Une femme fuyant l'annonce de David Grossman

Une femme fuyant l'annonce de David Grossman
(ʾIšah bwraḥat mibśwrah)

Catégorie(s) : Littérature => Moyen Orient

Critiqué par Ronanvousaime, le 23 décembre 2011 (Inscrit le 13 mai 2007, 49 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 10 avis)
Cote pondérée : 8 étoiles (532ème position).
Visites : 8 575 

une sorte de Dostoïevski israélien

Un grand livre.

Assez long, dense, souvent sous forme de dialogues, avec flash-backs et révélations.

une écriture très pure, la grande classe, quelque chose des grandes tragédies russes ou grecques, mais moderne.

Pour ceux qui veulent savoir de quoi que ça cause: une femme apprend que l'un de ses fils (re)part en mission pour l'armée israélienne et elle est convaincue qu'on va venir lui annoncer sa mort. Alors elle décide de se fuir, de partir randonner, pour que la nouvelle de la mort ne la trouve pas et conjurer le destin. Mais elle ne part pas avec n'importe qui...

UN LIVRE RARE, à LIRE !

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Les éditions

  • Une femme fuyant l'annonce [Texte imprimé], roman David Grossman traduit de l'hébreu par Sylvie Cohen
    de Grossman, David Cohen, Sylvie (Traducteur)
    Seuil
    ISBN : 9782021004625 ; 22,80 € ; 05/09/2011 ; 672 p. ; Broché
  • Une femme fuyant l'annonce [Texte imprimé], roman David Grossman traduit de l'hébreu par Sylvie Cohen
    de Grossman, David Cohen, Sylvie (Traducteur)
    Points / Points (Paris)
    ISBN : 9782757830413 ; 2,88 € ; 18/10/2012 ; 792 p. ; Poche
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Les livres liés

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Un double déni

8 étoiles

Critique de Isis (Chaville, Inscrite le 7 novembre 2010, 79 ans) - 26 novembre 2021

D'un côté, la fuite d'une mère dans le temps et dans l'espace pour conjurer le sort et esquiver l'annonce tant redoutée de la disparition de son fils adoré dans un conflit sans fin. De l'autre, celle d'un père, en l'occurrence, David Grossman lui-même, se réfugiant dans l'écriture face à l'éventualité de cette même dramatique nouvelle.
Malheureusement, comme il le précise lui-même dans sa postface, l'auteur apprendra, pour sa part, avant d'avoir terminé son roman, la mort d'Uri son fils cadet, tombé au Sud Liban.
Encouragé par le soutien d'amis tels qu'Amos Oz, il se remettra à l'ouvrage après la semaine de deuil, apportant à ce récit une touche finale empreinte d'une émotion et d'une ambiguïté inoubliables.
Un livre, certes un peu trop long et difficile, tant par le fond que par la forme, qui se mérite mais la persévérance du lecteur est largement récompensée, la dernière page tournée.

Très beau

9 étoiles

Critique de Clemandarine (, Inscrite le 3 avril 2013, 74 ans) - 9 juillet 2014

Un très beau livre, un peu difficile à lire surtout au début de par son écriture. On s'y fait assez vite, car l'histoire de cette femme, Ora, et de sa famille est magnifiquement racontée au gré de cette très longue randonnée. Cette histoire m'a permis de me mettre dans la peau d'une mère israélienne, avec toutes les ambiguïtés et contradictions que cela peut comporter. Le livre est long mais on a vraiment envie d'aller jusqu'au bout ; cela en vaut la peine.

Une femme, deux amants, deux fils

8 étoiles

Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 50 ans) - 17 mai 2014

Nouvellement séparée de son mari Ilan (parti en Argentine avec leur fils aîné), Ora avait prévu une randonnée avec son fils cadet Ofer, pour fêter la fin de ses trois ans de service militaire. Mais celui-ci est rappelé le lendemain car une opération s’est déclenchée (2ème intifada).
Paniquée, craignant à chaque instant de recevoir l’annonce de la mort de son fils, Ora part faire cette randonnée tant attendue pour se couper du monde, non sans avoir « enlevé » Avram, un ancien ami et amant.

J’ai trouvé la lecture difficile au début : propos incohérents et hachés d’une Ora en proie à la fièvre dans le Prologue, puis tourbillon des pensées d’Ora déboussolée avec une écriture qui fait penser à Virginia Woolf ou à certains passages d’Ulysse de James Joyce. Ensuite la lecture est devenue plus aisée, soit que je me sois habitué au style, soit que l’apaisement né de la marche et des longues conversations avec Avram se reflète dans l’écriture.

