Scénarandco 16/05/2006 @ 18:39:59
Bonjour,

J'ai utilisé le lien de votre site pour faire parvenir mon livre "L'étoffe des songes" à un ami via Amazon

J'ai "commis":-) en effet un livre d'un genre nouveau que mon éditeur Hors Commerce a baptisé "scénaroman"

Il s'agit d'un texte qui peut servir à l'équipe technique à faire un film (et qui respecte donc les contraintes d'écriture du scénario de long métrage) mais dont le style prend en compte le plaisir d'un lecteur non professionnel du cinéma...

L'idée est née à la suite de cette remarque de Bernard Renucci, auteur du scénario de "Depuis qu'Otar est parti.."qui répondit à Julie Bertuccelli (réalisatrice et co-auteur) lorsqu'elle émit l'hypothèse d'écrire un roman s'ils ne parvennaient pas à monter le film : - "Mais c'est déjà, un roman !!!..." (dans l'interview parue avec le scénario publié dans la même collection Hors Ecran)

Tous les scénarii, ne sont pas publiables, mais certains, qui doivent séduire tel décideur d'une commission du Ministère de la Culture (CNC) ou tel diffuseur, ramassent en un style visuel et nerveux ce qui pourrait bien être un genre à part entière (là est la question ? C'est notre pari...)

La concentration de lecteurs avertis sur ce site et la pertinence de leurs critiques nous seraient un indicateur précieux pour savoir si cette initiative risque de rencontrer son public.

Pour l'heure HC est un éditeur indépendant et l'accès aux médias lui étant fermé, nous n'avons aucune presse pour le lancement de la collection Hors Ecran alors que le palmarès du film de Julie Bertuccelli et Bernard Renucci est plus qu'éloquent : Prix Marguerite Duras, César de la Première Oeuvre, Grand Prix du Meilleur Scénariste (SOPADIN), Grand Prix International de la Critique à Cannes et de nombreux Prix dans des festivals internationaux...
De beaux inédits de belles plumes sont encore "dans les tuyaux" mais qui le sait ?

Bref, comment savoir ce que vous pensez de ce genre d'écrits ?

Je me suis identifié clairement en qualité d'auteur et j'espère n'avoir trangressé aucun usage sinon je vous prie de m'en excuser, au plaisir de vous lire...

Patrick Boriès
Scénaromancier:-)

Pierre Delanoy 19/05/2006 @ 10:40:27
Ton idée me parait séduisante. Peux-tu m'en dire plus ?

Scénarandco 19/05/2006 @ 17:40:41
Bonjour Pierre,

Je plaide l'inexpérience : après avoir occupé 2 espaces pour mes scénaromans sans obtenir de réponse, je me suis finalement greffé sur "être ou ne pas être un pigeon" car Spoutnik avait l'impression de s'être fait avoir par une fausse pub (en fait une "auto pub masquée") et je me suis rendu compte dans "Le rire de l'esclave" que Guigomas et Rat des champs avaient éventé des pratiques semblables. Pour bien marquer ma différence et me distinguer de ces méthodes j'ai donc engagé un dialogue constructif et très instructif avec certains lecteurs, auteurs, critiques allant jusqu'à poster un extrait de scénario particulièrement aride pour trancher si oui ou non c'était une forme de la littérature.
Voilà c'est maintenant dans "être ou ne pas être un pigeon" je ne voudrais pas monopoliser les débats. Je suis naturellement à ta disposition pour répondre à toute tes questions et réagir à tes remarques. Patrick

Pierre Delanoy 19/05/2006 @ 17:49:28
Patrick,
Je viens de parcourir un certain nombre de messages sur le forum. J'ai vu aussi les tiens sur "être ou ne pas être un pigeon". Je trouve sincèrement que tu relèves le débat car, entre nous, ces histoires d'autocritiques ou de publicité masquée me laissent de marbre. Comment pourrait-on imaginer que des critiques, sur un forum, soient d'une neutralité parfaite ? Ce débat est bien naïf, et l'agressivité dont font preuve certains est affligeante. Bref, je ne préfère pas alimenter ce type de sujet.
En revanche, je trouve ton idée de scénaroman assez excitante. En quoi peut-on t'aider ?
Pierre

