Lady S, héroïne efficace et attachante…

Lady S est une série que j’aime beaucoup et je sais que cela en surprend régulièrement quelques-uns. En effet, pour ceux qui s’arrêtent aux premières impressions Lady S est une série avec un aspect policier et espionnage, un côté action et une pointe de violence, un chouïa de sexe et une pointe d’exotisme, une recherche des origines de l’héroïne qui semble sans fin et qui rend addict à la série… Bref, cette série peut sembler très grand public et sans trop d’intérêt !Je peux entendre tout cela mais je souhaiterais préciser quelques éléments comme celui qui concerne « l’aspect grand public ». En effet, d’une part je ne suis pas convaincu que le fait d’être apprécié par un large public soit un défaut intrinsèque et structurel. Je ne vois pas du tout où serait le vice d’être aimé par beaucoup, du moins quand il s’agit d’une œuvre narrative. Il y a des livres, des films, des bandes dessinées de grande qualité qui ont su être reçus avec bonheur par le plus grand nombre et, pour les mêmes raisons, une œuvre qui ne trouve pas son public n’est pas nécessairement de qualité. Non, les choses sont beaucoup plus complexes que cela !D’autre part, dans le cas de Lady S, il faut surtout aller au-delà des premières impressions. En effet, cette série, créée par Jean Van Hamme et Philippe Aymond est une tentative, plutôt très réussie, de faire une fiction d’espionnage dans l’ère post soviétique. C’est vrai que depuis que le Mur de Berlin est tombé, depuis que l’Union Soviétique a disparu, le genre espionnage a connu bien des difficultés à se régénérer. Il n’y a plus les bons et les méchants, il n’y a plus deux camps qui se regardent dans le blanc des yeux, il y a une multitude de dossiers épineux et à chaque fois ces dossiers divisent différemment les pays et leurs services spéciaux. On a même compris que tout cela était complexifié par des groupuscules religieux, politiques, ethniques ou révolutionnaires… du coup, dans Lady S, il y a un peu de tout cela…D’ailleurs qui est Lady S ? Pour qui travaille-t-elle ? D’où vient-elle ? Quelle est sa conception du bien et du mal ? Oui, tout commence là et c’est bien pour cela que la série porte ce nom de Lady S et non un de ses patronymes douteux sous lesquels certains la connaissent… N’est-ce pas chère Shania ?Philippe Aymond travaille maintenant seul sur la série. Très rapidement Jean Van Hamme a pris ses distances avec ce travail car ce scénariste n’a plus 20 ans et il a encore des projets. A partir du dixième album Philippe Aymond a construit seul les scénarios et après un léger flottement il a entièrement pris la mesure des choses et je trouve que les albums 11, 12 et  sont de très bonne facture. Quant au dessin, j’ai toujours aimé ce style réaliste de Philippe Aymond que j’avais découvert jadis dans les séries Canal Choc et 4X4. Il trouve-là une narration graphique aboutie d’une grande finesse et Lady S est devenue une femme crédible, solide, efficace et très humaine…

Voilà donc une série qui devrait retenir l’attention du public ciblé – en tout premier lieu des jeunes adultes hommes – mais qui pourrait bien accrocher un beaucoup plus large public sur un genre qui renait de ses cendres, l’espionnage !

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