Jésus, illustre et inconnu de Gérard Mordillat, Jérôme Prieur

Jésus, illustre et inconnu de Gérard Mordillat, Jérôme Prieur

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Spiritualités

Critiqué par Saint-Germain-des-Prés, le 15 novembre 2001 (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 13 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (11 726ème position).
Visites : 6 314  (depuis Novembre 2007)

Décapant!

Si votre foi en Dieu et en Jésus est basée sur la certitude que le Nouveau Testament est « parole d'évangile » (pardonnez le jeu de mots facile), je vous déconseille ce livre car après sa lecture, vous serez en perte de repère !…
Si au contraire vous êtes en recherche, ou si votre foi dépasse les éléments factuels et n'a pas besoin de se rassurer par des « preuves », vous apprécierez ce travail de recherche car il a le mérite de remettre l’église au milieu du village.
Il apporte de nombreuses informations sur les contextes historique, politique et religieux du Nouveau Testament.
Ses auteurs ont élaboré les reportages de la série d'émissions « Corpus Christi » sur Arte.
Oui, bon, j’ai beau dire cela et fanfaronner, j’avoue qu'à la lecture de ce bouquin, j'ai ressenti comme un vertige.
Car une bonne partie de ce que vous croyiez être vrai ou tout au moins vraisemblable dans les évangiles ne résiste pas à l'analyse historique de nos auteurs.
Le livre est organisé en questions-réponses et par là est très pratique.
On peut le lire de A à Z, ou le feuilleter et s'attarder uniquement sur les points qui nous tracassent.
En vrac, voici quelques « scoops » !
Saviez-vous par exemple que les 4 évangiles ont été rédigés dans l'idée d’être le seul ?
Si l'on en obtient 4, c’est parce qu'aucun n'a réussi à supplanter les autres. D'autre part, aucun évangile n’a été écrit par l’un des apôtres, comme on tend plutôt à le croire. Les récits des noces de Cana et la résurrection de Lazare ne figurent que chez Jean, ce qui indiquerait qu'il s’agit d'une allégorie de sa part et non de comptes rendus exacts… Le Notre Père (Matthieu et Luc) est « du premier au dernier mot une prière juive » adaptée par les premiers chrétiens. L’entrée à Jérusalem de Jésus monté sur un ânon est décrite comme une scène de liesse où Jésus est accueilli de façon tonitruante.
Cette scène semble impossible car les Romains n’auraient jamais laissé un tel débordement avoir lieu, particulièrement en période de fête de Pâque. Ou encore, « on doit penser qu'il n’y a jamais eu de procès de Jésus devant le Sanhédrin ». Etc., etc…
De nombreuses questions sont abordées telles : « que s'est-il passé entre Joseph et Marie ? » ; « que penser de la virginité de Marie ? » ; « Jésus a-t-il eu des frères ou des sœurs ? » ; « pourquoi les disciples vont-ils toujours par deux ? » ; « que sait-on de Jésus adulte ? » ; « quelles sont les circonstances de l’arrestation de Jésus ? » ; « Jésus a-t-il été enseveli ? » ; « Jésus était-il homme ou Dieu ? » ;…
Vraiment décapant, ce livre !

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Passionnant de ... passions

7 étoiles

Critique de Colt (, Inscrit le 26 août 2010, 51 ans) - 17 novembre 2010

A lire les critiques éclairs précédentes, je pense que l'objectif du livre est atteint : susciter l'interrogation, la polémique, le doute.
Je pense (et j'espère) que les auteurs ne font pas cela pour le plaisir de choquer, mais plutôt pour inciter les lecteurs à se renseigner et faire leur démarche d'étude par eux-mêmes.

Pour celui qui a le courage de se pencher sur les travaux d'historiens, d'exégètes... il est évident que certaines affirmations de M et P sont abusives en l'état et improbables. D'autres propositions, qui vont à l'encontre du dogme, sont au contraire probables (la fratrie de Jésus par exemple).
Le tort des auteurs est souvent de ne pas prendre de pincettes et d'imposer leur point de vue, sans argument, sans citer leurs sources, etc.

