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Forums  :  Forum général  :  pour Bérénice

Esther 08/07/2004 @ 10:36:12
Bonjour Bérénice,

Faisant un petit tour dans les forums et plus particulièrement dans celui des livres que l'on emporteraient en vacances ( me concernant je n'ai qu'une petite semaine que je vais consacrer à des amis ... j'emporte toutefois Anna Karénine), je suis tombée sur ton message disant que tu partais un mois en Russie. Cela ne peut que m'enchanter vu que je viens de me découvrir une passion pour l'histoire ainsi que la littérature Russe. Je passe mon temps non seulement à lire des auteurs Russes, mais également à surfer sur des sites concernant la Russie.
Mais cela n'est rien, enfin presque rien comparé au fait que tu vas y séjourner un mois. Tous cela pour te demander, si à ton retour, tu ne pourrais pas ouvrir un forum "mon voyage en Russie" et me faire vivre un peu de tes découvertes.
Et bien bon séjour si tu n'es pas encore partie et dans le cas contraire, j'espère que ce message ne sera pas perdu au milieu des autres.

Saule

avatar 08/07/2004 @ 11:17:50
A mon avis Bérénice est partie en vacance.

Le message d'Esther me fait penser qu'il nous faudrait un forum pour que chacun puisse signaler aux autres quand il est parti en vacance... histoire de nous éclairer sur les silences de l'un ou l'autre.

Je propose que le prochain qui parte débute ce forum.

Bérénice 12/07/2004 @ 10:29:26
Bloquee par une averse dans un cafe internet, je viens faire un tour sur Critiques Libres et tombe sur ce message. Je copie-colle un message que j ai envoye a mes proches sur mon sejour en Russie, en attendant d etre de retour a Paris et de rediger un veritable recit (desolee pour l absence d accents et d apostrophes, ecrire avec un clavier russe en francais n est pas evident):

