat et du travail dans la cité, car, dans la polis, il n'y pas de distinction entre gouvernants et gouvernés, ce à quoi aspire Marx dans la lutte des classe. Et le loisir découle de l'absence d'Etat, selon Marx. C'est en réalité le contraire qui se produit avec la culture de masse.
Pourtant Marx est assez rebelle à l'égard de la tradition de la pensée politique. Pour lui, la violence est la sage-femme de l'histoire, ce qui s'oppose à l'idée de persuasion chez Aristote. Comme chez Kierkegaard et Hegel, il est étonnant de constater que Marx pense contre la tradition, en lui empreintant ses concepts.
Il n'y a eu que deux périodes où la conscience collective s'est fortement imprégnée de la tradition, sous Rome et la Renaissance, avec la reprise respective des modèles grec et latin.
Il est à constater des déformations destructices de la tradition par l'intention de faire intégrer une expérience nouvelle dans quelque chose d'ancien. Kierkegaard constate le doute dans la croyance et la reformation de la relation raison-foi. Cette réponse moderne de la perte de la foi est une adaptation moderne de Descartes.

II LE CONCEPT D'HISTOIRE

Elle participe au souci d'immortalité pour Hérodote ; pour nous, ça ne va plus de soi. Les faits historiques sont toujours pris dans leur singularité et non plus dans un tout. Il n'y a pas de comportement rectiligne de l'histoire. Pour Hérodote, il y a une permanence de l'action de l'homme, dans le matériau de son existence, la nature. Ainsi, la grandeur est prise en terme de permanence, il y a une sorte d'immortalité de l'action, d'où le désir d'immortalité par le renom chez Platon. En plus de la procréation et de la multiplication qu'elle génère, la philosophie permet de continuer à visiter les choses.
Les poètes n'ont de respect que pour les choses déjà jugées comme grandes, alors que l'historien s'inscrit dans la nature, considérée comme son égal. Les sciences de l'histoire se distinguent de celles de la nature en ce qu'elles ne reprennent pas leurs normes. Elle nécessite impartialité et objectivité, à l'instar d'Homère entre Troyens et Achéens. Descartes nous apprend bien à ne pas se fier à l'évidence et à ses seuls sens pour la découverte des sciences et de la nature, d'où la généralisation de l'expérience, de l'importance du lien du quoi et du comment.
L'histoire emprunte l'idée de cycles chez Augustin, de dépassement de la mortalité humaine chez les Grecs et les Romains.


III QU'EST-CE QUE L'AUTORITE ?

C'est l'essai le plus important de l'ouvrage, déjà par sa longueur, et par son lien avec le reste de l'oeuvre de l'auteur, notamment sur le totalitarisme.

Il faut plutôt se demander ce qu'elle fût ; si elle n'a pas disparu, elle est au moins en crise. Elle a gagné des sphères pré-politiques comme l'éducation (cette crise).
L'autorité qui perdure est une forme bien spéciale d'autorité, car elle nécessite obéissance, souvent prise de pouvoir ou violence. L'ordre égalitaire de la persuasion estt opposé à l'ordre hiérarchique de l'autorité. La réflexion sur la liberté en politique est née dès le XIXème siècle. Les porte-parole modernes de la modernité sont des néo-conservateurs. Il y a une graduation entre autorité et tyrannie, le libéralisme s'opposant au conservatisme.
L'autorité est décisive mais elle n'a pas toujours existé, ce mot n'ayant pas existé en grec. Le gouvernement absolu est la tyrannie. L'autorité est le rapport d'obéissance dans lequel les hommes gardent leur autorité. C'est ce vers quoi on se rapproche le plus dans La République de Platon, où il se fait l'apôtre du philosophe-roi, qui ressemble à un tyran grec. Platon réagit à l'hostilité de la polis envers la philosophie. Ce n'est qu'à la mort de Socrate qu'il se met à réfléchir à la notion de persuasion. Elle est insuffisante pour diriger les hommes.

Est importante la distinction solitude - vie en société dans la pensée politique, depuis le Mythe de la caverne de Platon. La capacité à s'étonner est plus importante chez le petit nombre, car le mode de vie y est plus théorique. Aristote s'est penché sur le rapport gouvernants - gouvernés, donc sur le concept d'autorité et la personne du roi philosophe pour gouverner les affaires humaines, qui dépasse la distinction spécialiste-profane, car il fait appel à la nature qui institue la différence entre jeunes et vieux. Il se base sur la dégradation et sa répétition à travers les siècles. La communauté politique est distincte d'une communauté privée : cette dernière est une monarchie, opposée à la polis, composée de nombreux dirigeants.
Aristote et Platon voulaient introduire une espèce d'autorité dans les affaires publiques. Elle n'a un caractère pédagogique qu'au sens romain, où l'ancêtre est un exemple de grandeur. Les efforts grandioses de la philosphie grecque pour déerminer un concept d'autorité qui empêcheraient la détérioration de la polis ont échoué du fait du manque d'expérience politque immédiat dans les fondements de la vie politique.

La pensée politique a commencé à utiliser les concepts platoniciens, tel l'expérience politique, ce qui a eu une influence sur la fondation de l'Eglise catholique. La conséquence d el'amalgame des instititutions politiques romaines et de la philosophie grecque lui a permit d'interpréter des notions plus vagues et de se distinguer du premier christianisme sur la vie dans l'au-delà. Elle est influencée par les mythes de Platon dans La République, le Phédon et Gorgias.


IV QU'EST-CE QUE LA LIBERTE ?