D'où, je pense, toutes ces tensions et passions dans les critiques qui heurtent les croyants sûrs de leur foi et de la vérité de leur livre, qui passionnent ceux qui découvrent les théories alternatives, et consolident les chercheurs dans l'une ou l'autre direction. Quoi qu'il en soit, c'est un livre à lire...

Cela me fait penser à un autre livre paru plus récemment, que je vais m'empresser de critiquer (Dnas les cercles de Jésus de Régis Moreau) et qui fera écho aux présentes critiques.

C'est mieux mais ce n'est pas encore ça....

6 étoiles

Critique de Durand (, Inscrit le 20 mai 2005, 47 ans) - 13 octobre 2006

Décapant, décapant…. C’est aller un peu vite en besogne. Dans la foulée de leur ersatz d’ouvrage historique sur Jésus intitulé « Jésus contre Jésus », Mordillat et Prieur nous présentent non pas une suite mais une version « upgradée » (pour faire un bel anglicisme). Un grand nombre d’assertions infondées, d’approximations douteuses ou d’erreurs plus ou moins graves ont disparu. C’est évidemment une grande satisfaction. Maintenant, cela dit, les deux auteurs conservent leur attitude catégorique habituelle et prennent encore partie sans réel fondement (par exemple, leur analyse du testimonium flavianum se devrait d’être un peu plus prudente. Le tendance actuelle, communément acceptée et solidement argumentée sur ce texte est loin d’être celle qu’ils proposent). Ceci est assez déplacé. Que sait-on de Jésus, hormis à travers les évangiles ? Pas grand-chose. On a donc deux possibilités : soit on sort un livre lapidaire de 50 pages soit on sort quatre tomes de 1000 pages chacun qui recoupent toutes les hypothèses (innombrables puisqu’on ne sait quasiment rien avec certitude de Jésus) en accord avec ce que l’on sait (ou croit savoir) de la vie des contemporains du Christ. MM. Mordillat et Prieur ne font finalement ni l’un ni l’autre, et se permettent en plus de donner des leçons. C’est vraiment dommage car répétons-le, cet ouvrage est bien mieux fait que l’opus précédent. Je le conseille donc néanmoins si on veut avoir une vue d’ensemble plus ou moins éloignée du sujet et rapide à lire. Mais pour ceux qui veulent vraiment s’informer sur le Jésus historique, je les renvoie sur l’ouvrage en quatre tomes de 800 pages chacun de JP Meier: « un certain juif Jésus : les données de l’histoire ». Evidemment, c’est un peu plus dur à lire mais il faut être réaliste : on ne peut décemment penser s’informer sur un sujet aussi complexe et lointain avec un ouvrage de poche de 300 pages.

Une imposture !