Me voila donc depuis deux semaines bientot a st petersbourg, st pete pour les intimes. Une ville tres impressionante, ou chaque immeuble est un monument. Une cite irrelle : tout est gros, grand, impressionant, tout
nous domine et nous impressione. Petite fourmis, j apprends a me retrouver
dans cette demeure de sur-homme : je prends le metro (escalators
interminables dont on ne voit pas la fin, photos interdites, grands espaces,
voutes majestueuses, sieges defonces, 8 roubles), j'ai adopte la machoudka
(taxi collectif suivant un itineraire precis, petite camionette rafistolee
ou on entre et dont on sort sans un bonjour ni un merci, criant juste au
chauffeur de nous deposer a tel endroit, 10 a 14 roubles), je boude le bus
(tout aussi defonce que ces collegues, avec une vendeuse de ticket toujours
tres chic, 7 a 10 roubles), et prends parfois le taxi (on tend le bras au
bord du trottoir, s'arrete qui veut, badeaux a la recherche de monnaie pour
finir le mois, on negocie le prix, 100 roubles, 150 pour les touristes).
J'utilise mes pattes aussi, je marche pendant des heures, d une ile a l
autre, d un pont a l autre (il y a tellement de canaux et de confluents de
la Nieva a St pete qu on dirait Venise).
Le matin, je vais en cours a l universite, nabieriejnaia lientenanta shmita,
dom 11, au bord de la Nieva. De l autre cote un peu plus haut je
vois la facade vert d'eau de l Ermitage, mais il ne faut pas s y laisser
prendre : ici les distances sont trompeuses, les perspectives sont
tronquees, ce qui semble proche necessite une demi heure de marche.
A 12h40 je sors, je mange a la cafet de l universite, ou dans la rue j achete, aux
vendeurs embulants qui se pressent en rangs serres, un pirajok, un blin, un khot-dog, un chaverma, et puis en dessert une marojenoe. Ensuite, soit je vais faire un peu de tourisme, soit je vais a Nievski prospekt, la "perspective" principale de St P, ou on trouve tout, et qu on met une heure
a faire en entier.
Le soir, je vais souvent a la Datcha, un bar tres familial ou se melangent russes et etudiants etrangers, ou le baby foot est
gratuit, et les canapes tres confortables pour dormir. Comme le metro s arrete a 1 h du mat, que les ponts s ouvrent a peu pres en meme temps pour se refermer vers 3 - 4 h (a st petersbourg, on dit que lorsqu une femme veut passer la nuit chez son amant, elle dit a son mari qu elle est coincee par l ouverture des ponts), et que de toute facon notre oobchejitie (le campus etudiant ou nous vivons) ferme ses portes a 1h, si nous ne partons pas a minuit 30 dernier carat nous sommes condamnes a passer la nuit a la datcha, et a ne retrouver
notre lit qu a 6 h.
Je vis dans un quartier aussi laid que le centre de St p est beau. Des HLM, des grattes-ciel, des barres, des barres a perte de vue, et on en construit toujours plus. Cote positif, c est au bord de la mer, ou plutot du golfe de
Finlande. La mer est belle comme partout, il faut juste ne pas trop regarder la plage de cailloux, ou s amassent bouteilles, canettes, frigos et casseroles plus bonnes a rien, carcasses de voitures. Et scruter au loin l
horizon, plutot que d observer romantiquement les vaguelettes moutonees
deposer et reprendre les bouteilles de biere qu une fois finies les promeneurs jettent a l'eau. C est d ailleurs une regle a st pete que de regarder au loin plutot que les details proches, les tags, les trottoirs
defonces (meme dans les beaux quartiers), les dechets partout, les alcooliques et les clochards, les petits mendiants de 6 ans a peine.
Mon oobchejitie se compose de trois corpus, deux alignes plus un troisieme en aile entre les deux, de 22 etages chacun. Y vivent etudiants russes et etrangers, en majorite pour ces derniers des asiatiques (mon etage, par exemple, n est habite que par des japonais). De ma fenetre, je vois des
barres bien sur, et entre autre l immense HLM ou j ai habite ma premiere semaine ici, dans une famille russe on ne peut moins accueillante. Je vis dans le corpus 1, la ou il y a des travaux 7j sur 7, 24h sur 24. La journee
ce sont les gitans qui travaillent, les caucasiens, la nuit et le week-end ce sont les immigres sans papiers. Il y a trois ascenceur, l un est indique comme ne marchant pas, l'autre ne marche pas mais ce n est pas indique, seul le troisieme marche mais est utilise pour les travaux. On peut se faufiler
entre les sacs de ciment pour monter, mais pour descendre, on y va par les escaliers. J'habite au 17e etage, chambre 1703, au fond du couloir. Mon etage a la particularite d heberger un piano, un vieux piano abandonne la, poussiereux, une enigme - personne ne sait qui l a amene la, et personne
ne l enleve non plus. Il est contre le mur de l autre cote du couloir, on se met a genoux devant lui pour jouer (il n y a pas la place pour une chaise). Sa marque : krasnii octiabr (octobre rouge), son lieu de fabrique :
Leningrad. Il n a pas ete accorde depuis longtemps et emet des notes un peu
dures, mais on ne pinaille pas quand on a une chance pareille.
La kvartira (appartement) numero 1703 comporte un coin cuisine infeste par
les mouches le jour et par les cafards la nuit, un frigo qui fuit, des toilettes, une salle de bain dont le sol sous l evier s ouvre sur l etage d en dessous, et deux chambres ayant chacune leur cle particuliere. Dans la
premiere, celle de gauche, deux lits, et une etudiante russe, Liouda, 25 ans. Dans l autre, plus grande, 3 lits, et deux etudiantes, Katia, 23 ans, etudiante russe elle aussi, et moi. Nous avons chacune notre bureau, notre
