Les forums

Forums  :  Vos écrits  :  LE NOUVEL ORDRE

Thomasdesmond
avatar 15/02/2005 @ 09:53:40
Voici un de mes tous derniers texte...


LE NOUVEL ORDRE


– Tu te calmes et tu montes dans ta chambre !
C'est sur ces mots de son père que Noé décida de quitter le domicile familial pour toujours. Ces deux nuls qui lui servaient de parents n'avaient plus rien à lui apporter. Mieux valait tracer sa route et se laisser porter par le vent de l'aventure.
Il avala sa bouchée de pain et jeta sa serviette dans son assiette pleine de sauce. Son père ouvrit de grands yeux et cracha son vin.
– Tu veux une calotte, en plus ? cria-t-il en bondissant de sa chaise comme un bouchon de bouteille de champagne, la main levée au dessus de sa tête comme une raquette de tennis.
Noé lui échappa et courut dans le couloir. Il connaissait cette maison par cœur, de nuit comme de jour. Des fois, il s'imaginait aveugle comme le chevalier du zodiaque Shiryu, et il partait en mission dans les couloirs, les yeux bandés, prêt à combattre n'importe quel ennemi.
Il grimpa quatre à quatre les marches de l'escalier, agile comme un lynx. Des centaines de fois sa mère lui avait prédit une mauvaise chute, avec hôpital et le plâtre qui gratte en-dessous à la clé. Elle avait eu tort. Jamais il n'était tombé, pas même les fois où il avait dévalé l'étage un slip sur les yeux.
Il montait cet escalier si familier pour la dernière fois, il le savait. Sa main effleura la main-courante de bois une dernière fois et il se précipita dans sa chambre, où il s'enferma.
Il s'arrêta quelques secondes pour réfléchir à un plan. Déjà, ses parents arrivaient, lourdement, ne montant les marches qu'une à une, comme des petits vieux qu'ils étaient déjà. De vrais nuls !
– Noé, ouvre cette porte, bon Dieu ! gueulait son père.
– Tu ne seras pas puni ! proposa sa mère, toujours prête à marchander.
Il réuni ce dont il avait le plus besoin : un pull en laine Mickey, son blouson en jean acheté par correspondance et qui lui allait un peu trop grand, quoi qu'en dise sa mère, ses baskets pump à coussin d'air, seul bénéfice tiré de sa première année d'ennui au catéchisme, sa paire de lunette à rayon X, miraculeusement trouvée dans un Pif Gadget, et enfin : ses économies. Il vida son cochon et glissa le kilo de pièces d'or dans la poche avant de son sac. Il le glissa sur son dos et entreprit de sortir par la fenêtre.
Un coup puissant résonna contre le battant.
– Noé, si tu n'ouvres pas cette foutue porte, tu seras privé de jeux vidéo jusqu'aux vacances, et je ne rigole pas !
Il eut une seconde d'hésitation... Trois semaines sans console, c'était quand même fort de café. Oh ! et puis zut ! Il partait pour ne jamais revenir, alors au diable la console ! Il en aurait d'autres, et des bien mieux, avec quatre manettes et un pistolet laser à infra rouge, comme son cousin Michael, le bourge.
Il enjamba la fenêtre et s'accrocha à la gouttière. Il s'en était plusieurs fois servi pour jouer au pompier américain ou pour aller fuguer les dimanche matin afin d'échapper à la messe.
Il jeta un dernier regard à sa chambre, son univers, qu'il laissait derrière lui. Ses posters Panini, son affiche Ghostbusters, sa collection de Transformers et son mange disque bleu. Ça faisait mal au cœur quand même d'abandonner tout ça.
Allez, ouste ! Il rachèterait les mêmes ! Un aventurier se doit d'être toujours prêt à le lever le camp en quelques minutes et tout laisser derrière, femmes et enfants, terres et bêtes, souvenirs et espérances. Il avait entendu ça dans Davy Crocket, et il trouvait que c'était pas de la connerie.
La clé de sa porte tomba par terre. Quelle erreur de sa part ! Il aurait dû la retirer. Un gars comme Mc Gyver ne faisait pas ce genre de bourdes ! Evidemment, son père avait glissé une feuille de papier sous la porte, qu'il ramena à lui, avec la clé dessus. Il y avait juste assez de jour sous la porte pour la laisser passer.
Il descendit la gouttière à toute vitesse et se jeta sur la pelouse déjà humide. Il franchit le jardin comme une fusée, sautant au-dessus du bac à sable de sa petite sœur comme Jordan dans le film, et il fut enfin dehors, dans le monde, et seul.
Il entendit ses parents crier dans sa chambre mais il était déjà loin.
Il regarda sa montre : 20h58... Tant pis pour Manimal. Ce soir, il allait découvrir la ville, de nuit, sans voiture, sans phares, sans papa maman. Tout seul, comme un grand. Un grand aventurier.
Il repéra un bout de ficelle sur le trottoir et le fourra dans son sac. Un rien pouvait servir. McGyver parvenait à se tirer des pires situations avec des petits riens comme ça.
Il sprinta sur quelques centaines de mètres pour s'éloigner rapidement de ses parents, qui n'allaient pas tarder à prévenir la cavalerie de sa disparition.
Il s'engouffra dans des petits ruelles qui séparaient les zones pavillonnaires. Il les connaissait par cœur à force de les arpenter en bicross avec ses copains. Certains chemins leur appartenaient : ils y établissaient des QG de premier ordre où ils décidaient des opérations à effectuer dans le quartier : traques de chats, de filles ou de gangsters impliqués dans la drogue ; recherches de trésors ; sonnettes chez les vieux qui faisaient leur sieste devant les Chiffres et les Lettres ; espionnage chez les voisins dont l'aînée se faisait bronzer en bikini... Des fois, ils embêtaient les couillons de la classe : Yoann le gros, Joël la biglouche, Vincent tête de gland et bien d'autres, mais Noé n'aimait pas leur faire de la peine. Il avait déjà compris que c'était très dur à vivre, quand tout le monde se moquait de soi. Aussi, il restait toujours à l'arrière lors de missions punitives, et se contentait d'alimenter ses adjoints en sable et autres crottes de chien séchées.
Tout cela était terminé. Il n'aurait plus le temps pour ces jeux de bébé. Il aurait bien été chercher Julien, son meilleur copain, mais il devait déjà être couché. Tant pis pour lui. Il reviendrait le chercher dans vingt ans, quand il aurait fait le tour du monde.
Il déambula dans le dédale qui s'assombrissait à vue d'œil. L'espace d'une seconde, il eut un peu peur d'être là, tout seul, alors qu'il aurait dû être dans son lit, un bon pif poche dans les mains. Mais cela passa : il bomba le torse et remonta son sac sur ses épaules. Il bifurqua au niveau de la rue et descendit vers le collège. Là, il pourrait tracer à travers champs sans se faire repérer par ses parents ou le FBI. Il faudrait surtout qu'il trouve un bâton. Ça sert toujours un bon bâton, surtout quand on est aventurier...