1 étoiles

Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans) - 2 mai 2005

Ce livre revêt les habits pompeux de la science historique et fait partie de cette veine de publications, qui tel le Da Vinci Code, exploitent la naïveté d'un public en mal de spiritualités à bon marché.
Des erreurs, des fantaisies, des fautes, on en trouve à la pelle dans ce Jésus Illustre et Inconnu. Je ne suis moi-même ni spécialiste ni théologien, je suis seulement un lecteur intéressé par ce genre de sujet ; aussi ai-je passé le livre à un ami qui est théologien, professeur de religion dans le secondaire, et aujourd'hui à la retraite. Rien que sa liste d'erreurs couvre deux pages de texte tapé à la machine.
J'en relève une à titre d'exemple : Selon les deux auteurs, Prieur et Mordillat, Marie la mère de Jésus serait la maîtresse d'un soldat romain, reconvertie dans la prostitution, et soupçonnée de liaison incestueuse avec son frère. Les auteurs ne citent pas leurs sources, mais elles sont parfaitement connues des historiens. Elles proviennent des écrits de Crescens et de Celse, des auteurs apocryphes chargés par les autorités du temps, de contrecarrer le christianisme naissant. Est-ce sérieux de donner ce renseignement et d'ignorer systématiquement tous les écrits des témoins directs de la vie de Jésus ? Simplement du point de vue historique c'est une imposture !
Et tout est à l'avenant ! Sous prétexte de démystifier des textes, dits sacrés, on sélectionne des bouts de textes, qu'on remet dans l'ordre qu'on veut, pour prouver ce qu'on veut ; et les sources ne sont pas toujours citées.
L'idée principale du livre est que tout le Nouveau Testament ait été inventé, aux environs de l'an septante, pour soutenir la tendance nouvelle fondée par Jésus, et s'opposer au puissant courant conservateur de la religion des Juifs. Une querelle d'école en quelque sorte, pour ne pas dire une querelle de clocher ! Allons, allons !
Depuis 2000 ans, il y a eu plus ou moins 20 milliards de gens qui ont cru aux Evangiles. Ca ne veut rien dire ; il y en a eu tout autant qui ont pris connaissance honnêtement de ces textes et qui n'y ont pas cru. Il n'y a pas les intelligents d'un côté, et les imbéciles de l'autre. Mais la foi de milliards de chrétiens s'est basée sur des textes, tous bien connus des historiens et qui ont fait l'objet d'études théologiques depuis 20 siècles. Ceux qui ont étudié ces textes et qui les étudient encore aujourd'hui, ne sont pas tous des demeurés ou des imposteurs.
Il est faux, infamant et ridicule d'affirmer, comme le font Prieur et Mordillat, qu'il ait fallu attendre 1950 pour avoir la liberté de "démystifier" ces textes. Comme si le monde attendait depuis 2000 ans la vérité vraie, enfin révélée par nos deux apôtres ! C'est grotesque ! Mais en attendant ça fait des livres à succès !
Aujourd'hui, l'homme du 21ème siècle, faute d'avoir une religion clairement enseignée et clairement comprise, est prêt à s'engouffrer dans l'animisme primaire qu'on nomme écologie ou, dans toutes sortes de spiritualités de remplacement, diffusées par des prophètes déguisés en historiens, en scientifiques ou en diseurs de bonne aventure !
Nos deux compères, Prieur et Mordillat, font partie de ces derniers. Ils sont sur une veine porteuse, ils se répètent à longueur de publications et ils exploitent l'ignorance du grand public en matière de religion. Il nous appartient d'être attentifs et c'est à nous de ne pas donner dans le panneau !

N'importe quoi

1 étoiles

Critique de Platonov (Vernon, Inscrit le 7 septembre 2001, 40 ans) - 26 avril 2002