etagere, notre table de nuit et notre armoire, et en commun un sol tres sale et des rideaux de la mauvaise taille qui laissent passer la lumiere. Est la aussi tres souvent Melodie, une normande qui est a st petersbourg depuis
un an, parfaitement bilingue bien qu avec un fort accent francais, et qui part a la fin de la semaine. Dans le corpus 2 habite William, un australien qui est dans la meme classe que moi a la spet'fac, a st pete depuis 6 mois.
Il vit seul dans la chambre a deux lits, et dans la chambre a trois lits il y a un couple de jeunes maries qui habitent la faute d argent, tous deux passant leur these, lui philosophe elle je ne sais plus, 26 ans environs,
une fille vivant en pension a la campagne. Lui a ete gardien du corpus, il a ainsi obtenu une place au voobchejitie ; sa femme est la illegalement, et si l administration le veut, elle peut donner une place dans cette chambre a
des etudiants, qui vivent la deux semaines ou un an, et avec qui le couple est oblige de cohabiter.
C est d aileurs dans le corpus de William, au 16e etage (lui est au 9e), qu a eu lieu hier un vaudeville russe. Il est 6 h du matin, tout le monde dort, y compris nous dans notre chambre deja eclairee par le soleil. Nous
entendons des jeunes qui crient, du bruit : des fetards, on se retourne dans nos lits et on essaye de continuer a dormir. Tout a coup des bruits etrangement forts et violents de vitres brisees et de chocs de toles nous font sauter sur nos pieds et regarder a la fenetre. Au meme niveau que nous, au 16e etage du corpus 2, il y une bande de jeunes qui cassent les vitres de leur fenetre. Il y a une fille qui, accroupie sur le rebords de sa fenetre,
balance son seche-cheveux qu elle tient par le fil afin de casser les fenetres des chambres d a cote. Ils crient pamaguitie (a l aide), au
feu, pojar, pojar. Une fumee noire sort de leurs fenetres, tout au long de l etage. Ca
sent le plastique. Nous pensons d abord a des jeunes qui ont trop bu et font des betises. Ils commencent a se fabriquer des cordes avec leurs draps et leurs chiffons et, toujours avec leurs seches cheveux et
autres ustensiles, cherchent a casser les vitres de l etage d en dessous. Les eclats tombent jusqu u sol, ou ils se brisent dans un terrible fracas.
La milice est la, voiture arretee, bonhomme accoude a sa voiture demandant aux etudiants de se calmer. La fille au seche cheveux, la plus bruillante et la plus active, lui crie qu il y a le feu, qu il faut appeler les pompiers, qu ils ne peuvent plus respirer. Peu a peu a toutes les fenetres de l etage
sortent des tetes, les uns restant prudents et ne sortant que leur buste, les autres plus temeraires et plus inconscients se mettant debout sur le rebords minuscule des fenetres. Il y en a habilles, et il y en a d autres en tenue de nuit, en callecon, en slip, en chemise de nuit. Peu a peu tous se procurent des chiffons qu ils se mettent sur le nez. La fumee
commence a sortir de l etage du dessus aussi, de la partie tout a droite. 20
minutes, les pompiers sont la : petits camions rouges, les echelles sont trop courtes, on ne peut rien faire. 10 minutes encore, arrive un gros camion. L echelle commence a s elever, elle arrive jusqu au 15e etage, puis
redescend, elle etait mal placee. Un quart d heure passe, l echelle est placee a l extremite droite, on descend deux etudiants, un en slip noir l autre en slip rouge, qui se retrouvent en bas au milieu des curieux et des etudiants des etages inferieurs (dont William d ailleurs, qui, si ca n avait tenu qu a lui, serait reste dormir tranquillement, mais que le couple a
force a sortir). Ensuite on monte des pompiers, la nacelle hesite et tremble en chemin, ils entrent et vont distribuer des cagoules a tous les etudiants de l etage,
toujours attendant leur sauvetage. On monte ensuite le tuyau, arrive en haut on se rend compte en bas qu il fuit, on le rafistole avec du scotch, ca ne marche pas, on le branche a un autre, ca fait des fontaines partout mais en
haut de l eau arrive, c est le principal, le tout, 10 minutes. Nous, peu a peu, on se desinteresse de la chose. On va se laver, on boit notre the, quand on revient, le feu a l air d etre eteint, les etudiants sont en bas,
et on vient d amener une deuxieme camion a grande echelle, allez savoir a quoi il peut servir a present. Katia dit : vous avez entendu une alarme incendie ? Le systeme d eau pour eteindre le feu s est declenche ? Non ?
Bienvenue en Russie.
Ca passe aux infos, tout st pete est au courant, on en parle dans la machoudka. Deux versions : le systeme d electricite, et la deuxieme, la preferee des autorites : il y avait une fete, ils ont bu, un jeune a jete une cigarette sur la moquette, et voila. C est a dire : il y avait une fete costumee (theme : la tenue de nuit) qui avait la particularite de se passer chacun pour soi dans sa chambre, maximum 3 par chambre, un jeune a jete une
cigarette qui cachait un bazooka, elle a enflamme tout le couloir et les etages superieurs. Nous avons essaye de savoir ce qui s est vraiment passe, mais "personne ne sait". Katia dit qu il y en a deja eu dans notre corpus, et dans l autre aussi, etc...il faut s habituer. Une amie islandaise raconte quant a elle que quand elle habitait a l obchejitie elle avait vu deux etudiants se suicider en 6 mois.
Voila, je vais m arreter la pour aujourd hui je crois, je ne veux pas claquer toutes mes roubles dans les cafes internet, meme si je suis dans le moins cher de st p, et que la vie en Russie est incroyablement bon marche.
J espere que vous allez tous bien, que vous passez de bonnes vacances, que
pour vous il fait beau...

