De l'art d'ennuyer en racontant ses voyages de Matthias Debureaux

De l'art d'ennuyer en racontant ses voyages de Matthias Debureaux

Catégorie(s) : Arts, loisir, vie pratique => Voyages et géographie

Critiqué par Gnome, le 10 mai 2011 (Paris, Inscrit le 4 décembre 2010, 53 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (22 932ème position).
Visites : 4 821 

Chiant qui comme Ulysse a fait un beau voyage...

J'ai retrouvé ce petit livre que j'avais acheté il y a 4 ou 5 ans. Je viens de le relire avec délice...

Dans cet ouvrage, Matthias Debureaux offre à tout bon exploraseur qui se respecte une série de très précieuses règles à observer pour tenir son rang… Un exploraseur, c’est cette nouvelle sorte de globe trotteur qui a vu le jour avec la récente démocratisation des voyages et qui ne supporte en aucun cas qu’on puisse le qualifier de touriste… car l’exploraseur, voyez-vous, ne fait pas de tourisme, il voyage !

Partant de cette petite présentation, on découvre une série de conseils tous plus hilarants les uns que les autres pour faire partager ses voyages à ses proches, tout en rabaissant l'air de rien ces derniers à leur morne condition d’obtus sédentaires… Ce qui au passage nous permet de reconnaître des amis, des collègues, de la famille, ou… soi-même* !

Quelques extraits en forme de guide pour bien raconter ses voyages, façon exploraseur :

« Ne dites pas "j’ai passé deux mois en Inde", mais plutôt "j’ai vécu dix semaines et demi en Inde." »

« Choisissez de vrais gens et des petits métiers perpétuant des traditions centenaires (ermites des taïgas, sherpas du Khumbu, éleveurs de yacks) en feignant de croire que les huissiers de justice et les agents d’assurance n’existent pas à l’autre bout du monde. Rappelez la joie de vivre du berger dropka des hauts plateaux, la patience du nettoyeur d’oreilles de Bombay ou le rayonnement de la vendeuse de fruits de Phnom Penh mais jamais celui du guichetier qui a changé vos Travellers chèques. »

Si vous voulez décrire une capitale : « Déclarez votre flamme pour le fascinant mélange de tradition et de modernité. L’argument est pratique car peu de capitales échappent à cette règle. »

L’auteur donne aussi quelques phrases à essaimer négligemment au retour dans les conversations, ou bien dans le désormais incontournable blog de voyage, du genre : « Là-bas, tout fait sens » ou « C’est une ville qui porte en elle le sentiment de l’inéluctable qui attise la passion » ou bien encore « Sa topographie nous renvoie à notre espace intime »…

Ce bouquin est un petit bijou que tout "voyageur" se doit de consulter régulièrement pour ne pas sombrer dans l'explorasoir. Attention, offrir ce livre est assez délicat… et si on vous l’a offert, posez-vous quelques questions sur les raisons de ce cadeau !

Il n’est plus édité mais on le trouve encore facilement d’occasion (et à des prix très raisonnables) sur les sites traditionnels de vente de livres.


* C'est le cas en ce qui me concerne...

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J'ai ri !

8 étoiles

Critique de Vince92 (Zürich, Inscrit le 20 octobre 2008, 46 ans) - 28 mars 2018

Et pourtant on m'a offert ce livre...je ne pense pas être un "exploraseur" pour autant. Dans tous les cas, l'auteur parvient dans ce court pamphlet à bien cerner ce mal des temps modernes: les amis ou les connaissances qui partent en voyage et se sentent obligés de tout relater avec un vocabulaire bien spécifique.
Oui, mal des temps modernes car avec la démocratisation des voyages et du tourisme mais avec cette idée que les voyages demeurent l'aventure, il y a de plus en plus de candidats à l'évasion qui pensent être de leur devoir d'éclairer de leurs connaissances ou même de leurs perceptions de l"'autre", de l"ailleurs"...
Un franc moment de rigolade, pour tous ceux qui se prennent trop au sérieux!

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