Micharlemagne

avatar 26/12/2006 @ 12:32:24
Le pauvre Logie a dû craquer sous les tombereaux d'éloges que lui décerne Le Rat des Champs. A croire qu'il a rédigé cette critique (?) lui-même. Ce qui, d'ailleurs, serait loin de nous surprendre, le personnage ayant souvent fait la démonstration de son intolérance et de son parti pris.
Tout d'abord, il convient de bien noter que cet ouvrage, paru en 2003, n'est que la Nième resucée de "Waterloo, l'évitable défaite", paru en 1989. Les illustrations (qu'il faut reconnaître comme remarquables) venant enrichir un texte dont pas un iota n'a été changé depuis. Or depuis cette époque, on a beaucoup écrit sur Waterloo, tout particulièrement en Angleterre (voir notamment Hofschröer et Hamilton-Williams) et on ne peut plus écrire l'histoire de la campagne de 1815 de la même manière qu'en 1989.
Logie, croyant détenir la vérité, n'a jamais estimé devoir modifier son texte, malgré les remarques qui lui ont été faites entre-temps. Or on trouve dans ce texte de grossières erreurs et même l'une ou l'autre falsification (peut-être involontaire) de texte. Ainsi, à propos de l'ordre écrit par Napoléon à Grouchy, le 17 juin 1815, vers 13.00 hrs.
Logie recopie l’ordre de Napoléon de la manière suivante : « Rendez-vous à Gembloux… Il est important de pénétrer ce que l’ennemi veut faire : OU IL SE SEPARE DES ANGLAIS, ou ils veulent encore se réunir pour couvrir Bruxelles et Liège en tentant le sort d’une bataille… » Or la phrase exacte est : « Il est important de pénétrer ce que veulent faire Blücher et Wellington et s’ils se proposent de réunir leurs armées pour couvrir Bruxelles ET Liège en tentant le sort d’une bataille. » La différence saute aux yeux : dans l’ordre authentique, il n’est absolument pas question de savoir si les Prussiens se séparent des Anglais, la chose est en effet aux yeux de Napoléon certaine ! L'empereur se préoccupe de savoir si les Anglais vont se battre pour couvrir Bruxelles ET les Prussiens pour couvrir Liège. L’addition des mots « ou il se sépare des Anglais » modifie totalement le sens de la phrase. Ce n’est pas parce que la signification de cette phrase ne tombe pas immédiatement sous le sens qu’il faut pour essayer de l’expliquer – erronément – la falsifier. Logie cite en référence de cette phrase l’ouvrage de Margerit qu’il a stupidement recopié sans vérifier ; nous l’accuserons donc seulement de légèreté dans l’utilisation de ses sources, ce qui, dans le chef d’un ancien magistrat, licencié en droit, licencié en journalisme, etc. est totalement inadmissible. Mais ce n’est pas à Logie qu’il faut jeter la première pierre. En effet, comme nous le disions, il semble bien qu’il se soit contenté de copier le texte de Margerit sans y prendre garde. Et où Margerit a-t-il été chercher ce texte ? Il mentionne en référence : « Arch. Guerre. Armée du Nord ». Tiens ! Comme c’est étrange ! Le texte que donne Houssaye porte la même référence… Et dans celui-ci, pas mention de « ou il se sépare des Anglais » ! Cela voudrait-il dire que dans les archives de Vincennes, dans le dossier « Armée du Nord », il y a deux copies différentes du même ordre ? Cela nous semble tout à fait hors de question.
L’ordre, interpolé avec la mention « ou il se sépare des Anglais » y figure pour la première fois dans Mauduit (vol. II, p. 209-210) . Thiers, dans son Histoire du Consulat et de l’Empire (1865), ne cite pas le texte mais s’inspire manifestement des Mémoires de Napoléon quand il écrit : « Il [Napoléon] lui [à Grouchy) prescrivit de se diriger sur Gembloux, qui était sur la route de Wavre, et qui avait aussi l’avantage d’être par la vieille chaussée romaine en communication avec Namur et Liège… » L’empereur lui recommande de « ne pas perdre de vue que si les Prussiens pouvaient être tentés de se séparer des Anglais pour regagner le Rhin, ils pourraient aussi pouvoir se réunir à eux pour livrer une seconde bataille aux environs de Bruxelles… » Nous savons que tout cela est de la pure invention. Pourquoi donc des gens comme Mauduit ou Thiers se livrent-ils à la coupable industrie du trucage de textes ? Mais, tout simplement pour se conformer à ce que Napoléon raconte dans ses Mémoires. Comme l’ordre, tel qu’il est écrit, dit exactement le contraire de ce que Napoléon raconte, il est fort tentant d’y ajouter quelques mots, mine de rien, qui le mette au diapason… Une fois le forfait commis, rien de plus facile que de brandir sous le nez des détracteurs de l’empereur le texte truqué – mais qui a l’air très sérieux – dont bien peu de gens auront la patience d’aller consulter l’original à Vincennes, dans les archives du ministère de la Guerre.
Ceci n'est qu'un exemple...
Ainsi donc, ce n'est pas sans un certain sourire que nous lisons que le livre de Logie - paru en 2003 - est le fruit d'une étude prolongée. Toutes ces remarques ont été faites à Logie en leur temps ; il n'a jamais daigné y répondre.
Merci de votre attention.