Feint

avatar 19/05/2006 @ 18:42:33
Bien que "nouveau" sur ce site, je ne vois rien d'"affligeant" à ce que des personnes s'inquiètent de la possible récupération d'une entreprise à laquelle elles contribuent activement et utilement depuis longtemps. CL a, me semble-t-il, une sorte d'"utilité publique", difficilement compatible avec la publicité (même si celle-ci, souvent bien maladroite, reste probablement sans effet).

Sibylline 19/05/2006 @ 19:07:03
Bonsoir,

Je viens de parcourir un certain nombre de messages sur le forum. J'ai vu aussi les tiens sur "être ou ne pas être un pigeon". Je trouve sincèrement que tu relèves le débat car, entre nous, ces histoires d'autocritiques ou de publicité masquée me laissent de marbre.

En tant qu'éditeur, on l'imagine bien. ;-))
Comment pourrait-on imaginer que des critiques, sur un forum, soient d'une neutralité parfaite ?

Il n'a jamais été ici question de neutralité de sentiments. Seulement de neutralité commerciale. C'est tout autre chose. Il est impossible que tu ne t'en sois pas rendu compte. Essaies-tu de nous faire passer pour des... bref, ce que tu verras que nous ne sommes pas.
Ce débat est bien naïf, et l'agressivité dont font preuve certains est affligeante. Bref, je ne préfère pas alimenter ce type de sujet.

Tu as dû mal lire. Personne n'a été ni très naïf, ni agressif envers Scenarandco. Il te le dira lui-même. Mais ton mail me fait penser que je voulais te demander si tu étais Bernard sard?
En revanche, je trouve ton idée de scénaroman assez excitante. En quoi peut-on t'aider ?
Pierre

Formidable! Je crois justement qu'il cherche un éditeur... sérieux. Scenarandco, tu nous diras si ça a donné quelque chose? Meilleurs voeux à toi;-))

Pierre Delanoy 19/05/2006 @ 19:30:06
Arrrrggh ! Me voila démasqué ! Non, plaisanterie à part : je maintiens ce que je viens de dire. Et je trouve l'insinuation au fait que je travaille dans l'édition un tout petit peu désagréable. Tous les éditeurs ne sont pas des vendus, heureusement !

Lincoln 19/05/2006 @ 19:43:36
Tiens, un nouveau membre, ça fait toujours plaisir… du moins au départ! On souhaite en général la bienvenue, alors bienvenue Pierre Delanoy. Je vois que tu fais la version Petit Poucet qui sème des trucs un peu partout. Tes posts sont dynamiques mais, pour une entrée en matière, un tantinet acerbes, non? Pas sûr que tes messages contribuent à faire progresser le site, tu vois!
Ta susceptibilité semble touchée quand tu dis “Et je trouve l'insinuation au fait que je travaille dans l'édition un tout petit peu désagréable”, mais on dirait bien que toi-même tu ne t’encombres pas de ménagement envers certains membres.
Allez, un peu de détente, c’est l’heure du repas.

Sibylline 19/05/2006 @ 19:44:03
Arrrrggh ! Me voila démasqué ! Non, plaisanterie à part : je maintiens ce que je viens de dire. Et je trouve l'insinuation au fait que je travaille dans l'édition un tout petit peu désagréable. Tous les éditeurs ne sont pas des vendus, heureusement !

Mais tu ne réponds pas à ma question, ou alors sur une pirouette qui te ferait dire une chose pour qu'on croie une autre.

Scénarandco 19/05/2006 @ 19:54:35
Damned, Pierre serait éditeur et Sybilline... comme son nom l'indique ?

