Horreur kitsch à Hollywood

À la recherche d'un roman d'horreur un peu kitsch (de préférence des années 80), j'ai découvert "Carrion" chez un vieux bouquiniste. L'histoire est assez sympathique: il s'agit d'un homme plutôt normal, McAllister Fain, habile dans les tours de passe-passe, qui se fait appeler maître de l'horreur et qui gagne sa vie en tirant les cartes pour les veilles femmes riches de Los Angeles.

Un jour, un homme richissime ayant perdu sa femme dans des circonstances tragiques fait appel à lui pour la ressusciter, avec un énorme salaire à la clé. Sans trop savoir ce qu'il fait, Fain décide d'accepter à cause de l'appât du gain et se renseigne un peu sur les rituels vaudou pour paraître un tant soit peu crédible... Et, chose incroyable, il réussit. La femme est vivante. Le roman conte son ascension à la gloire, tandis qu'il est de plus en plus riche. Cependant, en parallèle, l'on suit l'histoire de la femme ramenée à la vie, Leanne, qui a des comportements étranges... Et qui semble dépérir de jour en jour...

Il s'agit d'une histoire sans prétention, plutôt sympathique et agréable à lire. L'aspect kitsch m'a énormément plu, et j'ajouterai tout de même que l'auteur parvient avec beaucoup de talent à dépeindre des personnages plutôt hauts en couleur. Le personnage principal, par exemple, a vraiment beaucoup de consistance. Antihéros qui se laisse piéger par les affres de la gloire et de la richesse, il collectionne les maîtresses et est un peu maladroit pour gérer le succès... Le riche milliardaire, la petite amie, le manager un peu véreux mais très sympathique... Tous sont cohérents, bien décrits et intéressants à suivre. C'est vraiment, je le pense, le point fort de ce roman, avec la thématique développée, qui frôle parfois le surréalisme et qui est plutôt jouissive.

Malheureusement, on regrettera que l'auteur n'ait pas été jusqu'au bout de son idée. La narration retombe un peu comme un flan, l'histoire ne décolle jamais vraiment et avec un synopsis pareil j'aurais attendu plutôt un final décapant partant complètement dans tous les sens. Or, tout est plié en une dizaine de pages et reste plutôt gentil. C'est vraiment dommage. On a l'impression que, pendant 300 pages, l'auteur prend la peine d'installer une ambiance, des personnages et une histoire farfelue de zombies pour qu'après tout se termine comme un pétard mouillé, sans beaucoup d'ambition. De la même façon, l'horreur est trop peu présente. Vraiment, ce roman aurait pu être bien mieux s'il avait été encore plus fou et plus effrayant. Paradoxalement, il n'est pas encore assez "too much".

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  Carrion [Texte imprimé] Gary Brandner traduit de l'américain par Michel Deutsch

  de Brandner, Gary
  J'ai lu / J'ai lu. Epouvante
  ISBN : 9782277227052 ; EUR 6,00 ; 04/01/1999 ; 345 p. p. ; Poche

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