Quai des bulles 2016, épisode 5 avec le dessinateur Faw…

Un des premiers dessinateurs de série au sens habituel du terme à venir nous rencontrer fut Faw. On peut aussi l’appeler Fawzi, nom sous lequel il a signé sa première série, Huashis.

Né au Maroc en 1954, de nationalité algérienne, autodidacte, Fawzi Baghdadli s’est toujours senti très libre dès qu’il a un crayon en main et qu’on lui donne une page planche, un espace à remplir, une série à reprendre… C’est bien pour cela qu’il a accepté de reprendre Monster Club pour le tome 2. Il fallait aller plus vite et le scénariste avait plein d’albums en réserve…

Faw fut dessinateur de presse à Alger au début des années 1970, il a été au rang des pionniers de « M’quidèch », la bande dessinée algérienne. C’est à Paris, en 1974, qu’il effectue un premier virage de carrière en s’attaquant à l’illustration et à la publicité. Il ne se limite pas à Paris et la France, on peut le suivre à la trace de Paris à Amsterdam, de New-York à Angoulême… Il fait du trompe-l’œil, du décor commercial, du dessin satyrique, du roman, des nouvelles…

Pour la bande dessinée, plus spécifiquement, après son expérience algérienne, on le retrouve sur un comics, le fameux Docteur Strange et à Angoulême, il participe à un collectif, fait des petits travaux ici ou là avant que Jean-Luc Masbou et un éditeur lui proposent de reprendre le dessin à la suite de Thierry Leprévost, officiellement trop lent… et ne pouvant pas faire face à une série comme Monster Club qui nécessite une bonne cadence de sortie…

Faw ne se prend pas au sérieux, il est simple, dessine avec efficacité. Pour lui, Monster Club est à la fois un travail sérieux, une chance de faire de la bande dessinée pour le grand public, mais c’est aussi un amusement, un jeu, un défi : beaucoup de personnages, des animaux mythiques, des lieux qui changent à chaque album et même plusieurs fois dans chaque album… C’est aussi, une façon de rendre service à un scénariste qu’il aime bien car il est tellement heureux d’avoir été aidé dans ses période de vaches maigres qu’il est heureux – réellement heureux – de renvoyer l’ascenseur…

Pour ceux qui ne connaissent pas encore Monster Club, il s’agit d’une histoire se déroulant au dix-neuvième siècle avec des crypto-zoologues, vous savez ces scientifiques passionnés d’animaux mythiques qui ont existé ou pas mais dont l’existence ne peut être prouvée jusqu’au moment où nos brillants aventuriers en trouvent un vivant ou à l’état de squelette… Or, figurez-vous que deux clubs de ces savants-aventuriers se mettent en compétition, un à Londres, un à Boston… Mais vous découvrirez tout cela avec les deux albums déjà parus de Monster Club…

Quant au dessinateur ? Un homme heureux qui présente un album plein de joie, d’aventure, de suspense et d’humour… Tout est donc pour le mieux du côté de sa planche à dessin… Un optimiste incroyable qui ne semble voir que ce qui va bien mais on comprend bien en cours d’entretien qu’il a dû en baver plus d’une fois et que sa carrière n’a rien d’un long fleuve tranquille… à moins que le fleuve soit habité d’un monstre préhistorique sauvé par les eaux de ses prédateurs…

Un beau moment plein de clins d’œil, de sourire et beaux mots…

Les commentaires sont fermés.