à suivre

Tessanie 15/02/2005 @ 11:18:00
joli début.

Juste une petite remarque: on ne dit pas " des fois" mais " parfois"
Et puis les comparaisons avec " comme" sont un peu trop fréquentes à mon goût...

Thomasdesmond
avatar 15/02/2005 @ 12:11:55
joli début.

Juste une petite remarque: on ne dit pas " des fois" mais " parfois"
Et puis les comparaisons avec " comme" sont un peu trop fréquentes à mon goût...


tu as raison, mais j'essaye quand même de me mettre dans la peau d'un jeune gamin... des fois ça me joue des tours...

Yali 15/02/2005 @ 12:33:54
Bon début oui, et, toujours aussi bien construit. Pas de problème pour ça, pas d’avantage avec « des fois » simplement parce que écrire, c’est aussi prendre quelques libertés avec la langue, sinon, à quoi bon ? Juste un truc pour chipoter « […] la pelouse était déjà humide », je me suis arrêter parce que je ne voyais pas bien ce que ce « déjà » faisait ici ? Serait-ce que dans cet endroit, il pleut tous les soirs vers vingt-deux heures ? Ou serait-ce pour cause de rosée ? Ou encore parce que le voisin est un caïd de l’arrosage de nuit ?

Thomasdesmond
avatar 15/02/2005 @ 12:37:20
je pensais à la rosée du soir... tu as raison c'est pas clair...