Leur parcours devient une occasion de se redécouvrir, de revisiter leur passé commun, d’en découvrir les épisodes cachés, d’évoquer la famille et les fils d’Ora, comme si parler d’Ofer pouvait le protéger. En toile de fond, les difficultés internes d’Israël et les conflits israélo-arabes (de la guerre des 6 jours à la 2ème intifada) avec une description implacable de l’angoisse nerveuse des civils et de la brutalité de la guerre, de son absurdité pour ceux qui sont immergés dans les combats.

Ora peut parfois agacer car c’est une femme singulièrement torturée, confuse, excessive, culpabilisée, animée d’un amour trop fusionnel vis-à-vis de ses fils, douée d’une logorrhée verbale parfois étouffante.
Sur la fin je me suis parfois senti plus proche d’Avram pour qui cette marche est une rédemption, une thérapie qui lui réapprend à vivre alors que le traumatisme qu’il avait subi pendant la guerre du Kippour avait fait de lui depuis un quart de siècle un déchet. Le miracle s’accomplit pour lui en recréant le lien avec la famille d’Ora et en découvrant qui est Olfer, mais aussi sans doute au contact des paysages et de la végétation dont David Grossman fait des descriptions minutieuses et colorées qui m’ont donné envie d’aller randonner en Galilée !

Presque un grand livre…

8 étoiles

Critique de Ludmilla (Chaville, Inscrite le 21 octobre 2007, 68 ans) - 29 décembre 2013

Oui, la plus grande partie de ce livre est excellente.
Oui, il y a des passages auxquels je ne pouvais pas m’arracher.
Oui, mais…

Mais il est vraiment dommage que des incohérences (en lien avec la pratique de la randonnée) m’aient gâché un tiers du livre. Arrivée à la moitié, après avoir lu quelques paragraphes en diagonale, j’ai été lire les critiques sur CL –ce que j’évite de faire habituellement avant d’avoir terminé un livre- pour vérifier si je n’avais pas une trop grande attente sur ce livre. J’ai continué et bien m’en a pris, puisque la seconde partie est effectivement excellente.


Quelques exemples de ces incohérences :
Le taxi dépose Ora et Avram (« les abandonne » serait plus exact vu le contexte) quelque part (en Galilée?). Et ils arrivent quand même à trouver des chemins, et même, après quelques jours, à se retrouver par hasard sur le GR (chemin de grande randonnée) d’Israël, le tout sans consulter la moindre carte…

Leur première nuit à la belle étoile (le taxi les a abandonnés en pleine nuit) ne semble leur poser aucun problème :
« Les premières lueurs du jour viennent les éveiller, encore perdus dans les brumes du rêve, à la lisière d’une prairie. [..] [Avram] avise Ora, étalée sur un gros sac à dos, et , au-delà, un champ, un verger, une montagne. […]
- Où sommes-nous ?
Ora hausse les épaules.
- Je ne sais pas. Quelque part en Galilée.
Le visage d’Avram s’arrondit de stupeur.
- En Galilée ?! Mais où exactement ?
- Là où il nous a débarqués cette nuit
[…]l’errance interminable en rase campagne, au beau milieu de la nuit. [Ora] est tombée à plusieurs reprises en cours de route avant de s’écrouler dans ce champ, où ils ont somnolé à même le sol, sur l’herbe »

Ce qui n’est pas le cas de la nuit suivante, avec tente et duvets…
«Chacun gagne sa tente […] Ils se tournent et se retournent sur leur couche inconfortable […] dormir en plein air à même le sol plein de trous et de bosses […] l’exaltation suscitée par le scintillement des étoiles, la brise tour à tour tiède, fraîche, humide et instable […] »
Et d’ailleurs sous la tente ou en plein air ? Les étoiles ou la brise, sous la tente…

époustouflant !!!

10 étoiles

Critique de Coumar (, Inscrite le 1 septembre 2012, 59 ans) - 24 février 2013

Que rajouter de plus ....j'ai adoré ce livre !!
On ressent magnifiquement les états d'âmes des personnages.
On ressent l'amour qu'ils ont en eux, la souffrance qui les habite et la force d'une mère hors norme !!