Ce livre est l'"oeuvre" de deux auteurs, faux et fourbes, tirant de leurs interrogations des conclusions (pour eux Jésus a bel et bien des frères; alors que s'ils s'étaient un peu plus penchés sur la question, ils auraient pu apprendre que le terme de frère employé dans les évangiles avait à l'époque - dans le langage utilisé, je ne sais plus si c'est l'hébreu, l'araméen ou le grec...- un emploi plus large puisqu'il désignait les amis, l'entourage d'une personne. Saint Augustin lui a eu cette intelligence de vérifier et de considérer cette signification particulière de ce terme qui mène a tant d'ambiguïté.
Les partis pris, jugements péremptoires, et considérations inférées de manière totalement injuste et absurde sont ce qui constituent l'ossature de ce livre. Et les exemples sont nombreux. Bien sûr la critique du Saint Suaire; messieurs Prieur et Mordillat font preuve d'une légèreté intellectuelle impressionnante. A moins qu'ils aient oblitéré volontairement certains détails qui "dérangent". Et ils sont nombreux et ce n'est pas ici l'endroit pour parler de la véracité ou non du Saint Suaire. Mais, en pagaille: la forme de deux pièces apparaît nettement sur les yeux de l'"homme du Suaire"; et sur l'une des pièces, on distingue le dessin d'un épi et les lettres ARO: les numismates se croient autorisés à y reconnaître un lepton frappé en l'an 29 par Ponce Pilate en l'honneur de Julie, la mère de Tibère. Cela est une preuve de plus que ce linceul n'est pas l'oeuvre d'un faussaire médiéval occidental. On a retrouvé aussi des pollens et végétaux que l'on ne retrouve qu'au Moyen Orient. De plus, la torsion particulière du lin (en quoi est fabriqué le linceul) est caractéristique de la Syrie et de la Judée. Enfin, l'image du crucifié est un négatif au sens photographique du terme. Or la notion même de négatif ne date que de l'invention de la photographie et des ses premières réalisations par Niepce au XIX. Si l'on imagine un faussaire génial au point de concevoir avant l'heure l'idée du négatif, il lui aurait manqué les moyens de le réaliser. Il est pratiquement impossible de dessiner un négatif correct, surtout si l'on ne dispose pas des moyens techniques permettant de le vérifier en le comparant à son positif. Et on peut continuer encore longtemps...
L'annonce de l'ange Gabriel est contraire aux coutumes juives? En rendant visite de la sorte a Marie, il dérogerait à celles-ci? La belle affaire! Car à ce que je sache, Gabriel est un ange, donc étant donné qu'il n'est pas un homme, il ne peut pas déroger aux institutions juives "humaines". D'autre part, certes Marie est troublée par l'ange, mais non pas par la visite de celui-ci, mais par ses paroles - qui lui apprennent donc qu'elle enfantera le sauveur. Preuve qu'elle est habituée aux visites des anges...
La fausse "lutte pour le pouvoir" entre Saint Jean Baptiste et Jésus est de même complètement inventée: Jean le Baptiste n'est que le dernier prophète de l'ancien Testament et pas le Messie. L'interprétation des paroles d'évangiles sont vraiment écoeurantes de mauvaise foi, mais je ne rentrerai pas dans les détails, je risquerais de devenir complètement ennuyeux. Pourtant le pire demeure quand même la thèse selon laquelle Jésus n'a pu être jugé devant le Sanhédrin. La encore, le manque de jugeote des auteurs fait peur... (Le sanhédrin n'aurait pas pu se réunir parce que étant, convoqué de nuit, un grand nombre de ses membres aurait été absent. Et cette réunion nocturne, la veille de sabbat, contraire à la coutume aussi... Mais la perspective de pouvoir juger et condamner Jésus qui aurait pu, s'il demeurait libre, semer le trouble lors des grandes fêtes de la Paque, permettrait aisément de passer outre de ses coutumes. L'ordre et la tranquillité des gouvernants en répond.
Bref, pour les non-croyants, ce livre est parfait pour les conformer dans leur "athéisme". Pour les catholiques fragiles dans leur foi, un sulfureux bouquin, qui pourtant, si l'on s'échine à vérifier toutes leurs assertions et contrôler leur références, ne se révèle être qu'un tissu de mensonges.
En un mot pour désigner ce livre :beurk.

"Jésus-Christ, pourtant, n'a jamais existé."

8 étoiles

Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 68 ans) - 25 février 2002

J'ai lu moi aussi, avec un peu de retard (mais le sujet n'est pas démodé...) la belle enquête de critique historique signée Prieur et Mordillat. La phrase-clé, pour moi, apparaît page 225 : "Jésus-Christ, pourtant, n'a jamais existé." Tout le livre est dans ces quelques mots, complétés par le paragraphe suivant : "Jésus - personnage historique - est devenu, après sa mort, après la croyance en la résurrection, le Christ - figure théologique. De Jésus à Jésus-Christ, l'histoire est celle d'un processus graduel dont on peut suivre la mise au point dans les pages du Nouveau Testament." Cinq chapitres : "Fils de Marie", "Un juif sectaire", "Le rabbi thaumaturge", "Roi des Juifs", "Mort et ressuscité". Cinq aspects de l'homme Jésus éclairés par un travail précis sur les diverses sources : Evangiles, Actes des Apôtres, Epîtres, Apocalypse, manuscrits de Qumrân, gloses des Pères de l'Eglise, chroniques des historiens romains et grecs... Cinq chapitres qui adoptent - est-ce un clin d'oeil? - la forme un peu naïve mais très didactique des catéchismes : question - réponse... Je n'ajouterai rien sur le fond. Les deux beaux textes de Saint-Germain-des-Prés suffisent amplement à présenter cet essai sur un sujet tellement brûlant.

Quelques précisions...