J'ai en commun avec vous 2 : JD Salinger, Cohen, Céline, Ajar, Borgès, Durell ce qui n'est pas rien !

Quant à ce qui vous sépare c'est notre richesse à tous, je feindrais pour ma part de ne pas le voir : François d'Assise parlait aux oiseaux et ça ne l'a pas empêché de finir canonisé (non, pas par Lagardère !... ;-))...

Pierre s'offre généreusement à m'aider je lui réponds donc : pour son coup d’essai, l'entreprise de publication de scénarii n'est pas un succès commercial (doux euphémisme).

Alors ? ? ?

Faut il jeter le bébé avec l'eau du bain ou essayer de faire savoir qu'il a la peau douce et informer les gentes dames et les jolis messieurs qu'il (ou elle) va se transformer en Prince ou Princesse charmant(e)... Ou les 2 selon les goûts de chacun ?...

Mon éditeur risque de se voir contraint à la première solution, je penche naturellement pour la seconde : plaidant le temps pour aider ce genre d’écrits à trouver un lectorat.

J'en appelle donc à votre esprit critique de lecteur. J'espère retirer des réflexions qui vous viendraient à la lecture de scénarii quelques arguments pour que la publication de nouveaux titres donne le temps à ce genre particulier d'écrits d'exister.

Je peux vous envoyer des extraits de manuscrits comme j'en ai déjà posté sur ce forum. Si vous résistez à l’épreuve à dose homéopathique:-), peut-être pourrons-nous passer à l’expérimentation à dose allopathique (soit un scénario entier = 90 pages recto au format A4, ou 250 pages au format 14 x 21).

Cette offre vaut pour Pierre, Sybilline... et tous les amoureux de la littérature à l'esprit ouvert, curieux de nouvelles expériences.

Bien@vous tous. "Lou ravi" de la littérature;-))

Pierre Delanoy 19/05/2006 @ 23:48:10
Tiens, un nouveau membre, ça fait toujours plaisir… du moins au départ! On souhaite en général la bienvenue, alors bienvenue Pierre Delanoy. Je vois que tu fais la version Petit Poucet qui sème des trucs un peu partout. Tes posts sont dynamiques mais, pour une entrée en matière, un tantinet acerbes, non? Pas sûr que tes messages contribuent à faire progresser le site, tu vois!
Ta susceptibilité semble touchée quand tu dis “Et je trouve l'insinuation au fait que je travaille dans l'édition un tout petit peu désagréable”, mais on dirait bien que toi-même tu ne t’encombres pas de ménagement envers certains membres.
Allez, un peu de détente, c’est l’heure du repas.


Acerbe ? Moi ? Disons que je suis dubitatif... Pas encore bien convaincu. Mais peut-être me laisserai-je convaincre.

Scénarandco 22/05/2006 @ 19:37:57
Re-bonjour,

Je ne désespère toujours pas de vous intéresser à la cause du scénario et, pour ce faire, j’ai pris le temps d’essayer de mieux vous connaître.
Sur vos conseils, j’ai donc parcouru le site CL en tous sens : lu vos écrits, l’explication de vos pseudos (révisé mon orthographe : pardon Sibylline ;-) , rit à vos blagues et été impressionné parvotre érudition ou l’originalité des hobbies de certains (qui s’en vont faire une veillée d’armes sur un champ de bataille de 1706, par exemple...).
De mon modeste point de vue, vos textes sont très élaborés, vos critiques pertinentes et le regard des uns sur les écrits des autres de nature à les améliorer, ce qui m’a donné l’envie de vous consulter sur un point...
Dans un cadre plus « public » j’ai essayé de faire partager au lecteur « un peu de ce divan qui meuble l’antichambre de l’écriture»...
Je vous joins un extrait de l’entretien publiée en addenda au scénario de Depuis qu’Otar est parti... pour que vous me disiez si vous jugez intéressant de lever, pour le lecteur, un petit coin du voile qui fait «l'alchimie du cinéma» ?