Saint Jean-Baptiste 26/12/2006 @ 22:20:59
Micharlemagne, merci, ta rubrique est passionnante.

J'avais lu en son temps la critique de Le Rat et je m'étais permis de mettre trois points d'interrogation à propos des trois tours du champ de bataille par la Cavalerie du Maréchal Ney ! (Sous réserve d'une éventuelle confirmation, lue ailleurs...)

Mais quand je vois Monsieur Logie comparé à Henri Guillemin et Patrick Rambaud en fait d'Historiens de référence, alors j'ai des doutes.

Comme il habite à Waterloo, ce n'est pas loin de chez moi ; j'aurai peut-être un jour l'occasion de peler un œuf avec lui. Je vous en ferais le compte-rendu succin...
Mais s'il touche au Maréchal Ney le Brave des Braves, il peut déjà savoir que ça va barder...
;-)

Shelton
avatar 27/12/2006 @ 08:05:41
"Peler un oeuf", voilà une belle expression que je ne connaissais pas. Est-ce belge ?

Sufull 27/12/2006 @ 08:08:19
Ca doit être belge car je connais cette expression et elle est utilisée chez nous.

Micharlemagne

avatar 27/12/2006 @ 11:26:07
Cher SJB, je suis tout étonné par votre vitesse de réaction et extrêmement flatté par votre appréciation à propos de mes petits commentaires. Tout d'abord, si vous voulez rencontrer Logie, il faudra vous déplacer jusqu'à Maransart, clos Bois Capitaine, n° 5. Ce n'est pas un secret : il est dans l'annuaire (Lasne). Mais je vous déconseille la visite : c'est une véritable forteresse - dont Logie, en plaisantant, voudrait bien faire une principauté indépendante... L'accueil n'est pas très chaleureux. Dommage : M. Logie possède une collection de gravures tout à fait étonnante à propos de la bataille.
A propos du Brave des Braves, je crains fort que Logie ne lui attribue en grande partie la perte de la campagne de Belgique, notamment à cause de sa prétendue "inertie", les 15 et 16 juin aux Quatre-Bras. Quant aux "trois tours" du champ de bataille, je ne vois pas très bien à quoi cela peut faire allusion. Je n'ai pas les textes sous les yeux, mais je crois que Ney a mené bien plus d'assauts contre la ligne anglo-alliée que trois. Si ma mémoire est fidèle, il doit y avoir eu au moins une demi-douzaine de charges de cavalerie et, au moins deux assauts d'infanterie contre la Haye-Sainte. S'il est une chose que l'on ne peut nier, c'est le courage quasi suicidaire du "Rouquin". Mais, comme son collègue Grouchy, il a très tôt été accusé d'avoir provoqué la défaite. C'est Napoléon lui-même qui a "intoxiqué" le public lors de ses dictées à Gourgaud. Pour résumer en trois mots : Grouchy aurait dû marcher au canon, le 18 à 11.30 hrs, lorsqu'il entend les premiers feux. Or il suffit de regarder la carte pour voir que, de Walhain, même en se mettant en marche à 11.30 hrs, Grouchy ne pouvait physiquement pas arriver à temps sur le champ de bataille. D'autre part, le maréchal Ney, arrivé à la dernière minute auprès de Napoléon, le 15 juin, ne pouvait pas occuper les Quatre-Bras le soir même, pour la bonne raison qu'il n'en avait pas reçu l'ordre. Il aurait pu en prendre l'initiative nous disent nos bons auteurs (;-). Encore eût-il fallu qu'il ait eu des troupes à sa disposition... Le 1er corps en était encore à passer la Sambre à Marchiennes. De plus, arrivé à Gosselies, le maréchal entend le canon de l'empereur à Gilly et s'inquiète de savoir s'il n'est pas un peu trop avancé et s'il ne risque pas de tomber dans un piège. Remarquez qu'en l'occurence, personne n'a jamais songé à reprocher à Ney de n'avoir pas marché au canon. Nos auteurs (;-) nous ont habitué à ce langage : ce qui est bon pour les uns ne l'est pas pour les autres... Rappelons aussi que toutes les charges commandées par Ney, l'ont été sous les yeux de Napoléon, qui ne s'est jamais avisé de rappeler son subordonné. C'est à Sainte-Hélène que le "martyr" a pensé qu'il aurait dû le faire... Un tout petit peu tard. Mais il n'était pas trop tard pour salir les deux maréchaux et leur attribuer la défaite. Les "Mémoires" dictés à Gourgaud, ne sont qu'un tissu de mensonges destinés à rejeter la défaite entre autres sur nos deux maréchaux. Les auteurs (;-) ne pouvaient que tomber dans le panneau. Surtout ne pas laisser penser que Napoléon n'était pas le génie militaire qu'ils disent, surtout en 1815.
Je réalise que je suis très long. Je raccroche donc, mais j'espère lire vos avis.

