Scream Test

Une couverture accrochante. Une quatrième de couverture qui confirme le tout.
Scream test se place directement au rang de l'horreur. Il semblerait qu'il va y avoir du sang sur les murs.
" Six jours, six balles, six perdants et seulement un survivant. Qui sera le dernier ? A vous de choisir ..."
Et bien oui, cette réplique pourrait être sortie tout droit d'un générique d'une télé-réalité qui engloutit nos chaînes de télévision dans la perversion et l'hypocrisie. On y est presque, à un détail près. Les candidats, suite à leur nomination, seront éliminés de la façon la plus concrète qui soit : une balle dans la tête.
Sept adolescents tout fraîchement recalés pour une émission qui s'annonce comme une fureur aux Etats-Unis, décident sous le poids de la déception et de la fragilité psychologique de participer à un autre genre de télé-réalité, beaucoup plus sordide, mais dont ils ne connaissent aucune règle avant d'investir les lieux de l'action, et encore, ils ne savent absolument rien de la finalité de l'émission. Ils interprètent les marionnettes d'un psychopathe et de sa troupe, sous l'oeil attentif du FBI, qui démontre une tendance à l'échec dans cette affaire. Ce show projeté sur la toile d'internet 24h/24 va se révéler dépasser largement l'audimat, jusqu'à faire de l'ombre à son émission concurrente : the good one.
Les profits se font par la connection au site payante et surtout le vote du public pour sauver son candidat préféré. Les familles s'impliquent largement dans ce système, jusqu'à créer des ventes privées pour augmenter leurs dons.
Mais la réalité dépasse vite la fiction, et vient le moment de la première élimination, le concept devient alors de plus en plus sérieux aux yeux de tous, qui n'y croyaient pas encore.
Au travers de cette histoire pas tant tirée par les cheveux que ça, [car M. John de Mol ( inventeur de Big Brother ) exprime très vite que l'ultime télé-réalité impliquerait la mort des participants], Grégoire Hervier démontre le danger de ces programmes dans notre quotidien, car nous en voulons toujours plus, et nous ne nous satisferons que du toujours plus, mais jusqu'à quand ? quelle sera la limite ? Faut-il en arriver à des scénarios semblables pour accepter enfin la perversité des émissions dites " reflétant la réalité " ?
De plus, lorsque The Last one commence à se faire connaître, c'est la télé elle-même qui en parle, montre des images, organise les interviews des familles ( quoi de mieux pour la pub du site ? ). C'est le système de l'hypocrisie. Démontrer ce qu'on rejette pour faire de l'audience, et regagner sa clientèle. [ d'ailleurs à plusieurs reprises l'hypocrisie se lit sur le visage des journalistes, qui font semblant d'être émus par le drame. Seulement ils ne sont pas acteurs, mais journalistes. ]
J'arrête là pour le racontage de l'histoire. Il faut le lire, ça se lit vite, j'allais dire c'est agréable, non ca ne l'est pas, disons que c'est facile à lire mais que l'histoire est sordide. L'élément vraiment appréciable dans cet ouvrage reste quand meme la connaissance et la culture de l'auteur. Notamment dans tout ce qui concerne les armes, l'informatique et le FBI. Mais aussi, et surtout, tout ce qui touche au cinéma. J'y ai même retrouvé des références à mes films d'horreur préférés, et surtout ( le plus remarquable ) la référence du cabinet du docteur Caligari, film muet des années 20 en noir et blanc, sorti tout droit de l'expressionisme allemand.
Ce roman émet à la fois une histoire dont on a hâte de savoir la suite, mais aussi une critique très profonde de notre système, et surtout de notre " tube cathodique ". J'avais vu un reportage qui s'appelait " désentubage cathodique " il faudrait y penser plus souvent, surtout après avoir lu un tel roman.
A vos claviers !

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  Scream test [Texte imprimé] Grégoire Hervier

  de Hervier, Grégoire
  Au diable Vauvert / LITT GENERALE
  ISBN : 9782846261142 ; 15,90 € ; 31/08/2006 ; 294 p. ; Broché

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