Julie Bertuccelli est l’auteur du film, Bernard Renucci son co-scénariste, Ada le personnage principal. J’essaie, quant-à moi, de faire comprendre la mécanique de l’écriture du scénario qui se décompose en :
    Note d’Intention (ce que veut dire l’auteur)
    Synopsis (résumé de l’histoire)
    et Continuité Dialoguée, le texte qui servira de référence à toute l’équipe pour faire le film.

Julie Bertuccelli :
J’avais fait une note d’intention en plus du synopsis, dans laquelle je parlais des "trois langues" :

    de l’écriture,
    du fait qu’Ada deviendrait peut-être une romancière
    et que le mensonge, d’abord, c’est de l’art !

Ce qui est le thème principal du film.
Le point de vue n’est pas moral, c’est plutôt une question de désir, de fantasme... Et d’art puisque l’on fabrique, à l’aide de ce mensonge, quelque chose : on se réinvente une vie et c’était donc logique qu’elle devienne écrivain, elle faisait cet apprentissage.

Patrick Boriès : Cette piste qui était clairement envisagée dans le synopsis a été abandonnée ensuite, pourquoi ?

Bernard Renucci : Je crois que c’était un peu superflu...

Julie Bertuccelli : Trop théorique...

Bernard Renucci: C’était compliqué, ça demandait, pour être poussé au bout, illustré, des tas de circonvolutions et ça a été abandonné. Finalement, n’est resté que cet amour surdimensionné de la France...

Julie Bertuccelli : Mais toutes ces idées restent jusqu’à la fin. L’étape du synopsis ce n’est sûrement pas trouver « tout » le film mais c’est poser les grands thèmes et, même si plus tard ils ne sont plus visibles, ils restent visibles pour nous : ce sont des mots qui traversent toute l’écriture et tout le tournage et tout le montage...

Bernard Renucci: Même si ça disparaît...

Julie Bertuccelli : Ça reste habité par ça !

Patrick Boriès: On va continuer à détailler la mécanique, y compris financière de l’écriture : grâce à ce synopsis, votre productrice obtient du CNC une aide au développement et là, vous êtes payés. Alors est-ce que ça change quelque chose ?

Bernard Renucci: Eh bien oui ! ça change quelque chose, bien sûr !

Julie Bertuccelli : On peut avoir le temps...

Bernard Renucci: On passe de l’idée au concret, on passe de l’amateurisme au professionnalisme, on passe du loisir au boulot... Le fait que ce soit rémunéré ça donne le sentiment d’une responsabilité, c’est à dire que tant qu’on écrit un synopsis on écrit en se disant que ça n’a pas vraiment de conséquences, qu’on n’arrivera peut-être pas au bout, que ça ne verra peut-être pas le jour... Et puis tout à coup, on a le sentiment que d’autres gens réagissent et que...

Julie Bertuccelli : ça crée une tension, on est obligé maintenant de trouver. Il faut qu’on y arrive !...

Patrick Boriès: Ces commissions qui rendent un avis et qui vous distinguent est-ce que ça ne prouve pas que l’idée est viable ? L’avez-vous vécu comme une première forme de reconnaissance ?

Julie Bertuccelli : Oui ça prouve que l’idée est viable et ça conforte, et la productrice, et nous, dans la perspective que l’on va continuer...

Bernard Renucci: On se rend compte qu’il y a effectivement un écho, que cette histoire n’est pas limitée aux seules personnes à qui on en a parlé mais que tout d’un coup elle fait rêver d’autres gens... Et que donc, la mayonnaise va certainement prendre... C’est ça !

Patrick Boriès: J’entends que ça dissipe un premier doute, mais ensuite, il y a cette échéance : ces 90 pages à écrire, et alors est-ce que l’on ne se retrouve pas en proie au vertige de la page blanche ?