Magnifique

10 étoiles

Critique de Flo29 (, Inscrite le 7 octobre 2009, 51 ans) - 29 novembre 2012

Je ne connaissais pas du tout cet auteur, mais ce roman m'a laissée sans voix. Au delà des mots, il parvient à nous faire partager les souffrances d'une femme, de deux hommes et de tout un peuple, que dis-je de tous les peuples. C'est un hymne à la paix et à l'amour, je crois bien que j'ai rarement lu quelque chose d'aussi beau et d'aussi abouti. A savourer, à dévorer!

Grand livre

9 étoiles

Critique de Sola (, Inscrite le 1 novembre 2005, 71 ans) - 6 août 2012

Ce livre retrace la vie d'une femme, amante, épouse, mère, dans un pays en guerre : des mots pour protéger son fils, soldat, une fuite pour ne pas savoir: est-ce possible ? L'auteur nous dit à la fin du livre que lui-même a appris la mort de son fils pendant l'écriture de ce livre...
C'est un très grand livre qui nous interroge sur la vie, la mort, la guerre, l'amour.

Une Femme Fuyant l'Annonce

10 étoiles

Critique de Ravachol (, Inscrit le 24 octobre 2010, 40 ans) - 3 mars 2012

Longue odyssée à travers une Galilée universelle, « Une Femme fuyant l'Annonce » relate la fuite d'une mère (Ora) qui tente d'échapper à la probable annonce de la mort de son fils.

Ora, c'est la pureté rêvée par l'auteur mais aussi par chacun d'entre nous. Mère aimante et réconfortante, elle est aussi une femme libre et émancipée, possède une vision éclairée et objective de la situation qui l'entoure. Elle décide de chasser la mort en y insufflant de la vie, marie le passé au présent pour imaginer un avenir plus supportable. Shéhérazade des temps modernes, Ora ne peut compter que sur sa parole face à la Mort et la seule manière de vivre c'est de revivre par la pensée ce qui a déjà été vécu. On pense par moment au « Livre de ma Mère » d'Albert Cohen, tant Ora incarne la mère parfaite, toujours à l'écoute de ses enfants, les observant sans cesse d'une manière sublime.

Mais Ora, c'est aussi une idée, une vision, la vision idyllique de David Grossman. Dans ce « voyage au bout de la vie », l'auteur multiplie les messages de paix et de lucidité sur la cohabitation entre arabes et juifs, mais aussi entre les Hommes. Loin de tenir un discours hippie cliché et vide de sens, Grossman plonge littéralement dans les êtres peuplant son voyage, glisse sur leur peau, les fait vivre par la parole et surtout détruit par sa prose magique la bestialité de l'Homme. « Une Femme Fuyant l'Annonce » est un « conte à rebours » qui décrit avec finesse la pression psychologique quotidienne que subissent les Israéliens dans ce conflit sans fin. Mais au lieu de sombrer dans le Pathos, de décrire une situation tragique pleinement justifiée, Grossman extrait ses personnages du contexte pour en faire à la fois des héros mythiques et des victimes émouvantes, simplement humaines.

Grossman réalise un Grand Livre grâce à sa prose. Simple, limpide et calme, les phrases semblent flotter sur les pages dans une sorte de légèreté grave. La construction anarchique mélangeant les époques et les personnages vient renforcer ce sentiment de fuite, cette volonté de trouver rapidement un sens à la Condition humaine. Les passages qui décrivent Ora enceinte sont d'une poésie et d'une douceur à couper le souffle. Par moment cette prose émoustille nos sens, on se met à la goûter et à la sentir. Cet arôme donne un peu plus de corps aux personnages tout en nous plongeant dans une contemplation fantasmée de la vie.

Bref, « Une Femme Fuyant l'Annonce » est un chef-d’œuvre qui se termine par trois petits points. Universel et volontairement ouvert, le roman est une initiation à ce que l'on connait déjà mais que l'on ne voit pas. Magnifique.

Grand écrivain...

8 étoiles

Critique de Killing79 (Chamalieres, Inscrit le 28 octobre 2010, 44 ans) - 18 février 2012

David Grossman nous décrit, tout au long de ce voyage et à travers de longs dialogues, le destin poignant de cette famille israélienne. Ora veut s'éloigner de la nouvelle qu'elle redoute et en profite pour faire un flashback et ainsi retracer sa vie, en se confiant à Avram, un des personnages essentiels de sa destinée. On y découvre ses amours, ses mystères, ses espérances et ses regrets... comme si le fait de revenir dans le passé pouvait retarder le futur.
C'est un livre bouleversant d'humanité, qui m'a saisi, malgré sa longueur mais grâce à une écriture vraiment exceptionnelle.
Plus qu'un grand livre, j'ai découvert un grand écrivain.

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