Mentor 15/02/2005 @ 15:37:12
Un excellent début, c'est exact ! Sans temps morts. Les personnages sont bien croqués et le vocabulaire est parfaitement adapté à la situation qui permet bien des libertés de langage. J'aurais juste aimé me rendre compte plus tôt de l'âge du gamin, car tu me le laisses imaginer, mais tes références à Mac Gyver ou Pif font un peu ringard. De même que le "mange-disque bleu". Ca se passe donc il y a déjà quelques temps ?? Une répétition facile à régler : 2 fois le mot "glissa" très rapprochés.
Alors évidemment, comme ce début est réussi, je vais te dire que j'attends une suite. Si tu ne l'as pas déjà écrite tu t'es pris au piège toi même Thomas ! Au taf !

Thomasdesmond
avatar 15/02/2005 @ 16:01:15
t'inquiètes mentor, j'ai arrêté parceque je voulais aller me coucher... J'ai remarqué aussi la répétition de glissa (une fois le texte uploadé sur le forum bien sûr...) !! Je vais continuer t'inquiètes, la suite va être folle !! Je suis content car je commence à trouver "mon style" !!

Mentor 15/02/2005 @ 16:17:53
des fois ça me joue des tours...
excellente celle-là Thomas... je l'avais pas vue !

Thomasdesmond
avatar 15/02/2005 @ 16:38:59
Que veux-tu dire par là ???

Mentor 15/02/2005 @ 20:11:19
Juste une petite remarque: on ne dit pas " des fois" mais " parfois"...
Ben... on te fait la remarque sur "des fois" qui se dit pas, et tu réponds avec "des fois"... Ah tu l'avais pas fait exprès ??! C'est encore + drole !!

Yali 15/02/2005 @ 20:44:50
Il répond avec « des fois » et ajoute un bon gros pléonasme "un jeune gamin", pour faire bonne mesure ;-)

Kilis 15/02/2005 @ 22:20:03
eh bien, des fois je dis des fois et parfois je dis parfois parce que parfois des fois c'est mieux que parfois.Là!

Tistou 15/02/2005 @ 23:53:55
Moins, ou pas encore?, gore que d'habitude, ThomasDesmond. Un peu tristounet. Ca ressemble assez bien à de la réalité bien plombante. Ca appelle une suite, forcément. Et pourquoi tu n'as pas participé à Neige? Avec ton imagination, ne me dis pas que tu aurais eu du mal à tout caser?

Thomasdesmond
avatar 16/02/2005 @ 08:30:37
ahlala vous vous êtes bien fichus de ma poire, mais c'est vrai qu'il y avait de quoi... Le coup de des fois... et le pléonasme, pas mal, j'admets...mdr !! Ces saloperies de forums me font taper à la vitesse de la lumière et mon cerveau ne suit pas on dirait...

Pour l'histoire, je ne pense pas que ça tournera gore (c'est ma marque de fabrique selon vous?...), mais peut-être un peu fantastique qui sait... si je fais un truc non-surnaturel, vous allez me taxer de réaliste, de terre-à-terre, de manque d'imagination...

Thomasdesmond
avatar 16/02/2005 @ 08:31:58
ps : pour l'appel à texte, déjà j'ai horreur d'écrire avec un tas de contraintes imposées (en fait j'y arrive pas trop) et vu que j'ai déjà du mal à faire ceux organisés sur mon forum... J'essaierai la prochaine fois...

Felixlechat

avatar 24/02/2005 @ 01:42:17
Il arrive parfois que l'on ait envie d'écrire.
Non pas une fois, puisque l'on ne le sait pas.
Mais à ce moment-là, c'est celui-là.
Permets-moi de te féliciter, Thomas, j'aime lire tes écrits. FLC.

Thomasdesmond
avatar 24/02/2005 @ 09:11:34
Il arrive parfois que l'on ait envie d'écrire.
Non pas une fois, puisque l'on ne le sait pas.
Mais à ce moment-là, c'est celui-là.


je ne te comprends pas ?...


Permets-moi de te féliciter, Thomas, j'aime lire tes écrits. FLC.


tu m'en vois ravi !!!!

Dirlandaise

avatar 24/02/2005 @ 22:48:17
Bonjour Thomas,

Très divertissante cette histoire. J'adore et je me suis bien amusée en la lisant. C'est vivant, plein de péripéties et de rebondissements. Vraiment, j'ai bien aimé te lire. On se doute bien que le héros n'ira pas bien loin... Savoureux !

Thomasdesmond
avatar 25/02/2005 @ 09:00:45
Détrompe-toi, Drilandaise...

Voici la suite de mon récit...