Julie Bertuccelli: Il n’y a plus ce doute, mais il y a une angoisse qui s’installe, c’est sûr ! Tant qu’on est dans le synopsis, qu’on raconte une histoire on est dans « la belle parole » on dit des mots ou des phrases qui n’ont pas de fin... Pour donner l’illusion que ça va être vachement bien, mais ensuite il faut que concrètement ça marche et c’est l’abîme...

Bernard Renucci: Alors moi je n’ai pas du tout le vertige de la page blanche ! J’écris, je jette, je réécris, je re-jette...
Moi J’ECRIS ! Si je sens que je reste coincé devant ma page blanche, j’éteins l’ordinateur et je fais autre chose... J’ai pas du tout ce vertige là, par contre, si j’éprouve un vertige c’est celui de la remise en question, c’est à dire que chaque fois que je livre quelque chose, je ne sais pas du tout ce que je livre, mais le doute vient après, après l’épure, quand on me renvoie quelque chose de négatif en disant : non c’est vraiment nul !
ça c’est pas mal mais ça, c’est franchement ennuyeux !...
Là le doute vient, mais le vertige de la page blanche, non !
La page blanche je ne sais pas ce que c’est, moi je la remplis tout de suite, quitte à tout balancer...

Julie Bertuccelli: Moi je trouve ça épatant, des fois il écrit toute une scène et puis il l’efface ! Il ne garde même pas l’ancienne version. Ensuite quand il reprend il y a toujours des choses qui restent, (à Bernard) mais tu n’as pas l’angoisse de la phrase... Les phrases sortent très, très facilement...

Bernard Renucci: J’ai la mémoire de ce que j’ai écrit, c’est à dire que je peux jeter toute une séquence et quand je m’y remets, quasiment la réécrire à l’identique... C’est bizarre, je ne sais pas comment ça se passe... mais quelque fois je peux réécrire les phrases au mot près. Ce qui fait que quand je jette, je n’ai pas du tout l’angoisse d’avoir perdu quelque chose, ça non !

Fin de l'extrait
Voilà, dites moi sincèrement ce que vous en pensez ? Cela vous intéresse-t-il ? Y'a-t-il, selon vous un intérêt à publier la face cachée d'un film ?... Je m'arrête, je ne voudrais pas abuser.
Patrick

Lincoln 22/05/2006 @ 21:38:57
Bonsoir Scénarandco.
Cette présentation me fait penser à ceci: lors de l’avènement des lecteurs DVD de salon, j’ai traversé une période où les visualisations de films à domicile, accompagnés d’un Home cinema, sont devenues régulières. À la fin de chaque film je trouvais beaucoup d’intérêt à regarder les making off, cela donnait une autre dimension au film que je venais de regarder en faisant parfois entrer dans certaines “intimités” du tournage, voire en mettant en valeur l’excellence de scènes en regard de la complexité rencontrée lors du tournage. Mais le risque était de tomber dans une recherche trop fine, trop technique de la réalisation et d’en réduire la part d’émerveillement, de charme ou de séduction éprouvée lors du visionnement. À tout décortiquer on risque de transformer le spectacle en objet technique. Voilà un sujet de débat!

Dans l’entretien ci-dessus, j’ai apprécié l’aspect “Voilà ce qui se passe quand j’écris” expliqué par Bernard Renucci. Cette façon qu’il a d’aborder son travail d’écrivain est intéressante. Sur quelques points je ressens aussi sa démarche, l’envie parfois de foncer tête baissée dans la phrase, dans l’écrit, quitte à faire marche arrière. L’aspect éphémère de certains passages d’un texte ne me dérange pas et s’il faut élaguer, j’élague.
Bien sûr que l’exposition au plus grand nombre créé des tensions. Mais ce sont des défis motivants, excitants. Beaucoup, beaucoup plus modestement, c’est un peu ce que nous recherchons avec les exos sur CL.

