Baudelaire en passant de Didier Blonde

Baudelaire en passant de Didier Blonde

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Essais

Critiqué par Catinus, le 27 juillet 2012 (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 72 ans)
La note : 9 étoiles
Visites : 2 337 

Un homme de la rue



Une manière de biographie de cet étrange poète que fut Charles Baudelaire. Bio qui est commencée par la fin : le cimetière Montparnasse, la mort, l’agonie, la chute à Saint-Loup de Namur. Portraits en pied, apparence physique du dandy, photographies – dont il se méfiait comme la peste -. Les Fleurs du Mal. Les hôtels, les cafés et les filles, lorettes. Les rez–de-chaussée, les mansardes, une cinquantaine de domiciles parisiens. Le Spleen de Paris. Des rues – il n’y a aucun nom de rue dans les poèmes de Baudelaire -. Sa triste vie en Belgique, à Bruxelles, Pauvre B. Ses amours et sa mère. Mais une œuvre.
Un essai magnifiquement agencé !

Extraits :


- La Brasserie était, selon Philibert Audebrand qui l’a longuement fréquentée, une salle immense, tout en longueur, très haute, un boyau qui s’étendait jusqu’à la rue Notre-Damme-de-Lorette. (…) A dater de huit heures, un épais nuage de fumée s’échappait de cent cinquante pipes. Une tabagie d’artistes. Très pauvres pour la plupart. Ils buvaient, ils fumaient, ils jouaient aux dominos, aux cartes, au jacquet, aux échecs. Quelques uns dessinaient au crayon. D’autres lisaient aux oreilles complaisantes de la prose ou des vers, surtout des vers. Ce qui dominait dans le Hall, ce qu’on y recherchait autant que le breuvage d’outre-Rhin, c’était le frottement avec la bohème


- « Et c’est depuis ce temps que, pareil aux prophètes
J’aime si tendrement le désert et la mer ;
Que je ris dans les deuils et pleure dans les fêtes,
Et trouve un goût suave au vin le plus amer
Que je prends très souvent les faits pour des mensonges,
Et que, les yeux au ciel, je tombe dans les trous. »

- A la liste des droits de l’homme, Baudelaire proposait d’en ajouter « deux assez importants « qu’on avait oubliés : « le droit de se contredire et le droit de s’en aller. »

- En mars 1855 : « Depuis UN MOIS j’ai été contraint de déménager six fois, vivant dans le plâtre, dormant dans les puces – balloté d’hôtel en hôtel. » En 1856 : « Figure-vous que ma sacrée charogne de propriétaire me rend si malheureux qu’hier soir je ne suis pas rentré. » En 1858 : « Au commencement du mois, il m’a fallu perdre six jours à me cacher, de peur d’être arrêté. » (…)
Perpétuellement en fuite, il se retrouve à la rue. Poète et débiteur. Baudelaire est l’homme de la rue.

- La chambre qu’il occupe à l’hôtel du Grand Miroir (à Bruxelles) est sinistre : un lit en faux acajou, un canapé rapé, une carpette, une armoire, deux chaises au cannage fatigué. Les murs sont nus. » Je n’ai pas de livres, je suis mal logé, je suis privé d’argent, et ne vois que des gens que je hais », écrit-il à sa mère.

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Les éditions

  • Baudelaire en passant [Texte imprimé] Didier Blonde
    de Blonde, Didier
    Gallimard / L'Un et l'autre (Paris)
    ISBN : 9782070732203 ; 16,75 € ; 16/10/2003 ; 175 p. ; Broché
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