Paracelse 18/05/2005 @ 09:31:05
(bah oui, j'ai pensé à ceux que le coma rebuterait ;-D)


Nathan marchait avec nonchalance dans la nuit. Il en aimait la pénombre, le silence, la solitude. Elle était le repaire de son âme, elle l’enveloppait avec douceur dans une torpeur ouatée où tout était possible. Dès son enfance, elle avait joué le rôle d’amie discrète, d’alliée efficace dans le chemin, souvent douloureux, de l’acceptation de lui-même. Habitué, dès son plus jeune âge, à provoquer le rejet d’autrui - nourrisson, il vomissait systématiquement le lait de sa mère qui avait fini du coup par le prendre en grippe - il trouvait maintenant confortable cette position d’exclu, et s’en délectait même.

Il en avait beaucoup souffert un temps, surtout durant l’enfance, cet âge où le conformisme est de règle, où on souhaite plus que tout être accepté, aimé, ou au pire se fondre dans l’anonymat du groupe, mais il n’avait pas pour autant voulu céder à ce qu’il sentait comme étant le noyau intime réel et authentique de sa personnalité. Il était décalé, différent, inassimilable. Déstabilisateur sans le vouloir, âme maudite sans le chercher, rebelle et provocateur sans en avoir toujours conscience… Et surtout sélectif, très. Du genre à ne pas se laisser embarquer facilement. Ni par les idées, ni par les gens. Pas forcément par méfiance. Mais tout simplement parce qu’il n’avait jamais été de l’affirmative.

Les gens, il ne les appréciait pas beaucoup. Les estimait encore moins. L’indifférence était devenue le sentiment le plus fréquemment ressenti à leur encontre. Misanthrope assumé depuis quelques années, il se tenait physiquement éloigné, à l’écart du monde, de leur monde. Aveugle et sourd quand ça l’arrangeait, quand il croisait quelqu’un. Un vrai handicapé des échanges sociaux. Un « freaks » des temps modernes. Trop lucide sur les compromis – compromissions – qu’il faut faire, pour être accepté par la norme, le groupe, la société.

Trop peu soucieux de plaire aussi…

Lucide, il savait que pour préserver ce qu’il était, fondamentalement, il y avait un prix à payer, sa solitude. Mais la solitude ne lui faisait plus peur. Il y avait goûté, au départ avec appréhension, puis avec délectation, et elle était maintenant devenue une drogue. L’opium de ses pensées. Le témoin de ses errances. L’amie fidèle de ses nuits d’insomnie. Complice, quand il se visionnait, pendant des heures, des films noirs en buvant un Lagavulin et en fumant un cigare, un des Hermoso qu’il se faisait ramener de Cuba.

Ce qui lui manquait, par contre, c’était l’amour, pas celui mis en avant, « exhibé » par les autres, qu’il jugeait bien peu authentique. Il avait toujours été d’ailleurs essentiel pour lui, et dès son plus jeune âge, de s’affranchir de ce type de relations affectives qu’il trouvait trop complaisantes, trop narcissiques… relations « miroir » où l’autre sert de béquille pour combler un ego vacillant. Relations qu’il préférait vomir. Sans regrets. Il leur préférait des sentiments plus décapants, plus vrais, comme le dégoût, la honte, le mépris, la peur, la colère, toutes ces sensations qui lui faisaient se sentir en vie, tous ces sentiments inavoués qui font la fange de l’humanité, et qui lui permettaient de se sentir partie prenante d’un monde plus noir que le rose guimauve des sentiments dégoulinants qu’il abhorrait. Et surtout il leur préférait un autre type de relation amoureuse, qui restait pourtant à ce jour ensommeillé dans un coin de son corps ; l’amour sauvage qui ne s’embarrasse pas de circonvolutions, l’amour sorcier qui n’a pas besoin de se verbaliser, l’amour secret qui touche votre âme, l’amour vampire qui étourdit, l’amour brutal qui vous bouscule les sens, l’amour méandre qui se moque des repères temporels, celui qui vous emporte envers et contre tout, ce cocktail explosif d’amour lui manquait, ô combien ! Mais il savait aussi que cet amour là, plus que tout, était d’autant magique qu’il était rare, et qu’il savait surprendre. Cette ivresse amoureuse, il l’avait déjà connue, mais presque aussitôt perdue. Fatalité du destin, fatalité tout court. Mais lucide, il se demandait si cette passion d’antan qui le rendait si nostalgique ne lui semblait d’autant plus précieuse et inestimable qu’elle lui avait permis de côtoyer l’autre monde. Amour ordalique qui joue avec la mort pour mieux sentir la vie. Amour scorpion qui ne peut s’empêcher de goûter l’interdit sans retour car la piqûre se fait envoûtante, ensorcelante. En tirant à cet instant sur son Romeo y Julieta, et même si son cigare lui susurrait des mots doux, il se disait que pour lui, l’amour ne pouvait être que damné, et que c’était ce qui le rendait miraculeux. Romeo et Juliette ne pouvaient s’aimer passionnément qu’au sein des marécages de l’enfer, il en avait la certitude. Comme il savait aussi que, s’il la croisait à nouveau, sa Juliette maudite, le mystère à nouveau s’imposerait, naturellement, instantanément, le sortilège était à ce prix.