Provis

avatar 27/12/2006 @ 12:21:23
Cher SJB, je suis tout étonné par votre vitesse de réaction
C’est, Monsieur, que vous connaissez bien mal SJB !! J’ai failli sonner de la trompette, hier, pour le prévenir de votre arrivée, mais je me suis dit que ce serait bien inutile ! SJB n’est pas Grouchy, et quand il s’agit du petit caporal ou du grand maréchal, il n’est jamais à la bourre !!

Ah, SJB, c’est bien volontiers qu’avec toi je prendrais d’assaut la forteresse de ce Logie, nous en ferons une omelette !! Sabre au clair !!

Micharlemagne

avatar 27/12/2006 @ 13:04:35
C'est, mes bons amis, que je suis un bleu dans votre discussion... N'emballons quand même nos chevaux... Jacques Logie est devenu un vieux monsieur. Il n'accepte pas beaucoup la discussion, mais il n'en reste pas moins respectable en tant qu'être humain... Après tout, il n'est que la victime des innombrables bêtises qui ont été écrites avant lui sur la campagne de 1815. Tout ce qu'on peut lui reprocher, c'est d'utiliser sans discernement des sources très sujettes à caution et de s'obstiner dans des idées dépassées.
Un conseil pour les passionnés :il faut absolument visiter le site www.1789-1815.com de Bernard Coppens. Tout à fait surprenant !

Saint Jean-Baptiste 27/12/2006 @ 22:16:10
;-))) lol ! mdr !

Oui, Proxis, nous en ferons une omelette, foi de grognard et sabre au clair !
;-)))

Saint Jean-Baptiste 27/12/2006 @ 22:18:28
Merci pour le lien, Micharlemagne, très intéressant, en effet !

Micharlemagne

avatar 28/12/2006 @ 11:30:06
SJB : J'aurais bien un petit article sur le mot de Cambronne à vous faire parvenir. Mais il y a 18 pages... et je ne voudrais pas encombrer le forum. Le règlement autorise-t-il que vous me donniez votre adresse e-mail afin que je vous envoie cela directement ?