9 étoiles

Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 1 janvier 2002

Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, je suis enseignante et une des matières qui me sont octroyées est la religion.
Je précise aussi que j'ai fait des études de philosophie.
En outre, je suis croyante.
Voilà pour le contexte, j’espère ne pas prêter le flanc à de vulgaires préjugés de la part de l’un ou de l'autre.
N'ayant pas fait les sciences religieuses, lorsqu'on m’a attribué le cours de religion, il a fallu que je me forme sur le tas.
Ma foi jusque là était instinctive et ne se basait sur quasi aucune connaissance dans le domaine.
Ce que j'ai appris m'a émerveillée.
Pas au sens d'une crédulité infantile, mais l'analyse des textes par les exégètes est tout bonnement prodigieuse.
Par rapport aux précédentes critiques éclairs, il m’est venu quelques réflexions basées sur 10 ans d'enseignement de la religion et sur 3 ans d’étude post-universitaires.
Tout d'abord, les évangiles ne sont pas la seule source de renseignements sur Jésus.
Tacite, Pline, … mentionnent le personnage.
Ensuite, l’idée que les évangiles ont été rédigés dans le but de faire des émules est fausse.
Chaque évangile a été construit par rapport à une communauté bien précise, par exemple pour répondre à certaines questions de croyants ou encore pour affirmer la foi de cette communauté.
Mais pas dans le but d'attirer de nouvelles recrues.
Sinon, comment comprendre certains éléments (qui à l'heure actuelle semblent des détails, mais étaient primordiaux dans le contexte) qui ont joué en la défaveur de Jésus ?
Par exemple, pourquoi faire évoluer Jésus à Nazareth alors que cette ville, et de façon plus générale la province entière, avait mauvaise réputation ?
Autre élément : la façon dont Jésus est mort est particulièrement avilissante.
Ce n’est pas ainsi que l’on fait mourir quelqu’un dont on veut faire le martyre, chef de file d'un mouvement à encourager.
Pour les disciples, cette mort a été vécue comme un échec.
Si l’on avait voulu décourager d’éventuels intéressés, on ne s’y serait pas mieux pris.
Etc., etc…
Jésus a-t-il eu accès à bibliothèque d'Alexandrie ou non ?
De toute façon, son arrivée à Jérusalem à dos d’âne qui inaugure la semaine sainte peut s’expliquer autrement.
Il ne faut pas oublier que Jésus est issu d’une famille juive.
Il a donc, comme tout petit garçon juif, été initié à la Torah.
Dans ce livre saint, est annoncée l'entrée du Messie à Jérusalem à dos d’âne.
Il est évident que Jésus connaissait ce texte.
Lorsqu'à l'entrée de la capitale religieuse, il envoie un apôtre chercher l'âne, il a clairement la volonté de s’insérer dans la tradition juive.
Certes, les débuts du christianisme ont été perçus comme une « dissidence » du judaïsme.
Mais ce n’était pas la volonté de Jésus qui au contraire, a toujours marqué distinctement son appartenance au judaïsme qu’il voulait porter un pont plus loin.
« Je ne suis pas venir abolir mais accomplir », dira-t-il.
D’autres exemples ?
Une de ses dernières paroles sur la croix « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » est la première phrase du psaume 22 !…
Et je pourrais continuer.
Ce qui me semble intéressant, c'est la richesse des évangiles.
Leur analyse est passionnante.
Par contre, je trouverais naïf de croire que tout y est « exact », pour reprendre la distinction de Saule.
Ma foi n’étant pas basée sur une quelconque confiance aveugle en ces textes, je me sens particulièrement à l’aise pour en discuter…