Perdu dans ses rêveries et ses volutes de fumée, il ne remarqua pas tout de suite la silhouette à travers les vitres de la maison qu’il longeait. Mais quand il se trouva proche d’elle, et que ses yeux croisèrent son regard, son cœur se mit à s’arrêter d’émotion. Un silence bleuté envahit son âme. La surprise était là. Enfin. Le destin ré-entrouvrait la porte de son mystère. Il était de nouveau pris au piège délicieux.

Acie 18/05/2005 @ 12:02:00
je préfère l'autre version, même si celle-ci est très bien écrite, je la trouve trop accusatrice, trop révoltée, je ne crois pas que cela colle tout à fait au personnage, mais c'est un avis personnel
c'est peut-être par trop philosophique et on s'y perd dans la colère
l'autre était plus proche des premières parties écrites de ce MM
et plus sensible aussi, mon cote fleur bleue peut etre?

Paracelse 18/05/2005 @ 12:08:36
je préfère l'autre version, même si celle-ci est très bien écrite, je la trouve trop accusatrice, trop révoltée, je ne crois pas que cela colle tout à fait au personnage, mais c'est un avis personnel
c'est peut-être par trop philosophique et on s'y perd dans la colère
l'autre était plus proche des premières parties écrites de ce MM
et plus sensible aussi, mon cote fleur bleue peut etre?


et là, c'est un nouveau personnage... lol... qui tombe amoureux de la silhouette ! ;-D

Mentor 18/05/2005 @ 13:39:21
Ce n'est pas que "le coma me rebuterait", c'est juste que je vois mieux ce fragment se raccrocher à ce qui précède. Mais comme ce n'est pas moi qui dois écrire la suite, je dis àa avec facilité et détachement (et soulagement!...).
Très belle écriture également, comme toujours.
Tu aurais pu en écrire encore des tonnes sur ce thème j'ai l'impression. On sent le plaisir d'écrire (et la facilité?).
En tout cas bon courage au suivant...

Tistou 18/05/2005 @ 15:32:37
De passage, rapide, sur C.L., on se retrouve à lire trop de choses, et trop de choses désagréables. Je pense personnellement qu'il est dommage que le débat se soit autant envenimé avec Paracelse. On aura du mal dans le futur si l'on est aussi réactif que ça !
Un Rudolpho ou pouet-pouet, c'est clair ; son agressivité est reconnaissable à des lieux et il affiche son arrogance et son plaisir de nous emmerder. Dans le procès qui est fait à Paracelse, je suis plus gêné parce qu'encore une fois, on risque d'avoir des situations de ce genre de plus en plus souvent. Il ne faudrait pas non plus qu'on se replie sur nous-mêmes, même si ça n'était pas notre intention initiale. N'empêche ...
Est-il trop tard pour prêcher la paix des braves avec Paracelse ? Peut être. Enfin, moi, je la lui propose. Plus d'agressions entre nous, on essaie de vivre ensemble et s'il y a malaise, on se le dit.
N'empêche, Paracelse, que tu as un peu foutu le souk en publiant 2 épisodes. (Merci aussi au passage pour avoir réagi si rapidement.)
Mais. Comme nous ne sommes pas en retard, que Félixlechat ne semble pas voir les appels le concernant et que Fée Carabine ne pourra poster probablement qu'en fin de semaine, profitons en pour voter. Les participants, ceux de la liste disposent d'une voix, sur "Tout sur MM4", pour dire l'épisode qu'ils souhaitent voir conserver. Paracelse, tu votes aussi, bien entendu.
Puis on reprendra avec Fée Carabine.
Paracelse, si ça ne tenait qu'à moi, je te demanderais de bien vouloir rester.