Bérénice 12/07/2004 @ 10:32:02
desolee pour la longueur du message...je rajouterais bien en plus des photos, j en ai pris enormement, mais je ne crois pas que ce soit possible sur le site...

Saule

avatar 12/07/2004 @ 19:12:01
Ton récit est pétillant et donne une bonne idée de "St pete", qui semble une ville fascinante. Comme beaucoup sur le site je suis attiré par la Russie et les pays de l'est, alors ton récit fait plaisir.

A ton retour on espère une critique de Anna Karénine que tu disais emporter avec toi. Je l'ai terminé il y a quelques mois et le personnage de Lévine fait partie de ceux qui ne me quitteront jamais.

Sibylline 12/07/2004 @ 20:20:17
Merci vraiment beaucoup pour ce "reportage" russe. Il m'a passionnée. Je vais bientôt passer quelques jours à Saint Pétersbourg, mais en tant que touriste et je ne verrai sûrement pas ces choses là. Ce sera la première fois que j'y irai, mais cela fait longtemps que j'en rêve, en particulier du musée de l'Ermitage. Moi, je ne connais pas un mot de russe (hormis da et niet) et j'ignore tout de la vie des Russes. Merci encore.

Saint Jean-Baptiste 13/07/2004 @ 00:23:32
Bravo Bérénice et merci pour cette "tranche de vie" à Saint Pète. Tu racontes formidablement bien. Ca vaut les voyages de Stendhal en Italie ! Mais non, c'est beaucoup mieux, c'est bien plus drôle ! Bonne chance et bonne continuation dans tes belles aventures en Russie.
Nous restons à l'écoute, s'il te reste du temps et des roubles.

Bérénice 13/07/2004 @ 13:45:10
Je n ai pas beaucoup de temps, alors je vais me contenter de quelques mots de base qui pourront etre utiles a Sybilline (les e sont a lire comme des e accent aigu. Les i majuscules sont des i trema) :

bonjour : zdrastvouItie (mais on l utilise tres rarement, souhaiter le bonjour n est pas obligatoire en Russie)
merci : spassiba (mais on l utilise tres rarement, remercier n est pas obligatoire en Russie) merci beaucoup : spassib(a) balchoy (mais alors on vous regarde avec de gros yeux)
s'il vous plait : paja(l)ousta (on l utilise parfois mais avec moderation). Meme mot pour dire je vous en prie.
Au revoir : da svidania (on ne le dit qu aux gens qu on connait, aux commercants on ne dit rien)

Je ne comprends pas : ia nie panimaIou
Je ne parle pas russe : ia nie gavariou pa-rouski
Je suis francaise : ia frantsoujenka
parlez vous anglais ? Vi gavaritie pa-angliski ?