En réponse à Bolcho et à Jules

9 étoiles

Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 58 ans) - 31 décembre 2001

La critique éclair de Bolcho m'incite à insister encore; le principal mérite de ce livre est de nous amener à une lecture ou relecture du nouveau testament en se débarrassant de tout nos préjugés, qu'ils soient positifs ou négatifs, préjugés forgés par les cours de religions, catéchismes, .. ou au contraire basés sur une idéologie anti-catholique. Ce livre s'adresse donc autant au croyant qu'au non-croyant. Le croyant risque souvent d'être ébranlé par certaines analyses, ce que j'ai voulu illustrer avec l'exemple de la conception virginale de Jésus qui est battue en brèche (mea culpa, le dogme de l'Immaculée Conception n'a rien à voir la-dedans). Pour le non-croyant le livre lui fournira certainement des munitions à profusion pour tirer sur le catholicisme et l'église, mais, et c'est plus important, pourra l'inciter à une lecture des évangiles, en s'étant débarrassé au préalable de tout préjugé.
Ici je risque de déborder un peu du cadre de la critique du livre, je m'en excuse d'avance (moi non plus je n'ai jamais trouvé que les critiques éclairs étaient appropriées pour philosopher, discutailler,..). Ceci dit je reviens en vitesse sur certains points soulevés par les critiques de Bolcho et Jules.
Oui le dogme de l'Immaculée Conception correspond en gros à ce que dit Bolcho. En réalité ce dogme a été promulgué en 1854, le concile de Latran (649) proclame lui la virginité perpétuelle de Marie. J'en parle donc mal à propos. Le point battu en brèche par les auteurs du livre est celui de la conception virginale de Jésus. En résumant très fort, il semble que cette idée ne faisait pas partie de la doctrine primitive des chrétiens; deux des évangiles n'en parlent pas et dans les deux autres cela n'apparait que de manière accessoire et partielle. On dirait en fait que les auteurs des évangiles utilisèrent ce moyen pour renforcer l'idée que Jésus est le Fils de Dieu. Mais le livre étant assez complet et intéressant sur ce point, j'y renvoie ceux que ça intéresse.
En ce qui concerne les 'illuminés' dont nous parle Bolcho, le livre s'attarde effectivement sur l'un d'eux, en l'occurrence Jean le Baptiste, et laisse même entrevoir que les auteurs des évangiles aient eu à lutter pour imposer la suprématie de Jésus sur Jean le Baptiste. Ceci dit des illuminés il y en a toujours eu et il y en a encore (style Paco Rabane) mais je crois qu'il y en a peu avec un enseignement aussi fort et universel que celui constitué par les évangiles.
L'évènement socio-politique dont parlent Jules et Bolcho et qui a déclenché la propagation du christianisme est la destruction du temple de Jérusalem en 70, ce qui est à l'origine du schisme des juifs, le mouvement chrétien étant en fait une hérésie du Judaïsme. A nouveau je renvoie au livre pour plus de détails, il est assez passionnant sur l'aspect anti-sémitisme d'ailleurs. Ce que prêchait Jésus devait connaître le succès nous dit Jules, c'est possible mais pourtant son enseignement est excessivement dur à suivre; à quelqu'un qui lui demande ce qu'il doit faire pour être sauvé, Jésus lui dit "Va vendre tout ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres. Tu possèderas un trésor dans le ciel. Puis suis-moi" (Marc 9,21). Il est vrai que Jésus s'adressait en priorité aux pauvres mais tout de même il est quand même dur de se voir demander de renoncer à son petit bonheur égoïste, et c'est certainement un challenge toujours actuel pour tous les croyants.
Les auteurs concluent le livre en expliquant que les écrits du nouveau testament n'ont jamais fait table rase des oppositions, incertitudes, doutes qui habitaient les premiers chrétiens. Il faut lire ou relire le nouveau testament pour s'en rendre compte, ce que ce livre nous incite à faire. Et vous verrez, c'est passionnant !

Sur Jésus et autres détails

8 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 79 ans) - 30 décembre 2001