Par rapport à la remise en question, j’éprouve le doute du retour, mais pas parce que je ne suis pas prêt à entendre que mon texte est de la daube (eh, oh, je n’me la joue pas!) mais plutôt parce que je crains de ne pas comprendre ce qui n’a pas marché et comment je vais pouvoir rectifier le tir pour que ce soit moins pire la fois suivante.

Voilà ce que m’inspire ton extrait.
Fin du mien ;o)

Scénarandco 23/05/2006 @ 10:03:54
"Bien sûr que l’exposition au plus grand nombre créé des tensions. Mais ce sont des défis motivants, excitants. Beaucoup, beaucoup plus modestement, c’est un peu ce que nous recherchons avec les exos sur CL."

Je pressentais bien qu'il pouvait y avoir des "invariants" dans l'acte d'écrire, c'est pourquoi j'ai posté cet extrait de la genèse d'un texte. Je pense que le qualificatif "beaucoup plus modestement" en ce qui concerne les exos sur CL ne convient pas, je crois que c'est la même chose tout simplement. Le regard des autres nous rend meilleur car le lecteur nous apporte cette distance qui nous manquera toujours par rapport à notre propre création. Pour moi c'est le même mécanisme irremplaçable.

"Par rapport à la remise en question, j’éprouve le doute du retour, mais pas parce que je ne suis pas prêt à entendre que mon texte est de la daube (eh, oh, je n’me la joue pas!) mais plutôt parce que je crains de ne pas comprendre ce qui n’a pas marché et comment je vais pouvoir rectifier le tir pour que ce soit moins pire la fois suivante".

"Moins pire la fois suivante", je crois que tu parles d'un prochain texte, alors que pour un scénario l'on a coutume de numéroter les versions de la V1 à la V13, par exemple. C'est à dire que l'on soumet au lecteur (réalisateur, producteur) un état du texte qu'il peut tout à fait critiquer en nous donnant des indications de réécriture. En scénario, en fait, rien n'est jamais fini. Julie détaille un exemple de déplacement d'une scène au montage qui donne à l'ensemble du film un tout autre sens. Le montage est encore une écriture.

Sinon sur le fond, comme tu es enseignant je te ferai part de mes objections à mon prof de littérature (en classe de 1ère). Je reprochais à ce pédagogue enthousiasmant de "saboter la poésie". J'avais l'impression, à la fin de son commentaire composé, que la magie de Rimbaud gisait sur une bâche avec ses voyelles enduites de graisses et enrobées de chiffons, et que les mots étaient devenus incapables de me faire entendre la musique du fabuleux bolide qui m'avait provoqué tant de sensations. Et je lui disais que je lui en voulais. Quand je relis Voyelles aujourd'hui, la musique me prend et l'idée que personne ne va me demander de "mettre le nez dans le moteur" ne gâche plus mon plaisir. Je pense que les pistes supplémentaires (bonus tracks) et les documentaires sur le tournage (making off) ne doivent pas être imposés, mais mis à disposition pour satisfaire la curiosité à la demande. L'entretien de Julie et Bernard vient après le scénario et l'on peut se dispenser de le lire. Par contre je continue à militer pour sortir de la poubelle du studio où il atterit au dernier jour de tournage le scénario, objet littéraire (je suis hélas le seul à le penser, vaste croisade).
Pour les jeunes générations qui consomment des images sans discernement, je pense que la révélation de comment a été conçu ce qu'ils voient est important. A l'heure de la téléréalité, dire qu'un film est le fruit d'un travail de création me semble être une oeuvre de salubrité publique. La camera ne fait pas le film. Un casting ne fait pas un acteur. Quand le culte de la facilité est érigé en système, quand l'on veut faire croire que tout s'achète (la créativité avec le produit de communication) je trouve important d'expliquer que l'art est le fruit d'un travail et que la réussite vient de l'effort. J'aimerais, quant-à moi, réhabiliter l'effort en expliquant qu'il est le prix à payer pour que la consideration des autres réalise le retour sur investissement (pour utiliser un langage marchand;-).