Provis

avatar 28/12/2006 @ 18:17:21
Oui, super le lien !!
SJB : J'aurais bien un petit article sur le mot de Cambronne à vous faire parvenir. Mais il y a 18 pages...
18 pages !! Comment faire 18 pages avec 5 lettres ?! .. :o)
Et il n'y en a que pour SJB ici !! On n'aura même pas un petit extrait ?? .. :o)

Micharlemagne

avatar 28/12/2006 @ 19:14:19
C'est demandé si gentiment... Voilà la conclusion. Mais à la lecture, cela fait un peu... guillotiné. Mais c'est ce qui est réellement nouveau et qui n'est raconté par personne :
"Au point où nous en étions (de nos recherches), nous fîmes alors brusquement une constatation qui aurait dû nous sauter aux yeux dès l’abord : tous les témoignages qui parlent du ou des mots de Cambronne sont français ! A propos de Cambronne, pas une ligne dans les comptes-rendus alliés. Seules exceptions : le récit de sa capture par Halkett et la mention qu’en fait Wellington dans sa dépêche à Lord Bathurst du 19 juin. Et dans ces récits, rien à propos d’un mot héroïque quelconque… Nous en étions là dans notre réflexion quand, inopinément, nous tomba sous les yeux le numéro du Times du 18 juin 1932 qui vint renverser toutes nos convictions. Au bas de la colonne du courrier des lecteurs, une lettre fort courte de Mr John D. Crawford rappelait à la ré-daction du quotidien que, en discutant de la capture du général Cambronne, elle avait un peu oublié le numéro spécial que le Times avait consacré au centenaire de Waterloo, le 18 juin 1915. Or dans ce numéro, était publiée une lettre du capitaine Digby Mackworth, du 7th Foot, aide de camp du général Hill, écrite le 18 juin 1815 à 11.00 du soir. Dans cette lettre, le capitaine Mackworth racontait l’héroïque résistance de la Vieille Garde et l’on y trouve, en français et en toutes lettres la fameuse phrase « La Garde meurt et ne se rend pas ». Le capitaine ne dit pas qui a prononcé cette phrase mais il est incontestable qu’elle a été prononcée puisqu’elle nous est rapportée le soir même de la bataille par un témoin direct dans une lettre privée . On peut conclure de ce témoignage capital que Rougemont, s’il est bien l’auteur de l’article du Journal général, en écrivant sa phrase le 24 juin, n’a rien inventé du tout mais que, en bon journaliste, il rapporte un mot qu’un témoin lui a rapporté. Vouloir nier cette évidence, comme Logie et Houssaye, sous le prétexte qu’aucun officier ou soldat de la Garde n’était encore revenu à Paris est parfaitement inepte. Ce n’est pas parce qu’aucune unité organisée de la Garde n’est encore arrivée à Paris, qu’un témoin isolé n’a pas pu y parvenir…
Nous affirmons donc que la phrase a bien été prononcée à Waterloo et nous sommes convaincu – mais ce n’est qu’une conviction impossible à étayer avec certitude – que Cambronne n’en est pas l’auteur. Mieux encore : le général Cambronne n’a rien dit du tout à Waterloo, du moins aucune phrase historique, et son embarras, lorsqu’on lui posait la question, vient du fait que, loin d’être toujours héroïque, son attitude à Waterloo et la manière dont il fut fait prisonnier lui causaient quelque remords… D’ailleurs, cette attitude n’a pas été ignorée et a été brocardée en France même si aucun de nos auteurs n’en fait mention. En veut-on la preuve ?
En juin 1932, la B.B.C. consacra une émission à la bataille de Waterloo. Lors de la présentation de cette émission, le Radio Times consacra un article qui faisait allusion à l’ « affaire Cambronne ». Suite à cette émission et à cet article, un certain Richard Edgcumbe écrivit au Times qui publia sa lettre le 16 juin 1932 . Le correspondant du grand journal britannique écrivait que son père l’avait emmené en 1850, alors qu’il avait 7 ans, chez le général Hugh Halkett qui commandait alors l’armée royale du Hanovre. Pour une raison quelconque, le général se prit de sympathie pour le jeune garçon et lui raconta moult histoires à propos de sa carrière militaire dont M. Edgcumbe avouait qu’il en avait oubliées beaucoup. « Mais, dit-il, je me rappelle fort bien qu’il m’a raconté avoir fait Cambronne prisonnier tout seul. Il expliquait que le courageux officier français qui était très reconnaissable, à pied à quelque distance en avant de ses troupes, fut complètement surpris quand Hal-kett, qui montait un jeune cheval irlandais très vif, galopa tout près des li-gnes françaises, le saisit par ses aiguillettes et le ramena à bout de souffle dans les lignes britanniques. ’’ Si vous êtes officier, dit l’infortuné comman-dant quand il eut un peu repris sa respiration, si vous êtes officier, voici mon épée’’… »
La lettre de M. Edgcumbe appela plusieurs réponses qui furent publiées dans le Times du 18 juin suivant. L’une de celles-ci émanait de M. W.M. Leeke qui expliquait que son grand-père, le révérend William Leeke, avait porté les couleurs du 52ème régiment léger de l’Oxfordshire à Waterloo et qu’il écri-vit ses souvenirs dans lesquels il confirme le récit de M. Edgcumbe. Le même jour, le Times publiait aussi une lettre de M. Stuart Bradshaw, arrière-arrière-petit-fils de Hew Halkett, dans laquelle il disait avoir en sa possession une caricature française où l’on montre Cambronne en uniforme avec la seule mention de sa capture à Waterloo. Sous l’image est représentée une épée entourée d’une couronne de laurier et écrite une phrase :
« La Garde meurt, elle ne se rend pas.
Cambronne se rend, il ne meurt pas. »
La conclusion est donc bien simple : Cambronne, fait prisonnier à Waterloo par le colonel Hew Halkett, n’a proféré aucune parole historique ; la phrase célèbre « La Garde meurt et ne se rend pas » a réellement été prononcée sur le champ de bataille, mais nul ne sait – et nul ne saura jamais – qui l’a prononcée.