Ou est... ? : Gdie... ? (ou "kouda...?" pour dire "comment va-t-on a...?")
Combien ca coute ? Scolca eta staIt ?
Est-ce que vous avez...? Ou vass iest...?

Dans la machoudka : le plus simple quand vient la ou on veut descendre et qu on a du mal avec le russe, c est de dire arretez vous la : zdiess astanavitiess, avec a la rigueur comme precision : au coin : na ouglou.

Bérénice 13/07/2004 @ 13:57:06
Petite precision grammaticale :

je = ia
tu = ti (le i est a prononcer durement)
il = onn
elle = ona
nous = mi (idem pour le i)
vous = vi (idem)
ils,elles = ani

menia zavout ... je m appelle...

au present il n y a pas de verbe etre, si on veut dire je suis + adj on dit juste ia et puis l adjectif. Ex : je suis grande, ia balchaIa (ah oui, petite precision, il y a des declinaisons en russe, six en tout, nominatif, accusatif, genitif, datif, instrumental, locatif, mais alors c est impossible a expliquer la)

pour dire j ai quelque chose, on dit : ou menia iest... (mot a mot : chez moi il y a...)

Utile dans les magazins : Bxog (c est en alphabet russe, ca se lit vkhod) : entree. B6Ixog (je fais ce que je peux avec le clavier francais pour faire ressembler au russe. se lit vikhod) : sortie.

Si j ai le temps je pourais aussi faire un petit topo dans endroits sympas ou aller, des rues principales, des moyens de transport...mais c est ma derniere semaine a st pete, apres je pars pour Moscou, je n aurai plus beaucoup de temps

Monique 13/07/2004 @ 14:37:35
"bonjour" : comme en arabe ou dans d'autres langues, ça dépend du moment !
Le matin : dobré outra
En journée : dobré diène
Le soir : dobré viétchère (bonsoir, donc, mais quand on rencontre, pas quand on quitte)
"au revoir" : paca (familier)
"à demain" c'est dasvidania
"bonne nuit" : spakoï notchi st très mignon

Monique 13/07/2004 @ 15:19:05
sans vouloir trop simplifier non plus, disons que pour "je m'appelle Irène", il suffit de dire "ia Iréna" en pointant son index sur soi. Et les Russes adorant les diminutifs, si vous êtes vraiment une Irène, vous deviendrez aussitôt Ira, comme Victoire devient Vika, etc.

Le futur immédiat est également assez simple :
On dit "je vais..." suivi d'un infinitif, par exp "ia boudou spat", je vais dormir, je vais aller me coucher.

Sibylline 13/07/2004 @ 18:01:19
Vraiment merci Bérénice, vraiment très très sympa de prendre la peine d'essayer de m'apprendre quelques mots de russe. Je suis touchée de l'attention. Tu dois être quelqu'un de très gentil.
Mais, comme je te disais, je suis touriste. Je serai calée dans un voyage organisé et tout mon problème sera de bien voir tout ce qui m'intéresse sans laisser le guide me perdre. Je passe 3,4 jours à Saint Pétersbourg (je penserai à toi) et après je vais en train à Moscou, encore 3, 4 jours et après l'Anneau d'Or, même durée puis retour. L'ensemble plutôt orienté vers les musées, monastères et autres visites culturelles. Quel temps il fait là-bas en août?

Monique 13/07/2004 @ 18:31:11
juillet-août # 20°, parfois +, sec

Sibylline 13/07/2004 @ 19:33:26
Merci, je craignais qu'il fasse plus froid.

