Angoulême 2013 – Rencontre avec Isabelle Dethan, deuxième acte

Voici la deuxième partie de l’interview comme vous l’a promis Camille. Cette rencontre avec Isabelle Dethan a été très enrichissante pour nous.  Eva aux mains bleues est une bande dessinée née en 2004, il s’agit d’une bédé avec des traits très simples. C’est un style très différent de la série des Terres d’ Horus.

Céline : Comment est née la bande dessinée d’Eva aux mains bleues ?

Isabelle Dethan: Et bien en fait c’est parti de plusieurs anecdotes que m’avaient racontées des amis, des parents. Enfin il y avait un tas de choses très différentes que je ne savais pas du tout mettre ensemble. Et finalement est venue l’idée de raconter l’histoire d’une gamine au seuil de l’adolescence, enfin au seuil de sa vie de femme, elle attend d’être réglée quelque part. Et c’est sur elle que se sont concentrées ensuite toutes ces anecdotes,  il y en a certaines que j’ai vécues moi-même et d’autres ce sont mes amies.

Céline : Quand j’ai lu cette bande dessinée, j’ai vraiment senti que c’était du vécu tellement que c’est bien raconté et on a vraiment le sentiment d’être entré dans votre univers!

Isabelle Dethan: En fait, je voulais au départ vraiment partir sur un récit réaliste avec des vraies personnes que j’aurais mis en scène. Le souci était que quelque temps auparavant, j’avais réalisé une bande dessinée sur ma famille et un lointain cousin m’a fait un procès parce qu’il ne voulait pas que certaines choses soit montrées. Donc je voulais éviter ce genre de désagrément et j’ai choisi la voix de la fiction, tout en gardant cet aspect très réaliste pour les anecdotes qui ont donc encore une fois sont véridiques.

Céline : Est-ce que cette bande dessinée a été un succès ?

Isabelle Dethan: Contenu du format et de la collection, on peut dire plutôt c’est-à-dire ce ne sont pas des grands chiffres, ce n’est pas ce qu’on appelle une bédé commerciale mais ce n’était pas dans l’idée non plus, c’est-à-dire ça faisait parti d’une collection qui était plus une collection de prestige. Et donc ça s’est vendu entre 4000 et 5000 exemplaires, ce qui est très bien par rapport à ce qu’attendait l’éditeur.

Céline : Et bien justement j’ai essayé de la trouver et je n’ai pas pu l’acheter en librairie…

Isabelle Dethan: Alors ça c’est un peu normal ! Vue la surproduction actuelle en BD, les libraires qui ont gardé les mêmes locaux, n’ont absolument pas la place de conserver des albums en grand nombre, à fortiori celles qui ne sont pas assez commerciales ou qui ont quelques années. Déjà qu’on a du mal à leur faire admettre qu’il faut faire du réassort par rapport au tome 1 ou 2 d’une série qui est en cours… Alors une bédé comme celle-là qui est un one-shot paru il y a quelques années, il faut la commander !

Céline : Est-ce que vous pensez refaire d’autres bande dessinées dans le même style ?

Isabelle Dethan: Je pense que si je voulais, Delcourt serait intéressé. Maintenant je suis partie sur d’autres choses aussi intimistes mais pas forcément sur le même thème ou dans la même époque. Au départ je voulais faire Éva à 20 ans, Éva à 30 ans… Et le problème c’est que j’ai tellement de projets à faire et juste deux mains… Et ce n’est pas la peine, ça serait un beau projet mais je crois que je vais m’en tenir à ça parce que j’ai tellement de projet par ailleurs que je n’arriverai pas à suivre.

Nous sommes conscientes de la chance que nous avons eu de croiser Isabelle Dethan. Cette rencontre nous a permis de comprendre le monde dans lequel elle évolue, elle peut faire des bande dessinées avec des styles totalement différents mais tout aussi intéressantes. C’est une femme qui respire la joie de vivre, souriante, elle est passionnée par son travail. Je n’ai juste qu’une chose à dire : « Merci Isabelle Dethan pour ce merveilleux moment ! »

Céline

Une réflexion au sujet de « Angoulême 2013 – Rencontre avec Isabelle Dethan, deuxième acte »

  1. J’ai lu cette BD il y a quelques années et je croyais moi aussi que c’était la vie d’Isabelle Dethan. Je n’aurais pas imaginé que c’était un peu de fiction et des anecdotes vécues par plusieurs personnes… Elle est trop forte !