Shelton
avatar 28/12/2006 @ 19:55:08
Et hop, un mythe qui s'écroule...

Saint Jean-Baptiste 28/12/2006 @ 21:56:12
Un mythe qui s'écroule ? ;-) Rien n'est moins sûr ! ;-)
...Parce que, l'a-t-il prononcé ?

Il est pratiquement acquis qu'il n'est pas l'auteur du célèbre : "La Garde se meurt mais ne se rend pas ! " Ses détracteurs ajoutaient : "Lui se rend et ne meurt pas !"
C'est qu'il s'était fait capturer par un jeune officier anglais ; ce dont il avait été profondément humilié.

Par contre, la citation en cinq lettres, la plus célèbre de tout le répertoire français, est probablement bien de lui ! Rogeron de la Vallée, quand il fit la biographie de Cambronne, interrogea sa veuve ; celle-ci, une dame un rien coincée, semble-t-il, lui dit :
- C'est bien lui, hélas, l'auteur de ce mot que l'Histoire n'ose redire !
Il avait aussi interrogé le neveu de Cambronne qui lui avait raconté ceci :
- Un jour je lui ai posé la question et il m'a dit : " N'aura-t-on jamais fini de m'emm... avec ça, au cœur de la bataille on n'a pas le temps de faire des phrases !"...

Mais laissons parler les poètes qui, comme chacun sait, ne mentent jamais ! ;-))
Victor Hugo n'a pas hésité à écrire le mot ...en cinq lettres ! Ce qui devait scandaliser les lecteurs de son temps. Aussi, il argumentait à l'avance :
" ...Le lecteur français veut être respecté, le plus beau mot qu'un Français n'ait jamais dit ne peut être répété. (...)Défense de déposer du sublime dans l'Histoire. A nos risques et périls nous enfreignons cette défense. Donc, parmi les géants, il y eut un titan, Cambronne."
"... Foudroyer d'un seul mot le tonnerre qui vous tue, c'est vaincre... "
"...Alors, il cherche un mot comme on cherche une épée (...) ce mot, c'est l'insulte à la foudre. On l'entend et on reconnaît dans Cambronne la vieille âme des géants !" etc, etc...

Ah ! il fallait Victor Hugo ! poète à la hauteur des géants de Waterloo, pour célébrer celui qui fit "du dernier des mots le premier en y mêlant l'éclair de la France ! "

Saint Jean-Baptiste 28/12/2006 @ 22:00:33
SJB : J'aurais bien un petit article sur le mot de Cambronne à vous faire parvenir. Mais il y a 18 pages... et je ne voudrais pas encombrer le forum. Le règlement autorise-t-il que vous me donniez votre adresse e-mail afin que je vous envoie cela directement ?