Esther 13/07/2004 @ 21:13:34
merci milles fois Bérénice de prendre du temps pour nous raconter ton séjour.
je n'en reviens pas que ce soit encore ainsi, enfin, je savais que la Russie n'était pas un pays "riche" mais à ce point, il n'y a pas beaucoup de différence avec les récits de Gogol, Gorki et autres auteurs Russes du XIXème siècle. Ce doit être assez impressionnant toute cette pauvreté, et le passage sur l'incendit m'a laissé complètement baba. Je t'imagine dans tous tes états pendant qu'autour de toi, tout le monde trouve cela normal et habituelle.
Le plus fort pour moi, c'est la "perspective Nevski", avenue (si l'on peut appeler cela comme ça) dans laquelle tu t'es promenée. Je t'explique : j'ai lu il y a environ une semaine les nouvelles de Gogol dans lesquelles se trouve la nouvelle de la "perspective Nevski", tout en lisant, je m'imaginais être sur cette avenue avec mon livre à la main afin de comparer et de vivre en direct l'enthousiasme de Gogol pour la Nevski. Quant je pense que tu t'y trouves peut-être en ce moment !!!
Que préfères tu à St Pétersbourg, quels sont les endroits que tu as visité, et niveau culture, où en sont-ils, les auteurs français sont ils toujours autant adulés, qu'elles sont leurs grandes figures russes (auteurs, groupes, chanteurs ...) ????
Merci encore d'avoir répondu si vite, passe un bon séjour.

Bérénice 15/07/2004 @ 12:03:16
Toujours manquant de temps je ne repondrai ici qu a une seule question, et encore seulement sur un point...les auteurs russes

moi qui pensais entrer dans le pays de Dostoievski et de Gogol, rencontrer leurs fils spirituels, j ai ete bien decue.

Je discute avec Yana, 21 ans, la fille de la Russe chez qui je vivais pendant une semaine. Je l interroge sur la litterature. Est-ce qu elle connait Gontcharov ? Oui, bien sur, me repond elle. Je lui explique que je suis en train de lire "Oblomov" (l un des plus grands chefs d oeuvres de la litterature russe). Elle fait la grimace : "ah, quel ennui !" s ecrie t elle. Etonnee, je me tais pendant quelques secondes. Elle continue : "j ai essaye de lire Dostoievski ; j ai lu les trois premieres phrases 5 fois, ah ! j ai abandonne". Elle fait le geste de jeter le livre imaginaire dans les airs et de donner un coup de pied dedans, en faisant : "poukh".
C est d ailleurs a Yana que j ai demande un matin si elle avait connu le communisme. Elle a 21 ans environ, l URSS a donc implose quand elle avait 6-7 ans. La casserole a la main, longs cheveux blonds platines, peignoir rose fushia, manicure toute recente, elle eclate de rire, me repond : bien sur que non !
Je lui demande alors quand s est ecroule le communisme en Russie. Dos a moi elle regarde reveusement par la fenetre, cherchant peut etre la reponse sur l HLM d en face, et finalement, dans un haussement d epaule, me repond : je ne sais pas, et retourne a ses casseroles.
Katya, ma colloc, a qui j ai pose la meme question a propos du communisme, m a repondu deja plus intelligemment : elle m a dit que elle l a connu, oui, mais quand elle etait petite, et puis que Gorbatchev, c etait deja plus vraiment le communisme. Je lui ai ensuite demande si elle regrettait parfois que la Russie ne soit plus communiste (une prof a l universite nous avait explique que sous l URSS, il y avait des problemes mais qu il y avait des boulots et de l argent pour tout le monde, que maintenant il y avait de nouveaux problemes dont plus de boulot et plus d argent, et que donc il etait normal qu en Russie on est la nostalgie de l URSS). Katya elle m a repondu que URSS ou Russie, selon elle le peuple Russe s en foutait un peu, ce qui regne dans ce pays c est le systeme debrouille, peu importe le pouvoir en place, on fait avec et on continue comme avant.