La question est difficile car la liberté humaine semble aller de soi, elle touche au mirage. La plus grande clarification tient à l'explication du sensoriel, qui rend l'expérience possible, d'où l'antinomie entre la liberté pratique et la non-liberté théorique, toutes deux évidentes (vite dit, tout de même). "ce n'est pas la théorie scientifique mais la pensée elle-même (...) qui semble dissoudre et anéantir la liberté sur laquelle est fondée notre conduite pratique."
En politique, le problème de la liberté est crucial. C'est un fait de la vie quotidienne. C'est la coïncidence de la politique et de la liberté qui ne va plus de soi dans la lumière de l'expérience politique d'aujourd'hui, à cause de la montée du totalitarisme et de sa revendication. La définition comme laliberté politique comme celle de la politique n'est pas simplement imposée par ses expériences les plus récentes. Importance de la réflexion aux 17ème et 18ème siècles. à ce sujet. La liberté dans la tradition chrétienne est considérée comme apolitique.


V LA CRISE DE L'EDUCATION

Aux Etats-Unis, c'est un problème politique de première grandeur. Il y a une baisse constante perceptible et de vains efforts. Certes, la question est apparue secondaire face aux efforts à fournir dans l'immédiat après-guerre. Ce n'est pas qu'un problème spécifique. L'essence de l'éducation est dans la natalité. Il est toujours impossible d'isoler l'élément universel de de circonstances concrètes et personnelles. Aux US, le problème et extrême, car ils ont toujours été un pays d'immigration, avec l'importance de l'école et de l'anglais comme maternelle, qui ne devient vraiment celle que des enfants d'immgrés. A cela, s'ajoute la volonté de la République d'abolir la pauvreté. La crise de l'éducation la faillite des méthodes modernes d'éducation dans le cadre d'une société de masse, aggravé par le rôle qu'a toujours joué le principe d'égalité. Le secondaire pâtit d'être un prolongement du primaire et de sa carence à la prépartion au supérieur. Ce nivellement se fait au détriment des Professeurs et des élèves les plus doués.
Cette crise est liée à l'autonomie donnée aux groupes d'enfants, le rôle de l'adulte étant devenu subsidiaire ; et l'autorité d'un groupe est beaucoup plus forte que celle d'un individu, en raison de la règle de la dictature de la majorité. L'autorité y est beaucoup effrayante. De plus, cette crise se révèle par le mauvais dosage entre une science de l'enseignement et de la maîtrise d'un savoir. Aussi ne peut-on savoir et comprendre que ce qu'on a fait soi-même. Ce sont ces trois éléments qui expliquent les éléments de crise.
Cette crise est le reflet de la société moderne.


VI LA CRISE DE LA CULTURE

C'est une inquiétude face à la société de masse, qui est une contradiction dans les termes. HArold Rosenberg y voyait une volonté d'ajouter au kitsch une dimension intellectuelle. On assiste à l'apparition d'une culture populaire abandonnée à la populace. Le rapport est hautement problématique. Tout l'art moderne s'est rebellé contre la société et une forme de culture. La culture de masse s'oppose à une haute société policée. Les nouveaux riches tendent à mépriser le philistinisme et le snobisme européens. Cette crise vient de l'incorporation de la masse à la société et de sn attrait plus pour le loisir que pour la culture.
Beaucoup de choses résident dans les capacités d'accès à la société, de la bonne société, des Cours des 18e et 19e siècles, philistinique, à celle de masse d'aujourd'hui. Cet attrait pour les loisirs se traduit par une chute d'intérêt pour l'art et l'absence de culture.
A noter que l'humanisme comme culture est d'origine romaine

(Beaucoup de répétitions, ici, m'a-t-il semblé, d'où un résumé plus condensé).


VII VERITE ET POLITIQUE

Elles sont en assez mauvais termes. Le mensonge est le métier du politicien (mais et celui de l'homme politique) et de l'administration d'Etat (et quoi encore ?). Ce conflit provient, selon Platon, d'un amour pervers pour la fausseté et l'erreur. Il croyait que la vérité mathématique pouvait arriver à faire prendre conscience. C'est repris par Hobbes.
Chez Platon, le discours de vérité met sa vie en danger. Pour Hobbes, c'est un moyen de devenir acteur. Il oppose raisonnement solide et éloquence puissante. Spinoza croyait à l'infaillibilité de la raison humaine. Tout homme est maître de ses propres pensées. Pour Spinoza, toute restriction de pensée invite au mensonge et à la perfidie. Mais n'est nulle part la liberté de parole. Il compte sur les besoins de communication de l'homme, son incapacité à cacher ses pensées (un peu naîf sur ce point), et finir par devenir philosophes, en se débarrassant des défauts qui l'en empêcheraient.
Le passage de la vérité rationnelle à l'opinion implique un passage de l'homme au singulier aux hommes au pluriel (Madison). On constate l'embarras majoritaire entre l'opposition entre vérité religieuse et vérié philosophique.
La vérité porte en elle-même un élément de coercition. La vérité philosophique concerne l'homme dans sa singularité, elle est politique par nature. Le menteur est un homme d'action, à la différence du diseur de vérité. C'est pourquoi la vérié est dénuée de pouvoir avoir une force propre, mais les gens de pouvoir ont du mal à y subsituer quelque chose de viable.

VIII La conquête de l'espace et la dimension de l'homme.

Abandon de l'anthropocentrisme, volonté de comprendre les effets naturels. Là, j'ai fatigué : j'ai trouvé ce passage trop conceptuel pour un objet aussi factuel.


Forums: La crise de la culture