Bien volontiers, Micharlemagne, et merci d'avance :
jmam.francotte@scarlet.be

Micharlemagne

avatar 28/12/2006 @ 23:14:09
Ne reste donc plus qu'à ouvrir la boîte aux lettres.

Micharlemagne

avatar 28/12/2006 @ 23:31:30
Tout ce que dit SJB est vrai. J'ai du guillotiner mon texte pour n'en laisser que la conclusion sur le Forum. 18 pages Word, cela me semblait de l'abus. Et je confirme : Peut-être Victor Hugo a-t-il inventé le mot… Mais cela nous semble fort peu probable. Il est plus que vraisemblable que Hugo s’appuie sur une tradition orale. En tout cas, une première allusion au mot pourrait avoir été faite lors d’un banquet d’anciens soldats qui se tint le 19 septembre 1830. Dans son discours, Cambronne prononce ces mots : « J’ai répondu quelques mots, moins brillants peut-être, mais d’une énergie plus soldatesque… » Comme jamais Cambronne ne dit lui-même quels furent ces mots, on peut tout imaginer. « Des bougres comme nous ne se rendent pas », comme le dit par exemple Houssaye, suivi par Logie , ou bien, plus vigoureux encore : « Allez vous faire f… ! » Il n’empêche, Cambronne est formel : il a dit quelques mots et pas un seul...
Il est vrai aussi que, mis à la question par un collègue, il finit par répondre, excédé, :"Mais est-ce qu'ils n'auront pas bientôt fini de m'em... avec ce mot ?" A un interlocuteur plus précis et qui lui posait nettement la question : "Avez-vous dit le mot le 18 juin 1815 ?", il aurait répondu : "Mais certainement : cinq ou six fois, comme tout le monde !"
La remarque qui consiste à dire qu'un mythe s'écroule ne tient ni au mot ni à la phrase mais à l'attitude de Cambronne dont nous avons toujours appris qu'elle avait été exemplaire, et qui, en réalité, semble bien être assez peu glorieuse.

Micharlemagne

avatar 11/04/2007 @ 12:09:03
Vérification faite à Vincennes, les mots "ou il se sépare des Anglais" n'y figure pas. Il faut aller voir dans le registre du major général. Par ailleurs, une copie intégrale ce registre peut être trouvée dans les "Mémoires" de Grouchy, à télécharger sur le dite "Gallica" de la B.N.F.

Saint Jean-Baptiste 11/04/2007 @ 23:00:47
Micharlemagne, je te remercie, mais au nom de tous, tous les CLiens que le sujet passionne, intéresse, ou amuse.
Ce sont ces "petits mots" qui font la grande Histoire, n'est-il pas ?

Micharlemagne

avatar 23/04/2007 @ 11:55:56
Je reviens sur le sujet.
Vu, hier dimanche, sur France 5, le 1er numéro d'une émission consacrée à l' "Histoire de l'armée française". En général, c'était excellent. Deux détails cependant.
Une spécialiste nous disait que la portée d'une pièce de canon était de 1.800 mètres. C'est exact mais c'est faux...
Je m'explique.
Il s'agit effectivement de la portée théorique d'une pièce de 12 lors d'un tir sur polygone. La portée effective maximum est de 1.200 mètres. Et la portée effective sur le terrain ne va guère au-delà de 1.000 mètres. Les spécialistes de l'artillerie disaient même à l'époque, qu'il s'agissait d'un gaspillage de vouloir tirer au-delà de 800 mètres. Sans quoi, comment expliquer le peu d'effet du tir de la grande batterie, le 18 juin 1815, à 13.30 hrs. Beaucoup d'auteurs sont tombés dans le piège de ces différentes portées.
D'autre part, les auteurs de l'émission ont fait mention de l'attitude héroïque de Cambronne au milieu du "dernier carré". (Illustré par un extrait héroïque du film de Bondartchouk) Or nous savons que Cambronne n'était pas dans le "dernier carré" et qu'il n'a pas eu une attitude aussi héroïque qu'on a bien voulu le dire, puisqu'il a été fait prisonnier après s'être rendu à sir Hew Halkett, à la tête d'un régimet de miliciens hanovriens.
A part cela, l'émission était fort bien faite. J'attends la suite avec impatience.
Je me demande ce que les auteurs vont bien pouvoir dire de l'attitude de l'armée française pendant la guerre d'Algérie.

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