J ai demande a une autre amie russe ce qu elle pensait de Dostoievski. "Ah ! Je n aime pas du tout. Vraiment, je pense que cet homme est fou." "fou ? lui demande-je. Qu est ce que tu entends par la ?" "Eh bien, tu comprends, je trouve que ce type est vraiment trop deprimant, il parle toujours de trucs tristes, des tragedies, etc. Et, bien sur, le monde est pas tout le temps joyeux, c est triste parfois, mais bon, justement, tu vois, c est mieux alors les livres joyeux, comme ca on rigole, a quoi bon des livres comme ceux de Dostoievski ?"

Saule

avatar 15/07/2004 @ 14:04:33
Triste constat Bérénice, et je pense que la situation est la même dans nos pays. Pour le communisme il est vrai que tout n'est pas mieux maintenant, loin de là.

A propos de la folie de Dostoievski il y a une part de vérité, et c'est vrai pour la plupart des génies aussi.

Il faut lire l'essai que Freud a consacré a Dostoievski, il est reproduit dans la préface de l'édition Folio des "Frêres Karamazov". On dit que Freud n'aimait pas Dostoievski, car il avait assez de cas pathologiques avec ses patients ! C'est un peu loin dans ma tête pour que je puisse en parler correctement mais dans cet essai tout y passe : complexe d'oedipe, homosexualité refoulée, religion (ce qui pour Freud est une névrose!),..

Patman
avatar 15/07/2004 @ 20:11:28
La Russie d'aujourd'hui, polluée à l'excès par notre société occidentale, est bien triste ! Je la connais personnellement très bien depuis de longues années et je la vois péricliter avec beaucoup de désaroi ! J'étais là-bas lors de la dissolution de l'Union Soviètique en 1992... Le déclin intellectuel en 10 ans est épouvantable !!!! Le niveau culturel du moindre petit ouvrier soviétique était 10 fois supérieur à celui de certains profs de chez nous ... Aujourd'hui, ils en sont réduits à Star Ac et autres conneries du même genre !!!! Notre monde occidental est pourri !!!! Réveillez vous !!!!!!!!!!!!!!!!! J'ai demandé l'asile politique en Biélorussie, officiellement la dernière dictature européenne, en réalité le dernier pays d'Europe qui ne soit pas soumis au joug américain....Dossier en cours...

Tistou 20/07/2004 @ 11:53:23
Eclairants tes commentaires Bérénice.
Pour avoir des points de vue de l'intérieur sur la situation telle qu'elle évolue, 2 auteurs intéressants :
Ludmila OULITSKAIA et
Alexandra MARININA, plus facile, en polar

Bérénice 13/08/2004 @ 17:13:35
Suis de retour apres une longue absence...et ne ferait pas de critique d'Anna Karenine, ne l'ayant a mon grand regret pas lu. J'étais à la moitié d'Oblomov, qui commencait à me rendre folle a force de le voir ne rien faire sur son canapé défoncé, quand j'ai recu une liste de 5 pages de livres à lire pour la rentrée...inconvénient d'être encore étudiante, a fortiori en littérature... j'ai du donc tout abandonner pour réviser mes classiques, et suis en ce moment au milieu des Misérables auxquels j'avais échappé jusque là.
Je vais, dès que j'aurai le temps, créer une page web où je rédigerai au propre mes impressions tirées de mon séjour en Russie, agrémentées de photos. J'ai demandé à une amie qui a passé elle aussi un mois en Russie cet été, et qui se trouve avoir une vision totalement opposée à la mienne tant sur Moscou et St Petersbourg que sur les Russes, de rédiger aussi de son côté ses impressions ; ceux que ca intéresse pourront comparer. Je vous préviendrai dès que j'aurai réussi à créer la page, ce qui n'est pas chose aisée pour une nulle de l'ordinateur telle que moi. (Si vous savez comment créer gratuitement un site ou je pourrais stocker textes et photos et accessible à tout le monde, vos conseils seraient les bienvenus !)

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