Je critiquerai plus tard, là j'ai l'impression de faire pin-pon !

Yali 18/05/2005 @ 19:17:55
C'est tout le problème des MM — pas facile la première fois — garder la cohérence de ce qui a été écrit, s'abstenir d'y mettre ses préocupations, son style… Ce qui fait donc, qu'un type qui tombe amoureux de la sihouette, — à la lecture du reste — ça me semble être trop, où alors c'est la voie burlesque.
Même remarque que sur l'autre, agréable, — j'aime assez le listing "amour".

Loupbleu 18/05/2005 @ 20:50:20
Je trouve comme Mentor que ce récit reste plus cohérent avec le début. Je crois qu'avec le texte on n'est pas obligé de dire qu'il tombe amoureux de la silhouette ... on peut imaginer d'autres choses.

J'aime assez le ton, plus de celui-ci que de l'autre, notamment le listing "amour" comme dit Yali. Il y a plein de choses intéressantes dans le texte. Parfois on s'éloigne un peu du ton des premiers épisodes ...

Kilis 18/05/2005 @ 21:25:35
Pour le contenu je préfère celui-ci. C'est bien exprimé y a pas à dire, cependant je trouve ce texte un peu indigeste. Ça manque de vie, de piquant de musicalité.

Bluewitch
avatar 18/05/2005 @ 21:45:25
Même si celui-ci retrouve davantage un lien avec les précédents épisodes, si le fond est plus intéressant, je trouve dommage cette "indépendance" que tu as choisie. On n'a pas trop l'impression de lire un épisode.. plutôt un texte insulaire.
Je préfère le ton de celui-ci, un peu plus original, aussi.

Bocassis 18/05/2005 @ 22:19:01
Paracelse, je serai bref.
Je t'ai lu. Lu ta prose, ta poésie.
Tu es la meilleure plume du forum "vos écrits".
Un seul reproche cependant, tu travailles peu tes textes. Si tu faisais l'effort de mieux les travailler, je pense sincérement que tu as tout pour devenir grand écrivain. Tu as un potentiel énorme et ce ne sont pas des fleurs que je te jette ...
Dans ce forum, il suffit d'écrire différemment (autrement dit de ne pas singer) et l'on vous charge du doigt (un doigt qui pue...ceci pour le troud..).
Continue, tu es la meilleure.

Poteau rose 18/05/2005 @ 22:26:11
Je t'ai luE... je pense sincèrement que...
Soyons bref, tu pues

Bocassis 18/05/2005 @ 22:43:12
Ce qui te distingue des autres, toi et Balamento, c'est l'amour de l'écriture. Un rapport sensuel et affectif.
Les autres, les médiocres à la plume bonobo, à l'ego putride et à l'imaginaire sangsue, ont besoin du kamasutra pour écrire. Il faut se référer à des positions, ils n'ont pas cette aptitude amoureuse et spontanée.

Voilà, le fond de ma pensée.

Poteau rose 18/05/2005 @ 22:48:44
Voilà, le fond de ma pensée.
sans fond le Trouduc

Spirit
avatar 18/05/2005 @ 23:02:52
?????...."soupir"
Ce qui te distingue des autres, toi et Balamento, c'est l'amour de l'écriture. Un rapport sensuel et affectif.
Les autres, les médiocres à la plume bonobo, à l'ego putride et à l'imaginaire sangsue, ont besoin du kamasutra pour écrire. Il faut se référer à des positions, ils n'ont pas cette aptitude amoureuse et spontanée.

Voilà, le fond de ma pensée.

Tistou 18/05/2005 @ 23:17:49
Un peu désincarné cet épisode, avec du mal à se relier aux précédents. On reste dans la tonalité noire et glauque. Bon ...
Pas mal écrit, ça non, mais pas enthousiasmé.

Yali 18/05/2005 @ 23:20:59
T'inquiète pas pour ça Spirit, le mouton est partial, aime l'herbe qui un jour a poussé de son côté. Rien de plus.

