Au milieu de la nuit...

"La Fête des morts, ou Pchoum Ben est célébrée au Cambodge en mi-septembre pendant la pleine lune en hommage aux ancêtres. La tradition commande d’offrir de la nourriture aux âmes des ancêtres dans les pagodes. Cette fête est célébrée au milieu de la nuit. Les ben sont des gâteaux que l'on offre aux morts, par moines interposés. Ils sont faits de boules de riz gluant accommodé avec des ingrédients qui varient suivant les régions. Ces boules sont cuites dans du lait de coco.

La première quinzaine d'octobre est réservée au culte des morts. Le quinzième jour, celui de la pleine lune, est nommé Pchom ben ou "rassemblement des ben". Selon la tradition, en ce mois où le ciel est obscurci par les nuages de la mousson, en cette quinzaine, où la lune, diminuant chaque nuit, devient plus sombre, Yâma, le roi des Enfers, libère les âmes des morts pour qu'elles se mêlent un temps aux vivants. Si, ayant cherché au moins dans sept pagodes, ces esprits ne trouvent pas leur part d'offrandes, ils maudiront leur famille... A l'occasion de Pchom Ben , les Cambodgiens bénéficient de trois jours fériés qu'ils mettent à profit pour retourner dans leurs familles et se rendre à la pagode."

Cette longue introduction a pour but d’expliquer le titre de l’album vous l’aurez compris. Je trouve cette tradition très belle. Pour revenir à ma critique, parfois dans une bande dessinée, le côté visuel l’emporte sur tout le reste comme avec les œuvres de Séra. On contemple les dessins et l’histoire, bien qu’importante, passe au second plan. Ici, c’est le contraire qui se produit. Le visuel n’est pas mis en valeur, c’est plutôt l’histoire, le scénario qui est excellent. Les dessins d’Olivier Cinna sont bien mais son style ne plaira pas à tous les lecteurs je crois. Pas de couleurs, du noir et du blanc seulement. Le trait est bien marqué, gras et les visages sont taillés au couteau. Pourtant, malgré tout cela, il sert à merveille le scénario complexe de Stéphane Piatzszek.

L’histoire se passe au Cambodge. Serge Fressac, un policier délégué par le ministère de l’intérieur français est en mission de collaboration et seconde le lieutenant Varanat dans son travail à la brigade des étrangers. Leur principal sujet de préoccupation est la prostitution enfantine. Serge est envoyé en mission. Il doit surveiller un français tenant une guest house haut de gamme où il organise des partouzes avec des gamins pour ses clients. Traquer les pédophiles, tel est le travail du policier français.

J’accorde une bonne note à cette œuvre pour le scénario vraiment bien construit et étoffé. Les personnages sont également le point fort de cet album. Comment ne pas s’attacher à ce gros bourru de Serge qui, sous des dehors de brute épaisse, cache une âme sensible et un cœur gros comme l’univers. Et les autres gravitant autour de lui sont aussi très attachants : la riche veuve Lili qui parraine un nombre impressionnant d’orphelins, Nara la jeune prostituée dont Serge tombera amoureux, Hak le jeune homme en moto qui apparaît toujours lorsque Serge a besoin de lui et bien d’autres.
Mais il y a aussi les méchants, tous plus répugnants les uns que les autres.

Un excellent album traitant de la pédophilie et de la corruption qui existent au Cambodge mais à lire surtout pour le personnage de Serge qui m’a conquise.

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  Fête des morts [Texte imprimé] un récit de Stéphane Piatzszek dessin de Olivier Cinna

  de Piatzszek, Stéphane Cinna, Olivier
  Futuropolis
  ISBN : 9782754802680 ; 19,30 € ; 07/04/2011 ; 104 p. ; Cartonné

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