Une interview par Hexagone

Hexagone a déjà dit ici tout le bien qu’il pensait du livre de Jacques Saussey,  » De sinistre mémoire « . Comme l’auteur disponible pour ses lecteurs à très gentiment accepté de répondre à ses quelques questions, voici les réponses en espérant qu’elles vous donnent envie de lire le livre…

Jacques Saussey qui êtes-vous ?

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La cinquantaine juste passée d’une demi-tête, j’exerce le métier de cadre technique dans l’industrie de la métallurgie. J’habite dans l’Yonne et travaille à Paris, et je mets ainsi les longs voyages en train à profit pour lire et pour écrire. J’ai commencé ma première nouvelle dans le métro, à 27 ans. C’était une expérience à accoutumance immédiate ! J’aurais dû me méfier en achetant mon premier carnet…

Après une quarantaine de nouvelles, dont deux ont été récompensées dans des concours (Les Noires de Pau en 2002 et Laval en 2007), puis une adaptation d’une troisième en BD chez Joker éditions, en 2007 également, j’ai franchi la ligne de démarcation entre le texte court et le roman cette année-là, avec le sentiment de poser le pied dans un monde réservé à une élite, et auquel l’auteur débutant ne pouvait qu’aspirer.

L’avenir m’a montré que j’avais tort, et qu’il y a encore de la place pour de nouvelles plumes dans l’univers du polar français.

En dehors de l’écriture, je pratique le tir à l’arc, ma seconde passion, depuis bientôt une trentaine d’années.

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 » De sinistre mémoire  » s’inspire de l’Histoire, de notre histoire et de ses travers. Vous êtes-vous inspiré de faits réels ?

Toute la partie historique de ce roman m’a été inspirée par les souvenirs d’enfance de mon beau-père, Charles Lucas, qui est né à l’écluse des Gorets à Hennebont, Morbihan, dont la photo est en couverture. J’ai modifié son personnage en le vieillissant un peu, car Charlie n’avait que 7 ans en 1944, et j’avais besoin d’un adolescent pour mettre mon intrigue en place. Je lui dois l’authenticité d’une bonne partie de la « couleur » de l’époque de la guerre et de l’occupation allemande, qu’il m’a inlassablement racontées durant de longues heures afin que je m’imprègne bien de cette période particulièrement cruciale pour la Bretagne, mais également pour notre pays. Le reste de la documentation que j’ai utilisée provient des archives de la ville d’Hennebont, où j’ai pioché de nombreux faits réels qui m’ont totalement révolté. image_110
En revanche, l’histoire des enfants assassinés sur « La Montagne » est complètement imaginaire. Je n’aurais pas pu, pour une scène aussi dure, utiliser de vraies victimes historiques…
Charlie nous a hélas quittés en août 2011, mais je suis heureux qu’il ait pu voir ce roman aboutir. Sans lui, « De sinistre mémoire »n’aurait jamais vu le jour.

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Magne et ses collègues ont-ils vocation à devenir des personnages récurrents dans d’autres histoires ?

Oui, sans aucun doute. J’aime beaucoup ma petite équipe de ce commissariat imaginaire du Xème arrondissement, que j’ai voulue multiculturelle, multiethnique, multi âge, tout en faisant très attention à ne pas tomber dans le cliché. C’était clairement la partie la plus difficile de la  création de ces « caractères ». Daniel Magne et Lisa Heslin se sont imposés tout de suite, ainsi que Henri Walczak et Rafik Sgodovian. Le commissaire Estier, quant à lui, existait depuis longtemps dans mes nouvelles,  mais il était beaucoup trop sympa. Je lui ai durci le trait pour le rendre plus irascible et il ne ressemble plus beaucoup à la première version que j’avais imaginée dans les années 80.

J’ai actuellement trois polars achevés avec cette petite troupe de personnages. Le premier d’entre eux, chronologiquement, est « La mante sauvage », inédit à ce jour, le second « De sinistre mémoire », et le troisième « Quatre racines blanches », qui doit paraître en 2012, a priori en mars, toujours aux Nouveaux Auteurs.

L’intrigue de « Quatre racines blanches » se déroule pratiquement en intégralité à Montréal, au Québec. J’y ai plongé Magne et Lisa dans le froid, dans le crime organisé, au sein d’un monde à la fois proche du nôtre et complètement différent, où tout nouveau repère est une sorte d’épreuve initiatique pour y être adopté.

Un quatrième roman, « Principes mortels », écrit en 2010, rompt avec cette première série de thrillers en prenant la piste du drame familial noir. Ici, la police et la gendarmerie sont en demi-teinte, car le cœur de cette sombre histoire doit parvenir à son dénouement sans elle…
Je travaille en ce moment sur mon N°5, un polar que je veux encore plus sombre que les précédents, mais je reste encore très discret sur le sujet… Je peux tout de même d’ores et déjà vous confier que mes lecteurs y retrouveront Daniel et Lisa dans une nouvelle enquête qui va les emmener… jusqu’au bout d’eux-mêmes.

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Comment écrivez-vous, dans quelle ambiance ?

Le plus souvent possible, mais majoritairement dans les transports en commun. Mon métier me laisse peu de temps libre, et il me faut trouver des créneaux inexpugnables, sinon je ne peux pas avancer. Le matin est pour moi la meilleure partie de la journée, surtout de très bonne heure. J’y consacre au minimum une bonne heure tous les jours.
En cas de bruit dans le wagon, même soutenu, j’ai deux armes absolues : Deep Purple et Led Zeppelin. Avec du rock comme ça entre les oreilles, je n’entends plus rien que les tenants et aboutissants de mon intrigue, et je m’isole complètement des autres voyageurs… Pour les cas vraiment difficiles, AC/DC est plutôt bien aussi !

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Pouvez-vous nous citer des auteurs qui comptent pour vous ?

Parmi les francophones, l’un des tout premiers est Frédéric Dard, pour son œuvre titanesque et sa gouaille jouissive à l’extrême. Ensuite Boileau-Narcejac, pour la qualité et la complexité de leurs intrigues noueuses. J’inclus d’ailleurs une citation de l’un de leurs romans en tête de chacun des miens. Puis, dans les contemporains, les incontournables Franck Thilliez et Maxime Chattam, ainsi que Nathalie Hug et Jérôme Camut.

Parmi les anglophones, RJ Ellory est le numéro 1incontesté, suivi de Dennis Lehane, Tony Hillerman, Elisabeth George et PatriciaHighsmith.

Chez les auteurs du Nord, le norvégien Jo Nesbo vient largement en tête, et Carlos Ruiz Zafon pour ceux du Sud.

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Vous êtes un Icaunais écrivant des polars, à quand un polar icaunais ?

Mon premier polar, « La mante sauvage », se déroule en grande partie dans la région de Sens. Toujours inédit à ce jour, il est actuellement en réévaluation chez mon éditeur. J’espère le voir en librairie en 2013, une fois que « Quatre racines blanches » aura trouvé ses lecteurs !

Blog de Jacques Saussey : http://www.jacques-saussey-auteur.com

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