Quant à l'immaculée conception, il m'a toujours semblé que c'était un nouveau dogme imposé par l'église lors du concile de Latran, soit au XIIième siècle sauf erreur (j'ai la flemme pour aller au dico) Que Jésus soit arrivé au bon moment est probable, face à des religions quelques peu fatiguées. En outre, il est clair que ce qu'il prêchait devait connaître le succès: "les premiers seront les derniers", le partage etc. Le symbole des chrétiens était le poisson. Quelqu'un a soutenu la thèse que cette nouvelle religion était nécessaire vu que l'an zéro correspondait plus ou moins à l'entrée de l'humanité dans l'ère du poisson. Nous en serions alors au fameux "veilleurs" ou "grand prêtres" évoqués par Dostoïevski. Selon ce dernier ceux-ci seraient des hommes éparpillés de par le monde, à l'esprit plus éveillé et surtout plus instruits que d'autre, et qui auraient fait apparaître de nouvelles religions à chaque changement d'ère. Cela vaut ce que cela vaut ! Pour information, nous venons, sauf erreur à nouveau, de quitter l'ère du poisson ou sommes en train de la quitter. Autre chose encore, et qui rejoint un peu ce que dit Bolcho: le Christ serait un homme qui aurait fréquenté la bibliothèque d'Alexandrie. Là, il a pu lire des textes qui reprenaient de vieilles légendes ou croyances. Son entrée dans Jérusalem sur son âne aurait ainsi correspondu tout à fait à ce que ces textes racontaient à propos de l'entrée du nouveau Messie dans la ville. Il me paraît aussi logique que cette nouvelle religion, monothéiste, ait tenté de se développer en Judée puisque ce peuple était déjà monothéiste. Une bonne partie de la difficulté était déjà vaincue... Bref, nous pourrions dire beaucoup de choses, mais nous n'y étions pas et les seuls témoins sont loin d'être impartiaux et n'ont écrit que des années plus tard. Nous savons tous à quel point la mémoire peut transformer les choses. Ajoutons-y l'amour pour celui de qui on parle et l'intérêt que ceux qui écrivaient avaient à voir sa pensée se propager et nous avons là un cocktail pour le moins détonnant au niveau de la crédibilité !... En outre, ils ne donnent pas toujours tous la même version, mais ils sont loin les uns des autres...

Immaculée conception et toute cette sorte de choses

9 étoiles

Critique de Bolcho (Bruxelles, Inscrit le 20 octobre 2001, 75 ans) - 30 décembre 2001

Bon, j’aurai tout vécu dans ma vie : me voici intervenant à propos de Jésus. Il faut préciser que je ne connais strictement rien à la question : ignare intégral qui le restera. Mais j'ai eu la chance de côtoyer un fin connaisseur en matières religieuses qui a pu m’insuffler, sinon la foi qu'il n’avait pas, du moins quelques bribes de questions historiques liées à la Bible. Il m’a dit que des personnages racontant la même histoire que Jésus (notamment ce détail de l'immaculée conception, très « in » à l'époque) apparaissaient par dizaines dans le siècle précédent l’an 1. On n'avait pas, à l’époque, Critiqueslibres pour s'échanger des idées sur la qualité des fictions dernièrement parues. Mais certains récits avaient plus de succès que d'autres, même si leur mode de propagation était surtout oral : l'histoire du type né d'une opération du saint esprit, et qui va sauver le monde, faisait un tabac ! Comment le dénommé Jésus est-il parvenu à sa notoriété actuelle alors que la plupart des autres inspirés qui l'ont précédé sont tombés dans l’oubli ? Sans doute est-il arrivé au bon moment et est-ce une question socio-politique comme on dirait aujourd'hui ? Lorsqu’on parle d'immaculée conception de Marie, c’est bien du fait qu’elle aussi est née sans que ses parents n’aient de relation charnelle. Elle est enfantée sans coït et elle enfante sans coït. Les récits des « prédécesseurs » de Jésus reprennent tous cette trame en deux temps « purs ». Sur le plan de sa vision de la vie amoureuse et de l'érotisme, cette religion était mal partie et ses progrès sont bien lents, non ?

A rapprocher de Caratini

8 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 79 ans) - 30 décembre 2001

"Jésus de Bethléem au Golgotha". Un livre sous forme de dialogues constants entre un envoyé Romain en Judée et un Samaritain (secte juive). Pourquoi Jésus ? Quels textes peuvent nous aider ? Qui était-il ? Que prônait-il ? J'en ai fait la critique à l'époque et l'interview de l'auteur est sur le site. Aussi un excellent livre sur le sujet !