... Il contourna le collège désert et s'enfonça dans le champs en friche qui en longeait l'enceinte. Il lorgna les tristes bâtiments scolaires avec dédain. Jamais plus il n'irait à l'école, encore moins au collège. Il avait appris les bases en primaire, et ses maîtres n'avaient plus rien à lui apprendre ! Que connaissaient-ils des explosifs, des armes, des dragons, des monstres, de la mafia russe, des extraterrestres déguisés en conducteurs de bus ? Rien !
Mais il serait reconnaissant. Il reviendrait plus tard, auréolé de ses exploits, et ses anciens professeurs l'acclameraient, fiers de l'avoir eu un jour comme élève... Pour son enterrement, ils chanteraient tous ses louanges, en pleurant comme des madeleines bretonnes !
La nuit tombait de plus en plus vite mais la chance était avec lui : la grosse lune presque pleine qui trônait dans le ciel lui servirait de lampe torche. Pourvu qu'il n'y ait pas de loups-garous dans le coin !
Il frissonna et mit son blouson en jean. De toute manière, les loups-garous n'existaient qu'en Amérique. On n'avait jamais entendu parler de ce genre de jojo dans le coin ! Il tenta de se rassurer mais des visions effrayantes le tourmentèrent : grands-mères vampires, têtes sans corps, insectes mortels qui se cachaient dans les orties, chauve-souris enragées qui hantaient les immeubles, chiens fantômes à la recherche d'os frais... Son imagination fertile était bien décidée à le terroriser.
Il se mit à chantonner un générique de dessin animé et continua sa marche, droit vers la forêt. Il en longerait la lisière afin de descendre vers la nationale, quatre kilomètres plus bas. Là, il pensait faire du stop pour partir vers le Grand Canyon, où paraît-il existaient encore quelques cow-boys. Des vrais, pas des tapettes avec des pistolets en plastique ! Il se voyait bien avec un ceinturon en argent, deux colts lourds et étincelants sur ses hanches, prêt à défendre un village entier, tuant tous les bandits d'une seule balle bien ajustée. Il pensa à Clint Eastwood dans le film, agile comme un lynx. Il plissa les yeux pour l'imiter. Il faudrait qu'il s'achète des cigarettes, qu'il lécherait soigneusement avant de les allumer, à l'aide bien sûr d'une allumette grattée sur la manche de son blouson. Après il dégainerait à la vitesse de la lumière...
Pan, pan ! Dans le cul du loup-garou !
Il repéra un grand bâton. La chance lui souriait déjà ! Il arracha les petites branches et brisa le bout, pour le rendre plus tranchant. Avec une telle arme, il ne craignait plus personne, pas même un ours !
Un cri aigu résonna ! Il se figea, le bâton dressé. Ça venait de la forêt.
A l'aide !
On appelait à l'aide, il avait bien entendu ! Une voix de fille ! Le devoir l'appelait déjà.
Peu rassuré, il trottina et atteignit les premiers arbres. Il faisait presque nuit noire. Heureusement qu'il avait apporté ses lunettes à rayons X !
Il les sortit de son sac et les posa sur son nez. Il ne vit rien. Quelle andouille ! réalisa-t-il, elles ne fonctionnent que de jour !
Un nouveau cri, plus fort, plus désespéré.
Que faire ? Soudain, il se sentit moins courageux, et l'idée d'aller prévenir des adultes l'effleura. Mais cela signifierait la fin de son épopée...
Le courage l'emporta ! Il n'était pas une chiffe molle ! L'aventure commençait : il devait aller voir lui-même. Il sauverait la jeune fille du pétrin dans lequel elle s'était fourrée. Il voyait déjà les gros titres, le lendemain, dans les journaux et à la télé : une fillette sauvée des griffes d'un affreux jojo qui hantait la forêt ! Son sauveur s'est volatilisé dans la campagne, ne laissant derrière lui que ces quelques mots, gravés dans le tronc d'un chêne : je reviendrai ! Un nouvel héros est né...
Il prit son courage à deux mains et s'enfonça dans la forêt, le cœur transi de courage et de peur...

à suivre

Thomasdesmond
avatar 28/02/2005 @ 16:56:44
OUh ! Ouh ! j'ai posté la suite ! Ouh ! ouh...

Page 1 de 2 Suivante Fin
 
Vous devez être connecté pour poster des messages : S'identifier ou Devenir membre

Vous devez être membre pour poster des messages Devenir membre ou S'identifier