En me relisant, je le trouve un peu "hussard de la 3ième République (française)" le Scénarandco ? Dites moi...
Je posterais bien encore un extrait de scénario pour avoir vos réactions, si je ne vous saoule pas trop :-))...

Bien@vous
Patrick

Feint

avatar 23/05/2006 @ 10:38:40
"
Pour les jeunes générations qui consomment des images sans discernement, je pense que la révélation de comment a été conçu ce qu'ils voient est important. A l'heure de la téléréalité, dire qu'un film est le fruit d'un travail de création me semble être une oeuvre de salubrité publique. La camera ne fait pas le film. Un casting ne fait pas un acteur. Quand le culte de la facilité est érigé en système, quand l'on veut faire croire que tout s'achète (la créativité avec le produit de communication) je trouve important d'expliquer que l'art est le fruit d'un travail et que la réussite vient de l'effort. J'aimerais, quant-à moi, réhabiliter l'effort en expliquant qu'il est le prix à payer pour que la consideration des autres réalise le retour sur investissement (pour utiliser un langage marchand;-).

On ne peut pas mieux dire.

Lincoln 25/05/2006 @ 10:28:13
En me relisant, je le trouve un peu "hussard de la 3ième République (française)" le Scénarandco ? Dites moi...
Pas du tout. Je ne suis pas pour la politique du balancier qui consiste à penser qu’on ne fait bien qu’en passant d’un extrême à l’autre, par exemple en considérant comme bon ce qui est moderne et ringard ce qui est “ancien”. Il me semble bien plus intéressant de réfléchir à la manière de faire évoluer un système en l’adaptant à de nouvelles contraintes sans pour autant jeter aux orties des principes fondateurs.
Pour les jeunes générations qui consomment des images sans discernement
L’explosion du nombre d’émissions télévisées, l’expansion du cinéma (grand spectacle, gros budget hollywoodien), le pouvoir des images, n’ont pas été accompagnés d’un mode d’emploi à destination des parents (dont je suis). La tentation fut grande de laisser les enfants absorber sans limite tout ce qui sortait des écrans. Le support visuel au service des intérêts hautement financiers a pu faire des dégâts. J’essaie, en tant qu’enseignant, de contribuer à l’éducation des enfants face à l’image, éduquer sans dénigrer. Leur apprendre à analyser, décoder, voir ce qu’il y a au-delà de l’image, sélectionner, se faire une opinion, en résumé, être critique, ne pas absorber bec ouvert. Rude tâche car les séducteurs chargés de promouvoir l’image vont très vite et, souvent, travaillent bien. Il faut vraiment être “up to date”.
je pense que la révélation de comment a été conçu ce qu'ils voient est important. A l'heure de la téléréalité, dire qu'un film est le fruit d'un travail de création me semble être une oeuvre de salubrité publique. La camera ne fait pas le film. Un casting ne fait pas un acteur. Quand le culte de la facilité est érigé en système, quand l'on veut faire croire que tout s'achète (la créativité avec le produit de communication) je trouve important d'expliquer que l'art est le fruit d'un travail et que la réussite vient de l'effort. J'aimerais, quant-à moi, réhabiliter l'effort en expliquant qu'il est le prix à payer pour que la consideration des autres réalise le retour sur investissement (pour utiliser un langage marchand;-).
Là aussi, par mon métier, je m’y emploie. Mais il faut vraiment y croire car la lutte est inégale et les résultats ne sont pas probants. Si le discours est uniquement moralisateur, c’est perdu d’avance. Alors j’investis les élèves de tâches qui demandent de l’investissement, des prises de responsabilités, des prises de risques (maîtrisées), de l’analyse, des corrections (ça, en général, ils n’aiment pas trop), du temps (ça, ils ont du mal)… et je persiste. Par ces situations vécues de l’intérieur, en tant que concepteurs, ils ont une meilleure perception de la tâche à accomplir pour aboutir… enfin, j’espère.
Je posterais bien encore un extrait de scénario pour avoir vos réactions, si je ne vous saoule pas trop :-))...
Pourquoi pas.