Stupéfiant, passionant, décapant

9 étoiles

Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 58 ans) - 30 décembre 2001

Il y a plus ou moins deux mille ans, un juif nommé Jésus montait de son village quelque part en Galilée vers Jérusalem, ou il enseigna pendant trois ans avant d'être crucifié au titre de Roi des Juifs. Cela semble être un fait historique, même si on ne dispose pas de preuves positives de l'existence de Jésus. A part ça, toujours d'un point de vue historique, on ne sait pas grand chose sur cet homme qui pourtant donna naissance au christianisme, la religion de millions d'hommes à travers le monde.
La seule source d'information disponible est constituée par les quatre évangiles, qui furent écrits dans les années 70, soit quelques dizaines d'années après la mort de Jésus, et dont les auteurs ne sont pas toujours connus. Problème majeur pour les historiens, les auteurs du nouveau testament ce sont intéressés au personnage de Jésus en tant que 'Christ', c'est-à-dire au fils de Dieu, plutôt qu'au personnage de Jésus en tant qu'homme. En d'autre mots, les aspects purement historiques de la vie de Jésus (naissance, adolescence, famille,.. ) étaient du point de vue des évangélistes accessoires et sont souvent délaissés. Et puis il y a de nombreuses contradictions entre les évangiles, ce qui, chose surprenante, renforce leur crédibilité historique. De ces contradictions les auteurs du livre ici critiqué tirent en outre chaque fois des conclusions intéressantes sur la personne ou les personnes qui ont rédigé le texte.

Autre intérêt de ce livre: il nous donne une lumière nouvelle sur le personnage de Jésus et sur les débuts de la chrétienté, en confrontant et replaçant les évangiles dans le contexte historique, politique et religieux qui était celui de Jésus et des auteurs des évangiles. On est invité à laisser de côté nos perceptions et images de Jésus basées sur deux mille ans de culture catholique, cours de catéchisme et autres connaissances 'théologiques'. Comme S-G-d-P, je trouve que le résultat est décapant et passionnant à la fois. Mais attention ! Certaines des questions soulevées remettent en cause des dogmes fondamentaux de la religion catholique. Ainsi la question à propos de la virginité de Marie qui bouscule le dogme de l'Immaculation Conception. Impossible évidemment de répondre à cette épineuse question dans une optique historique, il n'empêche que les auteurs ne manquent pas de nous sidérer en nous apprenant par exemple que selon toute vraisemblance Marie devait être âgée de douze ans lorsqu'elle enfanta de Jésus. Accessoirement on apprend que le culte de Marie (et de Joseph) s'est développé bien plus tard. Dans les textes même des évangiles, on voit un Jésus qui n'est pas très tendre avec ses parents, sauf dans l'évangile de Saint Jean, le dernier et le plus théologie, comme si l'auteur avait voulu 'réparer les pots cassés'.
Un mérite indéniable du livre est de nous aider à déterminer quel est la part de faits dans les évangiles. Même si le livre ne remet pas en cause la véracité de l'évangile (véracité dans le sens, ce qui est VRAI), ce livre nous montre que tout n'est pas toujours EXACT (au sens 'a réellement eu lieu', est un fait historique). Mais alors doit-on considérer les évangiles comme un récit (en partie) mythique (par exemple la nativité) ? Les auteurs ne répondent évidemment pas à cette question mais personnellement c'est une des nombreuses questions que je me pose après la lecture de ce livre.
Au risque de me répéter, ce livre est réellement passionnant, amusant à lire et apporte un éclairage (il me semble) inédit sur des textes qui forment quand même les fondements de notre culture. Et tant qu'à faire lisez les évangiles en parallèle, pourquoi pas dans la nouvelle traduction de la bible (la traduction 'littéraire'). Cette traduction de la bible, destinée particulièrement aux amoureux de la littérature, a en outre le mérite d'offrir une préface au nouveau testament et aux évangiles très intéressante et informative.

Stupéfiant et passionnant

9 étoiles

Critique de Leura (--, Inscrit le 29 janvier 2001, 73 ans) - 22 décembre 2001

Ta critique m'a donné envie de lire ce livre, et je l'ai dévoré en quelques heures. Je confirme tout ce que tu écris. Ce livre est stupéfiant et passionnant. Merci de l'avoir renseigné.

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