(Et, j'ai beau ne pas être en accord avec les deux suscités, n'empêche que je n'aime pas les rôles que Mouton leur donne, parce que : juste à son profit. )

Pour mieux comprendre la philosophie du Mouton :
http://www.u-blog.net/hdn/note/192

Bocassis 18/05/2005 @ 23:38:50
T'inquiète pas pour ça Spirit, le mouton est partial, aime l'herbe qui un jour a poussé de son côté. Rien de plus.

(Et, j'ai beau ne pas être en accord avec les deux suscités, n'empêche que je n'aime pas les rôles que Mouton leur donne, parce que : juste à son profit. )

Pour mieux comprendre la philosophie du Mouton :
http://www.u-blog.net/hdn/note/192


Ça fait des bulles la jalousie, il paraît même que ça rend aveugle et ...fou.
Cette dame a un rapport charnel à l'écriture et ça se sent.
Les médiocres ont un rapport faux et hypocrite à la plume. Il leur faut singer le kamasutra pour se donner des allures. Les hommes, de piètres amants et les femmes des planches à masser. Une image, une simple image mais fort causante.

Balamento 19/05/2005 @ 00:14:05
Beaucoup de plaisir à lire... La simplicité n'est pas le plus facile, loin de là, et là... pas d' effets de manches... ça coule, ça fait un tout. C'est peut-être sans rapport avec les objectifs non-dits des challenges d'écriture à la queue leu leu, mais bon, on s'en fout un peu ;-).

Peinture psychologique et introspection amoureuse délimitée, précise, affinée... On sent le personnage, la personnalité et les pensées, l'état d'esprit... Bref, pour moi ça passe vraiment bien (surtout que c'est écrit en temps limité vu le cadre de l'exercice ;-)). Ah si... il y a un mot compliqué dedans qui m'a arrêté (odalique... le genre de truc dont on se dit ça doit vouloir dire ça, mais sans en être très sûr, mais les lecteurs sont des cons c'est bien connu, donc, rien de grave).

Sinon, l'enchaînement des qualificatifs ou qualifiant de l'amour sont vraiment bien... inspirés et propres à faire passer vers le lecteur ce de quoi et de qui ça cause ;-)

Balamento 19/05/2005 @ 01:49:55
C'est tout le problème des MM — pas facile la première fois — garder la cohérence de ce qui a été écrit, s'abstenir d'y mettre ses préocupations, son style… Ce qui fait donc, qu'un type qui tombe amoureux de la sihouette, — à la lecture du reste — ça me semble être trop, où alors c'est la voie burlesque.
Même remarque que sur l'autre, agréable, — j'aime assez le listing "amour".


Et hop, un ou deux sujets de débats en passant (vu que sur la redondance je n'ai pas vu naître de post de ta part demandant l'avis de chacun et des spécialistes, et que je suis déçu, déçu, déçu ;-)) :

Est-il dit que chaque auteur doivent assurer une continuité de style, de ton, de forme et de cohérence forte dans le jeu de l'écriture à la queue leuleu ?

Le mot "burlesque" est-il là uniquement pour qualifier une rupture quant à cette continuité éventuellement attendue ?

Sur l'avis portant sur le texte seul : "agréable, — j'aime assez le listing "amour" je me demande s'il est-il long ? ou court ? s'il est il globalement positif ? globalement négatif ? ou tout à fait neutre ? (faut tout m'expliquer avec plein de caractères moi des fois, je ne comprends rien à rien ;-)).

Sinon, à mon goût, quand on critique faut se mouiller un peu... ;-) Ben oui... Et c'est quoi cet adjectif éludé qui se cache derrière le "trop" là haut dessus ? C'est un effet de style ? (rhhha, faut tout m'expliquer moi.)

Allez hop ! plouf ! On saute dans la piscine... ;-)

Bluewitch
avatar 19/05/2005 @ 18:07:58
Balamento, je pense que l'idée de la cohérence du MM ne se joue pas sur le style qui peut rester propre à chacun, mais plutôt sur une continuité de fond, avec, c'est évident, des écarts (sinon, on tournerait en rond), mais aussi un rapport avec les précédents épisodes. C'est un peu comme un travail d'équipe: si chacun fait son job sans s'occuper de manière autre que superficielle de celui des autres, il y a un truc qui coince. Je précise bien que c'est une image...
Mais ça ne veut pas dire que ces textes sont mauvais, on est bien d'accord là-dessus, hein?

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