Angoulême 2018, en attendant de croiser François Boucq…

J’ai toujours aimé les westerns, depuis très longtemps, en films comme en bédés, en dessins animés comme en romans. Cette passion remonte, probablement, à mes lectures de Blueberry, une des grandes bandes dessinées de ma jeunesse marquée par un grand magazine, Pilote. Le seul problème quand on aime les westerns, c’est que la mode les a fait disparaître ou presque… C’est probablement pour cela que je viens de dévorer le tome 10 de Bouncer et que j’ai demandé un rendez-vous avec François Boucq lors de ce prochain festival international de la bande dessinée…

Ce fut une grande surprise quand j’ai appris, il y a quelques années, que deux géants de la bédé allaient créer une série western. Boucq et Jodorowsky ! Excusez du peu… Le premier est un dessinateur étonnant et on peut mettre à son actif Jérôme Moucherot, Lao Tseu et une série d’albums de très grande qualité comme La femme du magicien… Sur un scénario de Jodorowsky, déjà, il avait dessiné les aventures de Face de lune… Quant à Jodorowsky, lui-même, il était l’homme de L’Incal, de la Caste des Méta-barons, des Technopères, du Lama blanc, de Juan Solo… Un très grand duo pour un grand western ! Quel programme ! Quelle promesse ! Quelle réussite !

Dès le premier album, Un diamant pour l’Au-delà, nous sommes plongés dans la violence de l’Ouest, celle qui a suivi la grande guerre civile des Etats-Unis… En effet, la guerre de Sécession est enfin terminée, c’est sûr, mais certains combattants sudistes jouent les prolongations. Le capitaine Ralton, sombre personnage qui ne voit plus que d’un œil, mène d’une main de fer quelques hommes n’hésitant pas à piller pour survivre…

« Ceux qui ont perdu la volonté de se battre ne sont pas le Sud. Le Sud c’est moi, c’est nous, nous ne nous rendrons jamais ! » Le capitaine serait-il le dernier des fidèles, le pur des durs, l’ultime rempart des états du Sud ? Aurait-il des raisons autres de continuer le combat ? Qu’est-ce qui le fait avancer ? C’est ce que l’on va, très rapidement, découvrir dans ce premier album…

Ce premier cycle est aussi l’histoire d’un diamant hors norme, d’une taille exceptionnelle qui est entré dans une famille un peu par hasard… Enfin, une famille, c’est vite dit… une femme, plus prostituée que mère, plus intéressée qu’aimante… Trois frères unis pour le pire, sans aucune pitié pour personne, pas même pour les membres de la famille…

L’histoire est connue par Bouncer qui la raconte à Seth, un de ses neveux, être triste animé par la haine depuis qu’il est devenu orphelin, ses parents ayant été assassinés sous ses yeux…

Du grand art, une narration graphique époustouflante, une histoire qui tient en haleine le lecteur de la première à la dernière page… Le travail combiné de Boucq et Jodorowsky montre que le western n’est pas mort et qu’il ne le sera certainement pas tant que des auteurs de ce niveau nous raconteront des histoires qui traitent de l’humanité profonde… Haine, amour, argent, mort, tout ce que la littérature nous donne depuis des siècles, y compris dans la bande dessinée, y compris dans le grand Ouest américain…

Bouncer, l’homme qui n’a plus qu’un bras et qui est videur d’un saloon du côté de Baro-City, est un personnage très attachant que l’on a envie de suivre durant de longues années… Comme Jodorowsky n’était pas assez disponible et comme Boucq voulait qu’un nouvel album sorte assez vite, le dessinateur de Bouncer a endossé le costume de scénariste durant une histoire – en deux tomes – et il s’est attelé au travail avec énergie, dynamisme et conviction…

J’ai adoré ce tome 10 qui nous replonge dans un grand classique du western, la recherche d’un trésor incroyable avec plusieurs chasseurs de fortune sur la piste… Que vient faire le Bouncer dans cette aventure ? Vous le saurez très vite et il reste bien le grand Bouncer !

Vivement la rencontre avec Boucq…

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