Etude critique et littéraire de Jacques Sandras-Leibovici au sujet du roman de Julien Gabriels : Terre de raison aux Editions Le Manuscrit (www.manuscrit.com)

Je suis entré en « Terre de raison » par la grande fenêtre de la Nuit, tel un rescapé, un survivant, accroché et suspendu, à son grand désert de sable, à chaque page ponctuée d’un « baillonnage » du songe éveillé, face à la « condition humaine » féroce traversant un ciel rongé d’absurdité. Ce voyage harassant est nourri de riche imagination au bout de la plume de l’auteur qui demeure maître et inventif de la fantastique déraison.

Il y a des terres à ne pas fouler sous peine d’être rejeté et engagé d’office dans ce bataillon disciplinaire atroce de dernière chance, assoiffé de règles de toute justice. Tout se passe dans le présent de notre soi-disant bonne conscience d’âme. A travers des lois de notre société barbare, on demeure sans illusions passées au fil du rasoir de toute l’histoire. Cela nous ronge dans notre cerveau conditionné par l’archétype présence humaine de l’homme. Julien Gabriels découpe à la loupe. Il nous renvoie à notre propre scénario de vie, et sans le savoir nul n’en réchappe à grosses gouttes de sueur frappée de sang. C’est plus qu’une littérature fantastique sans bavures. Il s’en faut de peu qu’on en perde ses yeux aveuglés à trop voir labourer le déroulement de la logique infaillible de l’auteur dans l’ordre de la nature des transcriptions sensibles et possibles, franchies pas à pas à chaque page découverte de folie indescriptible.

La belle fable que notre « contemporanité » sans faille !

Il n’y aurait fallu qu’un court instant de répit pour ne pas tomber par terre en déraison et comparaître devant les juges du tribunal de grande instance qui nous regardent du haut de leur misérable cachot. L’échafaud et la terreur ne sont pas loin. Il est parfois possible que tout soit pourri dans notre intériorité poussée au bord du gouffre pour réinventer les fausses diatribes de notre propre boussole personnelle. Chez Julien Gabriels, le récit nous sonde du fin fond de nos raisons. Chez lui, il y a la cruauté infaillible de l’humanité, et il nous montre que tout est convenu d’avance. On en sort que plus éclairé par ce « meilleur des mondes » infranchissable, frappé jusqu’à son propre enfer. La lucidité est le point d’orgue, prisonnier que nous sommes entre les griffes de faux-pas composés pour apparaître et se dissoudre dans un combat de face à face perpétuel et indescriptible. A chaque respiration du récit, il nous faut veiller dans cette lutte d’homme à homme singulier.

Sous le soleil aride de plomb, décrit par l’auteur, avec des armes de précision, tous les faux comportements sociaux basculent dans le cauchemar implacable. Lorsque les masques des dérisoires pantins articulés tombent, alors se révèle le pouvoir de l’être dans cette passionnante aventure. Celle-ci s’exécute comme un jeu de quilles ou puzzle cartographié, de quoi perdre la raison lorsque les pouvoirs de haute statégie mondiale nous mènent à bout de forces. Désormais, juges et témoins se rassemblent dans une assemblée de différentes couches d’échelles démentielles confrontées à de pauvres valeurs essentielles, et à toute survie dès lors poussée à l’extrême. L’on se réveille après une longue errance d’un rituel à un autre, à travers ce rêve flamboyant, transitant par ces arcanes de bas-fonds. La rigueur et l’extravagance des costumes colorés, synonymes de conquête à la liberté, se multiplient au fil acéré de la narration d’un bagne palpitant. Les coupables personnages immensément éprouvés se confrontent à la mort subite à chaque carrefour de destin sans complaisance et dépourvu de fioritures, dans une horreur romanesque. De l’aurore sanglante jusqu’au couchant impossible est donné à lire, ainsi tel jonché de vie mourante dans un combat rythmé par des ancestrales coutumes et mœurs livrées à un jeu de bal.

Dans cette danse macabre d’une « terre de raison » foulée, ô combien se déclenche une formidable sonnerie d’alarme qui résonne à nos tympans, pour mieux regarder le monde tourner en lui-même sous nos lectures de vie côtoyée chaque jour par d’honnêtes citoyens libres et égaux en droit que nous sommes.

Julien Gabriels, auteur, dans son style ravageur et aigû, emploie un genre du fantastique système sans failles de nos sociétés modernes. Julien Gabriels, dès lors, nous regarde bien au fond des yeux. La liberté, enfin conquise, est à ce prix.

L’auteur est à découvrir, à soutenir et à encourager sur sa terre propre intitulée « Terre de raison ».

Personnellement, j’ai beaucoup aimé et apprécié cette forme de littérature où nul lecteur n’en sort indemne. Il s’agit là d’un réel talent, d’un véritable souffle personnel d’écrivain moderne. Un vrai coup de cœur.

Pour se procurer ce livre attachant, allez sur le site de l’auteur : http://perso.wanadoo.fr/julien.gabriels où des liens directs vous mèneront à l’éditeur www.manuscrit.com (Editions Le Manuscrit), amazon.fr (page du roman) et chapitre.com (idem), et sans hésiter franchissez les barrières de cette « Terre de raison » que je vous recommande.

Pas d’hésitation, pour un cadeau à faire entre vous, offrez ce roman et débattez-en, puisque en ces moments de vie, le sacré côtoie le pauvre soliloque du profane.

Le 21/12/05 Jacques Sandras-Leibovici


Julien GABRIELS, Terre de raison, éditions Le Manuscrit, 2005, 365 p. , No ISBN : 2-7481-5332-4, délai de livraison : environ quatre semaines.

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  Terre de Raison de Julien Gabriels

  de Gabriels, Julien
  Éd. le Manuscrit
  ISBN : 9782748153323 ; 25,90 € ; 16/05/2005 ; 365 p. ; Reliure inconnue

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