Une question personnelle, Scénarandco: mon fils pense s'orienter vers des études de cinéma. Je pense que tu pourrais peut-être lui apporter quelques pistes. Mais ce sujet n'intéressant pas forcément tout CL, si tu acceptes, contacte-moi à cette adresse mèl, nous pourrions y échanger quelques propos:
lincoln2@wanadoo.fr

Clamence 28/05/2006 @ 12:13:17
Scénarandco, je n'ai pas encore eu le temps de te souhaiter la bienvenue, voilà, c'est fait;-))

je n'ai pas encore eu le temps de lire tes extraits de scénario, promis je m'y attelle dès que je le peux


juste très rapidement: c'est un genre que je connais, notamment pas stephen king ("peur bleue", mais également "la tempête du siècle")

En tout cas très heureuse de voir un nouveau venu fort sympathique, honnête, et...le temps appréciera tes autres qualités, j'en suis sûre.

Tistou 28/05/2006 @ 17:40:13
Bonjour et bienvenue Scénarandco.
Je ne sais pas si mon avis va t'être utile car je me considère plutôt comme imageophobe. Enfin pas exactement parce que je vais de temps à autre au cinéma et j'y prends plaisir la plupart de ce temps à autre, mais en même temps j'ai l'intuition confuse que l'image (le cinéma mais plus encore la télévision) tue quelque chose de notre société, la transforme (dans notre relation à la réalité, aux autres, aux interdits ou ce qu'on voudra) et dans le sens de la démagogie la plus complète. La vulgarité, la facilité au pouvoir.
Plus jeune, pour provoquer j'avais l'habitude de dire que le cinéma n'était pas un art. Le théâtre oui, pas le cinéma. A vrai dire, je ne sais pas. Je pense par contre que ce monde de l'image s'est arrogé un pouvoir qu'il ne mérite, et n'assume, pas.
Alors l'intérêt du scénarion ? Tu comprends que je ne suis pas forcément le bon client. Ce qui me gêne au cinéma, je le retrouve dans un scénario, à savoir cette réduction de liberté qu'on a avec la chose écrite d'un roman, d'une nouvelle, de nous l'approprier, de nous projeter dedans et d'en faire une oeuvre inédite pour chaque lecteur. Les images, et aussi en partie un scénario, nous imposent beaucoup plus, brident notre imaginaire ...
J'ai cela dit du respect pour le travail créatif du scénariste, quand il ne s'agit pas de s'approprier une oeuvre créée pour l'écrit et de l'émasculer, la formater pour passer la rampe des spectateurs et faire du chiffre.

Scénarandco 29/05/2006 @ 19:45:38
Bonsoir@Feint, Lincoln, Clamence, Tristou &+si affinités;-))

Merci pour votre accueil.
J'attendrai le retour de Clamence pour poster un nouvel extrait de scénario selon son coeur en fonction de ses remarques.

Par contre, Lincoln, je te réponds sur ce forum car cela peut concerner d'autres papas ou mamans : l'INSAS ou la Fémis sont, à mon sens, les écoles publiques, qui forment les créateurs les plus compétents dans les domaines de l'écriture, de la production de l'image et du son.
Je l'affirme d'autant plus fort que cette semaine je travaille avec un directeur de la photo Fémiston et la semaine prochaine avec un Insassien...
J'ai moi même fréquenté une université (moins sélective) qui dispensait un enseignement technique (Paris 8), l'important, il me semble est d'acquerir un bagage théorique sans lequel on ne dispose pas de la distance critique nécessaire à la gestion d'une carrière toujours difficile dans des métiers artistiques.

@+pour+

Patrick

Lincoln 29/05/2006 @ 20:57:23
Merci beaucoup Scénarandco pour les infos. Je transmets.

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