Angoulême 2018, en se préparant à rencontrer Philippe Jarbinet…

Toujours dans nos lectures pour préparer Angoulême et les rencontres avec les auteurs, voici la série Airborne de Philippe Jarbinet. Certes, on va plonger dans la guerre mais l’auteur le fait d’une façon profondément humaine, respectueuse de l’histoire et sans aucun parti pris vis-à-vis des combattants… Avec lui on oublie les nations pour ne plus porter attention qu’aux êtres humains…Cette série se compose de diptyques et d’une certaine façon on peut considérer qu’ils sont indépendants même si les Ardennes – la région de Jarbinet – est très présente et que l’on peut croiser quelques personnages d’une histoire à une autre… Néanmoins, ces diptyques sont bien indépendant… Actuellement trois histoires sont complètes et une a commencé, donc sept albums de parus…

Voici quelques éléments sur le premier diptyque pour vous donner envie de plonger dans cette magnifique série…

Tout commence avec deux jeunes qui sont dans la neige et le froid. Les Ardennes profondes, en pleine guerre, plus exactement en pleine bataille des Ardennes, en 1944. Les dernières forces allemandes s’accrochent et veulent empêcher la libération de la Belgique par les forces américaines.

Deux enfants seuls ? Très vite, on apprend que ce sont deux frère et sœur juifs qui se sont échappés, Rachel et Louis. Les parents ont dû être déportés et les voilà en train de chercher une liberté improbable, surtout s’ils meurent de froid dans cette forêt.

On va, bien sûr, croiser des soldats. Eux aussi, ils ont froid, sont fatigués et prêts à s’entretuer sans toujours bien comprendre pourquoi… La guerre est un mystère quand on ne cherche pas à s’anesthésier avec quelques slogans à bon marché… avant de libérer, sauver, délivrer, triompher… il faudra survivre, voir ses copains mourir, résister au froid et à la fin, être courageux mais en faisant attention à soi…

Au cœur de la forêt, il y a aussi d’autres habitants comme les lapins que certains aimeraient manger, ou comme une jeune femme que d’autres mangeraient bien à leur façon… Gabrielle, par exemple, une belle femme, courageuse aussi car elle n’hésite pas à aider François quand il cherche un lieu pour cacher les restes d’un des derniers parachutages alliés destinés à la résistance locale…

C’est chez Gabrielle que l’histoire va prendre consistance avec l’arrivée de soldats américains isolés qui ont, en plus, récupéré les deux enfants en partance… Ils vont tous ensemble fêter une fête de Noël, le 25 décembre 1944. Il y aura de la musique, des cadeaux et un repas de fête. La guerre est oubliée un court instant, l’espace de quelques jours…

Puis elle revient, avec son lot de violence, de souffrance, mais ici avec en plus une dose d’amour, de jalousie et d’incompréhension qui viennent noircir l’avenir. L’histoire pourrait s’enfermer dans des clichés et se refermer dans la banalité. C’est alors que dans la deuxième partie de l’histoire certaines évidences s’opacifient tandis que les doutes et interrogations s’éclaircissent. Rien n’était prévu ainsi et tout s’explique… reste une guerre à finir !

Il y a comme une « happy end » à cette belle histoire. Oh, certes, il ne s’agira pas d’oublier les atrocités vécues durant ce conflit, mais plutôt de sourire en voyant les survivants retrouver un sens à leur vie… Mais je ne vous en dis pas plus !

Il est à noter dans cette histoire le remarquable travail graphique de Philippe Jarbinet. Les costumes, les armes, les matériels des militaires sont représentés avec beaucoup de précision tandis qu’il fait vivre sa région avec à la fois de très nombreux aspects réalistes et une passion évidente et touchante. Il aime sa région et nous la rend attrayante même si on n’évitera d’y planter notre tente en plein hiver !

Ce sera donc un plaisir de discuter avec lui, je n’en doute même pas un seul instant !

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